Dossier d’œuvre architecture IA73002694 | Réalisé par
  • patrimoine industriel, Patrimoine hydraulique des Pays de Savoie
Établissement thermal dit établissement balnéaire de Saint-Pierre-d'Entremont dit Source Germaine
Œuvre monographiée
Copyright
  • © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
  • © Assemblée des Pays de Savoie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays de Savoie - Echelles (Les)
  • Hydrographies Torrent du Guiers-Vif
  • Commune Saint-Pierre-d'Entremont
  • Lieu-dit Bazinière
  • Adresse Bazinière
  • Cadastre 2011 B 650
  • Dénominations
    établissement thermal
  • Parties constituantes non étudiées
    bassin

Les Eaux minérales de St Pierre d´Entremont

Extrait d´une lettre écrite d´Antremont, près de la Grande Chartreuse, le 20 janvier 1777

« Monsieur, j´imagine que vous publierez dans vos Feuilles une découverte qui tiendra peut-être au soulagement de l´humanité, ou qui tout au moins pourra servir d´aliment à la curiosité de nos naturalistes.

Il s´agit d´une source dont les eaux paroissent avoir des caractères très marqués d´une eau minérale et qui exhalent surtout une forte odeur de poudre à canon, bine propre à le faire présumer. Cette odeur est précisément ce qui a servi à les faire découvrir. Au mois de novembre dernier un enfant de douze ans se promenant le long du Guiers (rivière qui sépare le Dauphiné de la Savoie) sentit à quelque distance du village de St Pierre (chef-lieu de la paroisse d´Antremont), une odeur de poudre à canon qui excita sa curiosité. Il chercha à savoir d´ou provenoit cette odeur ; et s´apercevant que plus il avançait vers la rivière, plus elle étoit sensible, il parvint à découvrir qu´elle exhaloit d´un petit courant d´eau allant aboutir au Guiers. Cette eau etoit en petite quantité, et filtroit presque imperceptiblement ; sa quantité rendant cet enfant curieux d´en découvrir la source, il en suivit, en remontant, les filaments qui s´échappaient de ci et de là à travers les cailloux ; et toujours guidé par l´odeur, il trouva qu´elle sortoit d´une fente d´un rocher voisin. Ayant puisé cette eau, il vint sur le champ m´en apporter ; son odeur et le goût minéral que je lui trouvois me décidèrent bientôt à la connaître plus particulièrement. J´en fis remplir plusieurs vases et j´en envoyai à la Grande Chartreuse où l´on a distillée. On mit dans un verre (le ?) résidut de cette eau et l´on y versa du sirop violat, sur le champ parut d´un beau vert foncé. On mit du même résidut dans un autre verre et on y versa la dissolution de mercure par l´acide nitreux ; cette dissolution excita dans l´eau un précipité, qui d´abord parut blanc, et devint bientôt jaune, pulvérulent et cailleboté.

Je pense, Monsieur, que ces expériences jointes à l´odeur qu´exhalent ces eaux ; font assez croire qu´elles contiennent des corps hétérogènes qui tiennent sans doute du minéral. Mais je laisse à des physiciens plus consommés à en juger avec plus d´étendue et à décider par analogie sur l´usage qu´on pourroit en faire pour la santé. J´offre seulement d´en procurer au curieux qui voudront la connoître. On pourra, au mois de mars prochain, m´en faire demander, en s´adressant à la Dame Gras, marchande à Grenoble, montée du Pont de Bois.

J´ai l´honneur d´être, etc .. JUGLAR Prieur d´Entremont »

Lettre extraite du journal Les Affiches, Annonces du Dauphiné, JD 34 p. 162 Fonds Dauphinois de la Bibliothèque municipale de Grenoble

En novembre 1777, une source sulfureuse est découverte sur la commune de Saint-Pierre-d´Entremont le long du torrent du Guiers, entre le chef-lieu et le hameau de Saint-Même. Après une étude de la composition de l´eau, réalisée à la Grande Chartreuse, il est décidé de la commercialiser, au regard de ses qualités chimiques notamment dépuratives. Le père Juglar, prieur de la paroisse de Saint-Pierre en Dauphiné, assure la commercialisation des « eaux du Guiers ». Un peu plus d´un siècle après la découverte de la source, en 1893, la « Société des Eaux Minérales de Saint-Pierre-d´Entremont » est créée pour l´exploitation de la source baptisée « Germaine ». Entre ces deux dates, l´histoire de la source est inconnue. Le promoteur du projet de la source Germaine est Monsieur Poche(r). Il dispose d´un relais à Saint-Pierre-d´Entremont pour le suivi des travaux, Monsieur Baffert. Ce dernier s´occupe des démarches administratives et financières notamment pour l´acquisition de terrains, de bâtiments et l´avancée des travaux de captation et d´exploitation de la source. Ce dernier avait pour son compte acheté la source et les terrains environnants en 1866. Il revend le tout à Monsieur Poche(r) en 1892 pour 30 000 francs en dépit des premières tractations qui prévoyaient l'établissement d´un bail d´exploitation de la source par lequel Monsieur Baffert aurait touché 10 centimes de francs par bouteilles expédiées. Entre 1892 et 1897, les deux hommes correspondent fréquemment au sujet de l´avancée des travaux et de la mise en place de l´exploitation de la source. Ainsi, nous apprenons qu´un escalier en bois est construit pour accéder à quatre robinets en étain, utilisés pour remplir des bouteilles. La source est protégée par un toit en tôles ondulées en acier galvanisé, matériau préféré à une couverture en tuiles par Monsieur Poche(r). Cet élément nous renseigne sur Monsieur Poche(r) qui évoque les avantages de la tôle ondulée pour la toiture en prenant comme exemple l´une de ces usines, qu'il a couverte avec ce matériau,d´une superficie de 4 700 m². L´entrepreneur était certainement un industriel avisé sur les nouveaux matériaux de construction. Les bouteilles, les caisses de transport et les fournitures (paillons) sont entreposées dans un bâtiment à proximité, probablement le moulin Valentin. Les divers travaux exécutés sur la source (étanchéité, toiture, escalier) et sur le bâtiment du moulin ( ?) sont réalisés par Monsieur Curtet. Au delà de la démarche économique, Monsieur Poche(r) souhaite aussi exploiter la source pour soigner une maladie qu´il évoque dans ses correspondances. Pour exploiter la source, Monsieur Poche(r) rencontre plusieurs obstacles. Tout d´abord, le notaire des Echelles, Monsieur Viard qui enregistre les statuts de la société en 1893, aurait interféré auprès de Messieurs Baffet et Curtet pour nuire à l´entreprise de Monsieur Poche(r). Il rencontre aussi des difficultés avec Monsieur Faurax au moment de l´achat du moulin Valentin. Le projet de la source Germaine a certainement développé des intérêts au regard des promesses et prévisions annoncées dans les statuts de la Société des Eaux Minérales de Saint-Pierre-d´Entremont. Des revenus confortables était promis aux souscripteurs des 500 actions de 100 francs de l´établissement balnéaire, un revenu annuel de 15 francs par action. En lien avec les statuts, un projet architectural est conçu sur un terrain de 12 hectares. L´établissement balnéaire de Saint-Pierre-d´Entremont, imaginé par l´architecte Franck Defoug en 1894, se décompose sur trois niveaux avec de nombreux équipements : douches laryngiennes, pharyngiennes et nasales, une salle de pulvérisation, des bains, des douches et un espace d´hydrothérapie complète. Une aile était réservée aux hommes et la seconde était destinée aux femmes. L´établissement thermal prévoyait aussi un hôtel-casino de 15 chambres. Une écurie, une buanderie et une remise sont également imaginées pour compléter le site thermal. L’aménagement thermal comprenait aussi une chute équipée pour la production d´électricité via l´eau du torrent du Guiers-Vif. Le projet architectural ne verra pas le jour car il est concurrencé par les thermes de Challes-les-Eaux. Toutefois, l´exploitation de la source Germaine pour l´expédition de bouteilles s´organisa avec un argumentaire relevant la qualité médicinale des eaux de Saint-Pierre-d´Entremont. Ainsi seul un aménagement de la source est réalisé avec deux fosses équipées de robinets pour remplir les bouteilles estampillées Source Germaine. Nous ne connaissons pas la durée de l´exploitation des eaux de Saint-Pierre-de-Chartreuse, le peu d´historiographie et de témoignages sur le sujet laisse à penser à une période limitée probablement à la fin du XIXème et début du XXème siècle.

La source Germaine est présente sur la rive droite du torrent du Guiers-Vif au lieu-dit Bazinière. La source dispose de point de résurgence (dit griffon) à environ un mètre cinquante du lit du torrent. Il n´existe pas de correspondance entre le torrent et la source. Le débit de la source est de 0,5 litre par minute, l´eau a une température de 12,5°C. C´est une eau sulfureuse et carbonée sodique. Les points de résurgence se trouvent dans un puisard (sorte de puits), ce dernier est contenu entre la roche et un aménagement en pierre maçonnée, le tout prenant un forme carré. Accolée à ce puisard, une descenderie est aménagée avec des robinets pour exploiter les eaux de la source. L´accès à cette descenderie s´effectuait à l´aide d´un escalier, aujourd´hui manquant. Les robinets ont servi à la mise en bouteille de l´eau en vue de la commercialisation. Cette descenderie est de forme oblongue. Le puisard et la descenderie ont une profondeur d´environ six mètres. La source est protégée des eaux du torrent à l´aide d´un muret en pierre maçonnée. Ce dernier délimite aussi l´emprise du site sur la berge. L´accès au site se réalisait par un sentier au nord descendant de la route. Une autre voie d´accès se trouve le long de la berge du torrent, c´est cette dernière qui devrait être utilisé pour guider les visiteurs provenant du chef-lieu. Un projet de valorisation et architectural prévoit de faire connaître le site et pour cela une couverture sur le puisard et la descenderie devrait être reconstruite.

  • Plans
    plan carré régulier
  • Étages
    rez-de-chaussée
  • Énergies
    • énergie hydraulique
  • État de conservation
    menacé
  • Statut de la propriété
    propriété privée

La commune de Saint-Pierre-d'Entremont souhaite valoriser le site avec un sentier pédestre partant du chef-lieu et longeant le torrent du Guiers-Vif. Une étude architecturale est menée pour aménager les abords et rendre visible les deux fosses où se trouve les résurgences de la source Germaine.

  • Cadastre actuelCadastre actuel 2011

  • Archives municipales de Saint-Pierre-d'EntremontProjet de l'établissement balnéaire de Saint-Pierre-d'Entremont, Façade principale, 1894

  • Archives municipales de Saint-Pierre-d'EntremontProjet de l'établissement balnéaire de Saint-Pierre-d'Entremont, Plan du sous-sol, 1894

  • Archives municipales de Saint-Pierre-d'EntremontProjet de l'établissement balnéaire de Saint-Pierre-d'Entremont, Plan du rez-de-chaussée, 1894

  • Archives municipales de Saint-Pierre-d'EntremontProjet de l'établissement balnéaire de Saint-Pierre-d'Entremont, Plan de l'étage, 1894

  • Archives municipales de Saint-Pierre-d'EntremontProjet de l'établissement balnéaire de Saint-Pierre-d'Entremont, Coupe transversale et façade latérale, 1894

  • Archives municipales de Saint-Pierre-d'EntremontProjet de l'établissement balnéaire de Saint-Pierre-d'Entremont, Bâtiment de la source, 1894

  • Archives municipales de Saint-Pierre-d'EntremontProjet de l'établissement balnéaire de Saint-Pierre-d'Entremont, Ecurie, remise et Buanderie, 1894

  • Archives municipales de Saint-Pierre-d'EntremontEtiquette publicitaire des bouteilles de la Source Germaine

Documents d'archives

  • AP, Saisie immobilère en faveur de Monsieur Baffert, 21 février 1866

  • AP, Acte de vente, 1866

  • AP, Lettre de Monsieur Poche à destination de Monsieur Baffert, 5 octobre 1892

    Proposition d'achat de la source
  • AP, Statut de la Société des Eaux Minérales de Saint-Pierre-d'Entremont 8 août 1893

  • AP, Lettre de Monsieur Poche à destination de Monsieur Baffert, 27 mars 1896

    Négociation d'achat de parcelles
  • AP, Lettre de Monsieur Poche à destination de Monsieur Baffert, 17 avril 1897

    Travaux de captation et achat du moulin Valentin
  • AP, Lettre de Monsieur Poche à destination de Monsieur Baffert, 4 juin 1897

    Achat du moulin Valentin et travaux à la source
  • AP, Lettre de Monsieur Poche à destination de Monsieur Baffert, juin 1897

    Détail des équipements de la source
  • AP, Lettre de Monsieur Poche à destination de Monsieur Baffert, 4 juillet 1897

    Demande concernant le suivi des travaux
  • AP, Lettre de Monsieur Poche à destination de Monsieur Baffert, 8 août 1897

    Suivi des travaux
  • FR.AD073, 3P 7272, Premier cadastre français, Saint-Pierre-d'Entremont, Section A, feuille 5, 1908.

    AD Savoie : 3P 7272
  • FR.AD073, 3P 7273, Cadastre rénové, Saint-Pierre-d'Entremont, Section A, feuille 5, 1965.

    AD Savoie : 3P 7273

Bibliographie

  • Bibliothèque municipale de Grenoble, Lettre extraite du journal Les Affiches, annonces du Dauphiné

    JD 34, p.162

Périodiques

  • A. Schrambach, La Source minérale Germaine, Eau sulfureuse et sédimentaire ,Communauté de communes des Entremonts, 2008

    82 pages
  • Y. Milleret, "Eaux thermales oubliées, la Bauche-les Bains et la source Germaine à Saint-Pierre-d'Entremont", La rubrique des patrimoines de Savoie, n°28, Conservation départementale du patrimoine de la Savoie, décembre 2011.

    p. 32-34

Annexes

  • Annexe n°1
Date(s) d'enquête : 2011; Date(s) de rédaction : 2011
© Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
© Assemblée des Pays de Savoie