Dans l'ouvrage de Jean Blanchon sur l'enseignement agricole en Auvergne, on lit qu'à l'origine du LPA de Rochefort-Montagne, il y aurait eu, en 1962, une location par l'école d'agriculture de Marmilhat (commune de Lempdes), de l'exploitation du Marchedial (30 ha). Ce site devait permettre de démontrer la complémentarité possible entre production de plaine et de montagne en Auvergne.
L'exploitation de 40 hectares, en prairie de pâturage et de fauche, accueillait un troupeau de 65 vaches et génisses.
Il aurait alors été décidé la construction d'un édifice spécifique. En témoigne une inscription gravée sur une pierre de lave située au niveau de la première assise d'un empattement taluté, à l'angle sud-ouest du bâtiment principal (ou bâtiment A sur les plans reproduits) : "La première pierre de ce foyer de progrès agricole a été posée le 24 avril 1963 par Monsieur Valery Giscard d'Estaing, conseiller général et ministre des finances".
L'établissement est implanté sur la butte qui fait face au collège municipal et semble avoir donné une des orientations à l'extension du bourg.
Le foyer devient centre de formation professionnelle agricole (CFPA), puis collège agricole en 1977, puis lycée professionnel agricole (LPA) en 1979.
Entre temps, en 1972, le viaduc qui surmonte le centre du bourg était construit, qui offre un nouveau point de vue à l'édifice.
Une seconde inscription (au niveau de la cour à portiques) fait référence à la campagne de travaux suivante : "Le lycée professionnel agricole de Rochefort-Montagne a été rénové de février 1989 à juin 1992 par la Région d'Auvergne. V. Giscard d'Estaing étant président du conseil régional d'Auvergne."
C'est sur cette campagne de travaux-là que nous sommes le plus renseignés. Ni la mairie ni le lycée ne semblent avoir conservé de documents sur la campagne de construction initiale. Nous n'en connaissons donc pas l'auteur. Des photographies antérieures à 1989 et les plans levés en 1987 de l'état existant, conservés aux archives régionales, nous permettent simplement d'en restituer les contours. Le plan masse reproduit ci-dessous donne le parti de composition initial : deux barres parallèles étaient orientées nord est-sud ouest, une barre perpendiculaire y était greffée, formant avec les deux premières comme une croix de Lorraine. Le tout restait juché sur la butte du lieu-dit le Marchedial. Jusqu'à ce que le projet de l'agence Sycomore, en la personne de Pierre Fontvieille, architecte d'opération, ne vienne agglomérer l'ensemble des bâtiments, le prolonger au nord comme au sud où un bâtiment est implanté alors en contre-bas de la butte, en front de route nationale.
Lorsqu'il a été passé commande de la rénovation et de l'extension du noyau initial, les deux "nécessités" principales étaient, d'une part concrétiser l'élévation du niveau de la formation scolaire, d'autre part confirmer l'ouverture de l'institution vers l'extérieur, avec de la formation continue et l'accueil de groupes inter-régionaux, voire internationaux (compte-rendu d'une réunion tenue le 11 juin 1987). Dans la note de présentation du projet datée de 1988, on lit que l'architecte a en effet cherché à "traduire par la façade les fonctions internes du bâtiment et marquer de manière spécifique son caractère de bâtiment public" (en l'occurrence en ménageant une loggia, sorte de "balcon sur la ville", dans la façade qui s'avance le plus vers la ville et l'ancienne route nationale) ; il ajoute qu'un nouveau rapport d'échelle a été instauré, mettant "le bâtiment en représentation par rapport à la route, au viaduc, à la ville, au paysage".
Le bâtiment d'exploitation agricole, de même que le logement de fonction indépendant et le bâtiment des ateliers (de mécanique, d'électricité et de techniques de la construction, selon une plaquette de présentation datant des années 1980) n'ont pas été rénovés lors de la campagne de 1989-1992. Le premier de ces bâtiments correspond plus ou moins à ce que Jean Blanchon écrit de celui de Marmilhat : ces bâtiments sont "conçus au moindre coût pour être transposables dans les exploitations agricoles (hangars métalliques)".
Conservatrice du patrimoine, chercheuse de 1994 à 2023 au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel (Clermont-Ferrand).