Une communauté religieuse se serait formée dans la partie basse de la vallée de la Durolle à une époque indéterminée (8e siècle ?), postérieure en tout cas à 580 (date d'un texte de Grégoire de Tours). Il semblerait cependant qu'une église Saint-Symphorien, construite en bois, ait existé préalablement à l'installation des moines (peut-être dès le 2e quart du 6e siècle ?) dans le castrum mérovingien déjà établi en ce lieu ; elle aurait été incendiée en 532 puis reconstruite.
La fondation du monastère n'a donc pas créé de nouvelle agglomération.
L'emplacement de la communauté des moines est, lui, confirmé. Encore de nos jours, l'appellation du quartier (Le Moûtier) confirme bien cette localisation.
Au début du 11e siècle, le monastère constitue l'un des trois "noyaux" qui vont former, à terme, la ville de Thiers ; en 1011, il est cédé à l'abbaye bénédictine de Cluny. L'église est peut-être reconstruite à cette époque (voir dossier IA63001242). L'abbé du Moûtier exerce alors les droits de justice et de ban sur le quartier ; un acte de pariage est conclu entre l'abbé et Alfonse de Poitiers en 1251, qui prévoit en particulier, outre la défense et l'intéressement aux profits des droits de l'abbaye, le projet de réalisation d'une ville neuve. Ce projet provoque un conflit avec le seigneur du château (dans la ville haute) et finit par échouer. Au cours du 13e siècle, l'abbaye commence à décliner. Au 15e siècle, une campagne de reconstruction aurait été menée : des vestiges de cette époque sont encore visibles dans le logis abbatial (escalier en vis, salles voûtées).
En 1568, l'abbaye est l'objet d'un pillage par les Huguenots (comme l'ensemble des églises de la ville) : selon un compte-rendu de l'époque, l'ensemble des bâtiments aurait été endommagé (incendié ou partiellement détruit), description qui nous donne un aperçu des bâtiments de l'abbaye au 16e siècle : église, chapelles, clochers, cloître, dortoir, cuisine, réfectoire, couvent (?) et "autres maisonnages", maison abbatiale... Des travaux de restauration sont vraisemblablement menés dans les années qui suivent.
Les ressources de l'abbaye se raréfient au cours du 17e siècle : en 1679, elle ne peut plus faire face aux dépenses, de restauration des bâtiments en particulier (comme la nef et le clocher). L'évêque menace même l'église d'interdiction. En 1689, une dissolution de la communauté est prononcée devant notaire. Dissolution très provisoire semble-t-il, puisque la communauté est mentionnée à nouveau l'année suivante, avec un nouveau prieur à sa tête. En 1707, une grave inondation ravage à nouveau toute l'abbaye (elle détruit en particulier le jardin et la vigne, la cuisine, l'arrière-cuisine et son four à pain, le réfectoire, les dortoirs, un cuvage...) : "(...) premièrement le dégât commença par l'enlèvement d'un terrain soutenu de 12 à 15 gros arbres qui défendait l'abbaye de l'inondation, et une vigne de la contenance de 25 oeuvres, desquelles la rivière en a emporté 3 oeuvres, et une forte et grosse muraille qui servait de garde à la maison des religieux, ladite muraille appelée la chambrerie ; le tout fut emporté ; et la rivière ayant pris son cours à l'endroit où étaient la vigne et la chambrerie, toute la force de l'eau alla donner contre une arrière-cuisine où il y avait le four, et qui servait de paneterie, ladite arrière-cuisine de la largeur et longueur de 20 pieds, une cuisine à côté, voûtée et à plain-pied ; le réfectoire large de 20 pieds et long de soixante a été entraîné par l'eau, et il n'en reste aucune marque qu'une cheminée, et l'eau a pris son cours à l'endroit où était le bâtiment ; au-dessus étaient des chambres et dortoir desquels il ne reste aucune apparence. Au dernier de la maison de la chambre, il y avait un jardin et un grand passage voûté qui servait pour aller dans les cuisines, réfectoire et jardins ; il n'en paraît aucune marque. Plus a été emportée une partie d'un cuvage voûté et une partie d'une chambre au-dessus jusques au couvert, lequel est si fort endommagé que personne n'ose hasarder de monter dessus pour aller quérir les tuiles qui ne sont soutenues que par une poutre qui ne tient que d'un côté. Avons remarqué que la chute des bâtiments a fait entr'ouvrir les cloîtres en plusieurs endroits, ce qui emportera infailliblement tout le reste de la maison. Plus, il paraît encore que l'église quoique éloignée de 50 pas de la rivière a toujours restée mouillée depuis l'inondation. La force de l'eau qui venait avec impétuosité par dessous, a enlevé une grande et grosse pierre qui était un tombeau d'un particulier dans la nef de l'église ; et dans une chapelle qui est à côté du choeur, élevée d'un demi-pied plus que la nef, elle a aussi enlevé un autre tombeau. Tous ces dégâts ne peuvent se réparer (les choses en l'état qu'elles étaient) à moins de 12 000 livres ou environ. Mais à présent pour empêcher que le peu de bâtiments qui a resté ne soit entraîné par la rivière qui a changé son cours ordinaire, on estime qu'il faut faire une longue et forte digue d'entour 200 toises pour remettre la rivière." (extrait du P.V. dressé devant notaire en décembre 1707, répertoriant les dégâts subis par l'abbaye 1).
Des travaux sont finalement réalisés, y compris sur le logis abbatial, moins touché par l'inondation, mais réaménagé cependant au cours du 18e siècle. La partie médiévale de ce dernier est redécorée et une extension (aile en retour) est construite côté nord.
Mais la communauté est couverte de dettes et finit par se disperser. Il ne reste plus que deux moines en 1767. En 1782, une bulle papale de Pie VI supprime l'abbaye. A la Révolution, tous les biens de l'abbaye sont vendus comme biens nationaux.
L'église redevient église paroissiale au début du 19e siècle. A la fin de ce même siècle, dans les années 1870-1880, la construction de la route de la Vallée, sur la rive gauche de la rivière, coupe les anciennes propriétés de l'abbaye en deux et sépare l'église et le logis abbatial, devenu propriété privée ; les autres vestiges de l'abbaye disparaissent définitivement. Deux galeries sont ajoutées sur le logis abbatial, entre les deux tours, au milieu du 19e siècle et en 1904 ; à cette date, les parties hautes sont également refaites.