Tout au long du 19e siècle la destination de la bourse dite de saint Til a été contestée par les auteurs qui la considèrent comme une bourse de viatique : J.-B. Bouillet (Tablettes historiques. 1847;), Delalo (Brageac. 1852) et J.-B. Chabau (1886 ; 1897). Ce dernier à la lumière d'une lecture incomplète de la visite pastorale de 1622 lui conteste ses liens avec les reliques du saint pourtant bien attestés dans cette visite et une visite postérieure.
Saint Till ou Théau ou Tillo, parfois Tillon :
Né vers 610, ce saint, d'après ses hagiographes, est contemporain de saint Eloi qui le rachète et parfait son éducation après qu'il soit fait prisonnier en Saxe. Entre 632 et 640 il est moine à l'abbaye de Solignac (Limousin) avant d'évangéliser la région de Tournai. Il revient à Solignac puis repart en Haute-Auvergne où il crée un ermitage toujours attesté (Boudartchouk, Jean-Luc, Lapeyre, Odette. 1999) puis un nouveau monastère, à Brageac. De retour à Solignac vers 697, il vit en ermite avant de mourir vers 702, un 7 janvier, date à laquelle il sera fêté par la suite.
Les reliques de Solignac :
Son corps est à sa mort conservé à Solignac où il opère plusieurs miracles (en 1067 et 1502) comme le relate Jean-Laurent Dumas dans sa chronique (Chronique du monastère Saint-Pierre de Solignac. av. 1672). Parmi les saint vénérés dans le diocèse de Limoges en 1305/1307, Bernard Gui, auteur du "catalogue des saints qui ornent les églises du diocèse de Limoges", cite saint Théau à Solignac (Légende dorée... 1993) Jean-Laurent Dumas signale deux translations du corps de saint Théau qui se fêtent le 19 avril et 19 juin dont il ignore le détail mais à l'époque médiévale un catalogue des reliques (disparu mais copié au XVIIe siècle), cite les reliques de saint Théau. Le même auteur ignore aussi à l'époque de sa chronique où se trouve conservé le corps, disparu ou probablement brûlé avec les autres reliques du monastère par les troupes protestantes qui saccagent l'église en 1569. Réputées sauvées par un marguiller du monastère, les reliques, "ossements rompus, brisés et demi-brûlés" sont ramassés dans une châsse. Lors des ostensions des reliques en 1953 on ouvre une chasse renfermant "pêle-mêle des fragments d'os, des sachets d'étoffes contenant des reliques, des morceaux de métal fondu, de bois brûlé, des authentiques dont certaines remontaient à l'époque mérovingiennes" (J.-L. Lemaître. 1987). Ces reliques sont disposées alors dans un nouveau reliquaire portant la mention "reste des reliques brûlées en 1569 (St Théau, St Eloy, St Remacle, etc.)" (base de données Palissy : IM87001598°).
A Solignac subsistent par ailleurs les reliques de saint Théau conservées dans le chef reliquaire du même nom qui n'est toutefois pas reconnu comme tel par Jean-Laurent Dumas avant 1672. (Légende dorée du Limousin. 1993)
Les reliques et la bourse de Brageac :
A Brageac, contrairement à la lecture de J.-B. Chabau, les reliques de saint Til sont bien mentionnées en 1622 (Procès verbal... 1622), aux côtés de la bourse contenant un os brûlé : "un autre reliquaire fait en chapiteau de cuivre doré avec des images à côté et au derrière dans lequel nous avons trouvé un taffetas rouge dans lequel sont des ossements avec un écriteau St Till et aussi dans icelui taffetas des petits ossements sans écriteau au dedans dudy reliquaire y a une pierre plus une bourse en broderie entourée de perles et boutons d'argent et dedans un ossement brulé et noir sans écriteau et encore un ossement sans écriteau dedans". En 1652 (Procès verbal...1652), toujours à Brageac, les reliques sont alors mentionnées dans la bourse : "d'autres petits reliquaires, un en bois couvert de lames de cuivre[...] dedans iceluy avons trouvé une bourse de drap d'or brodée avec des [...]des perles dans laquelle bourse il y a plusieurs notables reliques sur l'un des paquets est inscrit de saint Tilloné".
Au fil du 18e siècle les différentes visites pastorales ne mentionnent plus la bourse mais les reliques seules, peut-être déplacées dans une nouvelle châsse conformément aux préconisations de l'évêque (Procès verbal... 1676). Dom Jacques Boyer signale également les reliques sans la bourse lors de sa visite du 30 janvier 1712.
La bourse :
L'iconographie et la forme de la bourse permettent d'envisager une datation de la fin du 15e siècle. On ignore si cette bourse préexistait lors de la translation des reliques de saint Till qui pourrait être plus tardive (après 1569?), ou si elle était déjà une bourse à reliques à la fin du 15e siècle.
Saint Til, saint Till, saint Tillo ou saint Théau. Né vers 610. Esclave capturé en Saxe et racheté par saint Eloi, de 632 à 640, mène une vie de moine à Solignac. De 640 à 659, il reçoit de saint Eloi la mission d'évangéliser ses compatriotes saxons vers Tournai. Fonde un ermitage à Brageac, en Haute-Auvergne en 659, vers 697 retourne à Solignac où il meurt (vers 702). Enterré à Solignac, son corps sera brûlé par les calvinistes, mais il en subsiste des vestiges dans un buste reliquaire.