Dossier d’œuvre architecture IA42002932 | Réalisé par
Guibaud Caroline
Guibaud Caroline

Chercheur au service de l'Inventaire Rhône-Alpes puis Auvergne-Rhône-Alpes (1999- )

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  • inventaire topographique
Maison noble du Chevallard, puis ferme
Œuvre repérée
Copyright
  • © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Montbrison
  • Commune Essertines-en-Châtelneuf
  • Lieu-dit le Chevallard
  • Cadastre 1809 G 340 à 344 ; 1986 G 565, 566
  • Dénominations
    maison, maison forte
  • Destinations
    ferme
  • Parties constituantes non étudiées
    moulin, ferme, croix de chemin, chapelle, fossé, ensemble fortifié, portail

Le lignage des Sury du Chevallard apparaît dans les textes dès le milieu du 13e siècle (avec Faucon de Sury, petit-fils d'Albert de Sury à qui Albert de Thizy, qui devait être son parrain, lègue en 1207-1210 la domus d'Essertines ; voir Château fort d'Essertines, IA42002866), et leur implantation sur le site du Chevallard est assurée par un testament de 1333 (DARA, n°8, p. 23). Selon Salomon, des membres de ce lignage occupent d'importants offices comtaux (châtelain de Montbrison, échanson du comte) aux 14e et 15e siècles. La maison du Chevallard étant restée allodiale, elle a généré peu de documentation dans l'administration comtale ; des testaments de membres de la famille sont conservés, ainsi que des terriers (dont le terrier de la dame du Chevallard, à la Bibliothèque de la. Diana (1 E 174 et 1 E 175), établi en 1437 et complété jusqu'à la fin du 15e siècle). Le site n'aurait pas eu le statut de maison forte, mais seulement de maison noble, dotée de bâtiments fortifiés (Couturier, Piponnier). La maison noble du Chevallard remonte ainsi vraisemblablement au 13e ou 14e siècle, comme en témoignent les sources historiques mais également l'aspect défensif d'une des tours du site, dont le mur présente un fruit important et une meurtrière droite à la base. Sur la tour nord-est se trouve une archère-canonnière, datant plus probablement du 15e siècle. De cette époque date également un ensemble d'ouvertures en place : baie à coussiège murée, petites baies à cavet, fenêtre à moulures prismatiques (à croisée et grille en fer forgé manquantes). D'autres éléments anciens ont été déplacés (cheminée du 15e siècle qui se trouve dans le bâtiment situé à droite du portail d'entrée) ou remontés (nombreux encadrements de portes) à l'intérieur de l'aile nord du bâtiment. La maison forte du 15e siècle devait avoir un corps de bâtiment unique auquel étaient adossées les trois tours de plan circulaire, reliées à une enceinte. Celle-ci était entourée d'un fossé en eau alimenté par un bief et encadrée de plusieurs tours également circulaires, comme l'indique le cadastre de 1809. "L'ensemble évoque le plan, familier pour ce type de fortification, d'un quadrilatère flanqué de tours aux quatre coins" (DARA, n°8, p. 23). Le portail actuellement en place, et datant de la seconde moitié du 16e siècle, pourrait être un remontage (les bases moulurées des colonnes engagées ne sont pas identiques) et les armoiries de la famille du Chevallard sont, quant à elles, vraisemblablement antérieures au portail, et devaient figurer au droit de l'ancienne entrée du site. En 1768, le château est vendu à Antoine Souchon, conseiller du roi à Montbrison (Salomon). D'importants aménagements sont réalisés par la suite : remaniement général des élévations sur cour, construction de l'escalier central, menuiseries, décor peint des façades. De cette époque date vraisemblablement l'établissement d'une chapelle à l'intérieur d'une ancienne tour. La propriété est restée dans la famille Souchon jusqu'à sa vente, en 1904, à Claude Viallard, métayer du domaine (A. Privées). En 1809 cependant, le domaine est mis au nom de Duperret sur la matrice cadastrale (1809 G 342 ; maison ; G 339, 340, 341 et 343 : bâtiments ruraux ; G 346 à 348, 350 : jardins ; G 349 : canal ; plus les parcelles G 329 à 353). Il s'agit peut-être de Benoît Sauvade du Perret, époux d'Agathe, l'une des filles d'Antoine Souchon. Le château du Chevallard revint semble-t-il par la suite à son neveu, Hubert Souchon du Chevallard. L'acte de vente de 1904 donne quelques indications sur l'état de la propriété : les bâtiments sont composés d'un "tènement de bâtiments d'habitation et d'exploitation actuellement occupés par Claude Viallard à titre de métayer", avec la pâture et aisance qui se trouve devant, et d'un "corps de construction en ruine élevé sur rez-de-chaussée de deux étages, avec dépôts, ancienne chapelle, cour au milieu, le tout formant l´ancien château du Chevalard", entouré au nord, à l'est et au sud de l´ancien fossé du château, compris dans la vente (parcelles G 339 à 350), ainsi qu'une "terre chenevière ou jardin" (G 351) et les "vestiges d'un ancien moulin" avec "une prise d'eau qui va passer dans l'ancien fossé du château" (G 43 bis, 46, 48 à 53). Le plan joint à l'acte est un décalque du plan cadastral de 1809 et ne montre aucun changement dans le plan-masse des bâtiments, mais cela peut être dû au fait que ce plan a pour but de localiser les différents propriétaires des terres et ne s'intéresse pas au bâti. L'ensemble des terres du Chevallard vendues en 1904 par Jules Souchon se portait à 18 ha ; la partie concernée par cette vente était d'un peu plus de 7 ha. L'acte de vente d'une autre partie du domaine (4 ha), aliénée peu auparavant à Jean-Baptiste Chauve, de l'Ollagneraie (Essertines-en-Châtelneuf), donne le règlement du partage du droit d'eau du bief du moulin. Au 20e siècle, le domaine comprend de la vigne, avec une loge, aux Brosses (Essertines-en-Châtelneuf et Champdieu). Le domaine est actuellement une habitation et une ferme en exploitation. NB : Les noms du lieu (cf IGN) et de la famille seigneuriale ont été délibérément orthographiés avec deux L pour une question d'homogénéité : Chevallard.

Le site du Chevallard comprend les bâtiments de la maison forte à proprement parler ainsi que ceux de la ferme adossée (étudiée, IA42002933) à celle-ci. La maison forte comprend deux corps de bâtiments formant un L flanqués de tours circulaires. Au devant de ces deux élévations s´étend une cour bordée sur ses pourtours sud et ouest par un mur qui délimite, au sud, les traces d´un fossé. Dans le prolongement de la tour abritant une ancienne chapelle (située au sud-est), une autre tour défensive bordait le fossé, seul son pourtour demeure dans le mur de clôture. A l´ouest de la maison forte se trouve encore en place le portail d´entrée du site (étudié, IM42002260) encadré de deux bâtiments avec au devant, une croix monumentale (étudiée, IA42002934). Une pente maçonnée, et construite au-dessus d´un arc, conduit au portail d´entrée du site de la maison forte. L´arc devait enjamber le fossé ceinturant le site ; celui-ci étant très largement comblé, la pente repose aujourd´hui sur le sol. De part et d´autre du portail se trouvent deux constructions dont celle de gauche est récente, couverte par un toit en tôle ondulée. La construction de droite comporte trois niveaux : un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé et un étage de comble à surcroît ou étage en surcroît (non visité). Le premier niveau abrite une cave voûtée en berceau plein-cintre, accessible depuis le mur pignon ouest par une porte aménagée dans le soubassement du bâtiment au 19e siècle ( ?), après comblement du fossé. Au rez-de-chaussée surélevé, une pièce unique conserve une cheminée monumentale du 15e siècle dont il manque le linteau central ; cette cheminée est sans doute un remontage et proviendrait de l´ancienne maison forte du Chevallard. Une porte murée sur la façade nord comporte un linteau rapporté et sculpté des armoiries de la famille de Rivoire (fascé d´argent et de gueule de 6 pièces, à la bande de France), propriétaire du Chevallard dès 1496 puis durant plusieurs siècles. Les autres baies de l´édifice sont à cavet mais également remontées. La maison forte est constituée d´un corps de bâtiment principal au nord de la cour comportant trois niveaux (rez-de-chaussée, étage carré, comble à surcroît) et sept travées ; trois portes ouvrent sur le rez-de-chaussée (deux aux extrémités, une au centre). Trois anciennes tours de défense sont adossées à l´élévation postérieure du bâtiment (deux aux angles, une autre désaxée, au droit des deux baies situées à droite de la porte centrale). Un second corps de bâtiment, à l´est de la cour et en retour d´équerre du précédent, a les mêmes caractéristiques en élévation mais ne possède que trois travées, avec une porte identique aux précédentes au centre de la façade ; une ancienne tour en flanque l´angle sud-est. Le corps de bâtiment nord a son entrée principale au centre de la façade. Un vestibule dessert les deux pièces en enfilade situées de part et d´autre, ainsi que l´espace situé sur l´arrière, par un passage sous l´escalier. Ce dernier est en bois (avec une première marche en pierre), tournant, avec jours ; le garde-corps est également en bois. Au rez-de-chaussée, les pièces d´habitation situées à gauche de l´escalier n´ont pas été vues. La cuisine comporte une cheminée contre le mur est et un potager avec cendrier dans l´angle nord-est de la pièce ; une porte, au nord, ouvre dans la tour adossée et percée d´une meurtrière. La seconde pièce, que seules la porte-fenêtre et la petite baie au-dessus de l´évier ancré dans le mur nord éclairent, a également une ouverture dans la tour d´angle, percée d´une archère-canonnière et d´une petite fenêtre défendue par une barre de fer. A l´étage carré, étage des chambres, la cage d´escalier est éclairée par une fenêtre axiale dont l´encadrement en bois des 18e et 19e siècles subsiste. Les deux pièces de gauche ont chacune une cheminée ; celle du fond a une porte qui ouvre dans une tour d´angle. Les deux pièces de droite n´ont pas de cheminée apparente ; la première ouvre sur la tour, la seconde a, sur son mur est, une large baie partiellement murée à coussiège (baie à moulures prismatiques visible extérieurement) et ouvre également sur la tour d´angle, percée d´une baie et d´une meurtrière. Seule la partie gauche de l´étage de comble a été visitée ; elle comporte également deux pièces avec cheminée et un accès à la tour d´angle. Les vantaux des portes de communication sont nombreux à être du 18e siècle et leur encadrement est en pierre de taille aux moulurations diverses. Plusieurs encadrements sont à chanfrein et congé, d´autres sont à triples fasces (moulures plates) ; tous sont visiblement des remontages. Le corps de bâtiment est n´a été visité qu´au rez-de-chaussée. Il est de plan rectangulaire ; l´entrée principale ouvre sur un large espace comportant dans l´angle sud-est un escalier en bois tournant à deux volées droites. Dans l´angle sud-ouest de la construction, une ancienne tour abrite aujourd´hui une chapelle. La porte d´entrée de celle-ci a été aménagée sur la face intérieure de la tour et son encadrement comporte un linteau en accolade et à cavet du 16e siècle. La chapelle est éclairée par une baie en plein-cintre à forte embrasure extérieure. Sa voûte en berceau comporte quelques traces anciennes de décor d´étoiles dorées sur fond blanc, le soubassement des murs est ocre jaune et on distingue les restes d´un autel en bois. L´encadrement de la fenêtre est peint extérieurement : au-dessus de l´arc, une croix rouge, aux extrémités trilobées ocre jaune, masque partiellement la lance et l´éponge fixée à une branche d´hysope de la Passion entrecroisées ; le titulus semble comporter une inscription. Le tout est inscrit dans un quadrilobe constitué de tiges végétales. On remarque également plusieurs traces anciennes de décor sur les deux corps de bâtiments de la maison forte, essentiellement en partie haute, protégées par l´avant-toit : faux chaînage d´angle (aux angles rentrants et sortants de l´édifice) de la forme d´un rectangle lobé de couleur gris-bleu, le tout souligné d´une bordure mauve et encadré par un filet ocre jaune reproduisant un rectangle de forme identique. En façade, on distingue au sommet du mur un bandeau de couleur saumon encadrée d´un filet, et de part et d´autre des baies du comble à surcroît, des aplats de peinture ocre jaune et de bandeaux verticaux de couleur saumon, ainsi qu´un bandeau gris-bleu autour des baies. On distingue également, à certains endroits, sous l´enduit ocre jaune, des motifs de volutes en camaïeu de gris (un décor plus ancien recouvert ultérieurement ?) Le bâtiment est en moellon de granite (appareillage à petits moellons sur chant), avec des encadrements en pierre de taille. La toiture est à longs pans et croupes pour les deux corps de bâtiments, et en appentis pour les quatre tours. La couverture est en tuile creuse.

  • Murs
    • granite
    • moellon
  • Toits
    tuile creuse
  • Étages
    étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, étage de comble
  • Couvrements
    • voûte en berceau
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • appentis
    • croupe
  • Escaliers
    • escalier intérieur : escalier tournant à retours avec jour en maçonnerie
  • État de conservation
    remanié
  • Techniques
    • sculpture
    • peinture
  • Représentations
    • armoiries
    • ornement géométrique
    • croix latine
  • Précision représentations

    Décor sculpté : écusson avec les armoiries. Décor peint : faux appareillage et bandes décoratives, croix latine dans un quadrilobe floral avec l´éponge fixée à une branche d´hysope et lance.

  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Éléments remarquables
    cheminée, portail

Les noms du lieu (cf IGN) et de la famille seigneuriale ont été délibérément orthographiés avec deux L pour une question d'homogénéité : Chevallard. PART : ferme ; croix de chemin

Documents d'archives

  • A Privées le Chevallard. 21 juin 1904. Vente du château ou terre du Chevalard, par Jules Souchon du Chevalard, rentier, demeurant au château de Vougy (Loire), à Claude Viallard, fermier cultivateur, demeurant au Chevalard. Acte passé Pierre Dupin, notaire à Montbrison (8000 F). Plan joint (voir doc. figuré).

Bibliographie

  • COUTURIER, Hélène. PIPONNIER, Françoise. Les maisons fortes dans les hiérarchies des forteresses foréziennes, in La maison forte au Moyen Âge, Table-ronde Nancy - Pont-à-Mousson, 31 mai-3 juin 1984 ; BUR, Michel (dir.). Ed. CNRS, Paris, 1986

    p. 261-270
  • DUFOUR, J.-E. Dictionnaire topographique du Forez et des paroisses du Lyonnais et du Beaujolais formant le département de la Loire. Mâcon : imprimerie Protat frères, 1946.

    col. 209-210
  • LATHIERE, Mickaël. Portrait d'un gentilhomme agriculteur. Lucien Souchon du Chevalard (1798-1878). Village de Forez, n°69-70, avril 1997

    p. 42-46
  • PIPONNIER, Françoise. Le château d'Essertines (Loire). Lyon : Association lyonnaise pour la promotion de l'archéologie en Rhône-Alpes, 1993 (Documents d'archéologie en Rhône-Alpes ; 8)

    p. 23
  • SALOMON, Emile. Les châteaux historiques : manoirs, maisons fortes, gentilhommières, anciens fiefs du Forez et des enclaves du Lyonnais, du Beaujolais et du Macônnais qui ont formé le département de la Loire ; ill. par le Vicomte Gaston de Jourda de Vaux et Henry Gonnard. Réimpression de l'édition de Hennebont de 1916, 1922, 1926. Marseille : Laffitte, 1979. 3 Vol. (446-464-361 p.) : ill.; 30 cm

    T. I, p. 95-97
  • THIOLLIER, Félix. Le Forez pittoresque et monumental, histoire et description du département de la Loire et de ses confins, ouvrage illustré de 980 gravures ou eaux-fortes, publié sous les auspices de la Diana... Lyon : Imprimerie A. Waltener, 1889 (2 vol.)

    p. 278, 279

Documents figurés

  • Plan de la propriété du Chevallard d'Essertines-en-Châtelneuf / A. Cressot (dessinateur). 1 dess. : encre sur calque. 67x20,5 cm. Éch. 1:2500. Dressé à Montbrison, le 20 octobre 1902. Plan-masse avec la nature des parcelles et les noms des propriétaires, sur fond cadastral (A Privées le Chevallard).

  • [Vue du portail du château du Chevallard] / 2 photogr. : argentique, tirage noir et blanc (papier citrate ?). 9,7x15,8. Limite 19e-20e siècle (?) (Bibl. Diana, Montbrison. Fonds Brassart, cote 5068).

Date(s) d'enquête : 2005; Date(s) de rédaction : 2012
© Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
© Conseil général de la Loire
Guibaud Caroline
Guibaud Caroline

Chercheur au service de l'Inventaire Rhône-Alpes puis Auvergne-Rhône-Alpes (1999- )

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