Dossier d’œuvre architecture IA63003838 | Réalisé par
Laurent Christophe (Rédacteur)
Laurent Christophe

Historien de l'architecture. Prestataire pour le service régional de l'Inventaire Auvergne, puis Auvergne-Rhône-Alpes, en 2014-2015 puis 2021-

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  • opération ponctuelle
Beaumont, la maison D.
Œuvre monographiée
Auteur
Copyright
  • © Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Clermont-Auvergne-Métropole
  • Commune Beaumont
  • Adresse 74 avenue du Mont-Dore
  • Cadastre 2023 BP 99
  • Précisions

La construction en 1948 de la maison D.* s’inscrivit dans l’essor péri-urbain qui transforma Beaumont à partir du début des années 1920. Encore façonnée par la viticulture – son activité principale séculaire – la commune de Beaumont connut en effet un regain démographique après la Première guerre mondiale. Sa population augmenta de 1 328 habitants en 1911 à 2 779 en 1931, puis atteignit 3 723 habitants en 1946 et 4 405 en 1954. La ligne de tramway qui relia Beaumont et Clermont-Ferrand à partir de 1914 favorisa le phénomène. Parmi les nouveaux arrivants, beaucoup logèrent dans le bourg ancien, mais les ménages aisés purent faire bâtir des maisons. Ainsi, de 1921 à 1956, 408 habitations sortirent de terre.

En application de la loi Cornudet (1919) et pour tenter d’organiser ce développement, un Plan d’aménagement, d’extension et d’embellissement de Beaumont fut adopté en 1939. Il connut un début de mise en œuvre au nord de la commune, au plus près de Clermont-Ferrand, avec le percement partiel de la 1re impasse Alexandre-Varenne et des rues Paul-Clément, Aubergier-Coste et Ferdinand-Phelut. Cependant, dans la continuité du processus engagé depuis trois décennies, les abords de la route nationale 89 (actuelle avenue du Mont-Dore) continuèrent de concentrer une part importante des nouvelles implantations.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1948, daté par source
    • 1950, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Bosser Jean
      Bosser Jean

      Jean Bosser (Clermont-Ferrand, 22 février 1902, idem, 21 octobre 1984) suivit des études d’architecture à l’École spéciale des Travaux publics de Paris puis à l’École des Beaux-Arts de Clermont-Ferrand. Il exerça de 1926 à 1980 à Clermont-Ferrand et plus largement dans le Puy-de-Dôme.

      A conçu en particulier, en 1951, les plans de certaines des maisons "Castor" de la cité ouvrière Michelin du Clos-Chanturgue à Clermont-Ferrand. Aurait également travaillé à des projets pour l'établissement thermal du Mont-Dore à la fin des années 1940. En 1933, il dessine les plans de l'immeuble du 16 boulevard Fleury. En 1939, il est l'auteur du plan d'agrandissement de l'immeuble de la Caisse primaire de l'Union des sociétés de Secours mutuel, au 50 avenue d'Italie puis, au début des années 1960 de sa surélévation.

      Le milieu catholique lui assura des commandes importantes, parmi lesquelles, à Clermont-Ferrand, dans les années 1930, les chapelles de la Maîtrise (école Massillon) et de l’évêché (rue Pascal), et dans les années 1950-1960, les églises Notre-Dame de la Route, Sainte-Thérèse de l’Enfant-Jésus (avec Jean-Louis Douat), Sainte-Bernadette et Saint-Austremoine.

      Il construisit aussi à Clermont-Ferrand trois cinémas : l’« ABC », « L’Ambiance », « Le Globe », ainsi que la salle Saint-Genès (à l’arrière du n° 9 place Michel-de-l’Hospital). Il fut enfin le maître d’œuvre de nombreuses maisons (certaines très modestes) et d’immeubles d’habitation (par exemple à Clermont-Ferrand n° 9 place Michel-de-l’Hospital et n° 13 avenue des États-Unis).

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La maison D.* se dresse ainsi en bordure de l’artère principale que constitue l’ancienne route nationale, mais à une plus grande distance de Clermont-Ferrand. Si quelques habitations se trouvaient déjà à cet endroit, la construction de la maison D.* lança véritablement l’urbanisation du site. Dans les cinq ans qui suivirent, une nouvelle voie fut ébauchée immédiatement au nord et à l’est de sa parcelle et une dizaine de maisons furent bâties. Par la suite, d’autres opérations similaires finirent par former un quartier résidentiel aéré et relativement cossu.

Le bien-fonds de la maison B.*, de forme presque carrée, est bordé au sud par l’avenue du Mont-Dore, à l’est par l’allée du Beau site, au nord et à l’ouest par des propriétés bâties. La maison et une dépendance utilitaire (visiblement un atelier-garage) s’élèvent sur sa partie ouest, en retrait de l’avenue. La dépendance, qui occupe l’angle nord-ouest du terrain, existait sans doute déjà en 1948. Son architecture, de type « auto-construction » basique, n’a aucun rapport avec celle de la maison. En revanche, sa présence a peut-être influé sur l’implantation de la demeure : la proximité des deux bâtiments rend plus pratiques leurs usages réciproques. En outre, les deux tiers orientaux du terrain constituent un vaste dégagement où s’étendent un jardin d’agrément et un potager.

L’examen des plans dessinés par l’architecte Jean Bosser montre que la maison est encore quasiment dans son état initial. À l’ouest, une petite extension a été construite vers 1965, mais sa volumétrie et ses détails (notamment la corniche) l’intègrent au reste du bâtiment. Très récemment, les fenêtres à petit-bois d’origine ont été remplacées par de malencontreuses fenêtres à châssis en aluminium.

De plan en « L » peu développé (presque un carré de 11,20 x 11,60 mètres), la maison possède un sous-sol semi-enterré, un rez-de-chaussée surélevé et un étage sous comble. Le sous-sol abrite une buanderie, une chaufferie avec soute à charbon et un séchoir. Le rez-de-chaussée est triple en profondeur dans le sens nord-sud. L’entrée principale ouvre à l’est. Elle donne accès à un long vestibule orienté est-ouest. Le vestibule conduit à l’escalier implanté à l’ouest. Du côté nord, il distribue la chambre principale et sa salle de bains, les toilettes et la cuisine. Du côté sud, il donne accès à un vaste séjour. Celui-ci possède deux grandes baies qui ouvrent sur une terrasse : le dispositif permet de profiter d’un large panorama vers la vallée de l’Artière et le puy de Montrognon. Enfin, l’étage comprend plusieurs chambres mansardées.

Les élévations sud et est, qui se dressent face à l’avenue et au jardin, regroupent l’essentiel des effets architecturaux. À l’est, l’élément le plus remarquable est le porche dans-œuvre. Il comporte deux baies couvertes d’arcs plein-cintre et une colonne cylindrique (elle présente une forme en balustre sur le dessin de Jean Bosser). Au sud, les deux grandes baies sont couvertes par des arcs plein-cintre à deux rouleaux de briques. Elles sont protégées par une corniche très saillante supportée par des consoles. Un parement en briques distingue l’avant-corps dans lesquelles les baies s’inscrivent. Un parement identique revêt également la moitié sud de l’élévation orientale. Par ailleurs, les solins des façades est et sud ainsi que les murs de la terrasse sont en pierre apparente.

La toiture à pente raide s’affirme comme l’élément le plus remarquable de la composition architecturale. Elle est habilement soulignée par la corniche moulurée, par les avant-toits et par les pignons. Elle comporte un toit allongé orienté nord-sud, deux toits à deux versants en pénétration orientés est-ouest et une croupe percée d’une lucarne rampante. Elle est couverte de petites tuiles plates mais, selon les documents annexés au permis de construire, elle aurait dû être revêtue d’ardoises d’Angers.

Indéniablement, par sa volumétrie, par ses matériaux, par sa toiture, l’architecture de la maison D.* offre un aspect « traditionnel ». Elle paraît ainsi relever du courant stylistique appelé, faute de mieux, « régionaliste ». Mais ce régionalisme n’entretient aucun rapport avec l’architecture vernaculaire beaumontoise : dans ce terroir des coteaux viticoles de la région clermontoise, les maisons traditionnelles sont petites, regroupées dans des bourgs denses, couvertes de toits à pente douce revêtues de tuiles creuses (dites « canal »), etc. Il convient donc de voir dans l’architecture de la maison D.* une création contemporaine utilisant des archétypes « régionalistes » (ici essentiellement le toit pentu couvert de tuiles plates), et il paraît vain de chercher à relier précisément ces archétypes à tel ou tel style régional réel ou sur-interprété. De toute évidence, ce langage « tradi-contemporain » produisit des œuvres de qualité, comme en témoignent à Beaumont la maison D.* ou, à Clermont-Ferrand, juste de l’autre côté de la limite entre les deux communes, la maison n° 16 rue Robert-Noël. De peu antérieure à la maison D.*, cette autre demeure pourrait être également une œuvre de Jean Bosser (ou peut-être d’Antoine Fustier, lui-aussi architecte clermontois).

Enfin, la villa D.* offre une intéressante comparaison avec la villa mitoyenne (n° 76 avenue du Mont-Dore). Œuvre de l’architecte clermontois Jean Guillot, datant de 1950, cette dernière développe une architecture « moderniste tempérée » différente mais de qualité équivalente. Réunies le long de l’avenue par des murs de clôture soignés, ces deux réalisations forment un ensemble contrasté à fortes valeurs urbaines, architecturales et patrimoniales.

  • Murs
    • pierre maçonnerie
    • brique brique et pierre
  • Toits
    tuile plate
  • Plans
    plan régulier en L
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée, 1 étage de comble
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée sans travées
  • Typologies
    architecture domestique (3e quart 20e siècle)
  • État de conservation
    bon état
  • Précision dimensions

    Plan en « L » peu développé (presque un carré) de 11,20 x 11,60 mètres.

  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Permis de construire n° D 686, juillet 1948, Archives départementales du Puy-de-Dôme, Fonds de la Direction départementale de l’Équipement, 1611 W 37.

    AD Puy-de-Dôme : 1611 W 37 n° D 686

Annexes

  • Autres maisons à Beaumont
Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023
© Clermont-Auvergne-Métropole
© Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
Laurent Christophe
Laurent Christophe

Historien de l'architecture. Prestataire pour le service régional de l'Inventaire Auvergne, puis Auvergne-Rhône-Alpes, en 2014-2015 puis 2021-

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