Le projet pour le lycée Paul Héroult fait appel aux notions de cartographie et de représentation du monde, mais cette fois en s’appuyant sur les recherches de Richard Buckminster Fuller (architecte, designer américain du début du XXème siècle, inventeur notamment du dôme géodésique) et plus précisément sur la carte qu’il a dressée du monde dès 1927 et affinée pendant plus de 25 ans.

La projection de Fuller, Dymaxion, repose sur « un principe simple (qui) gouverne la fabrication de cette carte : répartir la déformation induite par une projection classique sur un ensemble d’éléments dissociables, mais qui puissent être juxtaposés pour composer une carte plane. La solution d’un tel problème passe par le dépliage. Il suffit en effet d’emballer le globe dans un volume développable qui en épouse la forme d’assez près, de projeter ensuite la sphère sur la surface de ce volume, puis de le déplier. Le volume choisi par Fuller est l’icosaèdre, (polyèdre) composé de 20 triangles équilatéraux. »

Sur ce principe de projection et de mise à plat, Buckminster Fuller a développé la carte du monde en 2 dimensions la plus précise, jouant sur une vision globale de la planète, déformant au minimum les superficies et contours des continents.

La projection de Fuller a également l’avantage de ne séparer aucun continent et ainsi de montrer le monde dans toute son intégrité.

L’intervention d’Angela Detanico et Rafael Lain propose une réappropriation de cette forme et de son contenu. Conservant la forme initiale du polyèdre mis à plat, ils ont décidé d’effacer l’image et les contours des continents pour ne garder que le nom des capitales à leur réel emplacement.

Ils ont aussi souhaité créer le pendant céleste de cette projection, élément miroir qui fait apparaître le nom des constellations et des planètes du système solaire. Cette carte encore inexistante sera élaborée avec un cartographe et un astronome spécifiquement pour ce projet.

Souhaitant donner une dimension utile à cette image, en relation avec une des fonctions de l’établissement, cette carte a pris la forme d’une table.

Le monde, sans continent, sans océan, sans frontière, sans pays, alors résumé à ses seules capitales sera lisible pour certains, plus mystérieux pour d’autres, source de questions et d’échanges.

Les personnes assises à table, en levant les yeux, verront la voûte céleste cartographiée sur le même principe, table symétrique suspendue au plafond.

Cette sculpture, symbole d’ouverture sur le monde et ce qui l’entoure, mais aussi sur le monde et ce qui le constitue sera aussi un lieu de convivialité et de curiosité.