Dossier d’œuvre architecture IA73004268 | Réalisé par ;
Guibaud Caroline (Rédacteur, Enquêteur)
Guibaud Caroline

Chercheur au service de l'Inventaire Rhône-Alpes puis Auvergne-Rhône-Alpes (1999- )

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  • inventaire topographique, Inventaire du Parc naturel régional du Massif des Bauges
Demeure dite domaine de la Cour, puis du Séminaire
Œuvre monographiée
Copyright
  • © Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
  • © Parc naturel régional du Massif des Bauges
  • © Collection particulière

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Hauts de l'Albanais
  • Commune Trévignin
  • Lieu-dit le Séminaire
  • Cadastre 1880 A2 252  ; 2014 A2 1346
  • Dénominations
    demeure
  • Destinations
    maison
  • Parties constituantes étudiées
  • Parties constituantes non étudiées
    remise

La maison de maître

Historique de la maison

Sur la mappe sarde, l'emprise correspondant à la demeure et à son environnement immédiat (jardin, cour, allées) est occupé par un ensemble de parcelles bâties formant un écart à bâti dense nommé les Cler dans le livre des numéros suivis, et composé de six maisons et cours, deux granges et un four, avec quelques vergers et jardins, appartenant à plusieurs propriétaires éponymes (Jean Clerc, bourgeois ; Antoine Clerc ; Jean Clerc ; Jeanne, Pierrette, Nicole Clerc, soeurs ; François Vespres).

En 1802 (Journal des mutations), la majorité du secteur est racheté par Charles, fils de Claude Girard, maître de poste à Chambéry (le n°821 est cependant absent de cette vague d'acquisition). Le vaste domaine ainsi constitué est remodelé et divisé en trois exploitations ou grangeries : la Cour (voir IA73004301), le Mollard (IA73004267) et Grange Neuve (IA73004266), exploitées par des fermiers, Charles Girard occupant une maison de maître qui jouxte la grangerie de la Cour. Le domaine comprenait en outre des vignes, avec un cellier, au lieu-dit Jubin, dans la commune voisine de Grésy-sur-Aix.

Dans son testament (AD, 43F : 187) rédigé en 1816, Charles Girard lègue le domaine au Séminaire de Chambéry, mais concède à titre viager l'usage de la maison de maître et le revenu de la "grande grangerie de la Cour" à sa gouvernante Marie Roux.

Le plan dressé par le géomètre Thomé en 1827, qui superpose l'état du bâti contemporain à celui de la mappe de 1732, montre la transformation du site qui a fait disparaître l'ancien écart des Clercs-dessous au profit de la maison de maître du domaine de la Cour : la maison, "immeubles non acensés et mis en réserve par l’administration du Séminaire" (43F : 183, Etat général des propriétés appartenant au séminaire de Chambéry... [dressé] par le sieur Challend géomètre-mesureur... les 6, 7, 8, 13, 14 et 15 octobre 1845), occupe en partie les n°821 et 822 ; ses jardins sont implantés sur les n°818 et 819. La maison a donc été édifiée après 1732, et sans doute entre 1802 et 1816, pour Charles Girard ; la poutre de charpente sur laquelle a été lue la date 1666 (oral) est un remploi.

Des travaux sont effectués pour l'administration du Séminaire en 1830-1831, par Claude Simon maçon (pour un total de 126 journées et demi), pour "arranger" le grenier et trois chambres : la chambre appelée le sallan (?) à côté de la cuisine, la chambre du fond "de M. le chanoine", la chambre suivante. Diverses notes de fournisseurs mentionnent l'achat de vitres et clous d'ardoises, et la pose de deux fenêtres dans la "montée" de la maison des maîtres.

L'inventaire des objets demeurant dans la maison réalisé lors du changement de régisseur en 1836 donne d'autres indices sur l'aménagement de la maison et la vie de ses habitants : il mentionne les clefs de la cave contenant deux pièces de vin, les clefs du caveau contenant les bouteilles vides (plus de 150), une crédence garnie d'assiettes de terre pipe, plats, et saladier, un moulin à café et du café brûlé dans une boîte ; un autre état mentionne "dans la maison fermière, la bartellière [blutoir], quatre enchatres [caisse, coffre] pour le grain et une belle pierre à huile", un fusil simple, le plan soit mappe de la commune, des objets dans la grande chambre réservée à l'administrateur ou dans la crédence qui est dans la chambre après la cuisine, six tableaux encadrés...

En 1905, le domaine est confisqué et devient bien communal ; il est alors divisé et vendu par lots. Après plusieurs reventes, il est acheté à la fin des années 1990 par le propriétaire actuel qui y a effectué d'importants travaux d'aménagement (transformation du rez-de-chaussée de l'habitation en pièces d'habitation, décaissement du côté sud). Les bâtiments annexes (grange-remise, four), représentés en 1880 (moitié nord pour la grange-remise, agrandie ensuite au sud) et encore visibles sur une photographie aérienne datable des années 1970 ou 1980, ont disparu (voir plan-masse).

Description

La demeure se compose d'une habitation ("maison de maître") et de communs (logement du fermier, celliers et grange-étable) occupant un bâtiment en L. Les autre bâtiments annexes (grange-remise et four à pain) on été détruits. Les deux fermes voisines (IA73004266 et IA73004267) faisaient également partie du domaine du Séminaire au 19e siècle.

Les bâtiments sont décrits dans leur état restitué de la fin du 20e siècle.

Le rez-de-chaussée de la maison de maître était occupé par des dépendances agricoles (voir plan schématique). Le bâtiment est scindé par un couloir traversant, qui dessert l'escalier (rampe sur rampe, en maçonnerie ; en bois à partir du premier étage), un passage d'accès vers les deux caves en enfilade situées au sud-est, une pièce côté jardin (chambre de gardien ; oral) et deux pièces côté nord-ouest (celle située côté façade comprenait un placard mural destiné aux fromages ; oral), qui donnent chacune vers une pièce dans la travée nord-ouest : un grenier côté sud et un pressoir côté nord. Le mur pignon sud-est était semi-enterré. Le premier étage était divisé en pièces d'habitation (cuisine et chambres).

Les communs sont constitués d'un logement et d'une grange-étable en retour d'équerre (voir plan schématique). Le logement a deux travées en façade, et un étage carré. Le rez-de-chaussée comprend une cuisine et un cellier en enfilade (en profondeur), encadrée de deux chambres côté mur pignon et d'une travée comprenant une étable à chèvres et un cellier (peut-être autrefois deux celliers en enfilade) côté grange-étable. L'étage (l'escalier, situé dans une des chambres, a été modifié) était divisé en chambres. La grange-étable comprend une grande étable dans le prolongement du logement, puis en retour une grange-remise et deux autres étables. Le comble devait être à usage de fenil.

La présence d'un grand pressoir et de nombreux celliers peut-être mis en relation avec la nature viticole du domaine.

Les bâtiments sont en moellon de calcaire et galet roulé, avec un enduit à pierres vues en terre et chaux. Les encadrements sont en calcaire et en molasse (étage de l'habitation, élévations postérieures des communs). L'étable à chèvres a une porte à linteau en arc en anse-de-panier. Les toits sont en ardoise, à longs pans et croupes sur l'habitation, demi-croupe (au-dessus de la partie logement ; pignon en bardage bois côté étable) sur les communs. De nombreux encadrements de l'habitation ont été refaits et élargis au début des années 2000, et un enduit couvrant appliqué sur les murs ; le toit a été refait, avec des lucarnes côté pignon nord-ouest.

La grange-remise qui bordait la cour à l'ouest était en moellon calcaire enduit à pierre vue et en bardage bois, avec un toit à longs pans en fibrociment.

Le domaine administré par le Séminaire

La première pièce conservée dans les archives du Séminaire et produite pour cette institution, concernant le domaine de Trévignin, est un Rapport statistique sur le domaine de Trévignin rédigé par le régisseur Gaime en août 1826, qui donne une description générale du domaine, situé au nord de la commune de Trévignin sur une pente inclinée du nord au couchant, divisé en "trois grandes fermes faciles à exploiter" dont les bâtiments sont "maintenant dans un assez bon état d’entretien". Selon Gaime, on pourrait diviser le domaine en quatre fermes, en logeant le quatrième fermier "dans les bâtiments de la remise, en transférant les cuves et pressoir dans le rez-de-chaussée qui se trouve sous la grande chambre au couchant".

Certaines parcelles sont munies d'un système d'arrosage, développé par la suite : l'irrigation du "grand verger" est réalisée en 1827, avec construction d'un réservoir ; le bail de la ferme de Grange Neuve en 1837 indique que la prairie de la ferme est irriguée par l’eau de la fontaine de Bernoud, dont l’eau doit arriver aussi à la maison maître et à la basse cour. La propriété est très boisée et plantée de toutes espèces d'arbres fruitiers. Les vignes dépendantes de ce domaine sont situées au Petit Rubin (vignes et cellier au n°892 de la mappe, dont la toiture est refaite à neuf en ardoise en 1828) et au Grand Rubin, commune de Grésy-sur-Aix, et sont cultivées à moitié fruit par les fermiers de Trévignin.

Le régisseur préconise de "mettre en réserve dans une des fermes... [une parcelle] pour y établir une pépinière de deux milliers de peupliers d’Italie, 3 à 400 noyers, 2 à 300 autres arbres fruitiers... Ces travaux de plantation semblent avoir eu lieu, car on trouve dans les compte du régisseur la mention de payement pour "200 creux pour planter des peupliers", en septembre 1829, et de sommes dues... pour plantation des arbres peupliers et châtaigniers, et pour achever les creux... en avril 1830. De même, les baux passés avec les fermiers indiquent que "le Séminaire fournira chaque année aux preneurs 15 pieds d’arbre fruitiers à transplanter" (bail de la ferme de la Grange Neuve du 15 février 1837, bail de la ferme du Mollard du 13 mars 1847).

Les baux sont passés pour 9 ans, avec un loyer en numéraire, plus la moitié du vin, tous les sarments, châtaignes et pommes reinettes, un peu de grain (froment, seigle ou orge), quelques livres de beurre, des pots d’huile vierge, quelques volailles (chapons, poulets) et des corvées de coupe du bois de chauffage pour la maison de Trévignin et la maison de ville de Charles Girard (puis pour le Séminaire). Chaque ferme est nanti d’un cheptel, de fonds de semences (froment, seigle, orge pesattu, fèves, pois verts). Le preneur doit fournir le chaume nécessaire à l’entretien des bâtiments. 1/5 des terres labourables doit être ensemencé en trèfle, et les preneurs sont tenus de planter 15 arbres fruitiers, fournis par le bailleur, chaque année. Le bétail présent sur l'exploitation doit être suffisant pour consommer le fourrage produit par la ferme (le preneur ne peut pas en vendre).

L'édifice correspond à un site bâti sur la mappe sarde mais a été totalement reconstruit, sans doute entre 1802 et 1816. Il fait alors partie de la grangerie de la Cour, léguée par Charles Girard, maître de poste à Chambéry, au Séminaire de Chambéry, qui lui donne son nom. Le domaine est confisqué en 1905 et vendu en lots par la commune. La partie correspondant à l'édifice est réaménagée en habitation au début des années 2000.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 19e siècle
    • Secondaire : 1ère moitié 20e siècle, 3e quart 19e siècle
  • Dates

La demeure se compose d'une habitation ("maison de maître") et de communs (logement du fermier, celliers et grange-étable) occupant un bâtiment en L. Les autre bâtiments annexes (grange-remise et four à pain) on été détruits). Les deux fermes voisines (IA73004266 et IA73004267) faisaient également partie du domaine du Séminaire au 19e siècle.

Les bâtiments sont en moellon de calcaire et galet roulé, avec un enduit à pierres vues en terre et chaux. Les encadrements sont en calcaire et en molasse. Les toits sont en ardoise, à longs pans et croupes sur l'habitation, demi-croupe sur les communs.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    1 étage carré, étage de comble
  • Couvrements
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
    • toit à longs pans demi-croupe
  • Escaliers
    • escalier intérieur : escalier tournant à retours sans jour en maçonnerie
  • État de conservation
    remanié
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Protections

Exemple de maison bourgeoise début 19e siècle.

Documents d'archives

  • AD Savoie. Sous-série 43F : 183. Biens du séminaire de Chambéry (descriptions). Plan de la ferme et du domaine de Trévignin.

    AD Savoie : 43F : 183
  • AD Savoie. Sous-série 43F : 187. Séminaire (legs et fondations) : testaments, 1807-1900.

    AD Savoie : 43F : 187

Documents figurés

  • Plan extrait de la mappe de la commune de Trévignin dans lequel est représenté une partie des biens du Grand Séminaire... / Pierre-François Thomé (géomètre). 1 dess. : encre et lavis (rose, bleu, vert, jaune) sur papier fort. 43,6x59 cm. Éch. graphique en toise de Savoie. 9 mai 1827 (AD Savoie. 43F : 183).

    La couleur jaune pâle indique les pièces de divers propriétaires du hameau des Clercs. Les lettres indiquent des chemins d'investiture pratiqués par des habitants des Clercs (Joseph Chappuis, Jacques Burdet).

    AD Savoie : 43F : 183
  • [Photographie aérienne du domaine de la Cour, vers 1970 ou 1980] / 1 photogr. : vue aérienne, photographie argentique en couleur, tirée sur papier, années 1970 ou 1980 (A. privées).

    Collection particulière
  • [Série de photographies prises pendant les travaux réalisés sur la maison et les dépendances, 1999-2003] / 19 photogr. : photographies argentiques en couleur, tirées sur papier, années 1990 et 2000 (A. privées).

    Collection particulière

Annexes

  • Baux de location du domaine de Trévignin, 1er quart 19e siècle (A. Privées)
  • Copie du testament de M. Girard de Trévignin et baux de ses trois fermiers (AD Savoie. 43F : 187).
  • Inventaire détaillé de la pièce Biens du Séminaire de Chambéry à Trévignin (AD Savoie. 43F : 183)
Date(s) d'enquête : 2014; Date(s) de rédaction : 2016
© Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
© Parc naturel régional du Massif des Bauges
Guibaud Caroline
Guibaud Caroline

Chercheur au service de l'Inventaire Rhône-Alpes puis Auvergne-Rhône-Alpes (1999- )

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