Le couvent des cordeliers
Le monastère des frères mineurs (ou cordeliers, nom donné aux franciscains dans le royaume de France vers le milieu du XIIIe siècle) aurait été fondé en 1258, date indiquée dans le Gallia Christiana et confirmée par le Père Fodéré comme étant celle de l'acquisition du fonds sur lequel devait être édifié le couvent (GRAS). Les religieux auraient été appelés en Forez par le seigneur de Lavieu qui installe une communauté dans son château, à l'exemple de celle des franciscains de Villefranche ; en 1254, il l'établit à Montbrison et les place sous la protection du comte de Forez.
Des dates plus anciennes ont été avancées pour la création du couvent : 1233 (date inscrite sur un bas-relief du réfectoire, lue par La Mure) ou 1237 (date d'un testament mentionnant la présence de l'ordre mendiant franciscain dans la région de Montbrison ; BROUTIN), peut-être mises en avant par des auteurs anciens pour rapprocher la fondation du couvent de celle de l'ordre des frères mineurs par saint François d'Assise, vers 1210, et augmenter ainsi son prestige.
La construction de l'église est achevée en 1272, selon une inscription commémorative citée par L.-P. Gras. Le cimetière est délimité et béni en 1275. Dans le dernier quart du 13e siècle, le comte de Forez Guy VI et son épouse Jeanne de Montfort poursuivent les donations de leurs prédécesseurs, avec en particulier des sommes destinées à l'achèvement de l'église et du dortoir (en 1280). En 1282, Marguerite Chapuis (ou Chappuis), bourgeoise de Montbrison ayant pris l'habit du tiers-ordre franciscain après l'entrée de son fils unique au couvent, fait construire le cloître sur le modèle de celui de Saint-Bonaventure de Lyon (dossier en cours, IA69004053), avec deux oratoires pour les confessions "contre la muraille" et les sépultures des principaux bienfaiteurs.
Durant son histoire le couvent traverse des périodes de difficultés. Il est pillé par les Protestants le 14 juillet 1562. Une partie de l'aile nord est détruite dans un incendie en 1643. Un second incendie ravage l'église et les dortoirs en 1731.
Les cordeliers de Montbrison bénéficient d'une bonne réputation dans la ville ; la salle capitulaire où se tient le chapitre est souvent mise à la disposition des habitants pour les réunions et assemblées. Malgré cela, le couvent est fermé comme les autres à la Révolution. Les cordeliers doivent quitter le couvent durant l'année 1791. La commune projette l’achat du couvent dès 1791 (délibération du 13 mars 1791 ; 1D : 1). L’achat définitif ne semble cependant avoir eu lieu qu’en 1806 (délibération du 29 avril 1806 ; 1D :7).
Un bâtiment au coeur de la ville de Montbrison
Corps central : l'hôtel de Ville
La mairie
En 1827, la mairie fait aménager ses locaux par Zanoly : construction du grand escalier et du plafond de l’hôtel de Ville (séance du 8 mai 1828 : Examen des comptes de 1826 et 1827 ; 1D : 9).
Le tribunal
Le tribunal de première instance est installé dans le réfectoire, avec la prison « dans les chambres d’audience » et la chambre du conseil « dans le petit réfectoire » (délibération du 2 mars 1792 ;1D : 2 ; acte de remise des lieux du 11 août 1811, cité dans une délibération du 25 octobre 1817 ; 1D : 8).
La bibliothèque
En 1842, le maire propose d’inscrire au budget l’établissement d’une bibliothèque publique dans l’hôtel de ville, dans l’appartement occupé par la justice de paix.
Aile nord : manufactures textiles
Des frais d’établissement d’une filature de toile de coton dans une partie des bâtiments sont portés sur les comptes de la commune en 1808 (séance du 2 mai 1809, reddition de compte… recettes et dépenses pendant l’année 1808) : « un appartement au rez-de-chaussée (...) la cuisine, le petit réfectoire derrière la cuisine, les deux dépôts y joints, les dessus de la cave, l’écurie, la permission de se servir de la cave, l’usage de la petite cour, du hangar, du pressoir, le bûcher, l’usage d’une partie du jardin entouré par le cloître... Deux chambres dans le haut » (délibération du 21 mai 1791 ; 1D : 1).
En 1827, un soyeux lyonnais, Drevet, installe une fabrique de satin (ou de rubans selon des délibérations postérieures) ; il doit apporter au moins 24 métiers (séance du 8 mai 1828 : Examen des comptes de 1826 et 1827 ; 1D : 9). La commune lui loue « quatre pièces au rez-de-chaussée, un dépôt (...) un grand grenier au-dessus » (délibération du 3 novembre 1827, AD Loire, série O : 1068), où des fenêtres sont agrandies par Zanoly. Mais en 1929, seulement 8 métiers (dont un métier garni de cinq pièces de rubans, et un autre pour tordre de la soie) sont activité, d’autres ont été saisis par des créanciers, et la commune veut dénoncer son accord avec Drevet, qui disparaît de la ville l’année suivante ; le local est alors occupé par des régiments en garnison (délibération du 20 avril 1831, 1D : 9)
Cour (ancien cloître) : la halle aux grains
En 1858, la grenette aménagée dans l'église étant devenue insuffisante, une nouvelle halle au blé est construite à la place de l'ancien cloître du couvent par l'architecte Charles Antoine Favrot. Elle s’effondre en 1917 sous le poids de la neige.
Aile sud (ancienne église)
L'église a été réaménagée en halle aux blés, salle de spectacle et café, caserne de sapeurs-pompiers, salle des fêtes, bibliothèque : voir IA42003804.
Au XIXe siècle et au XXe siècles, le bâtiment connaît d'autres affectations : commissariat de police, école normale des instituteurs, tribunal d'instance, dortoir de l'école supérieure de garçons, école publique de filles, bains-douches... sans compter les affectations de l'église. Les travaux de modification, restructuration ou modernisation ont donc été nombreux (voir les références aux archives).
En 1987, la municipalité entreprend des travaux de réhabilitation dans le bâtiment et des travaux de rénovation des façades. Les architectes lyonnais Jourda et Perraudin sont chargés du projet. Aujourd'hui, le couvent sert d'hôtel de Ville et d'office de tourisme ; l'église en cours de réhabilitation en médiathèque.
De 2010 à 2012, une campagne de prospection archéologique est entreprise préalablement au chantier de la médiathèque aménagée dans l'église ; elle a permis de mettre au jour les vestiges du cimetière des cordeliers.
2015 : stagiaire Master 2 Lyon III CEROR (4 mois), mise en forme de dossiers sur la ville de Montbrison [responsable : Caroline Guibaud]
2016 : vacataire INHA cellule vitrail (3 mois), mise en ligne sur patrimoine.rhonealpes.fr des dossiers de l'opération Vitrail ancien [suivi : Caroline Guibaud]