d'après l'introduction de la partie Rhône-Alpes du Corpus Vitrearum III (1986), rédigée par Véronique Chaussé.
Introduction
Rhône-Alpes, région administrative mise en place au début des années 1960, comprend les huit départements suivant : l'Ain, l'Ardèche, la Drôme, l'Isère, la Loire, le Rhône, la Savoie et la Haute-Savoie. La profonde originalité de ce territoire provient de sa diversité, à la fois géographique, historique et culturelle. S'étendant largement sur trois massifs montagneux - les Alpes, le Massif Central et le Jura - il n'a même pas pour trait d'union le Rhône, puisque la Loire dépend du bassin Atlantique. Composé de provinces aussi diverses que la Bresse, le Lyonnais, le Beaujolais, le Vivarais, le Dauphiné, le Forez et la Savoie, son unité historique est encore plus aléatoire. Au XVIe siècle, seul le Lyonnais est sous la domination des rois de France ; au XVe, le Dauphiné est rattaché, puis au XVIe, une partie de la Bresse conquise sur le duché de Savoie ; enfin, ce n'est qu'en 1860 que la Savoie est rattachée à la France.
Il faut donc s'attendre à relever des courants artistiques variés parmi les vitraux conservés dans la région, à l'opposé, par exemple, du contexte bourguignon où l'on retrouve une certaine identité patrimoniale. Une centaine d’édifices - églises, châteaux, musées, abrite des vitraux antérieurs à la Révolution. Leur répartition géographique et chronologique est très inégale. En majeure partie des XVe et XVIe siècles, ils sont essentiellement localisés dans les départements de La Loire, du Rhône et de l'Ain ; on les retrouve en nombre beaucoup plus restreint dans l'Isère, la Savoie et la Haute-Savoie ; la Drôme ne compte que deux ensembles à Manthes et au château de Chavannes. Quant au département de l'Ardèche, il n'en reste aucun et si les textes n'avaient pas mentionné l'existence de vitraux du XVe siècle "d'une incroyable délicatesse" à la cathédrale de Viviers, nous n'en n'aurions aucun témoignage. De même, c'est grâce à la célèbre lettre de Sidoine Apollinaire à son ami Hespérius1 que nous connaissons les plus anciennes œuvres de la région, les verrières décoratives réalisées vers 470 pour un édifice du groupe cathédrale de Lyon.
Le XIIe siècle
Le plus ancien vitrail parvenu jusqu'à nous est représenté par une œuvre dont la qualité et la conservation sont exceptionnelles. Il s'agit de la verrière de l'église de Champ-près-Froges, des environs de 1160 et provenant vraisemblablement de l'église du prieuré voisin de Domène aujourd'hui en ruines. Consacrée à la Pentecôte et à l'Ascension du Christ, elle se rattache par bien des aspects, comme le travail géométrique des fonds ou le tracé des visages, à la tradition byzantine, alors que la clarté de la gamme colorée et la richesse du décor rappellent les vitraux germaniques. Cette double influence se retrouve dans les deux autres œuvres du XIIe siècle conservées dans la région : la verrière de saint Pierre (vers 1190) à la cathédrale de Lyon, la tête dite "Gérente" (vers 1180-1185) conservée au Musée d'Art et d'Histoire de Genève. Ces œuvres s'apparentent à un groupe original du vitrail roman français : celui du Sud-Est et d'Auvergne, auquel se rattachent les panneaux dépareillés de la cathédrale de Clermont-Ferrand. Par ailleurs, l'ancienne église de la Bénisson-Dieu dans la Loire, conserve des exemples de grisailles cisterciennes datées vers 1180.
Détail de la baie 109 de l'église Notre-Dame de Champ-près-Froges : la Pentecôte
Le XIIIe siècle
Pour le XIIIe siècle, à l'exception des quelques fragments de grisailles retrouvés dans l'église de Lucey en Savoie, seule la cathédrale de Lyon conserve des verrières de cette époque. Elles sont localisées dans le chœur, le chevet et dans les roses qui ferment les bras du transept. Malgré les restaurations excessives du XIXe siècle, elles forment un ensemble homogène, tant sur le plan formel qu'iconographique, et montrent comment de 1215 à 1250 environ, la peinture sur verre lyonnaise se dégage peu à peu des traditions byzantinisantes et s'enrichit des innovations gothiques.
Le XIVe siècle
Deux œuvres de la fin du XIVe siècle sont parvenues jusqu'à nous : la Vierge à l'Enfant de l'église de Villefranche-sur-Saône, dont l'extrême délicatesse évoque le travail des miniaturistes, et la rose ouest de la cathédrale de Lyon, dont l'auteur, le peintre-verrier parisien Henri de Nivelle, et la date d'exécution, 1394, nous sont connus pour la première fois dans la région. Cette pauvreté en vitraux du XIVe siècle est liée à diverses déprédations - guerres, changements de goûts - qui affectent également l'ensemble des vitraux français.
Détail de la baie 4 de l'église Notre-Dame-des-Marais de Villefranche-sur-Saône : Vierge à l'Enfant
Cependant nous savons par les textes que l'activité de peintres-verriers n'est pas ralentie. Les dépouillements d'archives nous donnent en effet les noms de plusieurs d'entre eux : Johannet au château de Chambéry dès 13032, Jean de Seyssel au château du Bourget-du-Lac (Savoie) vers 1300-13083, maître Laurent à la chapelle du château du Pont-d'Ain en 13634, ainsi que les noms de commanditaires comme le châtelain de Saint-Triver-de-Courtes (Ain) pour sa chapelle en 1308-13135, ou le chantre Étienne de la Balme vers 1335, suivi du sacristain Jean de Chatelard en 1342, pour la cathédrale de Lyon6. Pour la seconde moitié du siècle, et pour la seule ville de Lyon, Natalis Rondot a relevé les noms de vingt-six peintres-verriers dont les attributions n'étaient d'ailleurs pas seulement limitées à la fabrication de vitraux. On sait aussi, par une ordonnance de Philippe VI, que les fours pour la fabrication du verre étaient nombreux à Lyon en 1347 et, par une ordonnance de 1390, que Charles VI avait exempté les peintres-verriers de toutes tailles, subsides ou impositions, leur offrant ainsi un statut privilégié.
Le XVe siècle
Au XVe siècle, deux ensembles illustrent les premières manifestations importantes du mécénat religieux. Ce sont les verrières d'Ambronay dans l'Ain, mises en place entre 1425 et 1437 sur l'initative de l'abbé Jacques de Mauvoisin, et celles d'Ambierle dans la Loire, réalisées entre 1470 et 1485 pour l'abbé Antoine de Balzac d'Entragues, d'une riche et puissante famille de la cour de Charles VII. A Ambronay, un parti de composition unique fait se succéder d'une fenêtre à l'autre une série de longues niches rehaussées de jaune d'argent qui abritent le Calvaire et des figures de saints ; à Ambierle, même type de programme formel et iconographique, mais dans la verrière d'axe, le décor d'architecture, s'affranchit du cadre imposé par les meneaux des lancettes ; cette liberté s'inscrit dans l'évolution générale du vitrail au XVe siècle, finissant par s'étendre aux scènes elles-mêmes et aboutissant à un nouveau parti qui fera fortune à la Renaissance. L'extrême raffinement du style des verrières d'Ambronay, peintes presque exclusivement à la grisaille et au jaune d'argent, évoque celui des enlumineurs et plus précisément, pour le groupe de la Pâmoison de la Vierge, celui des Heures de Rohan. A l'inverse, des verrières d'Ambierle se dégage un style rude et énergique où la gamme colorée, assez réduite, laisse peu de place au jaune d'argent. Dans le même édifice, une seule verrière, l'Annonciation qui éclaire le bras sud du transept, présente un style très différent. L'auteur de cette verrière provient probablement du milieu du Maître de Moulins.
Vue d'ensemble de la baie 0 de l'ancienne abbatiale Sainte-Marie d'Ambronay
Dans la région Rhône-Alpes, le reste de la production est beaucoup plus hétérogène, généralement limité à une verrière, parfois même à des fragments, comme Biziat, Boyeux-Saint-Jérôme, Châtillon-la-Palud, Saint-Symphorien-sur-Coise, Ville-sur-Jarnioux. Les représentations de donateurs y sont plus nombreuses qu'aux siècles précédents. A l'église de Saint-Martin d'Estréaux, Brémond de Lévis et Anne de Châteaumorand sont présentés par leurs saints patrons sur la verrière de leur chapelle ; l'histoire de l'édifice ou le témoignage des textes permettent aussi de connaître l'identité des donateurs. A la cathédrale de Lyon, le chanoine Jean de Grolée offre la verrière de la chapelle Saint-Michel qu'il a fondée en 1448 : n'en subsiste que le tympan, une Annonciation entourée d'anges. Encore à Lyon, en reconnaissance du soutien financier des paroissiens à la reconstruction de l'église Sainte-croix, leurs écus armoriés avaient été représentés sur les verrières posées entre 1444 et 1452, mais disparues aujourd'hui7. D'illustres donateurs, comme les ducs de Bourbon, Pierre et Anne de Beaujeu à l'église Notre-Dame-des-Marais de Villefranche-sur-Saône en 1488 ou Guichard d'Albon à Saint-André-d'Apchon en 1466, sont probablement à l'origine des vitraux du XVe siècle encore en place aujourd'hui dans ces édifices. Présence également de donateurs dont les noms ne nous sont pas parvenus sur les verrières de l'église Saint-Laurent de Rochefort à Saint-Martin-en-Haut, sur celle de Ceyzeriat déposée au Musée des Arts décoratifs de Lyon, ou encore sur la lancette de provenance bourguignonne déposée au Musée de l'Art et de l'Industrie de Saint-Étienne.
La variété des courants stylistiques, déjà remarquée à l'intérieur d'un édifice comme Ambierle, marque cette production hétérogène. Une certaine maladresse se dégage de la Vierge de Saint-André-d'Apchon (seconde moitié du XVe siècle) ou des donateurs de Saint-Martin-d'Estréaux (1496) ; s'y oppose la délicatesse servie par une grande virtuosité technique (chef-d'oeuvre, gravure du verre) du saint Michel à l'église de Beaujeu (dernier tiers du XVe siècle). Contraste saisissant également entre les figures d'anges (1448) déjà eyckiennes de la cathédrale de Lyon créées pour Jean de Grolée et la facture franche et naïve des figures de la Vierge et de saint-Jean (vers 1475) provenant de l'abbaye de Saint-Chef (aujourd'hui déposées provisoirement au Trésor de la cathédrale de Grenoble). La verrière est parfois trop restaurée - telle l'Annonciation de Saint-Romain-au-Mont-d'Or - pour pouvoir en apprécier le style.
Détail de la baie 5 de l'église Saint-André de Saint-André-d'Apchon : Vierge à l'Enfant
D'autres œuvres du XVe siècle - disparues aujourd'hui - ont existé dans la région Rhône-Alpes, comme en témoignent les noms de plusieurs peintres-verriers parvenus jusqu'à nous. Dans l'Ain, en 1404-1406, Pierre Galazola pose trois verrières au château de Saint-Trivers-de-Courtes 8; en 1424, Bernion travaille au château de Poncin et vers 1440, son fils Antoine, à l'église de la même commune9.
A Lyon, en 1401, Janin Saquerel pose des verrières à la chapelle Saint-Jacquême10 et Pierre Saquerel à l'église Saint-Étienne11 ; Pierre de la Paix qui avait également la charge de verrier de la cathédrale fait des vitraux pour l'Hôtel de ville en 149812 ; en Savoie, au château de Chambéry13, deux peintres-verriers se succèdent dans la charge de verrier ducal à cette époque, Galliot en 1463, puis Nicolas Robert en 1465.
La perte de certaines verrières est particulièrement regrettable, ainsi celles qui provenaient du chœur de l'église des Célestins à Lyon et qui avaient été remontées à la cathédrale en 1678 en échange de vitrerie incolore ! Ces verrières représentaient saint Pierre, saint Jacques et saint Maurice d'une part, le Calvaire d'autre part. De grande qualité, elles avaient été offertes par le duc Louis II de Savoie et le patricien lyonnais Aimé de Virey en 1415. En 1860, le chapitre décide de les retirer et de les remplacer par des figures de prophètes copiées sur celles déjà existantes. En Savoie, à la cathédrale de Saint-Jean de Maurienne, les verrières du chœur consacrées à l'Ancien et au Nouveau Testament, ont été détruites à la Révolution14. Enfin, dans le domaine du vitrail civil, il faut rappeler la disparition au XXe siècle de la partie d'échecs, vitrail daté vers 1430-1440 et qui ornait encore au XVIIe siècle l'une des fenêtres de l'hôtel de la Bessée à Ville-franche-sur-Saône ; il s'agissait comme l'a écrit Jean Lafond du "vitrail le plus remarquable que nous ait légué le XVe siècle avec les verrières de l'hôtel Jacques Coeur à Bourges".
Le XVIe siècle
Le développement du vitrail se poursuit au XVIe siècle avec le prestigieux décor de l'église Saint-Nicolas de Tolentin à Brou, dont la création est liée à Marguerite d'Autriche ; à la mort de son mari Philibert le Beau, elle décide de transformer le vieux prieuré de Brou en un vaste couvent destiné à commémorer son souvenir et confie les travaux au flamand Van Boghem ; celui-ci commande les cartons des verrières du chevet à un peintre flamand tandis qu'il confie leur exécution en 1527-1528 à des peintres verriers français, le lyonnais Antoine Noisin, Jean Brachon et Jean Orquois ; l'origine de ces deux derniers vient d'être précisée grâce aux recherches réalisées par Paul Cattin15. Jean Brachon est un peintre de Bourg, originaire de Coligny dans l'Ain ; quant à Jean Orquois il faut vraisemblablement l'identifier à Jean Urcuard dit d'Écosse, peintre dont les descendants on travaillé également comme peintre-verriers à Bourg jusqu'au XVIIIe siècle et dont l'ancêtre pourrait être Jean Hortart dit d'Écosse, que l'on rencontre à Lyon vers 1412-1465. Cette dualité dans la réalisation des verrières - peintre flamand d'une part, atelier lyonnais et bressan d'autre part - pose le problème de leur véritable créateur. Le parti adopté s'inspire sans conteste des verrières de Sainte-Gudule de Bruxelles mises en place avant 1524 par Nicolas Rombouts, peintre attitré de la Cour de Marguerite d'Autriche. Si l'on peut donc chercher l'auteur des cartons dans l'atelier de Rombouts ou dans son entourage, le rôle qui revient aux artistes français dans la réussite de ces vitraux est cependant loin d'être négligeable.
vue d'ensemble des baies 0, 1, 2 et 3 de l'église de Brou, Bourg-en-Bresse
L'originalité de ces verrières provient aussi de leurs sources d'inspiration variées, gravure de Dürer et estampe italienne d'après le Titien. La verrière de Suzanne tient une place particulière. Elle rappelle par sa simplicité la verrière des saints Crépin et Crépinien, conservée à l'église Notre-Dame de Bourg-en-Bresse. Il s'agit peut-être d'un produit de la partie française ou locale de l'atelier qui travailla à Brou. Même possibilité pour les vitraux de Jasseron déposés aux archives départementales de l'Ain ; en effet, malgré leur état fragmentaire, on reconnaît la même appartenance stylistique. Quant aux vitraux de Leyment, disparus à la fin du XIXe siècle, leur iconographie, Philibert le Beau et son patron saint Philibert, les rattachaient vraisemblablement au même groupe.
D'une inspiration différente, les verrières de la Sainte-Chapelle de Chambéry doivent également leur création à Marguerite d'Autriche ; à sa demande, Philibert le Beau fait déposer à la Sainte-Chapelle le précieux Saint-Suaire. Sa translation en 1502 entraîne la mise en place de nouvelles verrières réalisées entre 1521 et 1527, selon le même processus qu'à Brou : carton dû à un artiste flamand, probablement Jean Ofhuys et exécution par les trois peintres verriers, Blaise de Lyon, Jean Baudichon, Flamand résidant à Lyon, et Jean de l'Arpe établi à Genève. De ce décor ne subsiste que la verrière axiale ; son origine flamande est très vraisemblable. Dans la région, elle rappelle les vitraux conservés dans les trois baies de l'église Dingy-Saint-Clair. Les deux autres verrières de Chambéry, détruites par l'incendie de 1532, ont été refaites en 1548 comme l'indique la date inscrite sur la verrière nord. En 1963, Pierre Amiet à démontré que le Portement de Croix (baie 1) s'inspire d'un tableau peint en 1515 par le piémontois Giovanni Antonio Bazzi, dit le Sodoma, restauré en 1541 par le peintre-verrier de Chambéry Gaspard Masery. Lorsque l'on connaît les affinités de ce peintre avec l'art germanique, il est tentant de lui attribuer la paternité de ces verrières qui en sont également imprégnées.
Vue d'ensemble de la baie 0 de la Sainte-Chapelle du château des ducs de Savoie à Chambéry
Dans la région Rhône-Alpes, Brou et Chambéry ne détiennent pas le monopole de l'art du vitrail, de nombreux édifices en conservent les témoignages les plus divers. Ainsi, à l'Arbresle, vers 1500, les verrières du chœur offertes par le cardinal André d'Espinay, dont l'image s'impose sur la maîtresse-vitre ; les panneaux provenant de l'église Notre-Dame de Bourg-en-Bresse (1507-1515) - déposés au Musée de l'Ain et dans les combes de la cure - d'une facture élégante et libre qui rappelle l'art germanique ; les verrières de l'église Saint-André-d'Apchon (vers 1530) où les portraits des donateurs de la célèbre famille d'Albon sont traités avec un soin extrême ; la seule verrière ornant un édifice religieux de la Drôme, l'église de Manthes, où l'on voit les deux apôtres Pierre et Paul (premier quart du XVIe siècle) ; vers 1540, la verrière de l'Adoration des mages à la cathédrale de Vienne, ou encore, à l'extrême fin du siècle, les figures de saints qui ornent les fenêtres hautes de son chevet. A cette liste s'ajoutent les fragments comme ceux des verrières de la chapelle des Bourbons, à la cathédrale de Lyon, découverts par Matthieu Méras et déposés aux archives départementales du Rhône ; ou bien encore les panneaux des musées, parfois d'origine étrangère, comme la verrière d'une église de Troyes exposées au Musée des Beaux-Arts de Lyon ou le panneau flamand de la Nativité au Musée des Arts Décoratifs de la même ville. On pourrait aussi énumérer tous ceux qui subsistent dans les églises les plus reculées de la région et qui prouvent la vitalité de l'art du vitrail en Rhône-Alpes.
Vue d'ensemble de la 0 de l'église Saint-Pierre de Manthes
Le vitrail civil au XVIe siècle est représenté par quelques rondels dispersés dans les collections privées et les musées, ou remployés dans les verrières des églises, mais surtout par les vitraux d'appartements, d'origine suisse, allemande ou autrichienne, dont la production se prolonge jusqu'à la fin du XVIIe siècle. Une dizaine de collections d'importance très variable ont été répertoriées. Les sujets favoris en sont les armoiries ou la représentation du couple de donateurs associés ou non à une scène historique, allégorique ou religieuse ; les gravures de Dürer ont inspiré les vitraux de Chazey-sur-Ain (Couronnement de la Vierge) et de Chavannes (portrait de Maximilien Ier).
D'autres témoignages de la production du XVIe siècle sont donnés par les textes qui mentionnent des vitraux aujourd'hui disparus ou des noms de peintres-verriers connus dans la région. Au château du Pont-d'Ain, les verrières étaient ornées des écus armoriés du cardinal de Bourbon. A la chambre des Comptes du Palais de Justice de Grenoble, les vitraux allégoriques ou mythologiques, réalisés en 1506 par le lyonnais Jean Ramel, furent détruits dès 1590 par les canons de Lesdiguières16. Dans l'Isère et la Drôme, de 1494 à 1554, Jean Faverges, son frère Guillaume et son fils Pierre exercent les fonctions de peintres-verriers, à la cathédrale Saint-Apollinaire de Valence, à l'église de la Côte-Saint-André et dans celle de Grenoble17. Dans les églises, les chapelles, et à l'hôtel de Ville de Lyon, on trouve les noms de très nombreux peintres-verriers, tels Nicolas et Jérôme Durand de 1545 à 1605, ou bien Bertin Ramus en 1582-1583 que l'on retrouve en Savoie, à l'église Saint-Pierre-de-Lemenc à Chambéry, en 158818. Encore à Chambéry, au château, plusieurs peintres-verriers se succèdent dans la charge de verrier ducal au XVIe siècle : Baudichon en 1512, Jean et Louis Trotterel en 1559, Gaspard Jay en 1576, puis Louis Genevois en 1583, qui travaille aussi au Sénat de Chambéry en 158819.
Conclusion
La charnière des XVIe et XVIIe siècles est illustrée par la verrière de l'église de Villefranche-sur-Saône peinte en 1600 par Paul de Boullongne ; dans la région Rhône-Alpes, c'est le dernier exemple de vitrail religieux coloré et figuré avant le renouveau du XIXe siècle. En effet, les XVIIe et XVIIIe siècles produisent surtout de simples vitreries à bornes comme à Ambronay, Neuville-sur-Saône, Saint-Georges-de-Reneins, Sallanches... ; elles sont parfois entourées de bordures peintes avec des émaux et décorés d'armoiries, monogrammes et emblèmes (la Bénisson-Dieu, Saint-François à Annecy, le Sappey-en-Chartreuse ou l'abbatial de Saint-Antoine-en-Viennois).
Le renouveau du vitrail au XIXe siècle est amorcé dès 1826 par la commande du roi de Sardaigne Charles-Félix pour l'église du monastère de Hautecombe, véritable mausolée de la famille de Savoie ; la chapelle des Princes y est éclairée par des vitraux consacrés aux scènes de la Nativité et de la Passion du Christ, œuvres du peintre-verrier viennois Hothgassner. Par la suite, la peinture sur verre connaît un essor considérable grâce au cardinal de Bonald, archevêque de Lyon (1839-1870) qui favorise la construction ou la restauration de plus de la moitié des églises paroissiales de son diocèse. Non seulement des peintres-verriers extérieurs à la région interviennent comme Thibaud de Clemont-Ferrand, restaurateur des vitraux de la cathédrale de Lyon, Maréchal de Metz, Lobin de Tours, Lorin de Chartres, Steinheil de Paris ou Lavergne, lyonnais installé à Paris, mais des ateliers locaux s'y créent et s'y développent également ; Mauvernay à Saint-Galmier en 1837, Barrelon à Grigny en 1852, Pagnon-Deschelettes à Lyon en 1856, Bessac à Pont-d'Ain en 1860, puis à Grenoble 1892, Thomas à Valence en 1878... Enfin, Bégule, peintre-verrier et historien, détient à la fin du siècle la majorité des commandes de la région.
En 1937, la construction de l'église Notre-Dame-de-Toute-Grâce d'Assy entreprise sur l’initiative du chanoine Devémy donne lieu à une expérience originale. Pour le décor vitré, le père Couturier "pariant pour le génie" choisit les plus grands des artistes indépendants. Des oeuvres de Rouault, Chagall, Bazaine, Bercot, Brianchon, Bony, Huré, Bary, Hebert-Stevens et du Père Couturier lui-même s'y côtoient. Cet ensemble apparaît comme un manifeste en faveur du renouveau de l'art sacré.
Les vitraux déplacés et disparus
La consultation du Corpus Vitrearum III est indispensable pour avoir accès à l'ensemble des informations disponibles.
Ain
Arbent, église Saint-Laurent. Vitraux disparus. En 1655, figures de saints dans les verrières du chœur. Restauration en 1855 par Frédéric Desbordes.
Bourg-en-Bresse, église Notre-Dame. Vitraux déplacés. Dix-huit panneaux déposés au Musée de l'Ain et au presbytère de l'église Notre-Dame dans l'attente de leur restauration. Ils proviennent des trois grandes baies du chœur de l'église Notre-Dame de Bourg-en-Bresse. Leur réalisation se situe entre 1507, date de l'achèvement du cœur, et 1515, date de la première messe épiscopale dite par l'évêque Louis de Gorrevod. Ils sont très endommagés en 1793, lors de la destruction du clocher. On entreprend vers 1850 d'entourer les panneaux les mieux conservés d'arcatures et de grisailles décoratives dans les parties supérieures des baies. Mais, dès 1870, ils sont retirés de leur emplacement, et remplacés par des vitraux d'E. Oudinot en 1873. Malgré leur état assez fragmentaire, on reconnaît, parmi les panneaux six scènes de la Vie de la Vierge, six scènes de l'Enfance du Christ, une scène de sa Vie publique et une scène de sa Passion. Voir le Corpus Vitrearum III.
Bourg-en-Bresse, église Notre-Dame. Vitraux disparus. Baie 9 (XVIe siècle) : Visitation, saint-Jean-Baptiste, sainte Catherine. Baie 2 : jusqu'en 1936, couronnements d'architecture Renaissance dans les têtes de lancettes, Annonciation du XVIe siècle au tympan.
Ceyzeriat, église Saint-Laurent. Vitraux déplacés. Vitraux déposés au Musée des Arts décoratifs de Lyon. Deux panneaux du XVe siècle correspondant à deux lancettes ; provenance : abside de l'église de Ceyzeriat ; à l'origine 5 lancettes retirées de leur emplacement en 1872, sur décision du conseil de la Fabrique, en raison de leur mauvais état et pour les remplacer par des verrières neuves. Dépose de trois lancettes au musée et acquisition de deux autres par le collectionneur Louis Chatel ; les deux lancettes aujourd'hui conservées au musée proviennent de cette collection. les trois autres ont disparu. Il s'agissait d'un donateur présenté par saint Laurent et de deux saints, l'un portant un gril avec un dragon à ses pieds, l'autre un livre et une épée.
Frans, église Saint-Étienne. Vitraux déplacés. Deux panneaux de vitrerie losangée du XVIe siècle (?) provenant de deux baies en plein cintre. Déposés aux Archives départementales de Bourg-en-Bresse.
Grand-Corent, église Saint-Léger. Vitraux disparus. La verrière de la baie d'axe représentait le Calvaire et Saint Léger. Selon Mgr Devie, elle était contemporaine des vitraux de Brou, vers 1525. En 1898, la demande de restauration et de classement MH de ce vitrail est refusé en raison de son état. Le 10 août 1900, la verrière est cédée par la fabrique à M. Bouillin, 5 place Saint-Nizier à Lyon.
Jasseron, église Saint-Jean-Baptiste. Vitraux déplacés. Fragments du premier tiers du XVIe siècle et du XIXe déposés aux Archives départementales de l'Ain à Bourg-en-Bresse. Ils proviennent de la baie 3. Les panneaux du XVIe siècle occupaient la lancette centrale, la partie supérieure des lancettes latérales, les deux mouchettes latérales et les deux écoinçons centraux du tympan. Fragments des lancettes (XVIe siècle) : panneau rectangulaire avec Saint-Jean-Baptiste (buste), agneau présentant le donateur (tête), probablement Sibuet de la Balme ou son fils Jean. Trois médaillons correspondant aux têtes de lancettes latérales : motifs végétaux, fragment d'architecture dont un pinacle avec une pièce en chef-d’œuvre. Fragments du tympan (XVIe siècle) : groupe de personnages en adoration, anges, roi, évêque, clercs, bourgeois. Le centre du tympan devait être occupé par la Vierge ou le Christ.
Lescheroux, église Saint-André. Vitraux déplacés. Un panneau du XVIe siècle provenant de la baie 2, déposé à la mairie depuis 1977 par Darnis. Il représente un buste (sans la tête) de Sainte Catherine (?) tenant le pommeau d'une épée sur un fond damassé, complément en verre du XXe siècle.
Leyment, église Saint-Jean-Baptiste. Vitraux disparus. Verrières contemporaines de celles de Brou et probablement du même atelier. Vers 1850, on pouvait encore voir dans l'une des baies une verrière représentant Philibert le Beau.
Montluel, église de la Nativité de la Vierge. Vitraux disparus. Verrières du XVIe siècle représentant notamment le rêve de Constantin le Grand, la bataille du Pont Milvius, la recherche et la découverte de la Croix du Golgotha ; en 1851, elles sont en parti détruite et remplacées par des œuvres contemporaines ; en 1911, Lucien Bégule décrit encore la victoire de Constantin, détruite la même année ; il en retrouve les débris dans les combles, sa baie d'origine étant occupée par l'Apparition du Sacré Cœur à Marguerite-Marie Alacoque peinte par Sarrazin de Lyon (baie 10). Mgr Devie, lors de ses visites de 1826 à 1864, signale également des fragments de verrières (non datées) consacrées à la Passion et portant un écu armorié surmonté d'un chapeau de cardinal.
Toriceux, église Sainte-Blaise. Vitraux disparus. Sur deux verrières des chapelles de l'église, deux écus armoriés du XVIe siècle.
Tossiat, église Saint-Marcel. Vitraux disparus. Sur la verrière du chevet, deux écus armoriés appartenant peut-être à Guillaume de La Garde et sa femme Françoise de Seyturier vers 1600 (le premier, de gueule à la bande d'or accompagné de six besants d'or posés en orle ; le second, parti à dextre du premier et à senestre d'azur à deux faux d'argent en sautoir). Sur une seconde verrière, en mauvais état, étaient représentés un donateur ecclésiastique agenouillé aux pieds de saint Antoine avec l'écu armorié à trois trèfles d'or, une inscription en caractère gothique et la date de 1407.
Verjon, église Saint-Hyppolyte. Vitraux disparus. Vitraux mentionnés par Mgr Camille de Neuville en 1655. Seigneurs représentés avec leurs écus armoriés sur les verrières de leur chapelle décrites par Mgr Devie.
Villette, château de Gravagneux. Vitraux déplacés. Vitrerie à bornes du XVIIIe siècle remployée à l'extérieur de la baie 3 de l'église Saint-Martin de Villette. Provient probablement du château de Gravagneux, construit par Antoine Doucet de Saint-Bel, vers le milieu du XVIIIe siècle.
Isère
Saint-Chef, église Saint-Theudère. Vitraux déplacés. Deux panneaux du dernier tiers du XVe siècle, provenant de l'église Saint-Theudère, déposés au Trésor de la cathédrale Notre-Dame de Grenoble. Ils représentent les bustes de la Vierge et de saint Jean entourés de bordures ornées de feuillages. Ce sont les seuls vestiges d'une verrière consacrée au Calvaire ; elle occupait la baie de l'arc triomphal établi à la suite d'une surélévation des murs de la nef pour la construction de voûtes. Sur une photographie des Monuments Historiques (MH 2635), on les voit encore en place ; dans la baie centrale en forme de croix tréflée, le Christ en partie conservé est surmonté d'autres fragments non identifiables ; dans les deux baies latérales en plein cintre, la Vierge et saint Jean sont presque intacts. En revanche, le décor des deux oculi situés de part et d'autre - peut-être le soleil et la lune - a déjà disparu. En 1911, Lucien Bégule signale le mauvais état de ces verrières encore en place dans l'édifice. Ces vitraux ont été détruits avant 1929, à la suite d'une restauration de l'église : seules les parties supérieures de la Vierge et de saint Jean, restées à peu près intactes, ont été fixées sommairement devant la baie de la tribune de la chapelle conventuelle, plus connue pour ses fresques romanes. C'est à la suite de la restauration de ces fresques en 1959-1960, que l'on envisage celle des vitraux. Déposés en 1961 chez le peintre-verrier Paul Montfollet de Grenoble, puis en 1981, par mesure de sécurité, au Trésor de la cathédrale de Grenoble.
Vienne, cathédrale Saint-Maurice. Vitraux disparus. Six verrières du XIVe siècles offertes par le chanoine Guigue Romestaing. Baie 20 : fragments du XVe ou XVIe siècle. Baie 0, 1, 2, 3 et 4 : écus armoriées du XVIe siècle au milieu de vitrerie losangée. Supprimés lors de la pose des verrières de Bégule en 1898. Baie 5 : triplet (deux registres), XVIe siècle. Registre inférieur : deux personnages autour d'un ange tenant une tablette ; registre supérieur : grande Crucifixion. Très endommagée à la Révolution, la verrière avait déjà disparu lors des visites de Guilhermy qui y décrit un ostensoir d'or entouré de deux anges et de deux têtes d'anges ; cette verrière, reproduite dans l'ouvrage de Baudot, disparaît à son tour pour être remplacée par la verrière de Bégule toujours visible aujourd'hui. Baie 11 : vitraux du XVIe siècle au tympan. Dieu le Père Bénissant entouré de têtes d'anges et tenant le globe crucifère. Petite figure de la Vierge assise, les mains jointes (partie d'une Annonciation ?). Baie 12 : vitraux du XVIe siècle au tympan, motifs décoratifs. Baie 16 : vitraux du XVIe siècle au tympan. Dieu le Père bénissant, têtes d'anges, soleil, lune. Baies 18 et 19 : vitraux du XVIe siècle au tympan, motifs décoratifs. Baie 20 : vitraux du XVIe siècle au tympan, deux têtes d'anges dont une seule complète, Dieu le Père bénissant et tenant le globe crucifère. Baie 22 : vitraux du XVIe siècle au tympan, fragments d'ornementation avec cordons de perles et écussons mutilé. Baie 23 : vitraux du XVIe siècle au tympan, Dieu le Père bénissant et tenant le globe crucifère, entouré de têtes d'anges. Baie 24 : vitraux du XVIe siècle au tympan : croix ; Dieu le Père bénissant. Baie 25 : vitraux du XVIe siècle au tympan, Dieu le Père bénissant, têtes d'anges, écusson d'argent à la fasce d'azur. Baie 26 : vitraux du XVIe siècle dans les roses : guirlandes, un écusson mutilé, Dieu le Père tenant la croix. Baie 27 : vitraux du XVIe siècle : Dieu le Père, rinceaux, bustes de deux figures nimbées avec inscription. Baies 121 et 122 : vitraux du XVIe siècle au tympan : ange musicien. Baie 123 à 130 : vitraux du XVIe siècle au tympan (conservés dans les baies 125 à 128), surtout dans la baie 123 : têtes d'anges ailés, ange jouant de la flute, de la guitare, de la trompe, de la trompette. Baie 131 (façade) : verrière refaite en 1569 par l'archevêque Garibaldi, disparue dès 1834. Baie du vestibule de l'entrée latérale du côté du grand cloître. Trois lancettes en arc brisé, trois quadrilobes au tympan : trois saints (date ?).
Ville-sous-Anjou, église Saint-Denis. Vitraux déplacés. Deux fragments de vitraux du XVIIe siècle provenant de l'ancienne église Saint-Denis de Ville-sous-Anjou ; remployés dans une verrière décorative du XXe siècle de la nouvelle église construite à la fin du XIXe siècle. Baie 2 : une lancette en plein cintre. En haut, saint Denis ; en bas écu armorié entouré d'une bordure ornée de tête d'ange, feuillages et fruits ; bouche-trou dans la bordure. Emploi d'émaux.
Loire
Doizieux, église Saint-Laurent-Saint-Étienne. Vitraux disparus. Vitrail gothique provenant de la collégiale de Saint-Chamond placé au-dessus de la porte d'entrée, vitraux du XVIe siècle remployés dans l'église construite en 1804.
Saint-Bonnet-le-Château, église Saint-Bonnet. Vitraux disparus. Chapelle de la Vierge, autrefois Notre-Dame de Pitié, verrière offerte en 1499 par François Dupuy, official de l'évêque de Grenoble où il s'est fait représenter en chanoine avec l'aumusse sur le bras.
Saint-Étienne-le-Molard, château de la Bastie d'Urfé, chapelle. Vitraux déplacés. Chapelle construite en 1535 pour Claude d'Urfé et éclairé par deux baies, l'une dans la chapelle, l'autre dans l'oratoire (chacune : deux lancettes (trois registres), tympans ajourés en éventail) ; ornées à l'origine de deux verrières peintes en grisaille, jaune d'argent et sanguine, datées de 1557 ; chaque lancette : douze anges musiciens ou chanteurs groupés quatre par quatre, par registre autour de trois versets de psaumes consacrés à la gloire de Dieu ; encadrements de "ferronneries" s'entrecroisant autour de quatre monogrammes de Claude d'Urfé et de Jeanne de Balzac, des lettres UNI (symboles de la Trinité) disposés dans quatre triangles, de têtes de chérubins et de grappes de fruits ; bordure grecques. Vers 1850, à la demande du duc de Cadore, la verrière de l'oratoire est restaurée par Alexandre de Mauvernay père qui remplace les anges brisés par des copies de ceux de la verrière de la chapelle. En 1874, à la suite de la faillite du banquier de Montbrison Verdollin, propriétaire du château, le spécialiste lyonnais Derriaz disperse les œuvres d'art de La Bastie. Les verrières passent alors de la collection Beurdeley à celle du baron Adolphe de Rothschildd qui les places dans la galerie de son hôtel, rue de Monceau à Paris et y efface les inscriptions liturgiques. Beurdeley conserve cependant les vitraux en mauvais état des tympans ainsi qu'un fragment d'ange avec cartouche portant la date 1557 et un monogramme incomplet ; en fait, ce fragment (remployé au tympan mais provenant probablement des lancettes) lui appartenait avant 1874 et, selon Soultrait, avait été retiré de la verrière lors d'une restauration, peut-être celle de Mauvernay. Une copie de ce fragment a été exécuté pour les vitraux de la collection Rothschild. Quant à Lucien Bégule, il se procure en 1874 les têtes des chérubins de la baie du petit oratoire du premier étage du château. En 1949, on retrouve les verrières au château de Ferrières, également propriété des Rothschild. Ensuite, leur trace disparaît jusqu'à leur réapparition, sans indication de provenance ni de date [et sous la mention suivante : à une vente de Paul Adam di Frasheri à l'Hôtel Drouot, le 1er mars 1971 n°103, salle 10 "Vitraux. Roudillon expert" adjugé 110 F]. Après cette vente, nouvelle disparition jusqu'en 1974 où on le retrouve chez le collectionneur Jean de Vaivre (6, avenue de Clodoald, 99220 Saint-Cloud). Celui-ci envisage leur vente au Japon, mais le ministère des Affaires Culturelles les classes le 3 août 1974 pour empêcher leur exportation. Il semble cependant que l'une des deux verrières ait été vendue avant 1974 et que l'autre soit déposée au château de Mâcon (?).
Saint-Julien-en-Jarez, église Saint-Julien. Vitraux disparus. Première chapelle à gauche servant de dépôt (en 1889), verrière du XVIIe siècle avec au centre l'écu armorié "aux 1 et 4 d'Allard, aux 2 et 3 d'azur à la bande d'or chargée de trois alérions d'azur".
Rhône
Beaujeu, église Saint-Nicolas. Vitraux disparus. Verrière du XIIIe siècle : saint Nicolas. Détruite au XIXe siècle.
Beaujeu, maison d'habitation. Vitraux disparus. Deux rondels du XVIe siècle peints en grisaille et jaune d'argent : saint Nicolas et Saint Roch. Encore en place au milieu du XIXe siècle ; à une date inconnue, celui qui représente saint Nicolas rentre dans la collection de l'abbé Longin.
Chazay-d'Azergues, chapelle Saint-André. Vitraux disparus. Écu armorié de la famille de Barjac (1420). Vendu à un antiquaire en 1922.
Corcelles, château. Vitraux disparus. Fragments de vitraux Renaissance conservés dans la chapelle du premier étage du donjon.
Denicé, église Saint-Pancrace. Vitraux disparus. Cinq verrières datées de 1524 détruites par la foudre le 5 juin 1851.
Lyon, cathédrale Saint-Jean. Vitraux déplacés. Voir le détail des vitraux déplacés dans le Corpus Vitrearum III.
Lyon, cathédrale Saint-Jean. Vitraux disparus. Baie 8 : verrière de la fin du XIIe siècle offerte par Poncia, femme d'Étienne Limandas, consacrée à la Vie de la Vierge (à qui la chapelle était dédiée) ou au thème de l'Arbre de Jessé. Baie 22 : verrière peinte par Perronet Saqueret (1400-1440) et représentant un chevalier, sa femme et leurs armoiries. Baie 25 : vitraux du XVe siècle des lancettes. Baies 111 et 112 : verrières du XVe siècle provenant du chœur de l'église des Célestins à Lyon. Le chapitre de Saint-Jean les obtient en 1678 en échange de vitrerie incolore. Ces oeuvres, dons de princes et même de roi, sont replacées à Saint-Jean dans les trois lancettes orientales de chaque bras du transept. Au nord, saint Pierre en pape était entouré de saint Jacques le Mineur et de saint Maurice. Cette verrière, qui ornait l'une des baies de la chapelles des Onze Mille Vierges à l'église des célestins, avait été offerte par un patricien lyonnais, Aimé de Viry, en 1415, pour honorer le souvenir de son frère. Dans le bras sud, on avait remonté la verrière située derrière le maître-autel de l'église des célestins. offerte par le duc Louis II de Savoie, elle représentait le Calvaire. Ces verrières furent retirées vers 1860 et remplacées par des figures de prophètes, copie de ceux des travées droites du choeur. Les fragments, préservés et déposés dans un magasin dépendant de la primatiale, ont disparu quelques années plus tard. Baies 117 à 132 : verrières du XIIIe siècle consacrées à des figures d'apôtres ou de prophètes ; remplacées par des verrières à motifs géométriques dès 1765. En 1767, la veuve du verrier Prieur ou Priest est payé pour les quatrième, cinquième et sixième vitraux de la nef qui, refaits à neuf, avaient été posés en 1765. Son fils est également payé en 1775 pour la continuation des ces travaux (réalisation en 1769 de deux verrières du côté nord de la nef).
Lyon, église des cordeliers Vitraux disparus. Vingt-deux verrières avec les écus armoriés de la confrérie et le représentation des seize mystères de la Vie de la Vierge, détruites par les Protestants entre 1562 et 1563 ; disparition vers 1840 de la vitrerie du XVIIe siècle ornée des écus armoriés de la corporation des verriers.
Lyon, église Saint-Georges. Vitraux disparus. Vitraux du XVe siècle dans le choeur (sujet inconnu). Lasteyrie signale également quelques fragments du XIIIe siècle au milieu de la vitrerie moderne.
Lyon, Hôtel d'Horace Cardon (28, rue Mercière). Vitraux disparus. Vitrerie losangée du XVIe siècle à une fenêtre de l'étage supérieur.
Lyon, Musée des Art décoratifs. Vitraux disparus. Des vitraux relevés dans les registres d'inventaire du Musée sont considérés comme disparus. Voir le détail dans le Corpus Vitrearum III.
Lyon, URA 26, Université de Lyon II. Vitraux de fouilles. Fragments de vitraux (XIIe, XIIIe, XVe siècles ?) découverts en 1973, provenant de la démolition de la partie occidentale de l'église Saint-Étienne.
Montagny, église Saint-André. Vitraux disparus. Fragments de vitraux du XVe siècle, dans une chapelle latérale : têtes de séraphins, tête d'ange sur un vase ; fragments de vitraux Renaissance dans la chapelle nord.
Neuville-sur-Saône, église Notre-Dame-de-l'Assomption. Vitraux disparus. Deux verrières (classées MH en 1904) contemporaines de la construction de l'édifice en 1680 pour l'archevêque de Lyon, Camille de Villeroy (détruite par l'explosion d'une poudrière le 14 février 1917). Occupant les baies (9 et 10, chacune une lancette en plein cintre) des deux premières chapelles de la nef, elles se composaient de vitreries à bornes entourées de larges bordures peintes avec des émaux (motifs de feuillages ponctués de têtes de chérubins) ; l'écu armorié de Camille de Villeroy ornait le centre de l'une d'elles. A la fin du XIXe siècle, elles avaient été restaurées par Bégule, à l'aide de fragments provenant de plusieurs fenêtres des chapelles latérales. Après l'explosion de 1917, les débris ont été recueillis par les peintres-verriers Nicod et Jubin. Vu leur état trop fragmentaire, on a renoncé au projet de les réutiliser et les verrières ont été déclassées. En 1863, le Musée des Arts Décoratifs de Lyon conservait également un fragment provenant de ces verrières et daté de 1685, mais il a disparu.
Villefranche-sur-Saône, église Notre-Dame-des-Marais. Vitraux disparus. Baie 10 : en plus des panneaux remployés dans la baie 5, on y voyait le Couronnement de la Vierge entouré d'anges adorateurs, musiciens, porteurs de phylactères (deux fragments, une tête d'ange et un buste d'ange musicien, retrouvés par Bégule dans la collection Damiron) et un singe revêtu d'habits royaux (XVe siècle). Baie 13 : jusqu'en 1873, vitraux XVe-XVIe siècles. Vierge à l'Enfant et donateur, sainte Marthe ou Marguerite. Baie 16 : vitraux des XVe-XVIe siècles encore visible vers 1870. Couronnement de la Vierge (en très mauvais état en 1858), Trinité souffrante, saint-Jean l'Évangéliste, saint Pierre, Vierge à l'Enfant tenant une pomme, décor d'architecture avec inscription sur deux arcs et avec un personnage entouré d'un phylactère. Baie 17 : Calvaire entouré d'anges portant les instruments de la Passion. Baie 18 : jusqu'en 1858, ,guirlande de feuillages datée de 1580. Baie 20 : jusqu'en 1858, bordure du XVIe siècle ornée d'un bâton noueux entouré d'un phylactère avec inscription SANCTA TRINITAS UNUS DEUS : MISERERE NOBIS.
Villefranche-sur-Saône, Hôtel de la Bessée. Vitraux disparus. Vitrail du XVe siècle ornant encore au XVIIe siècle l'une des fenêtres de l'hôtel de la Bessée. Panneau carré, la partie d'échecs (1430-1440) peinte en grisaille et jaune d'argent disparue vers 1840. Retrouvé en 1852 chez un fripier de Lyon par Jean-Joseph Sosthène de la Roche la Carelle, historien du Beaujolais ; conservé dans son château de Sassagny en Saône-et-Loire. Photographié vers 1906 par Bégule avec l'autorisation de la nouvelle propriétaire du château, la comtesse de Fleurieu. En 1923, à la mort de la comtesse, dispersion du mobilier et des vitraux du château.
Haute-Savoie
Doussard, maison de Lathuile. Vitraux disparus.
Gruffy, église. Vitraux déplacés. Une rondel du XVIe siècle déposée au Musée-château d'Annecy. Saint Pierre peint en grisaille et jaune d'argent.
Poisy, église Saint-Martin. Vitraux disparus. Fragment déposé au Musée-château d'Annecy : Chrisme.
Thonons-les-Bains, château de Ripaille. Vitraux déplacés. Écu armorié du duc de Savoie, Amédée VIII, peint par Janin Luyssel en 1436. Actuellement déposé à Genève dans une collection privée.
Thorens-Glière, château de Sales. Vitraux disparus. Des quatre vitraux suisses conservées au château de Sales, seul subsiste celui qui représente l'allégorie de l'Été. les trois autres ont été volés et ne sont connus que par leurs inscriptions relevées par Lafond.
Villaz, église de la Nativité de la Vierge. Vitraux déplacés. Panneau complètement brisé du premier tiers du XVIe siècle conservé aux Archives Départementales d'Annecy depuis 1962 et provenant de la baie d'axe de l'église de Villaz ; Oursel l'avait découvert vers 1960 dans la baie de la sacristie où il avait probablement été remployé depuis 1956, date de la restauration de l'édifice. Il représente la Vierge à l'Enfant (partie supérieure) sur un fond damassé entouré d'une bordure décorative peinte avec de la sanguine.
2015 : stagiaire Master 2 Lyon III CEROR (4 mois), mise en forme de dossiers sur la ville de Montbrison [responsable : Caroline Guibaud]
2016 : vacataire INHA cellule vitrail (3 mois), mise en ligne sur patrimoine.rhonealpes.fr des dossiers de l'opération Vitrail ancien [suivi : Caroline Guibaud]