Dossier d’œuvre architecture IA69006229 | Réalisé par
  • inventaire topographique, Inventaire de la Ville de Lyon
Immeuble
Œuvre monographiée
Copyright
  • © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
  • © Ville de Lyon

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Lyon Jacobins
  • Commune Lyon 2e
  • Lieu-dit Jacobins
  • Adresse 58 rue Mercière , 27 quai Saint-Antoine
  • Cadastre 1831 H 67-68  ; 1999 AE 10
  • Dénominations
    immeuble
  • Appellations
    à l'enseigne de Saint-Martin puis de Sainte-Marthe, puis du Chameau et du Grand Hercule
  • Parties constituantes non étudiées
    boutique, cour, puits

Cet ensemble constitue l'un des fleurons du quartier des Jacobins et occupe une parcelle traversante où il est encore possible de trabouler. Si le rez-de-chaussée, et notamment la porte qui ouvre 58 rue Mercière, présente une modénature soignée, le reste de la façade et celle du 27 quai Saint-Antoine se distinguent par leur sobriété. Dès l'entrée, en revanche, les deux allées sont voûtées d'ogives et ornées de culots figurés. On peut admirer la maîtrise de la stéréotomie et en particulier l'arc faisant la transition entre l'allée et la cage d'escalier orientales, les portes palières jumelées qui épousent la courbe de cette même cage ainsi que les mains courantes des deux escaliers en vis. La cour est de grandes dimensions pour l'îlot concerné et est dotée d'un puits dont il ne reste que la partie supérieure finement sculptée. La galerie voûtée en demi-berceau participe de la qualité de l'ensemble.

Selon Joseph Pointet, une maison est attestée "assise en rue Marcheri" en 1388, requalifiée de grant maison assise en rue Marchière en 1446. En 1493, il s'agit d'une maison haute, moyenne et basse en rue Mercière "et une petite maison jouxte à icelle auvers la rivière". Le 13 mars 1516 est mentionnée une MHMB brûlée "St Martin" à Jean Blanchard, dit Malortie qui la possède depuis 1502. Les nommées de 1528 recensent Charlot Blanchard dit Malortie hôtelier ; la grande maison "traversant" en Saône appelée Sainte-Marthe a alors brûlé ; il ne reste que peu de vestiges (arrière et étable). A partir de 1529 et des nouveaux propriétaires, l'incendie n'est plus évoqué. En 1582 il est question d'une MHMB. En 1619, il est précisé qu'elle est en deux corps et "court". Le 24 septembre 1654, Mathieu Gayot, prieur de Servières, obtient la permission de bâtir rue Mercière ; le 26 mars 1675, le trésorier de France Louis Gayot a l'autorisation de surélever sa maison quai Saint-Antoine. Selon Olivier Zeller (Centre Pierre-Léon, Université Lumière-Lyon II) qui a dépouillé et étudié les archives de la Norenchal, le corps de bâtiment rue Mercière a ensuite porté l'enseigne du Chameau et celui quai Saint-Antoine celle du Grand Hercule. Mathieu Gayot de la Bussière, comte de Châteauvieux, loue en 1716 la totalité du corps de logis sur quai à Louis Bourbon, "bourgeois de Lyon", directeur de la ferme des Coches et Diligences du Rhône, et Messageries de Provence, puis lui passe un bail complémentaire en 1719 pour le deuxième étage de l'immeuble rue Mercière (cf ZELLER, p. 29). Des latrines sont aménagées dans les étages de la galerie qui compte trois niveaux (cf ZELLER, p. 39). Après 1734, côté rue Mercière, les meneaux sont détruits et des volets en noyer sont posés aux châssis des fenêtres vitrées (cf ZELLER, p. 40). En 1773, Pierre Monlong, propriétaire, fait reconstruire la façade sur le quai Saint-Antoine sous la direction de l'architecte Decrénice aîné : 13 corps de métiers sont à l’œuvre (Jacques Mory maître maçon, Dulot tailleur de pierre de choin, Loras tailleur de pierre de Saint-Cyr, Franchiset et Monnot tailleur de pierre de Tournus, Dolbeau frères menuisiers, Chuard charpentier, Augier ferblantier, Brazier serrurier, Hivrot peintre, Acarin plâtrier, Dominique plâtrier, Veuve Eschard vitrière et les Verreries de Givors pour les vitres, cf ZELLER, p. 42-43). Plusieurs campagnes de construction ont donc façonné cet ensemble tel que nous le voyons aujourd'hui. Le corps de bâtiment sur rue, le corps de bâtiment sur quai, les deux cages d'escalier et le puits datent du deuxième quart du XVIe siècle. La façade est, ouvrant sur la rue Mercière, est reconstruite en 1654 ainsi que, peut-être, la galerie de liaison. Le corps de bâtiment donnant sur le quai Saint-Antoine est reconstruit sur une profondeur de onze mètres à partir de 1773. En 1814, le contrôleur des contributions impose Antoine Blanchard revendeur de dentelles, André Mettra Peilleux "clincailler en détail", Gilbert Rochaud passementier, Jean Raillard médecin, Richard et Galline entrepreneurs de diligences, qui exercent là leur activité. Une loge de concierge ajoutée au XIXe siècle est démolie au début des années 1980. Les moulures des arcades de boutique de la rue Mercière sont buchées, probablement au XIXe siècle, en vue d'installer des devantures en bois visibles sur les photographies prises en 1977 par Louis Bernard (recenseur, CRMH) . On peut voir sur ces dernières, rue Mercière et dans son allée voûtée, une enseigne et des inscriptions peintes de coutellerie-orfèvrerie.

On notera qu'à l'aune du quartier, la cour présente de grandes dimensions. L'élévation quai Saint-Antoine est d'une rare sobriété : elle vient "habiller" un bâtiment utilitaire, une partie de l'édifice étant occupée au moment de sa reconstruction par le bureau des diligences et des coches.

En 1836, la largeur de la façade sur la rue Mercière est de 11 m 50. L'édifice compte alors au rez-de-chaussée, 2 boutiques sur rue, aux premier, deuxième et troisième étages, 4 chambres d'ouvrier dont 2 sur rue, au quatrième 3 chambres d'ouvrier dont 2 sur rue et au cinquième étage, 1 chambre (dite tour).

A la même époque, le corps de bâtiment sur le quai Saint-Antoine, alors adressé au n° 29, compte au rez-de-chaussée 1 grande pièce servant de comptoir et d'entrepôt, aux premier, deuxième, troisième et quatrième étages 4 pièces, et au cinquième 1 pièce. D'importants travaux de restauration sont menés de 1982 à 1984 par l'architecte Jean-François Grange-Chavanis. La porte en bois sculpté au tympan en fer forgé ouvrant sur le quai Saint-Antoine datant de 1754 siècle provient d'un immeuble qui s'élevait 34 rue Mercière (démoli en 1979) ; en 1906, Jean-Claude dit Claudius Jamot, architecte, membre de la Commission municipale du Vieux Lyon, relève notamment "porte à imposte en bois sculpté et fer forgé, XVIIIe siècle ; un heurtoir en bronze".

  • Remplois
    • Remploi provenant de Commune : Lyon 2e Adresse : 34 rue Mercière
  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 16e siècle , daté par travaux historiques , (incertitude)
    • Secondaire : 3e quart 17e siècle , daté par travaux historiques
    • Secondaire : 3e quart 18e siècle , daté par travaux historiques
  • Dates
    • 1654, daté par travaux historiques
    • 1773, daté par travaux historiques
  • Auteur(s)

Le corps de bâtiment sur la rue Mercière s'élève sur un rez-de-chaussée à arcades moulurées en pierre de taille (calcaire à gryphées sans gryphées, à grain fin et bicolore), trois étages carrés et un étage d'attique en moellons revêtus d'enduit. Il compte quatre travées. L'entrée est décentrée. Le tympan de ferronnerie de la porte présente une bande alternant volutes et roses, surmontée d’un motif en éventail typique du milieu du XVIIe siècle (à rapprocher de ceux des 12 place Antonin-Gourju datant de 1644 et 50 rue Mercière datant de 1657). A droite de l'arcade nord est visible le départ d'une autre arcade datant peut-être également du XVIIe siècle et ayant probablement appartenu à l'édifice sis n° 56 avant sa reconstruction en retrait par rapport à la voirie à la fin du XVIIIe siècle (à la suite d'un incendie survenu au début des années 1780 ?). Les fenêtres à meneaux de la façade ouest de la cour sont en pierre dorée tandis que les traverses restaurées sont en calcaire à entroques à taches et flammèches roses.

La porte donne accès à une longue allée voûtée d'ogives. Un arc biais, plus large au nord qu'au sud, permet une jonction sophistiquée entre l'allée, rectiligne, et la tour de l'escalier en vis.

La façade du corps de bâtiment sis 27 quai Saint-Antoine est en retrait par rapport à la voirie. Elle compte quatre travées. La porte, latérale, donne ici aussi accès à une longue allée dont la partie ancienne est voûtée d'ogives. Le niveau de l'allée menant à la cour a été rehaussé : les culots soutenant les croisées d'ogive sont à hauteur d'œil du passant ; sur la droite, une porte en pierre est désormais partiellement enterrée. Ce corps de bâtiment est construit pour la partie ancienne sur une cave dont les voûtes d'arêtes reposent sur des colonnes dotées d'un chapiteau cubique. On débouche, après une dizaine de marches, dans la cour au pied de la cage d’escalier hors-œuvre ouest. Le passage entre l'allée, l'escalier et la cour est rendu possible par l'absence de mur de cage au rez-de-chaussée. Il est en effet remplacé par deux colonnes aux bases prismatiques. La plus à l'est est reliée au noyau par un muret contre lequel s'appuie la première volée de l'escalier qui est droite. Des barres de fer renforcent le premier repos.

La cour intérieure est dallée, au centre, de choin de Villebois, avec ammonite et nautile et, sous la galerie, de calcaire à gryphées. Se trouve à l'ouest, dans le renfoncement formé par la cage d'escalier et le bâtiment sur le quai, un puits très finement sculpté, couvert d'un dôme surmonté d'un édicule rond en forme de petit temple, tous deux recouverts d'écailles ; l'intrados est orné d'une coquille. Les deux escaliers sont en vis, en pierre dorée avec marches et vis centrale bretturées. Ils sont chacun dotés d'une main-courante taillée dans le mur de cage en calcaire à entroques jaune ; les moulurations de ces mains-courantes diffèrent. L'escalier du corps de bâtiment sur rue est sommé de deux étages de guette.

Les deux premiers niveaux de la galerie assurant la liaison entre les deux corps de bâtiment sont en pierre, le dernier, en bois. De fines colonnes, formées de deux tambours taillés dans du calcaire à gryphées à grain fin bicolore, à chapiteau protodorique, soutiennent les voûtes en demi-berceau ; d'autres immeubles de la Presqu'île de Lyon présentent le même type de voûte : Immeuble à l'enseigne de la Cloche, Immeuble 8 rue de la Platière, Immeuble 28 rue Lanterne. L'examen des baies est et du chapiteau ouest de la galerie permet de comprendre que celle-ci est manifestement plus tardive que le corps de bâtiment est et la cage d'escalier ouest. La fermeture de la galerie à l'ouest au-dessus de la volée droite porte un médaillon à la surface laissée nue.

  • Murs
    • calcaire pierre de taille
    • calcaire moellon enduit
  • Toits
    tuile creuse
  • Étages
    sous-sol, 4 étages carrés
  • Couvrements
    • voûte d'arêtes
    • voûte d'ogives
    • voûte en demi-berceau
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Escaliers
    • escalier demi-hors-oeuvre : escalier en vis sans jour en maçonnerie
    • escalier hors-oeuvre : escalier en vis sans jour en maçonnerie
  • Typologies
    immeuble à deux corps de bâtiments parallèles reliés
  • État de conservation
    bon état
  • Techniques
    • ferronnerie
    • sculpture
    • menuiserie
  • Précision représentations

    La porte ouvrant rue Mercière est pourvue d'un tympan de ferronnerie formée d'une bande alternant volutes et roses, surmontée d’un motif en éventail ; porte piétonne fermée d'un imposant vantail en bois clouté. Les fenêtres de l'élévation quai Saint-Antoine sont dotées de garde-corps en fonte dont les motifs diffèrent à chaque étage. La porte quai Saint-Antoine est dotée d'un tympan de ferronnerie qui porte le monogramme FP et est orné de deux palmes croisées ainsi que de roses. Les allées sont couvertes de voûtes d'ogives reposant sur des culots sculptés.

  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    élévation, escalier, voûte, puits
  • Protections
    classé MH partiellement, 1983/03/08
  • Précisions sur la protection

    Sont classées les façades sur la rue Mercière, sur la cour et les toitures correspondantes, le passage voûté du rez-de-chaussée, le puits, les deux escaliers en vis.

  • Référence MH

En 2004, les boutiques sont occupées par les restaurants La Traboulerie, Les Enfants terribles rue Mercière, et par le magasin de meubles Baroco quai Saint-Antoine.

Documents d'archives

  • AD Rhône. 3P 138/45. Matrices cadastrales des propriétés foncières. 1836-1914. Halle aux Blés : section H et une petite partie de la section I. 3e volume : folios 649-907

    AD Rhône : 3P 138/45
    Folios 762 et 840
  • DRAC Rhône-Alpes, CRMH. 69 - Lyon 2e, maison 58 rue Mercière, 1 I 11 MHAA-99-463, dont la notice, le plan et les photographies de Louis Bernard, documentaliste-recenseur, 1977

    CRMH Rhône-Alpes : 1I11 MHAA-99-463
  • AC Lyon. CC 0031. Nommées ou dénombrement des biens meubles et immeubles possédés par les habitants de Lyon : Nommées, du côté de Fourvières et du côté de l'Empire, autrement dit de Saint-Nizier, 1516 - 1517. Registres en ligne, URL : http://www.archives-lyon.fr/static/archives/contenu/old/fonds/cc/005.htm.

    AC Lyon : CC 0031
  • AC Lyon. CC 0039-1. Nommées ou dénombrement des biens meubles et immeubles possédés par les habitants de Lyon : Nommées, du côté de Saint-Nizier, 1528 - 1529. Registres en ligne, URL : http://www.archives-lyon.fr/static/archives/contenu/old/fonds/cc/005.htm.

    AC Lyon : CC 0039-1
  • AC Lyon. 37 II. Fonds Joseph Pointet. XXe siècle

    AC Lyon : 37 II
    Îlot 32 B, cahier 12/2, p. 3354-3357

Bibliographie

  • JAMOT, C. Inventaire général du Vieux Lyon, maisons, sculptures, inscriptions, 2e éd. rev. et aug. Lyon : A. Rey, 1906. 134 p. : ill. ; 23 cm

    pp. 107-108, fig. 72-73
  • ZANDER, Anne. La rue Mercière à Lyon, histoire d'une rue. [Lyon] : [s.n.], 1992. 2 vol. 105 p. multigr.-80 f. de pl. : ill., plans ; 30 cm. Mem. Maîtrise : Institut d'histoire de l'art : Lyon 2 : 1992

    Région Auvergne-Rhône-Alpes, SRI, site de Lyon : HA1 ZAN
    p. 13, 14, 85-87

Périodiques

  • ZELLER, Olivier. A l'enseigne du Chameau. "Manières d'habiter, manières de gérer à Lyon au XVIIIe siècle". Cahiers d'histoire, tome XXXVIII, 1993, n° 1, p. 25-54. En ligne, URL : https://www.researchgate.net/profile/Olivier_Zeller/publication/292287043_A_l%27enseigne_du_Chameau_Manieres_d%27habiter_manieres_de_gerer_a_Lyon_au_XVIIIeme_siecleCahiers_d%27Histoire_1993_N_1_p_25-54/links/5964a990458515183cfa6ef6/A-lenseigne-du-Chameau-Manieres-dhabiter-manieres-de-gerer-a-Lyon-au-XVIIIeme-siecle-Cahiers-dHistoire-1993-N-1-p-25-54.pdf

Documents figurés

  • Musées Gadagne, Musée d'histoire de Lyon. MARTIN, Pierre, dessinateur. SEON, J. graveur. Ferronnerie peinte, 60 rue Mercière [il s'agit en fait du n° 58]. [XIXe siècle ?]. Impr. Louis Perrin Lyon. Inv. N 33.50 ; N 33.7 ; N 33.59 ; N 33.60.b ; N 33.8.a

    Musées Gadagne Lyon : Inv. N 33.50
    p. 50-51, 1 pl

Documents audio

  • ROUSSELLE, Bruno. SAVAY-GUERRAZ, Hugues. TRITENNE, Dominique. Étude géo-patrimoniale du secteur des Jacobins. 2017 - 2018

Annexes

  • L´Architecte des Bâtiments de France à Monsieur le Conservateur des Monuments historiques, 17 août 1981
  • Jean et Charles Blanchard, dit Malortie
  • Les maisons de nos quais selon Nizier du Puitspelu
  • JAMOT, C. Inventaire général du Vieux Lyon, maisons, sculptures, inscriptions. 1906
  • JAMOT, C. "L'étage de guette", Inventaire général du Vieux lyon, maisons, sculptures, inscriptions, 1906
Date(s) d'enquête : 2004; Date(s) de rédaction : 2004
© Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
© Ville de Lyon