C´est en 1923 que sous l´impulsion d´Edmond Gillet et de Louis et Lucien Chatin et d´Ennemond Bizot que la création de la société de soie artificielle du sud-est (SASE) à Vaulx-en-Velin est décidée, l'usine est construite sous la direction de l'architecte de la société Desseux et de son adjoint Alexandre. Il s'agit d'un des premiers sites d´industrialisation de la soie artificielle (viscose) en France. En 1935, cette société devient la TASE : Textile artificiel du Sud-Est. Cette usine moderne emploiera jusqu'à 3 000 personnes. De 3000 employés en 1929, l’usine passe à 2500 en 1931. Dans ce contexte de grave crise économique, les plans de doublement de l’usine sont définitivement abandonnés. Puis environ 1 500 employés sont encore sur le site jusqu´à la fin des années 1960. L´industrie de la soie artificielle compte 14 usines en France.
C’est en 1881 que la Société anonyme du Chemin de fer de l’est de Lyon (CFEL) ouvre une ligne de Lyon (gare de l’Est) à Saint-Genix-d’Aoste le 23 octobre 1881 d’une longueur de 72 km et comportant 21 gares. Lorsque que la direction décide d’implanter l’usine à Vaulx-en-Velin en 1922, la ligne existe déjà depuis une quarantaine d’années. C’est une aubaine pour l’usine et l’acheminement rapide des matières premières ainsi que pour les expéditions.
Le caractère rural du secteur n’est pas non plus anodin dans le choix de l’installation de l’usine. Au début du XXe siècle, on observe progressivement un déplacement des grandes usines polluantes en dehors des villes. Hygiéniste et désurbaniste voient en ses usines la cause de nombreuses maladies dû à la pollution de l’air. On cherche alors des espaces éloignés des centres urbains, en campagne, afin de ne plus vicier l’air des habitants de la ville.
Production et invention de nouveaux tissus en "soie artificielle" (viscose) : 1925 : fabrication de la Rayonne 100 deniers 40 brins le SUPER : fil très demandé dans la région lyonnaise, production 9 tonnes/jour 1935 : nouvelle création la FIBRANE : production 9t/jour 1950 : nouveaux métiers à tisser : les IRC et création d´un nouveau fil pour les carcasses de pneumatique fil PNEU 1971 : création de l´unité de fil NYLON et du TERGAL, produit jusqu´en 1980 date de la fermeture du site. Les années 1970 sont difficiles pour les textiles artificiels. En 1975 la production rayonne est arrêtée. L'usine de la soie artificielle (dite usine Gillet), avec une longue façade principale au sud donnant sur une esplanade, constitue un exemple remarquable d'une architecture de style Tony Garnier à la fois industrielle, monumentale et urbaine. D'une surface de 55 000 m², ce bâtiment a été converti à usage d'activités commerciales. L´usine est située le long de la ligne de chemin de fer de l´est (acutelle ligne de tramway) et non loin du terminus de la ligne A du métro arrêt "la Soie". Un premier projet (non abouti) de l'association peuplement et migration avait comme objectif la création dans l'usine désaffectée d'un centre d'interprétation de l'histoire des peuplements et migration en Europe. L´usine de la soie artificielle attend un projet de réutilisation. La façade uniquement est actuellement repérée au PLU au titre de l'article L123.1.7 du code de l'urbanisme. L'usine Tase se situe dans un territoire concerné par le projet dit carré de soie, élément majeur de la politique de renouvellement urbain de la première couronne Est de l'agglomération. Des travaux de réaménagement du quartier et plus spécifiquement de l'édifice sont annoncés. L'un des propriétaires du bâtiment (société Partouche) envisage la démolition d'une des ailes et des ateliers en sheds situés entre les deux ailes. Des constructions de logements sont prévues derrière la façade principale qui serait préservée en partie. Dans le même temps le SDAP du Rhône évoque la possibilité de mettre en place une ZPPAUP qui prendrait en compte la totalité du site : usine et cité.
Après une phase de concertation, en 2004, le Grand Lyon désigne un urbaniste en chef (Bruno Dumetier, du cabinet AABD) en charge d'établir le projet urbain pour l'ensemble du "Carré de Soie" où est mis en avant semblerait-il, la prise en compte du patrimoine comme l'un des piliers du développement à venir.
Le site fait partie du projet urbain du Carré de Soie. Inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 25 mai 2011.