Dossier d’œuvre architecture IA63003840 | Réalisé par
Laurent Christophe (Rédacteur)
Laurent Christophe

Historien de l'architecture. Prestataire pour le service régional de l'Inventaire Auvergne, puis Auvergne-Rhône-Alpes, en 2014-2015 puis 2021-

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  • opération ponctuelle, Patrimoine XXe siècle
Ceyrat, la maison L.
Œuvre monographiée
Auteur
Copyright
  • © Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
  • © Clermont-Auvergne-Métropole

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Clermont-Auvergne-Métropole
  • Commune Ceyrat
  • Adresse 42 allée des Noyers
  • Cadastre 2023 AT 73 Altitude : 568 à 571 m Surface du terrain : 906 m2

Ceyrat est restée jusqu’au milieu du XXe siècle une commune essentiellement rurale. La mise en service, en 1922, d’une ligne de tramway la reliant à Clermont-Ferrand, n’avait pas modifié ce caractère. Assez éloignée du centre urbain et bénéficiant d’un agréable environnement naturel, elle était un lieu d’excursion mais pas d’installation. Cette situation commença à changer après la Seconde guerre mondiale. Selon un processus d’urbanisation « en mitage », quelques dizaines de maisons furent construites à proximité des deux bourgs anciens de la commune (Ceyrat et Boisséjour) et le long des routes d’accès. La commune gagna ainsi 1 200 résidants en 22 ans (1 653 habitants en 1946, 2 850 en 1968).

De 1968 à 1975, en sept années seulement, 1 150 personnes s’installèrent à Ceyrat. Une importante opération d’urbanisme généra cette forte croissance : le lotissement municipal dit « de Pré Soubre », aménagé à partir de 1967 à l’ouest du bourg ceyratois. Ce lotissement, au caractère résidentiel très marqué, connut un succès fulgurant. Le long de ses voies (avenues de Beaulieu et des Cottages, allées des Cerisiers, des Côtes Fleuries, des Troènes, du Point du jour, de la Promenade), de nombreuses maisons sortirent de terre. Certaines furent construites pour des particuliers suivant des plans variés. Cinquante-cinq furent bâties en série selon un plan-type assez cossu. Il s’agit des maisons implantées en plusieurs bandes avenue de Beaulieu (n° 1 à 11 et n° 25 à 53), avenue des Cottages (n° 6 à 20 et n° 32 à 60), allée du point du Jour (n° 8 à 16) et allée des Troènes (n° 2 à 12).

L’architecte Paul Lanquette fut l’un des principaux acteurs de cette opération. Avec son confrère Antoine Espinasse, il contribua à l’élaboration des plans d’urbanisme du lotissement et à la conception des maisons en série.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1964, daté par source
    • 1965, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Lanquette Paul
      Lanquette Paul

      Architecte clermontois DPLG, Paul Lanquette est à l'hôtel-Dieu de Clermont-Ferrand le coauteur de l'extension de la maternité (1955-1959), avec Antoine Espinasse.

      Probablement l'auteur d'une partie du lycée J. Monnet/J. Mermoz d'Aurillac (1949-1953).

      Paul Lanquette (Beaumont, Puy-de-Dôme, 17 avril 1920 - idem, 14 décembre 1997), fils de l’architecte Marius Lanquette, père de l’architecte Jean-Paul Lanquette.

      Paul Lanquette se forma à l’architecture auprès de son père. Il fut également étudiant dans l’Atelier Papillard de l’École des beaux-arts de Clermont-Ferrand et dans l’Atelier Beaudouin de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts. Il obtint son diplôme le 27 février 1945 (DPLG) et s’inscrivit comme architecte à Clermont-Ferrand. Il fut nommé en 1947 architecte délégué à la Reconstruction pour le département du Cantal. En 1952, à la suite du décès de son père, il prit sa succession.

      Paul Lanquette fut architecte d’opération de la cité universitaire du Clos-Saint-Jacques (Clermont-Ferrand), œuvre d’Eugène Beaudouin. Avec Antoine Espinasse, il fut également architecte d’opération du campus des Cézeaux (Aubière, architectes Daniel Badani et Pierre Roux-Dorlut). Seul ou en association (notamment avec Antoine Espinasse et Jean-Louis Douat), Paul Lanquette conçut des immeubles HLM (Saint-Jacques sud à Clermont-Ferrand, ensemble Montjoly à Chamalières), la Caisse d’allocations familiales d’Aurillac, le Centre départemental de l’Enfance à Chamalières, le collège de Ceyrat, etc.

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Peu auparavant, en 1964, Paul Lanquette avait choisi d’édifier à Ceyrat sa propre demeure. Des liens personnels et professionnels le rattachaient à la commune : une branche de sa famille était ceyratoise et il assumait les fonctions « d’architecte municipal ».

La maison Lanquette s’élève à environ 400 mètres au sud du bourg de Ceyrat. Ce secteur, encore peu bâti en 1964, est devenu dans les années suivantes un quartier pavillonnaire. Le bien-fonds de la maison, en forme de losange, couvre 906 m2. Au nord et à l’ouest, il est bordé par deux propriétés bâties. Au sud et à l’est, il est délimité par l’allée des Noyers dont le tracé a repris celui d’un chemin rural. L’allée comporte une section orientée nord-sud qui se poursuit dans l’impasse des Noyers et une section orientée est-ouest qui débouche sur l’avenue de la Libération (l’ancienne route nationale 89). La maison Lanquette profite donc d’un emplacement à l’angle de deux voies secondaires. Située sur un terrain en pente, elle jouit en outre d’une position dominante vers l’est, là où le panorama s’ouvre sur la vallée de l’Artière et le puy de Montrognon.

La maison est implantée au plus près des limites nord et ouest de la parcelle (en tenant compte du recul réglementaire). Elle possède un plan en « C » anguleux formé de trois corps de bâtiment. Ce parti présente plusieurs avantages. D’une part, il ménage des espaces libres à l’est et au sud du bâtiment. D’autre part, il permet à la plupart des pièces d’avoir une vue dégagée vers l’est et (ou) le sud. Enfin, il génère une séquence d’entrée et de circulation au cœur de la composition tout en séparant les espaces « jour », situés à l’est, des espaces « nuit », regroupés à l’ouest.

Le rez-de-chaussée de la maison est semi-enterré à l’ouest. Il comporte dans le corps oriental un vaste garage, dans le corps central (nord) une remise à vélos et la cage de l’escalier intérieur, dans le corps ouest une chaufferie, un séchoir, un vaste débarras et un atelier. L’étage abrite dans le corps oriental un séjour et un salon, dans le corps central le vestibule, l’escalier intérieur, la cuisine et une lingerie, dans le corps occidental (qui est plus long que le corps oriental) une suite parentale et quatre chambres pour les enfants.

L’organisation des niveaux s’avère très fonctionnelle. Le corps central sert de pivot de communication entre les différents espaces et usages, aussi bien horizontalement que verticalement. La partie « jour », à l’est, offre des pièces en continuité les unes avec les autres mais cependant spécialisées. Dans la partie nuit, à l’ouest, un couloir en « L » assure une distribution commode tout en distinguant les lieux affectés aux parents de ceux réservés aux enfants. Par ailleurs, il comporte une série de placards de rangement face aux portes des chambres des enfants.

Les élévations orientale et méridionale concentrent les effets architecturaux et sont très ouvertes. Au contraire, les façades nord et ouest, tournées vers les proches maisons voisines, s’avèrent dépouillées et assez fermées.

Vue du sud, la maison présente un aspect quasi symétrique. Les corps de bâtiment est et ouest encadrent le corps central en retrait. L’entrée principale se trouve presque au centre de la composition, dans le renfoncement. Elle est desservie par un escalier en « L » à deux volées droites dépourvues de contremarches. De part et d’autre de la porte, deux grandes baies mettent en scène la transition entre extérieur et intérieur. La volumétrie de la séquence d’entrée est également complexifiée par le renfoncement qui forme un abri couvert devant les portes du garage.

Les élévations sont animées par la disposition des baies (soit côte à côte, soit à gauche et à droite avec des effets de symétrie, soit régulièrement espacées) et par les contrastes entre des bardages en bois, des pans de murs crépis et des appareils de revêtement en pierre de Volvic. Ces derniers présentent une alternance d’assises régulières de deux hauteurs bien distinctes et à bossage rustique.

Chaque corps de bâtiment est protégé par un toit en cuivre à un versant. En pente faible, les versants s’abaissent vers le centre du plan en « C ». Les eaux pluviales sont recueillies dans un chenal qui sert de corniche. Au sud, deux gargouilles quadrangulaires les évacuent.

À l’intérieur, de nombreux détails attirent l’œil. Par exemple, certains plafonds sont revêtus de tissu et de lattes en bois. Le sol de la plupart des pièces est couvert de carreaux en terre cuite émaillée aux nuances terre de Sienne, ocres, bleues et vertes. Des mosaïques habillent les sols et les parois des pièces d’eau, mais aussi les marches de l’escalier intérieur. Ce dernier possède une originale rampe d’appui qui n’est composée que d’une main-courante en arc-de-cercle.

De prime abord, dans une demeure construite par un architecte pour sa famille et lui-même, l’on pourrait s’attendre à des dispositions et des formes « hors normes », voire très démonstratives. Rien de cela dans la maison Lanquette : ses qualités reposent sur d’autres aspects de l’architecture. L’un d’eux est la réponse fonctionnelle et pragmatique donnée au programme. L’emplacement de la chambre parentale s’avère très révélateur de la démarche. Comme cette pièce n’était affectée qu’à la vie nocturne (contrairement aux chambres des enfants), Paul Lanquette n’hésita pas à la placer dans l’angle nord-ouest de la maison, là où ne se trouvait pas de vue dégagée.

La qualité des matériaux et la qualité d’exécution constituent un autre aspect important de la maison Lanquette. Les artisans qui réalisèrent les travaux, notamment le menuisier et le carreleur, travaillaient régulièrement pour l’architecte. Pour cette raison, ils eurent à cœur de faire sur ce chantier la démonstration de leur savoir-faire.

  • Murs
    • béton béton armé
    • basalte appareil à assises alternées
  • Toits
    cuivre en couverture
  • Plans
    plan régulier
  • Étages
    sous-sol, 1 étage carré
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier en équerre
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant
  • Typologies
    architecture domestique (3e quart 20e siècle)
  • État de conservation
    bon état
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Bibliographie

  • Anonyme, "Le temps des copains [Paul Lanquette, Antoine Espinasse et Jean-Louis Douat]", Auvergne architectures, n° 18, avril 1998, p. 20-21.

  • Anonyme, "Paul Lanquette, "on naît architecte" [dossier dynasties d'architectes]", Auvergne architectures, n° 10, juillet 1995, p. 20.

Annexes

  • Autres maisons à Ceyrat
Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023
© Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
© Clermont-Auvergne-Métropole
Laurent Christophe
Laurent Christophe

Historien de l'architecture. Prestataire pour le service régional de l'Inventaire Auvergne, puis Auvergne-Rhône-Alpes, en 2014-2015 puis 2021-

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