Les chalets d´alpage
Les neuf chalets d´alpage constituent l´ancien quartier habité de l´alpage d´Avoriaz. Ils étaient la propriété de cultivateurs de la vallée, dont certains sont venus encore en alpage lors des premières saisons de chantiers de la station. Les chalets étaient des maisons sans étage, construites en charpente bois, soit en ossature avec un bardage, soit en pièces sur pièces, bâties sur un soubassement en pierres maçonnées. La toiture était recouverte de lauzes. La charpente était parfois débordante sur le mur gouttereau Sud formant protection des deux portes d´entrée placées côte à côte, l´une pour la pièce d´habitation, l´autre pour l´étable des bêtes. Sur le pignon amont, les planches du bardage étaient parfois percées d´une porte permettant d´entrer le foin ramassé à l´alpage. Les chalets n´ont pas été intégrés au périmètre du lotissement qui ne concernait que les terres communales, mais l´aménagement de la station a entraîné leur bouleversement. Dans les premiers plans masse de la station, le quartier des chalets paraît préservé de la proximité des urbanisations nouvelles car ils semblent associés à l´espace d´animation centrale du ski. Cependant l´évolution du plan de la station et de l´échelle des réalisations les a placés au contact direct des grandes réalisations collectives de la station. Tous les chalets ont été transformés successivement les uns après les autres en villas résidentielles ou commerciales. Les chalets ont été agrandis en surface et surélevés en hauteur. Les constructions nouvelles, comprenant plusieurs niveaux dont un niveau enterré, ont nécessité la démolition de tous les chalets d´origine, dont la plupart des projets de rénovation ont été élaborés par Claude Marullaz, architecte à Morzine.
Les chalets champignons polygonaux, chalets individuels
Le principe du chalet champignon figure dans les premières maquettes et les premières esquisses de composition dessinées par l´équipe de l´Atelier d´Architecture d´Avoriaz pour le quartier des Dromonts. Ils sont tous disposés sur le pourtour de la butte. Ce sont des constructions individuelles destinées à un usage touristique. Tous les chalets sont différents les uns des autres, malgré une recherche tentée pour les fabriquer en petite série répétitive restée sans suite (Recherche et Architecture, n°2, 1970, p. 50 et p. 51). Chaque chalet constitue une construction originale, sorte de prototype architectural. Le choix d´une volumétrie circulaire construite en deux parties comprenant un socle maçonné surmonté d´une superstructure en charpente enveloppante et taillée selon une silhouette chaque fois particulière, permet de résoudre les orientations variées des versants tout autour de la butte et la déclivité parfois abrupte du terrain. Le plan est fonctionnel et se développe en hauteur. Le socle est plus étroit que la partie charpente, limitant les ancrages au sol dans des terrains parfois difficiles d´accès. Les encorbellements traités en fractionnement successifs protègent les parties inférieures de la construction et offrent des espaces plus larges au fur et à mesure que les niveaux s´élèvent vers la vue et l´ensoleillement. Le plan est dessiné en éventail, permettant de sélectionner des perspectives paysagères et des vues lointaines différentes pour chacune des pièces, valorisant une multitude d´orientations et offrant un champ de vision panoramique ouvert jusqu´à 180°. Les espaces de vie collective sont aménagés dans le volume sous la toiture traité comme un espace unique. Les couloirs sont supprimés au profit de « coins » affectés chacun à un usage précis et orienté chacun dans une direction ou vers une montagne privilégiées : coin cuisine, coin repas, coin cheminée, coin séjour prolongé par une terrasse traitée en belvédère. Ils sont séparés les uns des autres par des différences de niveaux et des éléments porteurs de la charpente, mais la transparence générale du volume est préservée, offrant ainsi une multitude de vues sélectionnées et orientées sur les panoramas alentour, indépendamment des contraintes topographiques. La distribution verticale s´effectue par des escaliers tracés en demi niveau, placés à l´amont du projet et reliés au sol en partie supérieure du socle. Pour les parties inférieures le parcours est fonctionnel et compact, desservant les sanitaires et les chambres. Pour les parties supérieures, les escaliers et les paliers forment un parcours fractionné dont le profil s´élève vers la lumière et les vues panoramiques données par les parois vitrées élevées du côté aval et la protection procurée par le sommet de la charpente. Le porche d´entrée accompagne le palier de l´entrée, traité en charpente bois comme une construction hors oeuvre formant protection contre les intempéries et la neige. Son échelle réduite constitue un passage protégé et discret, traité comme une transition étroite entre le paysage extérieur de la montagne aux limites lointaines et l´intérieur clos mais ouvert sur la montagne. Le socle est bâti en voiles de maçonnerie de béton formant refends porteurs. La partie supérieure est parfois en construction mixte. La partie amont est bâtie en voiles de béton supportant une toiture elle-même en béton armé dont les pans multiples s´élèvent pour laisser entrer la lumière au coeur du chalet. Par contre la partie avale est couverte d´une charpente en bois à pans multiples dont les pannes reposent sur des murs de refends évidés de leur matière inutile, formant des passages aux formats et aux dimensions libres, dictés par la recherche de la transparence autour de laquelle sont réunis les espaces de chaque travée. Le modelé du chalet est donné par la charpente et la couverture traitée en porte-neige, mais formant une silhouette enveloppante et fractionnée dont l´expression repose sur une double technique. Les parties béton sont couvertes en planches de mélèze et traitées comme des versants uniques aux géométries puissantes. Elles se distinguent des parties en charpente couvertes en tavaillons de red-cédar, dont l´inclinaison se prolonge par les parois pour constituer une enveloppe protectrice tout autour du chalet. Sur les côtés aval, les parois sont vitrées dressées et verticales, tandis que du côté amont les parois peuvent être inclinées constituées de « façades toitures », proposant un habitat sous toiture. La construction des chalets s´échelonne sur trente ans. Ils portent chacun une marque particulière qui peut distinguer le travail des deux concepteurs de la station. La plupart révèlent une très grande expressivité, notamment les « pionniers » construits en belvédère sur le flanc ouest de la butte des Dromonts, le long du chemin des Ardoisières entre 1966 et 1990. Il en est de même pour les chalets bâtis le long des chemins de la Combe et des Rennes un peu plus tardivement entre 1973 et 1995. La plupart des chalets sont dessinés par Jacques Labro, parfois secondé par Claude Marullaz architecte à Morzine. Plusieurs chalets ont fait l´objet de réaménagements ou de projets agrandissement réalisés jusqu´à présent en cohérence avec les partis pris architecturaux et constructifs d´origine.
Les chalets champignons polygonaux, chalets mitoyens
La conception du chalet champignon se prête assez mal à des déclinaisons de « chalets mitoyens », en raison même de la conception originelle qui cherche à proposer une architecture unique pour un programme unique. Cependant, deux opérations sont conçues sous la forme de chalets mitoyens. En 1977, les chalets de la Combe dessinés par Jean-Jacques Orzoni est une opération immobilière à caractère économique qui regroupe côte à côte quatre chalets identiques mitoyens. Les travées sont orthogonales, mais les volumétries traitées en champignon avec les pièces de vies collectives placées sous la toiture dessinée à pans multiples. Par contre en 1998 les chalets de la Falaise, dessinés par Jacques Labro, réunissent dans deux bâtiments distincts cinq et trois chalets tous mitoyens. Ils sont chacun tracés selon un plan en éventail avec chambres au rez-de-chaussée et pièce de vie à l´étage sous toiture, assurant une volumétrie enveloppante et modelée par des toitures et des terrasses aux géométries polygonales.
J.-F. LYON-CAEN/C. SALOMON-PELEN
architecte