- par Patrick Décousus et Christophe Mégard, architectes urbanistes

La construction, à Châtillon-sur-Chalaronne, des ateliers du Lycée d’enseignement professionnel, donne lieu à une création artistique dans le cadre du 1 %.Ce lycée se compose de deux ensembles :

D’une part un bâtiment à étages déjà ancien, fin du siècle dernier [19e siècle], ayant fait l’objet de multiples transformations, et dont la vocation actuelle est de recevoir les bureaux de l’administration, les salles de cours et des professeurs, ainsi que des logements ;

D’autre part un bâtiment neuf, composé d’un atelier de 1200 m2, pour la réparation et l’entretien de matériel agricole, moissonneuse-batteuses, tracteurs, motoculteurs, tondeuses, etc. et d’un bâtiment à étage recevant salles de dessin, de technologies et de lancements ; l’atelier regroupe les fonctions suivantes : réparation proprement dite et entretien ordinaire, étude des moteurs, métallurgie, hydraulique, électricité et magasin.

Parmi les problèmes que nous avons soulevés concernant précisément les relations entre ces deux bâtiments, il y a celui de l’espace extérieur non structuré qui les sépare. Cet espace est un carrefour. L’entrée principale du lycée, l’entrée du bâtiment administratif et des ateliers, le préau, la rampe d’accès aux handicapés et l’aire de jeux donnent sur ce lieu de convergence. Aussi nous proposons de le structurer par des murs banchés de béton de 1,40 m de haut, qui créeront un espace de transition, de rencontre.

Pour valoriser ce lieu aménagé entièrement dans le cadre du marché de l’État, nous souhaitons qu’il serve de support à l’œuvre d’un artiste local. Les contraintes que nous avons donné à cet artiste sont donc de deux ordres :

- une contrainte de lieu,

- une contrainte de matériau : en effet, les élèves de ce lycée étant en contact permanent avec des outils, dont les ponts communs sont la masse et la matière, le métal est donc le matériau que nous avons imposé à l’artiste.

Fait à Châtillon S/ Chalaronne le 24.08.84

- par Jean-Claude Chorin, artiste dinandier

Il est tout d’abord nécessaire de rappeler la proposition des architectes, afin de mieux comprendre les choix exposés dans la suite de ce document. Cette proposition est la suivante :

Réaliser une œuvre en métal qui doit orner les murs délimitant une zone de repos située entre la cour du L.E.P. Ces murs bordent, d’un côté la surface où se trouvent disposés des bancs, de l’autre des axes de circulation qu’empruntent les élèves. L’œuvre se situe donc à l’extérieur, elle devra résister d’une part aux agressions des lycéens, d’autres part aux éléments naturels, et spécialement à l’humidité. Considérant ce qui précède, j’ai choisi comme matière le laiton qui offre une bonne résistance à la corrosion ainsi qu’une bonne résistance mécanique. Par ailleurs, il me paraît intéressant de l’utiliser brut sous ses formes industrielles courantes : plaques et profilés divers creux ou massifs.

Je propose donc de réaliser des compositions en relief de morceaux de métal tronçonnés et soudés sur des plaques. Ces agencements seront autonomes et ne feront référence à aucune réalité ; peut-être peut-on à leur sujet employer l’expression de « paysages mentaux » ; ils se présenteront sous deux formes :

- d’une part, des panneaux rectangulaires créant une certaine intimité dans ces zones de calme où les gens s’assoient.

- d’autre part, des motifs horizontaux accompagnant le mouvement sur les faces des murs bordant les axes de circulation.

L’aspect de la matière résultera, d’une part de a patine du temps, d’autres part d’une certaine abrasion due au contact des élèves ; les parties en relief resteront brillantes, les zones moins exposées bruniront.

Enfin, pour assurer la bonne conservation de ce 1 %, les assemblages se feront à la brasure d’argent ; les motifs seront fixés et encastrés de quelques centimètres dans les murs afin d’éviter leur décollement.