Le 28 janvier 1714, Claudaz Cugnard (fille de François, née en 1682 à Crest-Voland, épouse de François Curton d'Ugine) vend à Noël Pontet-Caille dit Trallion de la paroisse d'Héry (fils de Claude) deux bâtiments de moulins et tout leur matériel ainsi qu'un emplacement où se trouvait un ancien moulin. Claudaz Cugnard a hérité de ses biens par son oncle Aymé Gaydon mais elle est contrainte de les vendre pour se libérer des dettes de l'hoirie (FR.ADHS074, 6C 308).
Le site est visible sur la mappe sarde de 1733 au lieu-dit Le Becq. Il comporte un moulin amont (parcelle 486) et un moulin aval (parcelle 484, IA73004016) mentionnés comme appartenant à Claudaz Cugnard malgré la vente de 1714.
A la fin du XVIIIe siècle, le moulin amont appartient à Charles Ainoz, puis Germain Ainoz lui succède (1792-1828). A partir de 1849, il est exploité par le fils de Germain, Joseph Marie (1827-1885). En 1880, le moulin est modernisé et une turbine type Girard actionnant trois meules à farine est installée à la place de la roue hydraulique. Après le décès de Joseph-Marie Ainoz en 1885, sa veuve Marie Claudine Joly, est contrainte de revendre le moulin qui est alors en travaux. Le 5 novembre, il est acheté par Jean-Pierre Socquet-Juglard (cordonnier à Megève). L'un des témoins de la vente qui dresse l'inventaire du moulin est Jean Marie Rossat-Mignot, meunier à Notre-Dame-de-Bellecombe (IA73003982). L'acte de vente mentionne l'existence d'un battoir et d'une carrière de meules sur la propriété (FR.AD073, 4Q714).
Le site est répertorié dans un État statistique des irrigations et des usines sur les cours d'eau non flottables et non navigables dressé par le service des Ponts et chaussées en 1901 (FR.AD073, 35SPC7). Le 11 mai 1903, le moulin redevient propriété de la famille Ainoz lors de sa vente par François Socquet-Juglard (fils de Jean Pierre) au fils de Joseph Marie Ainoz, Joseph Marc (1882-1963).
Le recensement des moulins de 1917 indique que le site travaille à façon pour les agriculteurs et qu'il peut écraser entre 80 et 100 kilogrammes de blé par jour. Toutefois, le document précise : "Pas de meunier. N'a pas pu obtenir satisfaction pour le renvoi du propriétaire qui est mobilisé" (FR.AD073, 284 R 1). Le moulin Ainoz est toujours mentionné dans les recensements de 1923 et 1924 (FR.AD073, 284 R 2 et FR.AD073, 284 R 3).
Dans les années 1935, les fils de Joseph Marc Ainoz installent une tournerie sur bois dans le moulin qu'ils équipent d'une deuxième turbine à augets. L'atelier fabrique une grande variété de manches en bois pour des usages divers (outils, jouets, casseroles, etc.). La production peut atteindre jusqu'à 300 manches à l'heure. Les commandes sont expédiées dans toute la France (Société Lyonnaise des galeries Lafayette à Lyon, Société Nationale des chemins de fer à Paris, Ets SPAGNA Louis à Nice, Maison Laclau jouets en gros à Bordeaux, Maison Vivien à Rouen, etc.).
Le moulin et la tournerie cessent de fonctionner en 1963. Le bâtiment est restauré en 2008 par des descendants de la famille Ainoz. Il est désormais ouvert à la visite.