Dossier d’œuvre architecture IA63002723 | Réalisé par
Laurent Christophe (Rédacteur)
Laurent Christophe

Historien de l'architecture. Prestataire pour le service régional de l'Inventaire Auvergne, puis Auvergne-Rhône-Alpes, en 2014-2015 puis 2021-

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • opération ponctuelle, Patrimoine XXe siècle
Aubière, la maison P.
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • © Clermont-Auvergne-Métropole
  • © Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Clermont-Auvergne-Métropole
  • Commune Aubière
  • Adresse 40 avenue Jean-Noellet
  • Cadastre 2022 BB 197 Altitude : 413 m Surface du terrain : 1 979 m2 Surface des planchers : 182 m2

En 1952, la commune d’Aubière était encore aux prémices de son urbanisation. Elle connaissait depuis le milieu des années 1930 un lent essor démographique (3 433 habitants en 1936, 4 063 en 1946, 4 725 en 1954), mais l’impact de ce phénomène demeurait limité. Excepté le bourg ancien très dense, le territoire communal était pratiquement vierge de toute construction. Bien qu’en net recul, la vigne dominait toujours le paysage aubièrois.

En raison de sa proximité avec Clermont-Ferrand (environ 4 kilomètres séparent les centres historiques des deux communes), Aubière avait obtenu en 1927 son inscription sur la liste des agglomérations « en voie d’accroissement » soumises à la loi Cornudet [1]. Votée en 1919 et complétée en 1924, cette loi obligeait certaines villes à se doter d’un « Plan d’aménagement, d’embellissement et d’extension ». En 1938, un très ambitieux projet de plan d’extension fut donc élaboré pour Aubière par le géomètre Weissbrodt (fig. 1 et 2). Le projet reçut l’aval de la municipalité aubièroise mais pas celui de la commission chargée à l’échelon national de l’approbation des plans présentés par les villes.

En juin 1944, un Groupement d’urbanisme fut constitué. Il réunissait Clermont-Ferrand et les communes limitrophes dont Aubière. Pour la première fois, ce groupement ambitionna de planifier en un seul ensemble le développement urbain de toute l’agglomération clermontoise. De nouveaux plans furent étudiés, mais faute d’une validation rapide, leur application resta partielle. Ainsi, lorsqu’en mai 1951 l’architecte Francisque Combe dessina le plan d’implantation de la maison P.*, il dut prendre en compte une variante du projet d’extension imaginé treize ans plus tôt par le géomètre Weissbrodt.

Date d’obtention du permis de construire : 6 août 1952

Numéro d’ordre dans le Registre communal des permis de construire : n° 53 (13 W 4)

Certificat de conformité accordé le : 7 décembre 1954

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 20e siècle , daté par source
  • Dates
    • 1952, daté par source
    • 1954, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      COMBE François , dit(e) Francisque
      COMBE François

      François Marius Combe (dit « Francisque ») est né le 18 février 1906 à Cournon d’Auvergne. Il est décédé le 3 septembre 1974 à Clermont-Ferrand. Fils d’un cultivateur, il semble avoir suivi des cours d’architecture à l’école des Beaux-arts de Clermont-Ferrand (sa fiche d’inscription à l’Ordre des architectes indique qu’il a reçu le « Prix Bargoin des Beaux-arts de Clermont-Ferrand » le 30 juin 1925).

      Francisque Combe a travaillé pour l’architecte clermontois Valéry Bernard de 1924 à 1932. Il a ensuite payé la patente en tant qu’architecte. En 1941, sa demande d’inscription à l’Ordre des architectes a d’abord été refusée à l’échelon régional avant d’être acceptée le 2 octobre 1943 par le Conseil supérieur de l’Ordre.

      Établi au n° 14 du boulevard Gergovia, Francisque Combe a poursuivi son activité jusqu’au 1er janvier 1972. Il semble être l’auteur d’un certain nombre de maisons dans les communes sud-est de l’agglomération clermontoise.

      Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
      architecte attribution par source

La maison P.* s’élève en retrait de l’ancienne route de Clermont (actuelle avenue Jean-Noellet). Principale voie entre Clermont et Aubière, cette route longeait au nord la cité Michelin de La Chaux qui constituait le premier faubourg clermontois. Au sud, elle descendait vers le bourg d’Aubière. Dans sa section centrale, elle traversait le plateau des Cézeaux. Avec son altitude d’environ 415 mètres, ce plateau offrait une position dominante. Le secteur où fut implantée la maison P.* bénéficiait donc d’une bonne desserte, d’un isolement dans les vignes et d’un joli panorama. D’ailleurs, dès l’Entre-deux-guerres, une dizaine de maisons avaient été construites sur ce site favorable.

La parcelle dont disposait le commanditaire était vaste et de forme assez régulière (fig. 3). Mais, selon le plan d’implantation de mai 1951 (plus ou moins conforme au projet Weissbrodt), il était prévu d’amputer son angle sud-ouest suivant l’alignement en biais d’une nouvelle rue. Ce projet dut être abandonné peu après 1951. En effet, au cours du chantier de la maison, un mur de clôture surmonté d’éléments préfabriqués en ciment fut construit sur les limites inchangées de la propriété. Doublée d’une haie de thuyas, cette clôture est toujours en place (fig. 4).

Le bâtiment dessiné par Francisque Combe (fig. 5 à 10) présente les caractéristiques architecturales habituelles d’une habitation de notable. Son commanditaire, restaurateur à Clermont-Ferrand, disposait probablement de moyens importants. L’absence de chambre de domestique révèle toutefois un degré de fortune modéré.

La maison s’élève sur un plan presque carré (10,45 x 11,50 m). Elle possède un rez-de-chaussée utilitaire, un premier étage avec les pièces « de jour » et une chambre, un second étage avec quatre chambres. Les lieux du « confort moderne » sont présents : un garage, une buanderie-chaufferie, des sanitaires, mais l’on trouve aussi un fruitier d’usage plus rural. La distribution intérieure reprend le modèle traditionnel de la « maison de maître ». À chaque niveau, un large dégagement traversant est placé sur l’axe de symétrie majeur. Les entrées principales de la maison, l’escalier intérieur et presque toutes les pièces ouvrent sur ces dégagements. Les surfaces habitables sont assez généreuses. Le séjour-salon couvre ainsi 38 m2. Cette grande salle bénéficie au nord-ouest d’une terrasse, tout comme la chambre principale du second étage.

La volumétrie de la maison s’avère essentiellement parallélépipédique et les élévations principalement symétriques. Toutefois, des fenêtres placées sur l’angle donnent un aspect plus dynamique aux façades nord, sud et est. Un toit à croupes (presque en pavillon) renforce le classicisme de la composition. En façade ouest, l’entrée principale du second niveau est soulignée par un porche dans-œuvre. Le balcon qui dessert cette entrée ainsi que les terrasses de l’angle nord-ouest apportent un peu d’animation. Les poteaux (similaires à des colonnes) qui supportent le balcon et les terrasses accentuent le caractère ostentatoire de l’ensemble.

Par son programme, son mode de construction, son style, la maison P. pourrait très bien être datée des années 1930. Une petite extension en façade orientale, réalisée à la fin des années 1990, a respecté l’esprit du parti d’origine. Visiblement bien entretenue, cette maison illustre la continuité architecturale entre les années 1930 et le début des années 1950. Mais, à titre d’exemple et sur tous les aspects, le contraste est saisissant avec la proche maison C.* (30 avenue Jean-Noellet, fig. 11-12, Paul Faye et Fernand Carpentier architectes), de peu postérieure.

Notes

* Par souci de confidentialité, les maisons sont désignées par l’initiale du nom du (ou des) commanditaire(s).

[1]. Voir à ce sujet l’étude de Bénédicte Renaud, « Placer la première loi de planification urbaine (1919-1924) dans la réflexion actuelle : le cas de l’Auvergne », 2010, sur www.auvergne-inventaire.fr/Les-inventaires/Villes-en-Auvergne/ Articles. Voir aussi son dossier « Villes en Auvergne : les formes urbaines », sur patrimoine.auvergnerhonealpes.fr. Je remercie Bénédicte Renaud pour la communication de ses informations et documents.

  • Murs
    • béton béton armé
    • pierre appareil mixte
  • Toits
    tuile mécanique
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée, 2 étages carrés
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre
  • Typologies
    architecture domestique (3e quart 20e siècle)
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Archives municipales d'Aubière

Annexes

  • Autres maisons à Aubière
Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2022
© Clermont-Auvergne-Métropole
© Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
Laurent Christophe
Laurent Christophe

Historien de l'architecture. Prestataire pour le service régional de l'Inventaire Auvergne, puis Auvergne-Rhône-Alpes, en 2014-2015 puis 2021-

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.