L’usine de la Société Française de Tubize (S.F.T.) est construite en 1924 dans le quartier du Moulin à Vent, entre la route de Vénissieux et la route des Ecoles. L’entreprise est une filiale de la société belge de la Soie de Tubize, puissante entreprise déjà implantée à Grand Quevilly, près de Rouen. Elle produit de la soie artificielle selon le procédé à l’acétate de cellulose, le plus moderne. La production débute en 1925 et atteint jusqu’à 3000 kilos par jour en 1928. En 1929, à son apogée, l’usine emploie jusqu’à 1300 personnes.
Elle a créé une cité ouvrière le long de la rue du professeur-Roux ainsi qu'un immeuble de faible hauteur dit la « Maison Blanche » qui accueille les cadres et agents de maîtrise. Ces bâtiments existent encore Avenue de Pressensé.
A partir du début de l’année 1929, la concurrence avec le groupe Gillet, lui impose de baisser le coût de sa production de 110 à 90 francs au kilo de soie. L’usine de la Société Française de Tubize ne résiste pas à la crise de 1929 et ferme ses portes en 1932, pour les rouvrir après la guerre en 1948.
En 1951, la Tubize est achetée par la Rhodiaceta* (groupe Gillet), dont les autres principales filatures sont implantées à Lyon-Vaise (Gorge de Loup) et à Péage-de-Roussillon. Elle devient Celtex Rhodiaceta, une filiale de Rhodiaceta Belle-Etoile. A cette date, elle emploie 900 personnes.
L'ancien site de Tubize accueille la production de fibres acryliques, le Crylor, qui est filé dans les ateliers de Vénissieux de 1955 à 1977. Les publicités pour le Crylor présentent une large production de vêtements pour bébés, de layettes, de toiles de tentes. La Rhodiaceta est approvisionnée en matières premières par l’usine de Péage-de-Roussillon, d’où sort le fil Rhodia à base d’acétate de cellulose. Cette usine, approvisionne tous les grands centres textiles de Lyon, Saint-Etienne, Tarare, Roanne, Grenoble, Troyes, Lille, Rouen.
La consultation des permis de construire aux archives municipales de Vénissieux permet de compléter cet historique. Un premier centre de recherche est construit en 1963 (plans datant de 1954) sur la parcelle voisine (détruit). Trois bâtiments reliés par des passerelles sont construits entre 1966 et début 1967 (PC déposé le 13/9/1966, 11/1/67 récépissé d’achèvement de travaux). Au nord, un bâtiment abrite des laboratoires et des bureaux, un deuxième à l’ouest, les activités liées au crin et, le troisième, celles de filature et d’étirage. Il s’agit d’ateliers pilote de polymérisation et de filatures. Les plans et élévations, qui datent de 1964, ne sont pas signés (AC Vénissieux : cote 500 W 182). ; ils portent le nom comme dessinateurs de Kulajus, ingénieur en chef à la Rhodiaceta, et d’A. Diop. Il existe des différences entre les élévations dessinées et le projet réalisé.
Dans les années 1966, la Rhodiaceta installe sur le site de Vénissieux son pôle de Recherches sur les fibres « solubles » (chlorofibres, rhovil, crylor) jusqu’en 1972. Le pôle de recherches des fibres dites « fondues » (nylon et polyester) s’y installent peu de temps après, en 1968. (Source : Entretien avec un Ancien ingénieur de recherche de Rhône-Poulenc et responsable « Histoire » de l’Association Rassemblant des Anciens de Rhône-Poulenc (A.R.A.R.P) dans VALEX Mathias, thèse 2018).
En 1971, la Rhodiaceta est rachetée par Rhône Poulenc Textiles. Neuf cents salariés y travaillent encore en 1977. Enfin, elle ferme définitivement ses portes dans les années 2000. Les terrains sont vendus pour créer le Parc Club du Moulin à vent qui accueille aujourd’hui une pépinière d’entreprises. Seule une partie du site a été transformée, la partie nord restant encore en friche.
*Rhodiaseta est orthographié Rhodiaceta depuis la loi portant sur la protection de la soie naturelle du 8 juillet 1934 : seta en latin fait référence à la soie naturelle, ceta est plus approprié et rappelle que l’usine produit de l’acétate de cellulose.
Dessinateur-cartographe au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel d'Auvergne-Rhône-Alpes depuis 2021