En 1729 (Tabelle), l'édifice occupe la parcelle 3136, maison appartenant à Charles Rouge, ainsi que les n°3135, cour et grenier, et 3134, jardin. Il s'agit peut-être encore d'un membre de la famille de Pierre Rouge, curé à Montcel de 1619 à 1669, dont le père (Jean Rouge, notaire ducal à Montcel) et le grand-père (Claude Rouge) résidaient déjà dans la paroisse. L'abbé Dufourd indique qu'en l'absence de presbytère, Pierre Rouge résidait dans sa maison au village, qui était peut-être celle-ci ; Dufourd cite les deux frères du curé, François, praticien et bourgeois de Chambéry, et Théodore, avocat au Sénat à Chambéry, et un neveu résidant à Montcel.
En 1880 (matrice), la maison occupe les n°335 à 337 du plan cadastral. Elle appartient à la famille Pégaz Fiornet : Pierre, cabaretier au Montcel, possède le rez-de-chaussée (et le fonds) de la maison n°335, ainsi qu'un bâtiment avec cour situé dans le prolongement (n°334) et un jardin (n°333) ; un autre Pierre, fils de Jean-Claude, possède en commun avec le précédent le 1er étage de la maison n°335 et l'escalier (n°336), et possède en propre la maison (et le fonds) n°337, imbriquée dans le n°335, et un bâtiment avec cour (n°338) disjoint des précédents.
Au début du 20e siècle, l'édifice apparait sur plusieurs cartes postales représentant le village, et est le sujet d'une carte postale intitulée "Épicerie Pégaz" ; sur certaines, le toit est prolongé côté nord-ouest pour couvrir une petite extension en retour. Un four à pain (détruit) situé dans un petit bâtiment au carrefour de la D 211 et du chemin du Disnin (2013 D2 24) aurait appartenu à cet édifice (oral).
A l'origine, l'édifice était une ferme à juxtaposition, composée d'une habitation à un étage avec une grange-étable dans le prolongement et un grenier dans un bâtiment distinct. Les reprises de maçonnerie (chaînes d'angles) montrent que l'habitation a été agrandie vers le sud, et que la grange-étable a été construite ou reconstruite après elle. Dans la 2e moitié du 18e ou au 19e siècle, une seconde ferme, à bâtiments distincts, est créée avec division de l'habitation, sans doute suite à un partage familial. Dans la 2e moitié du 19e siècle et jusqu'au début du 20e, l'habitation est également café et épicerie.
Dans le courant du 20e siècle, l'édifice est transformé en maison d'accueil pour les enfants, appelée "le Bercail" sur une carte postale du milieu du 20e siècle, qui montre la partie dépendance (correspondante à 1880 B3 334) transformée pour l'accueil des pensionnaires (réfection des ouvertures, dont la suppression d'une fenêtre à traverse que l'on devine sur les cartes postales au-dessus de la porte de l’étable, aménagement du comble avec création de chien assis dans le toit). Il est acheté par la Ville de Chilly-Mazarin (Essonne) pour y établir une colonie de vacances ; des plans d'appropriation sont donnés par l'architecte parisien Stéphane Levordashky en 1975 (AC). L'établissement de la colonie a entraîné des modifications importantes, en particulier dans le 4e quart du 20e siècle : construction d'un corps de bâtiment en rez-de-chaussée, englobant l'ancienne dépendance ; sur l'habitation, modification de la façade principale, au rez-de-chaussée (déplacement de la porte, réouverture ou création d'un jour, fermeture d'une fenêtre) et à l'étage (création de fenêtres régulières ; la fenêtre à traverse a sans doute été remontée au rez-de-chaussée de la façade sud, en remplacement de la porte) ; modifications de la façade postérieure : création de la plupart des fenêtres, création d'une circulation couverte ; démolition du bâtiment cadastré 1880 B3 338. Mais la majorité des ouvertures de l'habitation ont conservé leurs encadrements avec cavets et accolades, datables du 16e siècle.
Photographe au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel, site de Lyon