• inventaire topographique, Inventaire de la Ville de Lyon
hôtel particulier : hôtel de Montribloud, puis hôtel de voyageurs : hôtel de Bellecour puis hôtel de l'Europe, actuellement immeuble
Œuvre monographiée
Copyright
  • © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
  • © Ville de Lyon

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Lyon Jacobins
  • Commune Lyon 2e
  • Lieu-dit Jacobins
  • Adresse 1 rue du Colonel-Chambonnet , 13 place Antonin-Gourju
  • Cadastre 1831 I1 97, 98 ouest ; 1999 AK 104, 103 ouest
  • Dénominations
    hôtel, hôtel de voyageurs
  • Appellations
    hôtel de Montribloud, hôtel de Bellecour, hôtel de l'Europe
  • Destinations
    immeuble, immeuble de bureaux
  • Parties constituantes non étudiées
    cour, boutique, salle des fêtes

L'Hôtel de l'Europe est un ancien hôtel particulier du XVIIe siècle construit par Perrachon de Saint-Maurice à l'emplacement de bâtiments plus anciens. La décoration luxueuse qui subsiste est principalement due à des embellissements entrepris par la famille de Sénozan au début du XVIIIe siècle. L'architecture extérieure de l'hôtel a subi de profondes modifications aux XIXe et XXe siècles : surélévations des toitures, disparition des arcades, construction d'un bâtiment au-dessus du portail d'entrée, cour intérieure obstruée. L'immeuble s'est "fondu" dans le quartier de la place Bellecour et a perdu ses caractéristiques d'hôtel particulier. L'un des intérêts historiques de l´Hôtel de l'Europe réside dans le fait qu´il était un des hôtels de voyageurs parmi les plus prestigieux de la ville au XIXe siècle. L'architecture et les décors intérieurs qui subsistent des XVIIe et XVIIIe siècles sont remarquables, notamment les plafonds et toiles peints par Daniel Sarrabat. L´actuel hôtel de l´Europe se trouve rive gauche de la Saône, au débouché du pont Bonaparte, face à la Primatiale Saint-Jean. L´histoire de cette maison, autrefois appelée «Maison-forte de Bellecour », témoigne de l´évolution urbaine de ce quartier depuis le XVIe siècle. L´emplacement appartenait à l´ordre des Templiers jusqu´à sa dissolution en 1315, date à laquelle il revient à Amédé V de Savoie (1285 à 1323). En 1407, il semble être détaché des terrains de l´ordre des Célestins qui l´occupait jusqu´alors et deux siècles plus tard, il fait partie du domaine de Villeneuve-le-Plat. Le plan Maupin indique qu´en 1550, sur ce même emplacement, existaient des baraques qui longeaient le chemin reliant le port du Temple à Ainay. Un puits était au centre du tènement de Rontalon (actuelle place A. Gourju). Au nord, le couvent des Célestins. Au sud de l´emplacement, l´arrangement du quartier est dû aux passages de Charles IX en 1560 et d´Henry IV en 1574, car les rois résidant à l´archevêché s´embarquaient à cet endroit pour la rive droite de la Saône au port du Roy. A l´est sont installés les bureaux de la « Douane » de Valence créée en 1595. En1600, ce tènement, qui appartenait aux Faye, est vendu aux Pomey qui possèdent une importante maison et des jardins (dit de Pomey) figurant sur le plan Maupin de 1635. Un acte notarial de 1635 dit « Benoit de Pomey, sieur de Rochefort, trésorier de France en la Généralité de Lyon, loue au Consulat pour trois ans, l´hôtel et la maison au dit Pomey sis à Lyon à la place Bellecour où pend une enseigne « le port du Roy », consistant en plusieurs membres : salons, chambres, cabinets, greniers, écuries, cour et jardin, sans y comprendre le grand magasin sur le port du Roy où s´exerce le bureau de la Douane qui demeure à la disposition de M. Pomey. Le bâtiment abritait l´Intendant Jacques le Prévot d´Herbelaz à qui le consulat fournissait un logement ». Pierre Perrachon de Saint-Maurice achète la maison et les jardins aux Pomey en 1644. Il projette de rénover la maison existante et de faire construire plusieurs autres maisons à la place des jardins, depuis l´angle du Port-du-Roy (actuelle place Antonin-Gourju), jusqu´au 5 de la place Bellecour, formant ainsi une sorte de «lotissement» tel qu´il en existait dans la lignée des places royales du début du siècle. Mais on sait également que, dès son arrivée et jusqu'en 1659, il se trouve en lutte avec les Célestins pour des problèmes de mitoyenneté et d´alignement. En 1652, Perrachon fait aménager dans la cour un jardin et une orangerie. A la fin du XVIe siècle, le développement de la ville s´accompagne de la construction de demeures spacieuses, dignes de la qualité de leur propriétaire ou de leurs visiteurs. Des hôtels particuliers commencent à s´élever côté nord de la place Bellecour dont l´aménagement s´achève au début du XVIIIe siècle sous la direction de l´architecte Robert de Cotte et devient le quartier à la mode. En 1653, Pierre Perrachon de Saint-Maurice obtient l´autorisation de reconstruire une maison neuve à la place de l´ancienne demeure située à l´angle de la rue Bellecour et du port du temple et d´avancer cette nouvelle maison sur le port du Roy (côté Saône). Il passe prix fait avec Claude Chana, entrepreneur, «pour un édifice dans la place où est à présent la maison et cour dudit Saint-Maurice ; situé en cette ville ayant façade sur le port du Roy et place Bellecour.... les fondations sont de l'épaisseur de 3 pieds [1m.] faites de gravier du Rhône, de chaux de Vaise et de quartiers de pierres, les murailles de bonne pierre rousse, les matériaux qui se trouveront au vieux bâtiment demeureront au dit Chana, à la réserve du grand portail du côté Bellecour ». Ce vaste hôtel est un des plus fastueux de la ville à cette époque. Il est doté d´un portail monumental, adapté aux dimensions des nouveaux carrosses et qui contraste avec les modestes portails des immeubles lyonnais de l´époque. Il est constitué de deux puissantes colonnes à refends supportant un entablement à triglyphes. Deux bornes aujourd´hui disparues, protégeaient les jambages des roues de carrosses pénétrant dans la cour. Un mur donnant sur la rue ferme la cour, conformément à un usage classique en Italie mais peu usité à Lyon à cette époque. En 1655 le même Perrachon obtient la permission d´élever la maison d´un second étage. En 1656, le Consulat donne l´accord pour l´alignement définitif. Perrachon de Saint-Maurice suit de près la construction ; il confie le plan à l´architecte Girard Desargues assisté de Paul de la Valfenière et passe prix-faits de serrurerie et charpente avec Mimerel. En 1669, Perrachon passe un prix-fait avec Lacombe pour la construction de six maisons dans le jardin dépendant de son hôtel en façade de Bellecour sur 151 m de long, limité à l'Est par les deux parcelles que s'étaient réservés les Pomey (ce sont les maisons actuelles jusqu´au n° 5 de la place Bellecour). Clapasson observe en 1740 que « le côté (de la parcelle) qui regarde le midi est composé de différentes maisons sans grande symétrie ». On ne connaît pas les artistes qui ont travaillé dans la maison à l´époque où l´occupait Perrachon (sauf peut-être le lyonnais Germain Ponthot (1636-1705)). Le 25 juillet 1695, Perrachon meurt et la « maison forte faisant le coing du quai de Saône devant le Pont de Bois » est vendue « avec tous les boisages à recevoir plafond et tableaux qui sont dans la dite maison » à Humbert Piarron (marchand à Lyon) par le fils de Perrachon, Alexandre Louis, pour 60 000 livres. En 1704, Piarron obtient l´autorisation de rabaisser d´un pied et demi, onze demi-croisées de pierres de taille sur toute la longueur du 1er étage en façade (c´est pourquoi nous avons aujourd´hui un dénivellement entre les fenêtres du 3e étage de la façade occidentale et celles de la façade méridionale). En 1707, Piarron, devenu écuyer du roi, vend à David Olivier de Sénozan, ancien échevin de la ville «une grande maison appelée la maison forte de Bellecour, qui consiste en deux corps de bâtiments ; l´un sur ladite place (Antonin-Gourju) et le quai des Célestins et l´autre sur la façade opposée sur la cour avec tous les boisages, tableaux et parquets qui y sont». David Olivier de Sénozan, né en 1684 au Poussan dans le Languedoc, devient receveur provincial du clergé et s´installe comme banquier à Lyon en 1663. Grâce à cette fonction, il édifie une fortune considérable. A cette époque, l´hôtel s´étend sur 1335 m2 répartis dans trois corps de bâtiment de trois étages autour d´une cour carrée dont la façade côté Bellecour était ouverte à l´air et au soleil. L´essentiel de la luxueuse décoration intérieure serait dû à cette famille qui veut embellir le lieu. A la suite de deux exhaussements de la chaussée, d´abord en 1716 pour l´aménagement de Bellecour puis en 1811, après la construction du pont de pierre sur la Saône, le perron du portail qui était surélevé par rapport à la rue, se retrouve au même niveau que celle-ci (les exhaussements de chaussée sont communes au bord de la Saône, son niveau ayant régulièrement monté). David Olivier de Senozan meurt en 1722. Son fils, François-Olivier, vend la maison en 1734 ou 1740 à Pierre Nicolau de Montribloud, banquier lui aussi, qui avait épousé Anne, petite nièce et cousine de François Ollivier de Sénozan en 1727. (La maison aurait abrité alors des locaux professionnels : un notaire, un horloger...). Il meurt en 1766 et la maison est vendue. En effet, son fils, François-Christophe Nicolau de Montribloud, avait hérité de l´hôtel et de la charge de son père (receveur général des deniers communs, dons et octroi de la ville) et avec eux, d´une situation financière difficile. Il fait faillite en 1778. Afin de les mettre en vente, les créanciers ont inventorié ses biens dont l´hôtel particulier. C´est à ce moment qu´un plan de son appartement est levé par un architecte resté anonyme. On constate sur ce plan que la disposition intérieure était étonnante. (Ce plan de deux maisons possédées par le banquier à l´angle de la place et du port du Roy furent placé dans les minutes du docteur Fromental de janvier 1783, soit au moment où les maisons avaient été dépouillées de leurs effets). Les deux maisons se sont organisées autour de deux cours ; la plus importante donne sur le port du Roy, à l´ouest et n´est autre que l´ancien hôtel Sénozan décoré par Sarrabat, tandis que la seconde donne sur une autre cour plus petite à l´est. Le plan de cette aile a sans doute été réaménagé par Nicolau de Montribloud qui avait installé ici quatre grandes pièces destinées aux collections d´un cabinet de curiosités scientifiques, très à la mode au XVIIIe siècle. Ces pièces étaient accessibles par un escalier indépendant et donnait sur une terrasse intérieure du côté de la petite cour. Jouxtant la chambre à coucher, la bibliothèque est garnit d´une boiserie en abside à trois pans. Plus loin, un bureau, le cabinet des oiseaux, le cabinet de physique se succèdent avant de déboucher sur le plus grand, le cabinet d´histoire naturelle, donnant sur la place Bellecour et communiquant avec la salle à manger de Mme de Montribloud Mère. Compte-tenu de la répartition en deux corps (l´un donnant sur la cour principale, l´autre sur la petite cour), la maison est vendue en deux lots en 1766. En 1786 la maison est attribuée à la famille Delhorme. Appartenant d´abord à Jean-Baptiste Delhorme dit de l´Ile puis à son fils Jean-François Delhorme, l´hôtel accueille le bureau royal de correspondance nationale dont ce dernier est Directeur. Selon l´Indicateur de Lyon en 1788, il aurait installé des bureaux à plusieurs étages. En 1805, la maison est vendue à Louis Roche des Escures (acte pris par le notaire Eynard). C´est à cette époque qu´elle est transformée en hôtel de voyageurs, l´un des premiers de la ville. On trouve aussi que la transformation en hôtel de voyageurs daterait de 1786 mais le nom n´apparaîtrait officiellement qu´en 1809. L´hôtel fut d´abord connu sous le nom d´hôtel de Bellecour ci-devant Montribloud mais cette dénomination dure peu : en 1809 l´indicateur de Lyon cite « l´Hôtel de l´Europe, rue Bonaparte n°61 tenu par la veuve Mauvielle ». Peut-être la maison remplit-elle déjà cette fonction avant la Révolution puisqu´on signale le passage de Joseph II empereur d´Autriche en tant qu´hôte. En 1813, la gérance de l´hôtel est assurée par les Pauche. Quant à la propriété, elle passe à la famille Gourd-Gevinet (ou Gavinet) en 1824. Puis Gérard Etienne Gourd-Gevinet revend la maison à Jean-Pierre Lempereur en 1838 (Acte: " un immeuble situé à Lyon à l'angle du port du roy et de la rue Louis le Grand où est établi l'hôtel de l'Europe tenu par Pauche fils, composé de plusieurs corps de bâtiment consistant en-rez-de-chaussée et plusieurs étages au-dessus, hangar, cour, fenil, cour au milieu des bâtiments, arrière petite cour et terrasse sur le devant, jouxte la maison Boulée à l'Est, la place du port du Roy à l'ouest et divers au nord demeure excepté de la vente un petit pavillon situé au-dessus de la terrasse sur la porte cochère qui appartient à Pauché".). Dans l'ouvrage "cafés et brasseries de lyon", il est question d'un café de l'Europe au XIXe siècle qui se serait tenu place Bellecour dans le courant du XIXe siècle, peut-être ce café se situait-il au rez-de-chaussée de l'hôtel du même nom. A la mort de Jean-Pierre lempereur en 1886, l´hôtel revient à sa veuve Marie Laurence Laporte qui à son tour le lègue à son neveu, Jean Baptiste Laurent Laporte, conseiller honoraire à la cour d´appel de Paris. Pendant la première et la seconde Restauration, l´hôtel est occupé par l´état-major autrichien. Jean Baptiste Laurent Laporte meurt en 1922 en laissant une descendance nombreuse. Ce sont ses héritiers les Consorts-Laporte qui vendent l´hôtel de l´Europe à l´Union du Sud Est des Syndicats agricoles le 13 mars 1924 (pour 969 000 francs). Entre 1865 et 1903, les gérants changent souvent puis de 1909 à 1924, il est exploité par Berrier et Millet. L´hôtel est prestigieux, luxueux et de grande réputation. Selon Le Guide de l´Etranger à Lyon (1938), l´hôtel de l´Europe est le plus fameux ; des hôtels lyonnais « le plus renommé est sans contredit l´hôtel de l´Europe, près de la place Bellecour. C´est là que les étrangers de marque, les princes, etc descendent de préférence. Cet hôtel est magnifique et d´une étendue immense ». Il accueille des voyageurs illustres comme Louis XIV en 1658 qui donne à la maison sa notoriété. De nombreux souverains de passage à Lyon ont séjourné dans cet hôtel dont le Duc D´Orléans (futur Louis Philippe), Napoléon Bonaparte, Juliette Récamier et Mérimée y descendent. Au XIXe siècle, l´hôtel fait l'objet d´importants travaux et l´intervention la plus conséquente est la surélévation de la façade sud en 1853 : des appartements sont élevés au-dessus du porche d'entrée par les architectes Bouilheres et Teyssere. De chaque côté du portail se trouvait jusqu´alors une construction basse, d´un seul rez-de-chaussée formant magasin et reliant les deux bâtiments encadrant la cour. Ces deux petites constructions étaient couvertes par une terrasse à l´italienne bordée de balustres et de caisses à fleurs. Une autre intervention de taille est celle de la couverture de la cour pour l'installation d'une salle de danse en usage jusqu´en 1976, date où s´installe le Tribunal de Grande Instance. Les façades du 2e étage sont pour la plupart «transpercées» de tirants métalliques qui soutiennent la charpente de la verrière. La structure métallique visible depuis la salle de bal supportait une toiture à quatre versants reposant sur quatre poutres principales. Le décor très chargé de cette salle était entièrement constitué de moulures en stuc. Les murs étaient scandés de colonnes cannelées supportant un entablement composite. Au-dessus, des fenêtres demi-circulaires étaient surmontées de motifs floraux, tous identiques, entourant un écusson ovale. L´installation des services annexes du Tribunal de Grande Instance de Lyon provoque la désaffection de la salle de bal. Le rez-de-chaussée sous la verrière sert dès lors d´entrepôt, de chaufferie et de cave. Le Tribunal intègre le nouveau Palais de Justice de la Part-Dieu le 1er juillet 1995, à cette date, l´immeuble est désaffecté. Groupama, l´actuel propriétaire souhaite entreprendre rapidement la réhabilitation de l´immeuble en logements et bureaux. Ayant supporté de profondes modifications architecturales aux XIXe et XXe siècle, l´immeuble s'est intégré dans le quartier de la place Bellecour et a perdu ses caractéristiques d'hôtel particulier. Afin qu´il retrouve sa volumétrie initiale, la salle de bal a été détruite afin de dégager la cour et de restituer les balcons filant d´origine. Les façades et toitures ont été inscrites à l´inventaire supplémentaire des MH le 25 août 1995. L´arrêté inscrit « sur inventaire supplémentaire aux monuments historiques de l´Hôtel de l´Europe situé à LYON 2ème (Rhône). De plus, les salles au plafond à caisson (1er étage) du salon dit de Minerve et du salon dit d´Hercule (2e étage) de l´Hôtel de l´Europe sont portés au classement parmi les MH ». Le permis de construire pour restauration propose un traitement unitaire de la couverture et de la façade côté place Antonin-Gouju. La partie surélevée vient remplacer des volumes hétérogènes parasitaires édifiés aux XIXe et XXe. Les autres volumes sont conservés dans leur état existant. L´immeuble abrite aujourd´hui 32 appartements locatifs sur 2 188 m2 et 809 m2 de bureaux en étages. En 1995, les architectes chargés de la restauration sont Iwan Ponsonnet et Simon Becaud.

  • Remplois
    • Partie déplacée à
  • Période(s)
    • Principale : milieu 17e siècle
    • Principale : milieu 19e siècle
    • Principale : milieu 20e siècle
    • Secondaire : 1er quart 18e siècle
    • Secondaire : 3e quart 18e siècle
    • Secondaire : 19e siècle
    • Secondaire : limite 20e siècle 21e siècle
  • Dates
    • 1653, daté par source, daté par travaux historiques
    • 1853
  • Auteur(s)

On connaît peu de vues des premiers bâtiments. Le plan scénographique de 1550, montre une maison au plan rectangulaire dont la façade orientale est flanquée d'une tour et percée de trois fenêtres aux étages. A l´avant se trouvent des jardins, futurs terrains à bâtir. Les plans de la ville par Simon Maupin de 1635 puis de 1659, montrent à cet emplacement une maison au plan reprenant celui de l´ancienne construction, élevée de deux étages percée au rez-de-chaussée à l'est de deux portes cintrées. Inscription sur le fronton de la façade Sud : Hôtel de l'Europe On connaît l´architecture générale de la maison construite par les Perrachon et vendue aux Sénozan en 1707 : trois corps de bâtiment disposés en U autour d´une cour fermée au sud par un portail que surmonte une terrasse. L´actuelle façade ouest est unitaire tandis que la façade sud est découpée en trois parties : deux parties XVIIe siècle de part et d´autre d´une partie centrale du XIXe siècle, elle-même divisée en trois travées. Les façades extérieures donnent sur la place Antonin-Gourju, ancien Port-du-Roy et sur la rue du Colonel-Chambonnet. Cet hôtel particulier était en fait constitué de deux maisons qui se sont organisées autour de deux cours intérieures : la plus vaste, fermée par les quatre façades de l´hôtel est accessible par le numéro 1 de l´actuelle rue du Colonel-Chambonnet, la seconde donne sur la cour intérieure voisine (à l´est), accessible par le 3 rue du Colonel-Chambonnet. Les façades sur rue et sur cour du XVIIe siècle s´élèvent sur quatre niveaux. Des surélévations du XXe siècle rehaussent la façade sur cour ouest d´un étage et les façades sur rue est et nord de deux étages. Les façades sur cour s´élèvent donc sur quatre niveaux au sud, cinq à l´ouest, six au nord et à l´est, auxquels il faut ajouter les combles. En raison de ces surélévations, les façades sur cour ont perdu leur unité et les bâtiments leur volumétrie propre à un hôtel particulier. La façade ouest sur la place Antonin-Gourju est percée de 11 fenêtres. Un espacement plus large sépare la fenêtre centrale des cinq autres réparties symétriquement de chaque côté. Le premier niveau est percé d´arcades rectangulaires récentes, les deux niveaux suivants sont percés de baies rectangulaires plus hautes que les deux derniers niveaux. La façade sud sur la rue du Colonel-Chambonnet est percée d´arcades au rez-de-chaussée : six dans la partie gauche de la façade, une seule dans la partie droite. Les fenêtres de la façade centrale (datant du XVIIIe siècle) sont pourvues de lambrequins métalliques de couleur gris-bleu. Les chambranles à une fasce des fenêtres sont constitués de pierres finement moulurées. Un bandeau souligne l´allège à chaque niveau. Le rez-de-chaussée, les parties latérales de la façade sud et la façade ouest conservent des éléments datant de la fin du XVIIe siècle (le rez-de-chaussée donnant sur la place Antonin-Gourju a perdu ses anciennes arcades, aujourd´hui simples ouvertures rectangulaires). Les fenêtres d´origine ont gardé des moulurations, des bandeaux, des chaînages reconnaissables ; elles se distinguent des baies qui ont dues être repercées et agrandies au XXe siècle : les corniches ont été sciées et des retours maladroits ajoutés. Une fenêtre du salon d´Hercule donnant sur la rue du Colonel-Chambonnet a été bouchée. Le portail central date du milieu du XVIIe siècle, certains ont avancé qu´il serait un reste de l'hôtel des Douanes, démoli par Pierre Perrachon de Saint-Maurice. Il est signalé sur le plan de Simon Maupin et conformément à ce qui est dit dans le contrat avec l'entrepeneur Chana : celui-ci pouvait prendre pour son compte les matériaux de démolition de l'hôtel des Douanes à l'exception du portail d'entrée. Le portail actuel serait donc antérieur à la construction commandée par Perrachon de Saint-Maurice mais il est complètement intégré dans les étages ajoutés au XVIIIe siècle, au-dessus du mur qui fermait la cour. Il est composé de deux colonnes à refend surmontées d´un entablement à triglyphes supportant une corniche très saillante. Il est encadré par deux chasse-roues et pourvu d´une porte à deux vantaux, taillée en pointe de diamant dans sa partie basse, et de pilastres cannelés qu´une guirlande relie entre eux dans la partie supérieure. Au-dessus du portail, deux fortes consoles cannelées supportent un balcon, elles prolongent les colonnes du portail, constituant une sorte de second entablement dans lequel s´inscrivait le panneau : «Union du Sud-Est des syndicats Agricoles» remplacé par l´inscription « Hôtel de l´Europe ». Au premier étage, les fenêtres sont surmontées de fronton triangulaire et la porte-fenêtre centrale, donnant sur le balcon, est encadrée de pilastres cannelés que surmontent des chapiteaux ornés de guirlandes. Au troisième étage, la partie centrale s´ouvre sur le balcon par trois baies géminées aux arcs cintrés surmontés d´un fronton triangulaire. Le style du portail et l´allure générale de l´immeuble sont assez proches du palais du Luxembourg. Le portail, rue du Colonel-Chambonnet, donne accès à un corridor. A gauche, une première volée d´escalier avec une rampe en fer forgé, précédée par deux colonnes cannelées, conduit au premier étage. C´est à ce niveau que prend naissance le vaste escalier dont la cage s´appuie en partie sur la façade sud, côté rue. C´est un escalier à trois volées droites et deux repos couvert de voûtes en demi-berceau et des trompes, la rampe est décorée de fins balustres en fer forgé. Les murs de cage sont ornés de panneaux rectangulaires aux encadrements moulurés et les portes sont décorées de feuillages et de palmettes. Les peintures des plinthes imitent la pierre de Villebois. Les moulures du plafond sont beige et encadrent une vaste peinture décorative. Dans les quatre angles du plafond figurent deux blasons entourés d´un très riche décor en stuc : cuirs découpés, motifs floraux, volutes en formes de corne d´abondance. Le couvrement de l´escalier a été peint à la fin du XIXe siècle et recouvre des décors plus anciens (du XVII et XVIIIe siècles). Deux autres escaliers, plus modestes, mais datant de l´hôtel du XVIIe siècle, subsistent dans l´angle Nord-Ouest et dans l´angle Nord-Est. Dans la cour intérieure du 3, rue du Colonel-Chambonnet, des balcons filant aux premier et deuxième étages ont été conservés, ils reposent sur des consoles à volute supérieure sortante et volute inférieure entrante. Les consoles du corps de bâtiment complété mi XIXe siècle sont plus ornementées que les consoles des trois façades du XVIIe siècle. Les façades des corps de bâtiment du XVIIe siècle sont recouvertes d´enduit en mortier de chaux naturelle, teintée par le sable de carrière locale ou coloré dans la masse. L´angle donnant sur la place Antonin-Gourju est renforcé par un chaînage en pierre. La façade centrale sur la rue du Colonel-Chambonnet est en pierre apparente. Des plafonds à la française couvrent la plupart des pièces de l´hôtel (ils sont masqués dans les salons d´Hercule et de Minerve et remplacés par un plafond à caissons dans le salon aux portes peintes du premier étage de l´aile ouest). L´hôtel est couvert d´un toit à deux versants de tuiles creuses en terre cuite naturelle avec une tuile de réemploi en chapeau. La restauration est intervenue en faveur d´une restitution de la volumétrie intérieure par la démolition de cloisons rapportées au XXe siècle. Inscription sur le fronton de la façade Sud : Hôtel de l'Europe

  • Murs
    • pierre
    • enduit
    • maçonnerie
  • Toits
    tuile creuse
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Étages
    rez-de-chaussée, 3 étages carrés, 4 étages carrés, étage de comble
  • Élévations extérieures
    élévation à travées, élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à deux pans
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre
  • Typologies
    quatre corps de bâtiment autour d'une cour centrale
  • État de conservation
    restauré, bon état
  • Techniques
    • peinture
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    inscrit MH, 1996/09/10
    classé MH partiellement, 1996/09/10
  • Référence MH

boutique au rez-de-chaussée façades ouest et sud : actuellement Meubles Grange, magasin de cuisine et de décoration ; Agence Groupama Assurance au rez-de-chaussée de la façade sud ; Boutique au rez-de-chaussé façade sud : Art Expression.

Documents d'archives

  • DRAC Rhône-Alpes, CRMH. 69 - Lyon 2e, hôtel de l'Europe, MHPAD-01-0052.

    CRMH Rhône-Alpes : MHPAD-01-0052
  • DRAC Rhône-Alpes, CRMH. 69 - Lyon 2e, hôtel de l'Europe, 1 I 11 MHAAA-99-464

    CRMH Rhône-Alpes : 1 I 11 MHAAA-99-464
  • DRAC Rhône-Alpes, CRMH. 69 - Lyon 2e, hôtel de l'Europe, MHTMI-01-0036.

    CRMH Rhône-Alpes : MHTMI-01-0036
  • DRAC Rhône-Alpes, CRMH. 69 - Lyon 2e, hôtel de l'Europe, MHTMI-01-0073.

    CRMH Rhône-Alpes : MHTMI-01-0073
  • DRAC Rhône-Alpes, CRMH. 69 - Lyon 2e, hôtel de l'Europe, MHTMI-01-0078.

  • DRAC Rhône-Alpes, CRMH. 69 - Lyon 2e, hôtel de l'Europe, MHTMI-O1-0079.

  • DRAC Rhône-Alpes, CRMH. 69 - Lyon 2e, hôtel de l'Europe, MHPTO-04-0005.

    CRMH Rhône-Alpes : MHPTO-04-0005
  • DRAC Rhône-Alpes, CRMH. 69 - Lyon 2e, hôtel de l'Europe, MHPTO-04-006.

    CRMH Rhône-Alpes : MHPTO-04-006
  • AC Lyon. 3 SAT 00089. Dossier de rénovation de l'hôtel de l'Europe. BECAUD, Simon, 1995.

    AC Lyon : 3SAT00089

Bibliographie

  • RIVOIRE DE LA BATIE, G de. Armorial du Dauphiné. Ed. Robert Allier. Lyon, 1969.

  • AUDIN, Marius. VIAL, Eugène. Dictionnaire des artistes et ouvriers d'art du Lyonnais. Paris : Bibliothèque d'art et d'archéologie, 1919

    Article 'Desargues', t. 1, p. 267.
  • BENOIT Félix. Evolution à Lyon des milieux hôteliers. Bulletin Municipal Officiel de la Ville de Lyon, 11 décembre 1988, n°4729, 2e et 3e de couverture.

  • JAMOT, C. Inventaire général du Vieux Lyon, maisons, sculptures, inscriptions, 2e éd. rev. et aug. Lyon : A. Rey, 1906. 134 p. : ill. ; 23 cm

    pp. 116-117
  • KLEINCLAUSZ, Arthur. Histoire de Lyon. Lyon : librairie Pierre Masson, 1952. [Réimpr. Marseille, 1978. Marseille : Laffitte Reprints, 1978, 22 cm.]

    pp. 12, 24
  • PEREZ, Marie-Félicie. Les collections scientifiques de François-Christophe Nicolau de Montribloud (Paris-Lyon, 1786). Actes des Assises des sociétés historiques du Rhône, Amplepluis, 27-28 octobre 1984

  • PUITSPELU, Nizier du. Les Vieilleries lyonnaises. Lyon : Jean Honoré Editeur, 1980, (première édition en 1891)

    p. 238

Périodiques

  • FLORENNE, Lise. Un peintre oublié, D. Sarrabat. Bulletin des Musées et des Monuments Lyonnais, 1962 : ill.

    n°1 pp. 9-15, n°2 pp. 27-38, n°3 pp. 47-56
  • GATTEFOSSE-MOIROUD, Françoise. Lyon-Presqu'île : inventaire monumental des maisons du 17e siècle. Lyon, 1972. Mémoire de Maîtrise : Histoire de l'art : dir. D. Ternois : Lyon 2 : 1972. 270 p. : ill.

    p. 62
  • JACOTET, Dominique. Daniel Sarrabat, 1666-1748. Revue d'information du Comité Centre Presqu'île de Lyon, 1998-1999, n°26

    pp. 44-48
  • MERAS, Mathieu. Les hôtels de Bellecour. Revue d'information du Comité Centre Presqu'île de Lyon, 1998-1999, n°25

    pp 43-49

Annexes

  • CRMH. 69 - Lyon 2e. Hôtel de l'Europe, Note de synthèse, Bernard GAUTHERON, 1995
  • CRMH. 69 - Lyon 2e. Hôtel de l'Europe, Avis de l'inspecteur des Monuments historiques, 21 avril 1995
  • CRMH. 69 - Lyon 2e. Hôtel de l'Europe, Procès-verbal de la CO.RE.P.H.A.E., 27 avril 1995
  • CRMH. 69 - Lyon 2e. Hôtel de l'Europe, Délégation de la CSMH (1re section), séance du 12 septembre 1995
  • JAMOT, C. Inventaire général du Vieux lyon, maisons, sculptures, inscriptions.
  • MOREL DE VOLEINE, Claude Louis Bon. Notes sur quelques monuments et édifices curieux de Lyon sacrifiés ou condamnés par les démolisseurs.
Date(s) d'enquête : 2006; Date(s) de rédaction : 2006
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