Dossier d’œuvre architecture IA73004018 | Réalisé par
  • enquête thématique départementale, Patrimoine hydraulique des Pays de Savoie
Moulin à farine puis tournerie Ainoz actuellement espace de visite
Œuvre recensée
Copyright
  • © Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
  • © Conseil Savoie Mont Blanc

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays de Savoie - Ugine
  • Hydrographies Nant du moulin ; bassin-versant de l'Arly-Doron-Chaise
  • Commune Crest-Voland
  • Lieu-dit Orange Le Cernix
  • Cadastre 2016 A 799, 802 (dérivation), 801, 2057 (moulin)

Le 28 janvier 1714, Claudaz Cugnard (fille de François, née en 1682 à Crest-Voland, épouse de François Curton d'Ugine) vend à Noël Pontet-Caille dit Trallion de la paroisse d'Héry (fils de Claude) deux bâtiments de moulins et tout leur matériel ainsi qu'un emplacement où se trouvait un ancien moulin. Claudaz Cugnard a hérité de ses biens par son oncle Aymé Gaydon mais elle est contrainte de les vendre pour se libérer des dettes de l'hoirie (FR.ADHS074, 6C 308).

Le site est visible sur la mappe sarde de 1733 au lieu-dit Le Becq. Il comporte un moulin amont (parcelle 486) et un moulin aval (parcelle 484, IA73004016) mentionnés comme appartenant à Claudaz Cugnard malgré la vente de 1714.

A la fin du XVIIIe siècle, le moulin amont appartient à Charles Ainoz, puis Germain Ainoz lui succède (1792-1828). A partir de 1849, il est exploité par le fils de Germain, Joseph Marie (1827-1885). En 1880, le moulin est modernisé et une turbine type Girard actionnant trois meules à farine est installée à la place de la roue hydraulique. Après le décès de Joseph-Marie Ainoz en 1885, sa veuve Marie Claudine Joly, est contrainte de revendre le moulin qui est alors en travaux. Le 5 novembre, il est acheté par Jean-Pierre Socquet-Juglard (cordonnier à Megève). L'un des témoins de la vente qui dresse l'inventaire du moulin est Jean Marie Rossat-Mignot, meunier à Notre-Dame-de-Bellecombe (IA73003982). L'acte de vente mentionne l'existence d'un battoir et d'une carrière de meules sur la propriété (FR.AD073, 4Q714).

Le site est répertorié dans un État statistique des irrigations et des usines sur les cours d'eau non flottables et non navigables dressé par le service des Ponts et chaussées en 1901 (FR.AD073, 35SPC7). Le 11 mai 1903, le moulin redevient propriété de la famille Ainoz lors de sa vente par François Socquet-Juglard (fils de Jean Pierre) au fils de Joseph Marie Ainoz, Joseph Marc (1882-1963).

Le recensement des moulins de 1917 indique que le site travaille à façon pour les agriculteurs et qu'il peut écraser entre 80 et 100 kilogrammes de blé par jour. Toutefois, le document précise : "Pas de meunier. N'a pas pu obtenir satisfaction pour le renvoi du propriétaire qui est mobilisé" (FR.AD073, 284 R 1). Le moulin Ainoz est toujours mentionné dans les recensements de 1923 et 1924 (FR.AD073, 284 R 2 et FR.AD073, 284 R 3).

Dans les années 1935, les fils de Joseph Marc Ainoz installent une tournerie sur bois dans le moulin qu'ils équipent d'une deuxième turbine à augets. L'atelier fabrique une grande variété de manches en bois pour des usages divers (outils, jouets, casseroles, etc.). La production peut atteindre jusqu'à 300 manches à l'heure. Les commandes sont expédiées dans toute la France (Société Lyonnaise des galeries Lafayette à Lyon, Société Nationale des chemins de fer à Paris, Ets SPAGNA Louis à Nice, Maison Laclau jouets en gros à Bordeaux, Maison Vivien à Rouen, etc.).

Le moulin et la tournerie cessent de fonctionner en 1963. Le bâtiment est restauré en 2008 par des descendants de la famille Ainoz. Il est désormais ouvert à la visite.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 18e siècle , daté par source
    • Principale : 4e quart 19e siècle , daté par source
    • Principale : 2e quart 20e siècle , daté par source
  • Dates
    • 1733, daté par source
    • 1880, daté par source
    • 1935, daté par source

Le site se trouve en rive droite du ruisseau des moulins (appelé aussi nant Lebet) en amont du moulin Ruche (IA73004016). La prise d'eau est toujours en place. Elle prend la forme d'un réservoir en béton d'où part une conduite métallique.

Le moulin a été restauré à l'identique par ses propriétaires actuels. Il n'est pas encore en état de fonctionner avec la force hydraulique mais une remise en eau est envisagée.

Le bâtiment est de plan rectangulaire sur trois niveaux : un rez-de-chaussée, un étage et un étage de comble. Il est construit en pierre et couvert d'un enduit de ciment. Le dernier niveau est protégé par un essentage de planches. Le toit est en tôle ondulée. Des dessins colorés sont gravés dans la panne faîtière du pignon sud-ouest. L'aisselier porte l'inscription : "DIEU SOIT BÉNI JOSEPH MARIE AINoz LE 6 JUILLET 1850" encadrée de deux croix et du monogramme IHS.

La pièce principale du rez-de-chaussée est occupée par les mécanismes d'entrainement. Une turbine horizontale est installée dans une fosse circulaire pour entrainer les meules à farine situées juste au dessus. Une turbine à augets installée à proximité permettait d'entrainer d'autres machines et notamment celles de la tournerie. Les deux turbines sont reliées à des arbres d'entrainement et à des engrenages qui ont été restaurés. Une voûte de pierre a été découverte dans le mur sud-est du bâtiment. Elle correspond au passage de l'arbre d'entrainement à l'époque où le moulin fonctionnait avec une roue extérieure. De nombreuses inscriptions sont visibles sur les poutres de cette pièce. Il s'agit de signatures ou de calculs en lien avec l'activité du moulin. La pièce attenante au nord-ouest est sans affectation.

Le premier niveau est accessible par un escalier extérieur droit. Il comporte trois espaces desservis par un couloir. La première salle correspond à la pièce de vie du meunier. De nombreux objets du quotidien y sont présentés. La seconde pièce est l'atelier de tournerie. Celui-ci comporte plusieurs machines en état de marche permettant de réaliser des manches de forme et de taille différentes selon leur usage. Un grand tableau présente les types de manches fabriqués par la famille Ainoz. La dernière salle de ce niveau abrite deux paires de meules à farine composites ainsi que tous les instruments nécessaires à leur fonctionnement et à leur entretien (potence, archure, outils de repiquage, tamis, etc). Une plaque en métal incrustée dans une des meule de dessus mentionne sa provenance : "DUPETY THEUREY GUEUVIN BOUCHON ET Cie A LA FERTE-SOUS-JOUARRE".

Le dernier niveau est accessible par une échelle de meunier droite. Il comporte une grande pièce abritant une partie des engrenages permettant aux différentes machines du moulin de fonctionner. Une petite pièce indépendante servait d'atelier pour peindre, vernir et sécher les manches en bois fabriqués à l'étage inférieur.

Les trois niveaux sont traversés par un élévateur à godets qui permettait de faire remonter le grain jusqu'au dernier niveau et le faire redescendre dans les trémies des meules. Une ouverture pratiquée dans l'une des colonnes permet de mieux comprendre le système.

  • Murs
    • pierre enduit
    • pierre essentage de planches
  • Toits
    tôle ondulée
  • Étages
    rez-de-chaussée, 1 étage carré, 1 étage de comble
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit
  • Énergies
    • énergie hydraulique produite sur place
  • État de conservation
    restauré
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Il s'agit d'un site particulièrement intéressant de par la qualité de restauration du bâtiment réalisée à l'identique et la conservation de toutes les machines. La présence d'un atelier de tournerie dans un moulin à farine renforce le caractère remarquable su site. Cet ensemble complet ouvert à la visite permet de présenter de manière très pédagogique l'activité de ce moulin qui a eu une certaine renommée par le passé.

Site internet du moulin Ainoz : http://moulinainoz.wixsite.com/moulinainoz/home

Documents d'archives

  • FR.AD073, Cadastre de 1728, Crest-Voland, 1733 366 ter, Vue 1.

    AD Savoie
  • FR.AD073, 82S12, Service hydraulique, Crest-Voland. Usines (1871-1915), scierie Ruche (Moulins, 1871-1876), prise d'eau Riondet (as. Crest-Voland et Héry), scierie Ravier (Savenaise, 1908-1909), usine Société électro-métallurgique Paul Girod (d'Ugine), barrage (Nant-Rouge, intéresse les communes de Crest-Voland et Notre-Dame-de-Bellecombe, 1913-1915), 1871-1915.

    AD Savoie : 82S12
  • FR.AD073, 3P1312, Matrice cadastrale des propriétés bâties, Crest-Voland, 1882.

    AD Savoie : 3P1312
  • FR.AD073, 4Q 714, Conservation des Hypothèques d'Albertville, 1823-1926. Transcription des actes translatifs de propriété d'immeubles, Volume 159, 30 juillet - 5 novembre 1888.

    AD Savoie : 4Q 714,
    Article 120.
  • FR.AD073, 4Q 801, Conservation des Hypothèques d'Albertville, 1823-1926. Transcription des actes translatifs de propriété d'immeubles, Volume 246, 3 avril - 22 mai 1903.

    AD Savoie : 4Q 714
    Article 93.
  • FR.AD073, 3P1313, Matrice cadastrale des propriétés bâties, Crest-Voland, 1911-1942.

    AD Savoie : 3P1313
  • FR.AD073, 284 R 1, Moulins : recensements, Crest-Voland, 1917.

    AD Savoie : FR.AD073, 284 R 1,
  • FR.AD073, 284 R 2, Moulins : recensements, Crest-Voland, 1923.

    AD Savoie : 284 R 2
  • FR.AD073, 284 R 3, Moulins : recensements, Crest-Voland, 1924.

    AD Savoie : 284 R 3
  • FR.AD073, 3P 7424, Premier cadastre français, Crest-Voland, Section unique, feuille 10, 1942.

    AD Savoie : 3P 7424

Bibliographie

  • Le Patriote Savoisien, 13 novembre 1884.

Annexes

  • Le Patriote Savoisien, 13 novembre 1884.
Date(s) d'enquête : 2016; Date(s) de rédaction : 2017
© Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
© Conseil Savoie Mont Blanc