Historique
D'après l'abbé Dufourd (repris par M. Brocard), la construction de la partie du bâtiment en forme de tour rectangulaire serait due à noble Benoît de l’Echeraine, curé de la paroisse (attesté des années 1540 à 1580) ; M. Brocard indique que la tour est datée de 1545 (date non vue lors de l'enquête). L'abbé Dufourd poursuit en précisant que "La tour fut acquise par les nobles du Reydet de la Vulpillière, de la commune de Choisy, qui la vendirent, vers 1750, à Louis Marie Guillet, de Marchand en Bugey, homme d’affaire de M. de Clermont Mont Saint-Jean [seigneur de la commune ; voir IA73003286]. En 1762, il y fit ajouter beaucoup de bâtiments, dont jouit actuellement M. Michel Montagnole".
La tour présente des ouvertures chanfreinées ou à cavet et des baies à coussiège, au 2e étage, qui sont cohérentes avec une construction au 16e siècle. L'escalier peut également dater de cette époque, mais sa liaison avec le reste de la maçonnerie n'est pas toujours parfaite (les marches sont toutes en deux morceaux). Le dernier niveau du bâtiment a été rabaissé et la toiture modifiée peut-être après un incendie (présence de pierres rubéifiées ?).
Le Livre des numéros-suivis du géomètre de la mappe sarde de Montcel (AD Savoie, C 3315) atteste qu'en 1729 la propriété appartient à noble Antoine de Vulpilière, et comprend les numéros 3114 : fontaine, 3115 : maison (emplacement de la tour), 3116 : cour, 3117 : four, grenier et écurie à cochon (bâtiment allongé au nord-ouest de la cour, détruit), 3118 : grange (emplacement de la grange-étable), 3119 : jardin (au nord du jardin potager actuel). Antoine de la Vulpilière possède également les numéros 3120 : jardin (pré situé au sud-est), 3125 : grange et 3126 : pré verger (situés au nord-est ; la grange n'existe plus).
La date 1762 est gravée au-dessus des portes de la grange-étable. Elle peut correspondre à un remaniement général du bâti, avec construction d'une habitation moderne et confortable englobant la tour au nord-ouest et sud-ouest, et destruction du bâtiment de communs situé en face, au nord de la cour, afin de dégager celle-ci (suite à l'agrandissement de l'habitation). Ce bâtiment est remplacé par un nouveau, plus petit, à l'entrée de la cour, qui reprend les fonctions énumérées dans le livre des numéros suivis (four, grenier et loge à porc). Enfin, la grange-étable qui borde la cour au nord est agrandie ou reconstruite.
En 1880, l'ensemble appartient à Michel Montagnole (parcelles D1 4 : jardin, 5 : four, 6 : maison et bâtiment agricole). Celui-ci est 1er adjoint de la commune de 1865 à 1871, puis maire de 1884 à 1888. La grange-étable a été remaniée au 19e siècle (elle est allongée sur l'arrière avant 1880) et 20e siècle (surélévation, puis installation d'un atelier de mécanique). Le toit de la tour a été refait au 20e siècle (il était auparavant en tuile écaille), le toit de l'avent du four, au début du 21e siècle.
Description
Les bâtiments s'organisent atour d'une cour fermée par un muret, avec un portail au sud (vantaux métalliques), vers la RD 211 et le village, et un au sud-est (ancien chemin vers le Marterey).
L'habitation
L'habitation se compose d'une tour de plan rectangulaire, qui compte trois étages, contre deux côtés de laquelle est adossée une maison à un étage.
L'accès actuel à la tour se fait par une porte percée dans son mur nord-ouest (encadrement en calcaire, piédroits à angles arrondis ; imposte vitré avec encadrement à cavet, linteau en molasse) mais il est probable que l'accès d'origine aie été une grande porte en arc percée au milieu du mur nord-est, masquée au 18e siècle par la construction du nouveau bâtiment. Les niveaux de la tour sont desservis par un escalier tournant à retours, en pierre. Le palier du rez-de-chaussée dessert un évier (angle sud-ouest de la tour) et un cellier qui occupe la moitié sud-est du niveau ; un couloir voûté passant sous la 2e volée assure la communication avec le bâtiment ajouté au 18e siècle. Le 1er étage est cloisonné de façon à délimiter deux petites pièces, des latrines et un vestibule communicant avec le reste du niveau ; trois corbeaux en pierre sont visibles dans le mur nord-est. Le 2e étage forme actuellement un niveau libre. Deux baies à coussiège sont percées au milieu des murs sud-est et sud-ouest ; deux portes donnent vers le comble du bâtiment du 18e siècle (autrefois vers une galerie en bois ? deux corbeaux en pierre sont encore visibles sur le mur sud-ouest), au milieu du mur nord-est et à l'angle oriental du mur sud-est. La dernier niveau, actuellement un comble sous toiture, est accessible par un prolongement de l'escalier en bois ; il est percé de fenêtres sur toutes ses faces (une sur les petits côtés, trois côté nord-est, deux côté sud-ouest) et de deux canonnières (?) dans l'angle sud. Les murs sont en maçonnerie de gros moellon de calcaire recouverte d'un enduit à la chaux (au ciment sur la face sud-ouest) ; les encadrements sont en calcaire avec cavet (encadrements des portes du pallier du 1er étage : en molasse). Le toit est en pavillon, en tuile mécanique.
Le bâtiment d'habitation édifié au 18e siècle s'appuie sur les deux faces de l'angle est de la tour. La façade principale, située vers le chemin, compte 5 travées. L'axe central est mis en valeur par un balcon. Les pièces du rez-de-chaussée sont distribuées par un petit couloir parallèle au mur de façade. Le retour sud-ouest est occupé par un cellier. Le 1er étage est desservi par l'escalier de la tour. Les murs sont en maçonnerie de moellon de calcaire recouverte d'un enduit à la chaux (angles avec chaînes en besace au rez-de-chaussée, bandeau délimitant les niveaux : en ciment) ; les encadrements sont en calcaire au rez-de-chaussée, en molasse à l'étage, avec des linteaux en arc segmentaire à délardement. Le toit est à croupes, en tuile plate mécanique.
Le four à pain
A droite de l'entrée de la cour est édifiée une dépendance rassemblant un four à pain précédé d'un auvent voûté (en tuf, arc d'entrée en brique), un grenier et un cellier, surmontés d'une pièce à l'étage (accès par un escalier extérieur en ciment). Les murs sont en maçonnerie de moellon de calcaire recouverte d'un enduit à pierres vues ; les encadrements sont en calcaire (jour de la cave, côté sud-ouest : chanfreiné) ou en ciment (porte du grenier). le toit est à longs pans, en tuile creuse, avec des pignons découverts à redents. Le toit au-dessus de la voûte de l'auvent du four est en ardoise.
La grange-étable
La grange-étable a une élévation symétrique comprenant deux étables séparées par une travée d'engrangement centrale ; le fenil était aéré par cinq grandes baies à claire-voie. Ce bâtiment est en maçonnerie de moellon de calcaire recouverte d'un enduit à la chaux, avec des pignons en bardage ; les encadrements sont en calcaire. Le toit est à longs pans, en ardoise.
Chercheur au service de l'Inventaire Rhône-Alpes puis Auvergne-Rhône-Alpes (1999- )