CHAMOUX. — On nous écrit le 27 août :
Jeudi soir, vers neuf heures, des nuages noirs se massaient sur les communes de Chamoux et Montendry, ils étaient menaçants et les effets de la menace ne se sont pas fait attendre ; car entre neuf et dix heures, dans les feux croisés des éclairs et les détonations formidables et incessantes des tonnerres, la pluie tombait à torrents et en telle abondance que chaque pli du terrain formait instantanément un ruisseau : Toute l'eau qui s'écoulait ainsi par les flancs de la montagne, rencontrait dans le bas les lacets des routes stratégiques qui conduisent au fort de Montgilbert, suivait ces mêmes lacets, pour les emporter ensuite. Les éboulements sont nombreux sur la commune de Montendry.
La commune de Chamoux a également beaucoup souffert : au troisième Berre, les eaux conduites par la ligne de l'ancienne route grossies outre mesure à leur débouché dans le ruisseau qui traverse ce village, ont amené une grande quantité de graviers, et malgré tous les efforts des habitants de graves dommages ont été éprouvé par les habitants de Berre. Le chemin qui le dessert a été emporté sur une grande longueur et plusieurs bâtiments sont devenus inaccessibles par l'accumulation des graviers.
A Chamoux, les immeubles qui se trouvent en contrebas des derniers lacets de la route en construction, sont dans un état vraiment lamentable ; tantôt couverts de débris de toute sorte, tantôt profondément ravinés. Dans le bourg de Chamoux on croyait à une ruine complète ; la rue de la Mairie était transformée en un torrent impétueux et inabordable ; en quelques minutes les rez-de-chaussées et les sous-sols étaient envahis par les eaux et par la vase qu'elles entraînaient. Dans certaines caves les tonneaux étaient à la nage ; dans certaines écuries on a dû sortir précipitamment les animaux pour les soustraire au danger de l'asphyxie. Tous les travaux et barrages destinés à conduire l'eau à plusieurs moulins et aux fontaines du bourg, n'ont pu résister à la poussée énorme des eaux mélangées aux déblais jetés dans le lit du ruisseau par l'entreprise de la nouvelle route ; ils ont disparu sous leur poids. Ce qui constitue pour cette partie de la commune, par la privation d'eaux potables, une situation tout à fait déplorable.