Dossier d’œuvre architecture IA74002525 | Réalisé par ;
Guibaud Caroline (Enquêteur)
Guibaud Caroline

Chercheur au service de l'Inventaire Rhône-Alpes puis Auvergne-Rhône-Alpes (1999- )

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  • inventaire topographique, Inventaire du Parc naturel régional du Massif des Bauges
Pont suspendu dit pont de l'Abîme
Œuvre repérée
Auteur
Copyright
  • © Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
  • © Parc naturel régional du Massif des Bauges

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Hauts de l'Albanais
  • Commune Cusy
  • Lieu-dit les Etrais-Est
  • Adresse
  • Cadastre 1890 C1 NC  ; 2015 C1 NC
  • Dénominations
    pont
  • Précision dénomination
    pont suspendu
  • Appellations
    dit Pont de l'Abîme

Dès l’année 1855, l'ingénieur Dutrait de la Compagnie générale des mines d'or, prédisait l'aménagement d’un pont entre Gruffy et Cusy sur le même emplacement. En effet, la présence d’une paroi rocheuse de chaque côté de la rivière — ayant probablement pour origine un verrou glaciaire érodé, comme les Tours Saint-Jacques voisines —, faciliterait la construction d’un pont, sans obligation pour les routes d’accès de descendre au fond du val à 90 m plus bas, ce qui les rendraient moins escarpées. Mais le projet ne sera engagé que 25 ans plus tard. Cependant quelques incidents qui eurent lieu les années précédentes sur des ponts suspendus rendaient les autorités publiques plutôt méfiantes.

Jusqu’en 1880, les municipalités de Cusy et Gruffy, par manque de fonds nécessaire à sa réfection demandèrent inlassablement à faire classer « d’intérêt commun » la route existante près de Vernet côté Gruffy et les Crés côté Cusy, avec la construction d’un pont public près de la passerelle payante existante. Ainsi, les frais d’établissement et d’entretien de cette voie seraient pris en charge par l’État et le Département ; seules les journées de prestation leur incomberaient. Malgré son escarpement, elles jugeaient cette voie indispensable pour desservir des hameaux importants, les maisons isolées et les usines au fond du val : Christollet, Vautrey et Bourgeois.

L’ingénieur voyer cantonal Charvier lui-même était hostile à l’idée d’une voie nouvelle établie loin des agglomérations, tout au sud de la commune de Gruffy et étudia dans son rapport du 12 décembre 1879, un projet d’un pont proche de la passerelle avec développement des voies y accédant à une date où le site du ravin de l’Abîme n’était pas loin d’être acquis pour la construction d’un pont.

Voici les principales étapes de la décision de construction de ce dernier pont marquées par le voyage initial de Monsieur le Préfet en 1879 suivi d’une lettre adressée aux municipalités intéressées. Le marché a été confié à l'Entreprise Arnodin Ferdinand, ingénieur constructeur spécial de ponts suspendus à Châteauneuf-sur-Loire. L'ingénieur Arnodin venait de révolutionner la construction des ponts suspendus en utilisant des câbles à torsion plus résistants que les câbles à fils parallèles. La soumission pour la construction du pont est datée du 9 août 1884. Le marché définitif fut passé peu après et approuvé seulement le 29 avril 1887 à cause de retards dans le vote définitif des crédits nécessaires.

Les travaux débutèrent en juin-juillet 1887 et furent rondement menés, puisqu’on pouvait lire sur le journal local « L’Industriel Savoisien » du 7 janvier 1888 « Les travaux du pont de l’Abîme avancent rapidement. On espère qu’à la fin du mois de janvier les communes de Gruffy et de Cusy seront enfin reliées par un pont dont la construction hardie fera l’admiration de tous ceux qui le visiteront ».

Du côté de Gruffy, les câbles passent autour d'un pilier directement taillé dans la roche urgonienne très dure caractéristique du massif des Bauges. Pour tester la solidité de l'ouvrage 53 tonnes de sables furent répartis sur toute la surface du pont pendant 48 heures.

La réception provisoire eut lieu le 11 février 1888 — des centaines de personnes vinrent admirer le pont — mais la réception définitive eut lieu le 25 mars 1891. Très vite le pont devint une attraction touristique majeure du secteur, depuis Aix-les-Bains et Annecy. Des voyages en calèche étaient organisés pour le service de la clientèle riche, dès lors un restaurant, qui devient hôtel-restaurant par la suite, s’installe aux abords du pont dès son achèvement.

Dans la nuit du 15 au 16 août 1944, pour éviter la destruction du pont par les soldats allemands, les habitants du secteur démontent tous les madriers de chêne et les cachent dans les granges et les mazots. Ils seront replacés après la libération de la Haute-Savoie.

L'ensemble du site et de ses abords est inscrit depuis le 26 juillet 1946.

La fête du centenaire de sa construction a été célébrée le 23 août 1987. Le 20 juillet 2013, les coureurs du Tour de France, partis d'Annecy, ont emprunté le pont de l'Abîme, pour une étape à travers les Bauges (col des Prés, col de Plainpalais, le Revard).

[Informations tirées et copiées de l'ouvrage : Centenaire du Pont de l’Abîme, le Comité. Histoire du Pont de l’Abîme. Edit : APACPA (Association Passerelles d’Alby-sur-Chéran), 1987.]

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 19e siècle , daté par source
  • Dates
    • 1887, daté par source
    • 1891, daté par source

Le pont de l'Abîme est un pont suspendu à suspension amovible : le débouché entre les deux culées est de 72,60 m et correspond à un espacement de 74,80 m d’axe en axe des points d’appui des câbles ; ce débouché est franchi par une seule travée soutenue à chaque extrémité près des culées sur chaque tête, par quatre câbles obliques de rigidité, et par huit câbles suspenseurs portant les 52,50 m de tablier que les câbles de rigidité laissent libre dans la partie centrale de la portée.

Les câbles obliques supportent le tablier jusqu’à 11,15 m en avant de l’axe des piliers et outre la mission qu’ils ont de soulager les câbles paraboliques en concourant à porter le tablier, ils ont aussi celle d’augmenter notablement la rigidité du tablier.

Les câbles de suspension qui portent la partie centrale du tablier sont au nombre de huit, soit quatre sur chaque tête, disposées sur une même nappe horizontale pour soutenir 43 tiges de suspension.

Ces câbles décrivent une courbe parabolique pour venir passer sur des selles ou chariots de dilatation roulant sur le sommet des piliers. Puis ils s’infléchissent pour descendre aux amarrages, contourner le massif d’amarrage et de fixer au goujon de réunion générale placé dans l’axe de ce massif. C’est aussi sur ce goujon que sont amarrés les quatre câbles obliques de rigidité.

Tous ces câbles suspenseurs et de rigidité sont des câbles à torsion, plus résistants que ceux à fils parallèles.

Cet ouvrage d'art permet à la route départementale reliant directement les communes de Cusy et Gruffy (la RD 31) de franchir le Chéran à une hauteur (tirant d'air) de 96 mètres. Il permet surtout d'éviter un détour de près de 8 kilomètres par l'amont de la rivière. La circulation automobile ne peut s'y effectuer que de manière alternée en raison de sa largeur restreinte qui ne permet pas le passage des véhicules à gros gabarit, il est composé d'une voie charretière unique, large de 2,20 m avec deux trottoirs d'1 m de largeur.

  • Murs
    • calcaire moellon
  • Autres organes de circulation
    carto PLUI
  • Statut de la propriété
    propriété publique

Bibliographie

  • Centenaire du Pont de l’Abîme, le Comité. Histoire du Pont de l’Abîme. Edit : APACPA (Association Passerelles d’Alby-sur-Chéran), 1987.

Date(s) d'enquête : 2015; Date(s) de rédaction : 2018
© Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
© Parc naturel régional du Massif des Bauges
Guibaud Caroline
Guibaud Caroline

Chercheur au service de l'Inventaire Rhône-Alpes puis Auvergne-Rhône-Alpes (1999- )

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