LE PROJET DE PERCEMENT DE LA RUE
La rue Claude-Boyer s'étend de la Grande rue de la Guillotière à celle du Béguin, elle passe à l'est de l'église Saint-Louis et longe ensuite la place. Elle porte cette dénomination depuis 1927. Elle fut auparavant appelée rue de l'Hospice des Vieillards et avant 1863, rue de Provence. Elle correspondait au Grand chemin qui menait de Lyon à Vienne. La rue Clair-Tisseur est perpendiculaire à cette rue et rejoint la rue Rachais. Elle a été établie en 1912 suite au Plan de Général d´Alignement du quartier des Hirondelles approuvé par arrêté préfectoral le 26 mai 1899 (AC Lyon. 923 WP 054, Dossier n°7, pièce n°17). Son percement provoque la destruction progressive de constructions situées le long de la rue et s´étendant partiellement à l´est.
L´ACQUISITION ET LA DEMOLITION D´IMMEUBLES
Le n°17 Rue de l´Hospice des VieillardsEn 1825, deux parcelles (H 177 et 178) comportaient des constructions qui occupaient la largeur de la rue actuelle. La maison et sa cour située sur le côté nord appartenaient à Pierre Gacon qui était potier. Il la possède toujours en 1844 où elle est dite au "14 rue de Provence" (0004 WP 048. 4).
En 1898, le propriétaire Philip fait une demande d'exhaussement (AM 923 WP 054, Dossier n°1) proposée par l'architecte Garin (AM 923 WP 054, Dossier n°1, pièce n°1, Minute du 10 août 1898). La propriété se composait : d'une maison à deux étages en façade sur rue, construite en pierre et pisé et couverte de tuiles creuses ; de deux petits bâtiments d'un seul étage "sur le passage" également en pierre et pisé ; de trois autres bâtiments sur cour d'un étage, celui se trouvant à l'est étant en pierre et pisé. L'ensemble correspondait à une surface approximative de 560 m2. La pétition de l'architecte n'est pas retenue car cette maison se trouve sur le parcourt d'une rue projetée, alors désignée par la lettre « K », selon les critères du Plan Général d'Alignement des voies publiques du 3e arrondissement comprises entre le cour Saxe Gambetta, l'avenue Saxe et le Fort Lamothe. La propriété est vendue en septembre 1898 à la ville (AM 923 WP 054, Dossier n°1, pièce n°4, Acte de Vente) et détruite en 1904 (AM 923 WP 054, Dossier n°1, pièce n°18, Rapport).
Seule, une partie du bâtiment situé à l'est de la parcelle, non touchée par l'élargissement, est conservée (AM 923 WP 054, Dossier n°1, pièce n°17, minute). Elle appartient à Marquino (AM 923 WP 054, Dossier n°1, pièce n°28, Notes de Rapport). Avant sa réduction, son rez-de-chaussée comptait trois pièces avec alcôve (dont une servait de bureau) et une pièce servant d'entrepôt. Il y avait au 1er étage, desservi par un escalier extérieur (AM 923 WP 054, Dossier n°1, pièce n°17, minute) : une cuisine et deux chambres dont une avec alcôve. Un grenier était desservi par un escalier en bois. Par ailleurs, un hangar, employé comme écuries, contenait au 1er étage et sous son escalier extérieur, les cabinets d'aisance. Il est expliqué que l'implantation de la rue va faire disparaître l'écurie et son escalier attenant, une pièce sans alcôve au rez-de-chaussée, la cuisine et une partie des greniers (AM 923 WP 054, Dossier n°1, pièce n°28, Notes de Rapport).
Le n°19 rue de l´Hospice des VieillardsLe sud de la rue Rachais correspondait en 1825 à la maison Jean-Claude Ballard, voiturier. En 1859, une demande d'exhaussement de pierres et chaux, est déposée par Raymond Rochet pour sa maison située au 17 rue de Provence (AM 315 WP 082 6). Cette requête lui est accordée.La destruction au n°17 de la rue, fragilise le mur nord à l´est du n°19, contre lequel s´appuient deux maisons d´un étage joints par un petit bâtiment annexe sans étage dont Salpointe est le propriétaire. L´une des maisons était construite en pierre, alors que les deux autres étaient en pisé. Chaque habitation était desservie par un escalier en pierre extérieur (AM 923 WP 054, Dossier n°9, pièce n°1). L´allée, la cour et les WC étaient commun avec les maisons sur rue au n°19 et 21 (AM 1188 WP 131). Salpointe vend ses biens à la ville en au 18 rue de l´Hospice des Vieillards, en 1908 (AM 923 WP 054, Dossier n°9, pièce n°4, Acte de vente), ils sont détruits afin d´élargir et faciliter la circulation dans la rue (AM 923 WP 054, Dossier n°9, pièce n°23).
En 1924, une bande de terrain issue de cette parcelle, détenue par la ville, est vendue aux consorts Rochets pour qu'il puisse s'aligner sur le terrain de l'externat Saint-Louis (AM 923 WP 054, Dossier n°1, pièce n°15, Acte de Vente). En 1933, cette propriété présente deux corps de bâtiments de 2 étages, sans cave, l'un ayant façade sur cour, l'autre sur la rue. Ils étaient reliés par une cage d'escalier ouverte sur cette cour. La façade ouest était rythmée par trois travées, avec trois ouvertures au rez-de-chaussée. Les constructions étaient en pierres et pisé de terre, les charpentes en bois couvertes de tuile creuses. Le corps de bâtiment sur rue se divisait en 2 appartements de 2 pièces avec une alcôve, et un autre d'une pièce avec alcôve. Le second étage proposait 2 appartements d'une pièce avec une ou 2 alcôves. Dans la seconde maison, il y avait 2 appartements de 2 pièces au rez-de-chaussée, 2 appartements de 2 pièces et une alcôve au 1er étage. Le 2e étage s'organisait entre un appartement d'une pièce avec une alcôve et un autre de 2 pièces et de 2 alcôves (AM 1110 WP 012).
Un arrêté du 9 août 1933 accepte la destruction de la maison détenue par la veuve Rochet pour cause de vétusté. Par ailleurs cela finalise le projet d'élargissement de la rue (AM 1110 WP 012). La ville achète et assainie la parcelle entre mai et août 1934. Seule l´allée commune avec le n°19 de la rue est maintenue(AM 1188 WP 131, Dossier n°11, Acte de vente et de démolition).La parcelle de terrain vert à l´estLe percement de cette rue n´engendre pas d´autres destructions majeures. En effet, la partie est de son tracé coupait les terrains de Bouthéon qui étaient non construits. Ce propriétaire était favorable au percement de ce tronçon ainsi qu´ au prolongement de la rue Rachais car cela lui permettait de construire des logements le long de ces ouvertures (AM 923 WP 054, Dossier n°7, pièce n°17, Rapport sur ouverture de la rue K).
L´ABANDON D´UNE PARTIE DU PROJET DE PERCEMENT
Le percement de cette rue ne se prolongea pas au delà du groupe scolaire situé à l´est contrairement aux directives du Plan de Général d´Alignement du quartier des Hirondelles de 1899 qui prévoyait de rejoindre la rue de Tourville en coupant l´établissement. Cette perceptive qui visait à dégager la Grande Rue de la Guillotière et celle du Béguin, fut finalement abandonnée en 1908 (AM . AM 923 WP 054, Dossier n°7, pièce n°17 et 18).
Chercheuse au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel d'Auvergne-Rhône-Alpes (2006-...)