Dossier d’œuvre architecture IA03000603 | Réalisé par
Renaud-Morand Bénédicte (Rédacteur)
Renaud-Morand Bénédicte

Conservatrice du patrimoine, chercheure de 1994 à 2023 au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel (Clermont-Ferrand).

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  • enquête thématique régionale, Patrimoine des lycées
Lycée de garçons, actuellement collège Jules-Ferry de Montluçon
Œuvre recensée
Auteur
Copyright
  • © Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton aire d'étude de la région Auvergne-Rhône-Alpes - Montluçon-Est
  • Commune Montluçon
  • Adresse 4 rue des Bernardines
  • Cadastre 1811 A et B 34 ; 39, 40  ; 2017 AP 4
  • Dénominations
    lycée, collège
  • Précision dénomination
    lycée de garçons
  • Appellations
    Jules-Ferry
  • Parties constituantes non étudiées
    cour, gymnase, chapelle

Avant même que le lycée ne soit construit sur l'emplacement (agrandi) du couvent des bernardines devenu collège communal, une note sur le plan des bâtiments "proposés pour l'élévation d'une école secondaire", daté du [29 février 1804], indique qu'aucun nouvel acquéreur des terrains les entourant ne pourront construire de nouveaux bâtiments "à moins qu'ils ne s'éloignent de 8 mètres [des fenêtres] comme s'il y avait une rue de cette largeur".

Lorsque la construction d'un lycée est décidée, la rue dite des Thibaudes (actuelle rue des Bernardines) qui débouche sur le tour de ville existe mais la rue des Bernardines (actuelle avenue Jules-Ferry) n'est qu'amorcée et se termine en chemin sinueux jusqu'au quai qui borde le Cher. Le collège communal est déclaré lycée national le 28 juillet 1880. Un décret du 14 décembre de la même année porte expropriation des terrains nécessaires à la construction conjointe du lycée et du prolongement de la rue des Bernardines en ligne droite jusqu'au quai. Prolongée, elle devient une avenue qui se branche d'autre part sur celle qui mène du centre-ville à la gare. Un carrefour à pans coupés est prévu sur son tracé. C'est sur celui-ci que Charles Le Coeur décide d'ouvrir le lycée. Il met en scène le bâtiment de l'administration grâce à une double inscription "LYCÉE" sur marbre noir, une cour d'honneur traitée en jardin et une travée centrale ordonnancée installée sur la bissectrice.

Sur les 94 lycées de notre corpus d'étude, 14 présentent des traitements d'angles. Cinq seulement sur ces 14 bénéficient à l'entrée. Et sur ces cinq, trois seulement profitent de la bissectrice pour y installer l'entrée. Le lycée de Montluçon par Charles Le Coeur est le premier, le second serait le lycée Jean-Zay de Thiers, par Paul Guadet, construit entre 1931 et 1933. Le dernier est le lycée Claude-et-Pierre-Virlogeux de Riom, mais l'architecte François Vitale y avait hérité en 1958 de la disposition de la caserne dont il devait réaffecter certains bâtiments. On peut donc dire que le dispositif de Charles Le Coeur n'aura pas eu une réelle descendance.

Toute la documentation disponible n'a pas été consultée. Notamment : le Cahier des charges de la construction signé de Charles Le Coeur, daté du 27 mars 1880, n'a pas été consulté.

Un collège communal avait été fondé en 1806 dans les bâtiments du couvent des bernardines, qui paraissaient suffisants (mais "ne flattaient pas la vue des élèves") dans un temps où "Montluçon comptait à peine 4000 âmes, où l'industrie était inconnue". En 1879, la ville en dénombre 25 000, Commentry, sa voisine 1200. En 1879, un courrier du ministère de l'instruction publique adressé au recteur au sujet du projet d'érection du collège en lycée annonce : après concertation avec le préfet et le maire, "il serait désirable d'ériger le collège de cette ville en lycée, afin de mettre l'enseignement universitaire de cette région en état de soutenir la concurrence des maisons congréganistes, notamment de celles dirigées par les maristes à Montluçon et par les jésuites à Izeure". En outre, dès cette date un "enseignement spécial" doit y être prodigué, en lien avec le statut de la ville manufacturière et industrielle, disposition que le maire encourage de façon en particulier à faire taire "ceux qui disent [qu'un lycée] est une création anti-démocratique et anti-égalitaire".

L'architecte départemental Louis-Gabriel Esmonnot produit aussitôt un avant-projet. Mais c'est Charles Le Coeur, architecte du ministère, qui est définitivement missionné.

Le projet de Le Coeur fait débat au sein du conseil municipal où certains trouvent que "tout y est prévu avec un luxe de confort et d'hygiène", comme salles de bain, jardin spécial pour les convalescents, gymnase, grand préau couvert, grands dortoirs bien aérés, auxquels les habitants ne sont pas habitués. Le principal s'adressant au recteur écrit même "qu'au conseil général [qui est mis à contribution], on nous fait grief du plan que l'on trouvait trop beau pour notre ville". Un conseiller déclare d'ailleurs que pour "une population tournée vers l'industrie il fallait une école professionnelle et commerciale plutôt qu'un lycée".

En revanche, le préfet se satisfait le 11 avril 1880 (avant que la construction ne soit entreprise) : "Voici donc enfin un lycée aimable et riant ! Voici une grande maison d'études dont l'aspect et la physionomie sont comme ouvertes et engageantes ! Toutes les dispositions d'ailleurs m'en ont paru claires et commodes, l'ensemble tire très bon parti de la configuration du terrain et des détails ingénieux y sont aussi sobres et simples qu'utiles".

L'épais Cahier des charges de la construction signé de Charles Le Coeur date du 27 mars 1880. Il n'a pas été consulté.

Le chantier est conduit en même temps que les bâtiments existants sont progressivement démolis jusqu'à l'inauguration d'octobre 1883. Une critique émane encore de l'autorité diocésaine (le 5 juillet 1884) qui se montre "dans l'intention de refuser de consacrer la chapelle du lycée si l'on ne donne pas de dimensions plus considérables à la sacristie".

Les travaux sont réceptionnés définitivement en 1890.

D'après l'inventaire des archives communales, de "grosses réparations" sont nécessaires dans les années 1930, 1950... Des aménagements, réfections et autres améliorations seraient à détailler également.

Le lycée est devenu CES des bernardines le 7/6/1970, puis CES Jules-Ferry en 1977.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 19e siècle , daté par source, daté par travaux historiques
  • Dates
    • 1881, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Le Coeur Charles
      Le Coeur Charles

      Notamment : architecte du ministère de l'Instruction publique, et à ce titre, auteur, en particulier, des plans du lycée de garçons de Montluçon (03), construit en 1881-1883, actuellement collège Jules-Ferry. Également auteur de plans pour le collège communal de Cusset (03)(AC Cusset : 4 M 2-3, plans signés et datés 23/3/1881).

      Connu pour la construction de lycées parisiens et du lycée de Tulle (région Nouvelle-Aquitaine). Et avait été pressenti en 1880 pour la construction du lycée de garçons d'Aurillac (mais c'est J.J.G. Lisch qui a été finalement retenu).

      En Auvergne, connu aussi pour les thermes, le casino et le théâtre de Vichy.

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      architecte attribution par source
    • Auteur :
      Esmonnot Louis-Gabriel
      Esmonnot Louis-Gabriel

      En 1823, il entre à l'école des Beaux-Arts, où il est élève de Huyot. Il se fixe à Moulins en 1836 et succède à Agnéty comme architecte départemental de l'Allier. Construit l'établissement thermal de Néris-les-Bains, l'asile départemental d'aliénés, les écoles normales, la chapelle de l'hôpital, la chapelle des Carmélites ; construit avec Lassus le Sacré-Coeur de Moulins. Est nommé architecte diocésain de Moulins en collaboration avec Lassus (source : Répertoire des architectes diocésains du XIXe siècle, http://elec.enc.sorbonne.fr/architectes/203).

      En 1879, un crédit est alloué à Esmonnot par la municipalité de Montluçon pour un avant-projet de reconstruction du collège communal. En parallèle, elle fait une demande d'érection du collège en lycée (il semblerait que ce soit suite à ce changement de statut que Charles Le Coeur obtient la maîtrise d'oeuvre).

      Il semblerait que l'on puisse lui attribuer la construction initiale du collège communal de Cusset (avec reprise des plans de Hugues Roze-Beauvais), qui porte la date de 1835 mais aurait été édifié entre 1838 et 1842 (source : historique élaboré par l'archiviste de Cusset).

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Lycée non visité.

Le plan du lycée se caractérise par une implantation centrifuge des bâtiments. L'établissement occupant l'angle d'un îlot, deux ailes sont alignées sur les rues, de même que la chapelle, dans le prolongement de l'aile ouest.

La surface d'espaces libres est relativement grande. Le plus important des espaces libres est une cour de récréation. À l'origine, elle était subdivisée par des rangées d'arbustes. Depuis elle a été transformée en plateau sportif. On peut la considérer comme une cour ouverte : un simple mur de clôture longeant le ruisseau la délimite sur tout son côté est. On remarque par ailleurs sur les plans une cour arborée distribuent le gymnase et la chapelle (et probablement l'infirmerie), deux cours de service et une cour d'honneur. Cette dernière est close d'une porte dite flamande (porte dans un clôture délimitée par deux piliers, non couverte et fermée par une grille), qui forme le pan coupé d'un carrefour. Deux plaques de marbre noir portant l'inscription "LYCÉE" la décorent.

Le bâtiment de l'administration, en fond de cour d'entrée, présente une façade en pierre de taille centrée sur une travée toscane couronnée d'un fronton sculpté à la gloire de la ville de Montluçon. Il n'est élevé que d'un étage carré tandis que les autres bâtiments sont élevés de deux étages-carrés. Ils sont couverts de tuile.

Charles Le Coeur, dans un courrier du 28 septembre 1881, propose de remplacer le solivage en bois entre le premier et le deuxième étage par du fer. Cela génèrerait un "petit excédent" écrit-il mais on y gagnerait en solidité et durée. Or depuis l'extérieur, on distingue des tirants métalliques au niveau des galeries ouvertes. De même des linteaux métalliques couvrent les baies. Des bandeaux en brique et des allèges non enduites témoignent probablement d'une intention initiale d'animer les façades et élévations d'effets de matière et de couleurs, comme on le voit aussi dans le traitement bicolore des arcades de rez-de-chaussée et des arcs segmentaires couvrant les baies des seconds étages de deux des ailes.

En confrontant plan d'origine et plan cadastral actuel, il ne semble pas que le premier ait été beaucoup perturbé (un second gymnase aurait été ajouté).

  • Murs
    • pierre moellon enduit partiel
    • pierre moyen appareil
    • métal
  • Toits
    tuile, tuile plate mécanique
  • Plans
    plan régulier
  • Étages
    1 étage carré, 2 étages carrés
  • Couvrements
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • blason
  • Précision représentations

    Blason de la ville de Montluçon : "d'azur au château donjonné d'argent maçonné de sable, posé sur un mont d'or mouvant de la pointe et surmonté d'un soleil du même". Dans une couronne formée d'un rameau de chêne et d'un rameau d'olivier.

  • Statut de la propriété
    propriété du département

Dossier ouvert au titre d'unicum. Lycée de garçons dont le maître d'oeuvre est Charles Le Coeur. Désaffecté (devenu collège), et donc "oublié" du corpus des lycées (mais pas de l'oeuvre de Charles Le Coeur).

Documents d'archives

  • AC Montluçon. 4 M (1 à 45). Lycée de garçons, an 12-1991. Devenu CES mixte des Bernardines (délib. 9/12/1969). Devenu collège Jules-Ferry (27/10/1977).

    AC Montluçon : 4 M 6
  • AC Montluçon. 1 R 6 (1 à 14). Collège Jules-Ferry (27.10.1977) anciennement lycée de Montluçon. 1806-2000.

    AC Montluçon : 1 R 6
  • AD Puy-de-Dôme. T 2908. Collège de Montluçon devenu lycée, 1879-1890.

    AD Puy-de-Dôme : T 2908

Bibliographie

  • AC Montluçon. Fonds médiathèque : BO/US/370 DES.100 ans d'enseignement technique à Montluçon (1850-1955), par Annie Desnoyers, Montluçon : association [...], 2017.

    AC Montluçon : Fonds médiathèque : BO/US/370 DES

Périodiques

  • Mazataud, Pierre. "Traditions et innovations dans le jeune lycée d'une ville manufacturière sous la Troisième République", dans Bulletin des amis de Montluçon, 3e série, n °63, 2012, p. 145-160.

    p. 145-160

Documents figurés

  • CAAC. 148 ifa 6. Fonds Le Coeur, Charles.

    -Doc. AR-10-12-08-05 = 1880-1883. Lycée de garçons rue des Bernardines, Montluçon (Allier) : plan du 2e étage et perspective sur la cour d'honneur, n. d. [en ligne]

    -Doc. AR-10-12-08-06 = 1880-1883. Lycée de garçons rue des Bernardines, Montluçon (Allier) : plan du rez-de-chaussée avec légende et perspective cavalière de l'établissement, n.d. La perspective rend compte des relations entretenues avec la ville. Charles Le Coeur avait produit le même genre de perspective cavalière du lycée Louis-le-Grand (1880-1898, Paris), conservée au musée d'Orsay.

    CAAC : 148 ifa
Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2023
© Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
Renaud-Morand Bénédicte
Renaud-Morand Bénédicte

Conservatrice du patrimoine, chercheure de 1994 à 2023 au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel (Clermont-Ferrand).

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