Le créateur des verreries de Givors, Jean-Baptiste Neuvesel, est né en 1817 à Givors (Rhône). Cette ancienne famille de verriers originaire du chablais, part s’installer en Franche-Comté à St-Antoine. Joseph Neuvesel né en 1714 épouse Anne Catherine Raspiller, fille du fondateur de la verrerie de Saint-Antoine. Ils auront 11 enfants dont trois, Melchior, Joseph et Jean-Baptiste seront verriers. Au milieu du XVIIIe siècle, l’administration décide de limiter l’abattage des arbres et interdit toutes nouvelles constructions de verreries.
Dans le même temps, la mise en exploitation des mines de charbon dans la vallée du Giers attire les verriers alors que cette activité était peu développée dans cette région, plus d’une dizaine de verreries s’installent à proximité de Givors dont plusieurs sont le fait de verriers venus de Franche-Comté. La verrerie Robichon jouissait d’un privilège royal qui lui donnait le monopole de la production verrière « pour 25 années dans un rayon de 10 lieues ».
Après la fin de ce privilège nombreux verriers viennent s’installer à Givors. C’est ainsi qu’en 1800, s’établit à Givors Melchior Neuvesel, qui s’associe avec un autre verrier franc-comtois, Henri Bollot, pour créer la société « Bollot-Neuvesel et Cie » située au port des verriers. En 1819, la société est dissoute, Melchior garde 2 fours et s’associe à son frère Joseph, en fondant la société « Neuvesel Frères ». En 1827, Melchior est remplacé par le fils de Joseph et la verrerie prend le nom de « Joseph Neuvesel et Cie ».
En 1853, la verrerie est intégrée au sein de la Société Générale des Verreries de la Loire et du Rhône. Cette société regroupe des verreries situées aussi bien à Saint-Etienne et Rive-de-Gier qu’à Givors. Jean-Baptiste Neuvesel fait partie jusqu’en 1863 de l’équipe dirigeante de cette société.
En 1864, il crée avec Jean-Baptiste Momain « les Nouvelles Verreries de Givors », mais en reste le propriétaire négociant (raison sociale « Jean-Baptiste Neuvesel et Cie »), après le rachat de la verrerie Jean Baptiste May et Cie (emplacement actuel de la verrerie), qui avait cessé toute activité depuis 1863.
En 1869, son fils Fleury entre dans la société pour s’occuper de la comptabilité et exercer le métier de souffleur. Son aménagement intérieur comprend « trois fours de fusion de huit grands creusets et dix places chacun, et les annexes habituelles, telles que les pileries à vapeur, la briqueterie, les chambres à creusets, la forge, la vannerie, … ». La société fabrique du verre creux, bouteilles, bonbonnes de toutes couleurs et dimension avec des fours à creusets.
En 1878, la verrerie s’étend et achète une verrerie à topettes appartenant aux frères Crines, située à proximité. Dans le même temps transformation des trois fours en fours Siemens qui fonctionnent en continuent. En 1900, Fleury Neuvesel succède à son père Jean-Baptiste. En 1905, Marie la fille de Fleury épouse Eugène Souchon, ingénieur dans l’entreprise. En 1907, les premières machines semi automatiques Boucher sont mises en place sur le nouveau four 4 (en partie ouest de l’actuelle usine VMC). Eugène Souchon prend la tête de la verrerie et lui donne un nouvel essor, de nombreux accords sont passées avec des sociétés d’eau minérales : Vittel, Evian, Vals. En 1921, la production se mécanise totalement avec les machines O’Neill et Lynch et les feeders Rankin.
Les effectifs de la verrerie varieront en fonction du nombre de fours. En 1864 avec un seul four on comptait 55 ouvriers verriers (sans compter les enfants), en 1869 avec trois fours on passe à 300 personnes. Avec l’arrivée du four Siemens en 1878, l’effectif passe à 400 ouvriers verriers, vers 1880, est construit un immeuble collectif dit "caserne" à coursives (ou galeries à ciel ouvert) qui desservaient les petits appartements pour les verriers et leur famille, une des plus grande de Givors (cf photo).
De 1911 à 1930, 600 personnes travaillent à la verrerie en comptant les saisonniers. Ce chiffre baissera durant la Seconde Guerre mondiale à environ 480 personnes.
En 1939-1945, l’usine est plusieurs fois bombardée par l’aviation alliée. En 1970, c’est la fusion de VSN (verre creux) et des glaces de Boussois (verre plat), naissance de la société BSN « Boussois Souchon Neuvesel » présidé par Antoine Riboud. En 1993 et 1994, BSN renforce ses activités verre plat au niveau européen et entame une stratégie de diversification dans l’alimentaire : Kronenbourg, Evian…
Cela aboutit en 2001, à la fusion de BSN et de Gervais-Danone : l’activité verre plat est abandonné au profit de l’alimentaire et le nom de la verrerie "BSN" devient « Groupe Danone ». La même année, la société annonce une fermeture programmée de l'usine prévue pour la fin 2002, à cette date 300 personnes travaillent à la verrerie. La même année, un panneau est posé à l'entrée des jardins ouvriers (cf photo 3009X) indiquant que la société VMC récupèrera la libre disposition des terrain à partir du 31 mars 2003, annonçant également la fermeture des jardins. La société BSN-Glasspack du site de Givors fermera entre le 15 janvier 2003 (fermeture technique) et juin 2003 (fermeture administrative).
Depuis plusieurs années une procédure collective de reconnaissance de maladies professionnelles est menée par les verriers. Début 2017, la Cour de cassation a confirmé le jugement de la cour d’appel de Lyon sur la reconnaissance comme maladie professionnelle du cancer ayant emporté un verrier de Givors (Rhône) exposé trente-trois années durant à des poussières d’amiante et des brouillards d’huile transformés en HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques).