Ancienne usine textile BOISSIER 1885 devenue jardin avec arbres fruitiers. usine démolie fin à la fin des années 1990. "P. Boissier, fabrique de velours et soieries unis et façonnés"
En 1885, Alphonse Pochon et Camille Chavant installent une des premières usines de velours mécaniques à double pièce, 27 cours Vitton-prolongé (actuel cours Émile-Zola), sous la raison sociale A. Pochon et Cie. Pierre-Aimé Boissier y travaille en tant que chef de service technique. En 1888, à la suite du décès de Pochon, son associé continue seul. En 1891, Chavant cède son usine à deux de ses principaux collaborateurs, Alexis Maureau et Pierre Boissier. A. Maureau vend ses parts à Pierre Boissier en 1907, qui transfère l’entreprise du cours Émile-Zola, au 1-3 rue des Belles-Femmes (actuelle rue Hippolyte-Kahn).
Jusqu’en 1930, la société connaît une prospérité exceptionnelle due à une innovation : la fabrication du velours « ciselé ». Elle produit et vend principalement ses produits à la haute couture française. Le velours double-pièce passant de mode lentement, à partir de 1930, l’entreprise décline jusqu’à sa liquidation en juin 1963.
Dans les années 1920, la société emploie jusqu’à 500 personnes. Après la guerre, l’entreprise compte une centaine de personnes. En 1963, il n’en reste que 50.
En 1924, Boissier ajoute une usine de teinture, 109 rue Francis-de-Pressensé, revendue dans les années 1930 à la famille Bourgeois, gérant une usine appartenant à Gillet-Thaon. L’usine, démolie en 1994, laisse place au Parc du Centre où la cheminée sauvegardée et traitée par le plasticien Felice Varini, s’élève au centre d’un espace vert.
Dans le cadre du passage à l’an 2000, à la demande de la mairie de Villeurbanne, Felice Varini (artiste) a imaginé une passerelle sobre en métal noir traversant la haute cheminée de brique des anciennes usines textile Boissier, vestige et symbole de l’activité textile longtemps développée dans ce quartier. Cette œuvre « Vue de la cheminée » permet de découvrir le ciel, à travers le sommet de la cheminée, ainsi que les Gratte-Ciel, depuis les marches de la passerelle. Un des premiers exemples "d’artéfactualisation" (terme emprunté à la thèse de Samuel Périgois, 2006) d’un élément de site industriel de la Région. Toutefois, ce vestige témoigne-t-il encore, ce faisant, de la pratique industrielle d’une société à l’aube de la désindustrialisation ?