Un prieuré dépendant de l'abbaye de Tamié (ordre de Citeaux) est fondé vers 1132 au Betton. Entre 1193 et 1225, le site est érigé en abbaye. En 1793, l'abbaye du Betton est vendue comme bien national à Guillaume Gomelin de Roanne. De 1827 à 1858, les bâtiments sont utilisés comme hôpital psychiatrique (celui-ci sera finalement transféré à Bassens où il est toujours en place).
Vers 1860, le site appartient à la Société foncière genevoise (FR.AD073, 47SPC2). Benoit de Boigne le rachète pour 195 000 francs.
En 1872, le négociant lyonnais Léon Payen installe une filature de cocons dans les bâtiments de l'abbaye. D'après l'ouvrage de V. Barbier, La Savoie industrielle, l'usine employait une moyenne de 200 ouvrières : 150 aux bassins et 50 aux travaux divers (pliage, essuyage, etc.). Une centaine d'ouvrières étaient italiennes et une centaine étaient françaises. Les ouvrières étaient en général âgées de 13 ans et pouvaient gagner en moyenne 125 francs par an. On filait environ 250 kilos de soie par semaine (13 200 kilos par an). Neuf religieuses de l'ordre de Saint Vincent de Paul s'occupaient des besoins matériels, intellectuels et moraux des ouvrières. Un aumônier célébrait des offices le dimanche dans l'église située sur la propriété et donnait des enseignements aux ouvrières.
L'usine utilisait du charbon provenant de la Loire pour alimenter une machine à vapeur de 8 chevaux servant à chauffer l'eau et à mouvoir les machines à aillettes. La filature comportait 200 bassines au rez-de-chaussée du grand bâtiment. A l'étage, se trouvait un dortoir de 200 places éclairé au gaz et deux séchoirs pour étouffer les cocons. Le site comportait également un réfectoire, une infirmerie et un gazomètre pouvant contenir 19 mètres-cubes de gaz.
Le 13 octobre 1881, Benoît de Boigne (qui possède également les moulins de Ponturin situés en aval, IA73003606) demande la remise en activité de l'usine qui est abandonnée depuis quelques années. L'autorisation est accordée par arrêté préfectoral du 13 septembre 1883.
Le site est représenté sur le premier cadastre français de 1885 (section B, feuille 5). A cette date, il comporte des bâtiments divers (parcelles 779, 782, 791, 797, 800), un hangar abritant des machines (parcelle 780), un filature (parcelle 781), des maisons (parcelles 785, 789, 798), une ancienne église (parcelle 786), des cuisines (parcelle 787), un four (parcelle 788), une forge (parcelle 791) et une serre (parcelle 801)
En 1901, l'ancienne usine est en vente. Elle est achetée par M.Pépin qui y installe une exploitation agricole. Actuellement, une partie des bâtiments est occupée par un logement.