Dossier d’œuvre architecture IA63002710 | Réalisé par
Laurent Christophe (Rédacteur)
Laurent Christophe

Historien de l'architecture. Prestataire pour le service régional de l'Inventaire Auvergne, puis Auvergne-Rhône-Alpes, en 2014-2015 puis 2021-

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  • opération ponctuelle, Patrimoine XXe siècle
Chamalières, la maison B.
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • © Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
  • © Clermont-Auvergne-Métropole

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Clermont-Auvergne-Métropole
  • Commune Chamalières
  • Adresse 22 chemin de Bellevue
  • Cadastre 2021 AK 338  ; 2021 AK 339  ; 2021 AK 647

Fernand Carpentier, architecte de la maison B.*, définissait ainsi son architecture : « un tiers de Wright, un tiers de Mies van der Rohe, un tiers de Le Corbusier… et un gros tiers de Carpentier ». Il est connu comme auteur d’une trentaine de villas construites principalement dans l’agglomération clermontoise, à Chanat-la-Mouteyre (lieu dit L’Étang), Issoire et Saint-Flour[1]. La maison B.* est l’une des premières villas conçues par Fernand Carpentier. Cependant, elle présente déjà de nombreuses caractéristiques que l’architecte reprendra par la suite.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1963, daté par source
    • 1965, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      CARPENTIER Fernand
      CARPENTIER Fernand

      Fernand Carpentier (Lille, 1919, Pont-du-Château, 1999), architecte actif dès le début des années 1950, DPLG le 16 janvier 1970, inscrit à l’Ordre des architectes (Auvergne) le 11 avril 1970. Établi à Clermont-Ferrand, 6 place d’Espagne, puis à Chanat-la-Mouteyre, lieu dit L’Étang. Enseignant à l’Unité pédagogique d’architecture de Clermont-Ferrand de 1969 à 1984.

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      architecte attribution par source

Le secteur où s’élève la maison se situe dans la frange sud-ouest de l’agglomération clermontoise. À cet endroit, un urbanisme diffus s’étale sur les pentes ouest de la faille de Limagne, ici dominées par le puy de Montaudoux (589 m). Le lieu possède deux atouts majeurs : des panoramas vers l’est et un environnement naturel arboré. Le Parc Bargoin, lieu de promenade très prisé de la population, s’étend juste à côté de la maison B.*.

Le terrain de la maison B.*, de forme triangulaire, est orienté nord-est/sud-ouest. Il présente une pente assez marquée vers l’est et le nord-est. Du côté nord-ouest, il est dominé par un haut talus. Le chemin de Bellevue constitue sa limite sud-est, face au Parc Bargoin. Au nord-est, là où s’ouvre la plus belle vue, le terrain borde d’autres parcelles. Une maison s’élève à une trentaine de mètres dans cette direction. Des années après l’achèvement de sa villa, la famille B.* a pu acquérir les parcelles entre son terrain et cette maison voisine.

Fernand Carpentier a implanté la maison B.* en la nichant dans son site. Orientée nord-est/sud-ouest parallèlement au chemin de Bellevue, elle occupe la moitié nord-est de la parcelle d’origine. Ce choix a laissé libre la moitié sud-ouest, laquelle constitue une sorte de cocon à l’abri des regards. La partie « jour » de la maison ouvre de plain-pied de ce côté. De toute évidence, l’intimité de la vie familiale a été privilégiée par rapport aux vues sur le panorama. En effet, comme sa partie « nuit », davantage fermée, se trouve au nord-est, la maison semble tourner le dos au paysage. Outre la présence au nord-est des parcelles mitoyennes et de la maison voisine, il n’est pas impossible qu’un recul obligatoire du bâtiment en fonction d’un projet d’élargissement du chemin de Bellevue ait joué un rôle dans ce choix d’implantation.

La maison possède un plan en « T » d’environ 25,60 m de longueur sur 14,60 m de largeur. Le pied du « T » abrite la partie « jour » et ne compte qu’un rez-de-chaussée. La partie « nuit » (les deux tiers de la barre du « T ») comporte deux niveaux : un étage de soubassement et un rez-de-chaussée surélevé (qui prolonge celui de la partie « jour »). Un garage couvert par une terrasse constitue au sud-est le dernier tiers de la barre du « T ». La partie « jour » comprend un vestibule, un séjour, une cuisine, une lingerie et des sanitaires. Une terrasse agrémentée d’un bassin prolonge à l’extérieur cet ensemble. La partie « nuit » abrite au rez-de-chaussée quatre chambres, une salle de jeux et deux salles d’eau, au niveau inférieur deux chambres, un cellier et un porche dans-œuvre.

Par son aspect général, la maison B.* évoque certaines œuvres de Frank Lloyd Wright (notamment Taliesin East). Le toit à faible pente couvert d’ardoises, très débordant, joue un grand rôle dans cette similitude. En revanche, c’est au Modulor de Le Corbusier que se réfère la trame régulatrice du plan du bâtiment. Cette trame est composée de carrés de 366 cm de côté, soit deux fois la « taille humaine standard » selon le Modulor. Il est probable que les dimensions de la plupart des éléments de la maison B.* se fondent sur ce système de mesures. Les commanditaires ont cependant modéré son application en demandant par exemple une hauteur sous plafond plus importante que celle voulue par Carpentier.

La trame régulatrice ordonne une structure de poteaux et de poutres en béton armé. Cette ossature, laissée apparente, porte la charpente du toit par l’intermédiaire de dés. Les murs de la maison, tous non porteurs, sont de simples pans. La plupart des cloisons intérieures sont démontables. Les façades de la « partie jour » sont fermées en majeure partie par de grandes baies vitrées. Quelques-unes de ces fenêtres reposent sur des murets en pierre. Des murs aveugles en pierre se trouvent également en façades nord-est et sud-ouest de la « partie nuit ». Le renfoncement précédant l’entrée principale dispose d’éléments qui dématérialisent la frontière entre le dedans et le dehors. À droite de la porte d’entrée, il s’agit d’un petit bassin à la fois intérieur et extérieur (ce bassin n’est plus en eau de nos jours). Au-dessus du renfoncement, une ouverture carrée perce le toit (elle devait permettre à un arbre de pousser là).

La maison B.*, en très bon état, est demeurée presque inchangée depuis son achèvement. Riche et complexe – comme toutes les villas dessinées par Fernand Carpentier – elle mériterait une étude détaillée, nécessairement plus longue que la présente description[2]. En effet, sans l’ombre d’un doute, elle constitue une référence patrimoniale majeure pour la métropole clermontoise.

* Par souci de confidentialité, les maisons sont désignées par l’initiale du nom du (ou des) commanditaire(s).

[1] Voir à sujet le mémoire de Mathieu Weibel : Fernand Carpentier, itinéraire d’un architecte moderne en France, École nationale supérieure d’architecture de Clermont-Ferrand, 2009, 170 pages.

[2] Pour une analyse approfondie d’une œuvre de Fernand Carpentier, voir « La maison Carpentier, Chanat-la-Mouteyre », dans Christophe Laurent, Études pour le label Patrimoine du XXe siècle en Auvergne, Maison de l’architecture Auvergne - Direction régionale des affaires culturelles d’Auvergne, 2019, 386 p., p. 343-353.

  • Toits
    ardoise
  • Plans
    plan régulier
  • Couvrements
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre
  • Typologies
    architecture domestique
  • État de conservation
    bon état
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Etude CAM - architecture XXe : Etude de maisons mono-familiales des années 1945-1975 situées sur les 21 communes de Clermont Auvergne métropole, 2021-2023.

Bibliographie

Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2022
© Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
© Clermont-Auvergne-Métropole
Laurent Christophe
Laurent Christophe

Historien de l'architecture. Prestataire pour le service régional de l'Inventaire Auvergne, puis Auvergne-Rhône-Alpes, en 2014-2015 puis 2021-

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