A l’emplacement précis des bâtiments étudiés, la mappe sarde de 1732 pointe plusieurs maisons sous les numéros 100 (maison), 102 (maison grange et cour), et 103 (maison et cour). Aucune d’elles n’est suffisamment proche du ruisseau de Balévaz pour servir de moulin et aucun bief n’est pointé.
Le 20 juin 1861, François et Josephte Brunier donne à bail à Jean Gruffaz meunier à Cusy, à partir du premier mars prochain les 3 moulins qu’ils possèdent à Cusy, avec leurs dépendances et accessoires, le battoir attigu au moulin avec les appartements qui s’y trouvent.
En 1866, François Brunier exploite le moulin de Bélevaz sur un ruisseau provenant des marais de Cusy. La chute d’eau est de 3 m et l’usine est mise en action par trois roues à augets. Le moulin est composé de deux bâtiments dont l’un ne renferme qu’une paire de meules, l’autre comprend deux pièces d’habitation et une pièce où sont établies deux paires de meules qui ne peuvent marcher qu’alternativement. Elles chôment toute une partie de l’année. Le battoir à chanvre chôme quatre mois de l’année. Joseph Marie Brunier exploite le moulin en 1872, Louis Brunier en 1876.
Sur le cadastre de 1890, on distingue précisément deux bâtiments d’orientation différente ; le plus long est représenté avec deux symboles de roues accolés sur son mur pignon nord-ouest, deux roues qui sont à cheval sur un bief qui démarre au niveau d’une retenue d’eau aménagée dans le lit du ruisseau de Balévaz, située en amont. Néanmoins les matrices cadastrales ne nomment nullement l’existence d’un moulin, ou d’un meunier sur place : long bâtiment portant les numéros 16 (bâtiment et cour à Brunier Antoine, cultivateur à Châteaupair), 17 (bâtiment et cour à Brunier Joseph, fils de Pierre, cultivateur à Balévaz), et 19 (bâtiment et cour à Brunier Claude Louis, cultivateur à Châteaupair). Le second bâtiment, de plan presque carré porte les numéros 20 (maison à Brunier Antoine, cultivateur à Châteaupair), et 21 (maison à Brunier Joseph, fils de Pierre).
En 1894, depuis une écluse ou étang prise sur le ruisseau de Balévaz, un bief en planches conduisait l’eau à la roue du moulin qui est en ruine. Tous les matériaux consistant en pierres de démolition, bois de trépied, arbre de roue, pierre de battoir qui se trouvent dans les ruines, lieu-dit les Reisses n° 248.
Le long bâtiment porte la date 1875 (gravée sur le piédroit droit de la baie située sur le mur pignon, à l’étage de soubassement), le second bâtiment porte quant à lui la date de 1914, gravée sur le linteau de la porte d’habitation (date correspondant à celle de la modification des encadrements de baie), mais est vraisemblablement contemporain du premier. La propriétaire actuelle nous précise que la maison datée 1914 a fait office de fruitière durant un temps, que les deux bâtiments ont été rehaussés en 1934, que le moulin était placé à l’extrémité ouest du long bâtiment, et qu’en 1957, ce dernier abritait deux vaches et que sa partie habitation (du meunier ?) est inhabitée depuis longtemps. Ses grands-parents louaient la ferme du domaine de Châteaupair (IA74002502), alors propriété des hospices de Chambéry avant d’acheter les bâtiments actuellement étudiés.
Le moulin n’est plus en activité et plus aucun élément lié à son fonctionnement ne demeure (roue à aubes, rouages, meules…), il aurait cessé son activité après la dernière guerre (renseignement oral). La retenue d’eau, à sec, est encore décelable mais le bief ne l’est plus, vraisemblablement comblé.
Photographe au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel, site de Lyon