Le site industriel des Carmes représente à la fois le berceau historique de la Manufacture Michelin à Clermont-Ferrand et l'actuel siège social de l'entreprise, désormais d'envergure internationale. Il est situé aux limites nord-est du centre ancien de Clermont.
L'installation de la première usine, avant même qu'elle devienne Manufacture Michelin, s'est faite au milieu du XIXe siècle à proximité de la rivière de la Tiretaine, fournissant l'énergie nécessaire aux machines, à l'emplacement d'anciens moulins (en particulier les moulins Barnier et Chantoin, au sud du site actuel)1. Ces premiers bâtiments industriels jouxtent aussi la place des Carmes-Déchaux (ancienne place du Marché-au-Bois) et la rue Henri-Barbusse (qui correspond aux anciennes rue du Moulin-Barnier et rue des Quatre-Maisons, devenues ensuite rue du Nord de la fin du 19e siècle à 1950). Ils sont également dans le proche voisinage du château de Bien-Assis. Cette grande demeure, autrefois propriété de la famille de Blaise Pascal a été rachetée par Michelin en 1912 puis démolie pour faire place à des ateliers (au bâtiment Y3 précisément, bâti en 1917)2 ; elle figure encore sur certaines photographies du début du XXe siècle, côtoyant ateliers et cheminées d'usines. Les ateliers Y3 quant à eux, dédiés dans un premier temps (pour cause de conflit mondial) à la construction d'avions Bréguet-Michelin, ont été agrandis en 1919 et ont retrouvé les activités prévues à l'origine (fabrication de chambres à air).
Lorsque les frères Édouard et André Michelin prennent la tête de l'entreprise familiale en 1889, l'usine des Carmes compte déjà environ 5 ha de surface bâtie (4 846 m²) sur près de 12,5 ha de terrain et emploie une cinquantaine de personnes. Une dizaine d'années plus tard, le site s'est développé et compte 20 ha de bâtiments.
En effet, dès sa création ou presque, le site industriel des Carmes va être en chantier : réorganisations, transformations, constructions, démolitions,... Et l'achat de terrains est indispensable au développement de l'usine. Autour du petit noyau primitif occupé en 1889, ouvrant sur la place des Carmes, de nouvelles parcelles sont rapidement acquises : en 1899 puis en 1901, respectivement au nord et au nord-ouest de ce premier emplacement ; en 1904, de part et d'autre de ces terrains ; puis en 1908, du côté ouest du périmètre déjà constitué et au sud, de l'autre côté de la rue du Nord, où va être construit le premier magasin coopératif de la Manufacture ; en 1912, toute la partie nord du site actuel (qui englobait donc le château de Bien-Assis) ; en 1919, les parcelles du sud-ouest et de l'autre côté de la rue du Nord encore, de nouvelles parcelles sud destinées à l'ASM, l'association sportive Michelin.
Sans citer tous les réaménagements incessants (surtout internes), il est cependant possible de souligner quelques évolutions notables du site.
Entre 1947 et 1953, les ateliers de O9 (fabrication), au nord-ouest, connaissent un agrandissement important qui empiète sur la rue Thévenot-Thibaud et entraîne un nouveau tracé de celle-ci. En 1952, le bâtiment J12 (infirmerie du service VR et stockage des pièces de rechanges du service J, à l'angle de la rue de Giat, près de la porte de Laqueuille) est démoli. Au cours de cette même période, des ateliers de Z11 (au sud de O9) sont remplacés par un bâtiment haut destiné à recevoir deux nouvelles presses à emboutir de 800 tonnes chacune pour le service VR. Toujours pendant ces années 1947-1953, deux cheminées sont détruites au sud du site près de la rue Henri-Barbusse, ainsi que, dans la même zone, le bâtiment J12 en bordure de Tiretaine. Une partie du bâtiment Y3, au centre-nord du site, est démolie en 1954, libérant 3 000 m² pour permettre, en particulier, l'installation d'un atelier de production de pneus "géants" (O11, entre 1954 et 1956), et au sud de ce nouveau bâtiment, d'une sous-station électrique (en 1956-1957). C'est aussi en 1954 qu'est créé un nouveau poste de secours dans le voisinage de la porte de Laqueuille et que l'école de filles Michelin de la rue du Nord est agrandie par l'ajout de constructions neuves. En 1955, des bureaux sont installés sous la terrasse qui borde la place des Carmes (bâtiment SL des "Grands bureaux", en cours de réaménagement complet à cette époque) ; pour cela, la construction d'un couloir à l'avant, empiétant sur le trottoir de la place, est nécessaire. Le chantier de construction d'un bâtiment (S49) destiné à la Société d'approvisionnement du personnel (SOCAP), étagé entre la rue Henri-Barbusse (au n° 38) et la rue Montlosier (au n° 43) en contrehaut, plus au sud, démarre aussi en 1955 (les anciens locaux de la SOCAP formant des enclaves dans l'usine ont été supprimés). La partie ouvrant sur la rue Henri-Barbusse (S47) est occupée par le restaurant d'entreprise.
En 1956, de nouveaux ateliers d'essais sont édifiés au nord-est du site (à proximité de O11, le long du boulevard Jean-Baptiste-Dumas). À partir de 1956 est également lancé un chantier d'aménagement de la porte de Montaigut au nord : deux étages sont élevés au-dessus de cette porte, et constituent le bâtiment O14. 1956 est aussi l'année où le bâtiment A1 (au sud du site) est agrandi en direction de la Tiretaine. Entre 1957 et 1960, un bâtiment de 4 étages (O12) est construit au sud de l'atelier de Pneus "géants", sur l'emplacement des démolitions de 1954 (il comporte des passerelles pour rejoindre directement les ateliers de O10, sur sa face ouest). En 1957, le château d'eau, situé approximativement au centre du site, est démoli. En 1958, les "Grands bureaux" (bâtiment SL ouvrant sur la place des Carmes) sont surélevés d'un 3e étage, et de l'autre côté de la rue Henri-Barbusse, à l'emplacement de l'ancienne coopérative, un nouvel immeuble (partie sur rue de S9) destiné à héberger le service F est mis en chantier ; il est construit en 1958-1959.
En 1959, une troisième cheminée déjà désaffectée du bâtiment B2 (au centre est) est détruite, puis une quatrième, située au sud et proche de la place des Carmes (à l'arrière de l'actuel bâtiment A7) est également démantelée entre 1957 et 1960 ; une cinquième (vers le bâtiment de la chaufferie B18 au nord) est démolie en 1961. En 1961 encore, le bâtiment O14 de la porte de Montaigut, édifié peu d'années auparavant, est surélevé d'un étage. Vers 1962-1963, le bâtiment T15 le long du boulevard Jean-Baptiste-Dumas (abritant au rez-de-chaussée l'infirmerie de l'usine) gagne lui aussi un étage.
Dans les années 1970 et le début des années 1980, les transformations du site des Carmes concernent essentiellement des réfections et réaménagements intérieurs, comme par exemple la transformation des anciennes écoles de la rue Henri-Barbusse en bureaux (1971) ou le déménagement de l'ancienne SOCAP de cette même rue (au n° 38) à Clos-Four, près de la place du 1er-Mai. On peut toutefois noter l'aménagement d'un nouveau parking à l'ouest de l'usine, le long de la rue Thévenot-Thibaud en 1970-1971, et la transformation, entre 1970 et 1972, des installations du service Z, rue d'Eygurande, consistant en une élévation de 3 m de la toiture (sans doute d'une partie du bâtiment Z4). L'installation de canalisations pour la vapeur entre les différents sites a également lieu au cours des premières années de la décennie : entre les Carmes et Cataroux, les travaux se déroulent en 1972-1973.
Ce n'est qu'à partir de 1987 que de nouveaux grands travaux voient le jour, avec en particulier la construction de l'immeuble de bureaux A7 (bâtiment en forme de Y, sur 6 niveaux de 1200 m²) à l'emplacement des plus anciens bâtiments du site (dont O4, "le Grand atelier", sur la place des Carmes) détruits entre 1985 et 1987 ; c'est à cette même occasion qu'est abattue en 1987 la cheminée voisine de la porte de Billom, déjà raccourcie de 10 m en 1934. Entre 1987 et 1989, d'autres démolitions ont lieu dans la pointe sud-ouest du site, entre la Tiretaine et la porte des Bughes. Pendant cette période, ce sont aussi plusieurs réaménagements et réfections qui ont lieu : A2 (au sud-est) en 1987-1988, V17 (au sud-ouest) et SL1, T15 (au sud-est) en 1988, A6 (au centre-sud) et SL (au sud-est sur la place des Carmes) en 1989,... Au total, ce grand chantier des années 1980 représente la démolition d'environ 80 000 m² de planchers et, sur les 110 000 m² restants, la rénovation de 50 000 m². La voirie est également rénovée et simplifiée dans le cadre de cette campagne de travaux : un axe principal porte de Montaigut-porte de Laqueuille avec bifurcation vers la porte de Billom vient remplacer l'ancien dédale de rues étroites.
Puis les démolitions s'intensifient au tournant des années 1980-1990 : entre 1989 et 1991, tous les terrains autour de A1 et A6 sont dégagés (démolition des ateliers des services VD). Entre 1990 et 1992, un nouveau bâtiment, le A10, est édifié à l'extrémité du bâtiment A6 ; A1 est modernisé. Entre 1991 et 1994, c'est une partie des bâtiments du sud de la rue Henri-Barbusse (en contrebas de la rue Montlosier) qui est détruite et remplacée par un parking (les démolitions dans cette zone au profit de places de parking se poursuivront entre 2004 et 2006, ne laissant debout que les bâtiments sur rue).
En 1995, une importante rénovation du site est prévue, la vétusté des lieux n'étant plus guère compatible avec l'image de marque de la Manufacture : 17 000 m² sont réhabilités et autant de surface neuve réalisée. Les travaux sont confiés à l'agence d'architecture clermontoise "Sycomore". La plupart des ateliers sont supprimés pour ne laisser que les bureaux du siège social : les seuls bâtiments de production sont désormais cantonnés dans la moitié ouest du site (ateliers O9 et bientôt A13). Les ateliers qui existaient encore côté sud, à proximité de la rue Henri-Barbusse, sont démolis et laissent la place, entre 1996 et 1999, au bâtiment A14 et dans son prolongement, à l'arrière, au grand bâtiment du "Forum" (comprenant un hall de 900 m² pour l'accueil d'expositions). C'est à l'occasion de ces travaux que la branche ouest du bâtiment A7 est prolongée jusqu'au nouveau bâtiment du Forum.
Le cours de la Tiretaine est mis en valeur dans sa traversée du site et une attention particulière est portée à l'aménagement paysager autour des bâtiments. Côté sud-ouest du site, c'est une dizaine de bâtiments qui est démolie pour céder la place en 1995-1996 au grand atelier neuf A13. On note aussi, courant 1995, la démolition de l'une des deux grandes cheminées restantes (datant de 1920) au niveau du bâtiment B32 de la chaufferie, côté nord. Dans le même mouvement de transformation du site, le bâtiment emblématique de la serre tropicale, A15, est construit sur la place des Carmes, à l'avant du bâtiment SL des "Grands bureaux", entre 1996 et 1999.
D'autres démolitions vont suivre dans les années 2000. Entre 2000 et 2004, une première partie de la chaufferie (B31, B32 et B33), côté nord, est détruite, puis la deuxième moitié (B18 et B74) entre 2006 et 2009. Mais la dernière des grandes cheminées des Carmes est conservée ; elle ne sera détruite qu'en 2011-2012. D'autres bâtiments (B30, B27, V21, B4, B28, B26 et V17) sont détruits en 2011-2012, au sud et à l'ouest de l'atelier A13, ce qui permet de terminer le dégagement du pourtour de celui-ci.
Enfin, les années 2018-2021 marquent une nouvelle campagne de transformation du siège social de la multinationale, avec le réaménagement du parvis et du bâtiment d'entrée, conjointement avec une restructuration de la place des Carmes menée par Clermont-Auvergne-Métropole. Le projet du bâtiment d'accueil à ossature bois, baptisé "la Canopée", est une conception de l'agence d'architectes "Encore heureux". Par ailleurs, cette réorganisation a entraîné la prolongation de la branche est du bâtiment A7 jusqu'à SL. L'inauguration de ce nouvel ensemble a eu lieu en septembre 2021.
Pour une meilleure visualisation des différentes constructions, se reporter au plan de situation annoté dans la partie "Illustrations".
A travaillé en particulier sur les travaux de rénovation du site Michelin des Carmes entre 1996 et 1999.