Dossier d’œuvre architecture IA63001008 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, pentes de la commune de Thiers
Abbaye du Moûtier
Œuvre étudiée
Copyright
  • © Région Auvergne - Inventaire général du Patrimoine culturel, ADAGP

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Auvergne - Thiers
  • Commune Thiers
  • Adresse avenue Joseph-Claussat , avenue de la Libération
  • Cadastre 2012 AT 213  ; 2012 AT 214
  • Dénominations
    abbaye
  • Genre
    de bénédictins
  • Vocables
    Saint Symphorien
  • Appellations
    abbaye du Moûtier
  • Parties constituantes étudiées

Une communauté religieuse se serait formée dans la partie basse de la vallée de la Durolle à une époque indéterminée (8e siècle ?), postérieure en tout cas à 580 (date d'un texte de Grégoire de Tours). Il semblerait cependant qu'une église Saint-Symphorien, construite en bois, ait existé préalablement à l'installation des moines (peut-être dès le 2e quart du 6e siècle ?) dans le castrum mérovingien déjà établi en ce lieu ; elle aurait été incendiée en 532 puis reconstruite.

La fondation du monastère n'a donc pas créé de nouvelle agglomération.

L'emplacement de la communauté des moines est, lui, confirmé. Encore de nos jours, l'appellation du quartier (Le Moûtier) confirme bien cette localisation.

Au début du 11e siècle, le monastère constitue l'un des trois "noyaux" qui vont former, à terme, la ville de Thiers ; en 1011, il est cédé à l'abbaye bénédictine de Cluny. L'église est peut-être reconstruite à cette époque (voir dossier IA63001242). L'abbé du Moûtier exerce alors les droits de justice et de ban sur le quartier ; un acte de pariage est conclu entre l'abbé et Alfonse de Poitiers en 1251, qui prévoit en particulier, outre la défense et l'intéressement aux profits des droits de l'abbaye, le projet de réalisation d'une ville neuve. Ce projet provoque un conflit avec le seigneur du château (dans la ville haute) et finit par échouer. Au cours du 13e siècle, l'abbaye commence à décliner. Au 15e siècle, une campagne de reconstruction aurait été menée : des vestiges de cette époque sont encore visibles dans le logis abbatial (escalier en vis, salles voûtées).

En 1568, l'abbaye est l'objet d'un pillage par les Huguenots (comme l'ensemble des églises de la ville) : selon un compte-rendu de l'époque, l'ensemble des bâtiments aurait été endommagé (incendié ou partiellement détruit), description qui nous donne un aperçu des bâtiments de l'abbaye au 16e siècle : église, chapelles, clochers, cloître, dortoir, cuisine, réfectoire, couvent (?) et "autres maisonnages", maison abbatiale... Des travaux de restauration sont vraisemblablement menés dans les années qui suivent.

Les ressources de l'abbaye se raréfient au cours du 17e siècle : en 1679, elle ne peut plus faire face aux dépenses, de restauration des bâtiments en particulier (comme la nef et le clocher). L'évêque menace même l'église d'interdiction. En 1689, une dissolution de la communauté est prononcée devant notaire. Dissolution très provisoire semble-t-il, puisque la communauté est mentionnée à nouveau l'année suivante, avec un nouveau prieur à sa tête. En 1707, une grave inondation ravage à nouveau toute l'abbaye (elle détruit en particulier le jardin et la vigne, la cuisine, l'arrière-cuisine et son four à pain, le réfectoire, les dortoirs, un cuvage...) : "(...) premièrement le dégât commença par l'enlèvement d'un terrain soutenu de 12 à 15 gros arbres qui défendait l'abbaye de l'inondation, et une vigne de la contenance de 25 oeuvres, desquelles la rivière en a emporté 3 oeuvres, et une forte et grosse muraille qui servait de garde à la maison des religieux, ladite muraille appelée la chambrerie ; le tout fut emporté ; et la rivière ayant pris son cours à l'endroit où étaient la vigne et la chambrerie, toute la force de l'eau alla donner contre une arrière-cuisine où il y avait le four, et qui servait de paneterie, ladite arrière-cuisine de la largeur et longueur de 20 pieds, une cuisine à côté, voûtée et à plain-pied ; le réfectoire large de 20 pieds et long de soixante a été entraîné par l'eau, et il n'en reste aucune marque qu'une cheminée, et l'eau a pris son cours à l'endroit où était le bâtiment ; au-dessus étaient des chambres et dortoir desquels il ne reste aucune apparence. Au dernier de la maison de la chambre, il y avait un jardin et un grand passage voûté qui servait pour aller dans les cuisines, réfectoire et jardins ; il n'en paraît aucune marque. Plus a été emportée une partie d'un cuvage voûté et une partie d'une chambre au-dessus jusques au couvert, lequel est si fort endommagé que personne n'ose hasarder de monter dessus pour aller quérir les tuiles qui ne sont soutenues que par une poutre qui ne tient que d'un côté. Avons remarqué que la chute des bâtiments a fait entr'ouvrir les cloîtres en plusieurs endroits, ce qui emportera infailliblement tout le reste de la maison. Plus, il paraît encore que l'église quoique éloignée de 50 pas de la rivière a toujours restée mouillée depuis l'inondation. La force de l'eau qui venait avec impétuosité par dessous, a enlevé une grande et grosse pierre qui était un tombeau d'un particulier dans la nef de l'église ; et dans une chapelle qui est à côté du choeur, élevée d'un demi-pied plus que la nef, elle a aussi enlevé un autre tombeau. Tous ces dégâts ne peuvent se réparer (les choses en l'état qu'elles étaient) à moins de 12 000 livres ou environ. Mais à présent pour empêcher que le peu de bâtiments qui a resté ne soit entraîné par la rivière qui a changé son cours ordinaire, on estime qu'il faut faire une longue et forte digue d'entour 200 toises pour remettre la rivière." (extrait du P.V. dressé devant notaire en décembre 1707, répertoriant les dégâts subis par l'abbaye 1).

Des travaux sont finalement réalisés, y compris sur le logis abbatial, moins touché par l'inondation, mais réaménagé cependant au cours du 18e siècle. La partie médiévale de ce dernier est redécorée et une extension (aile en retour) est construite côté nord.

Mais la communauté est couverte de dettes et finit par se disperser. Il ne reste plus que deux moines en 1767. En 1782, une bulle papale de Pie VI supprime l'abbaye. A la Révolution, tous les biens de l'abbaye sont vendus comme biens nationaux.

L'église redevient église paroissiale au début du 19e siècle. A la fin de ce même siècle, dans les années 1870-1880, la construction de la route de la Vallée, sur la rive gauche de la rivière, coupe les anciennes propriétés de l'abbaye en deux et sépare l'église et le logis abbatial, devenu propriété privée ; les autres vestiges de l'abbaye disparaissent définitivement. Deux galeries sont ajoutées sur le logis abbatial, entre les deux tours, au milieu du 19e siècle et en 1904 ; à cette date, les parties hautes sont également refaites.

1Voir BIGAY, Alexandre. "L'abbaye du Moutier. Essai historique", d'après un document conservé aux archives municipales de Thiers.

L'installation des moines dans cette zone n'est pas exactement datée (8e siècle ?). Mais une église aurait pré-existé à cette installation (dès le 2e quart du 6e siècle ?) dans le castrum mérovingien établi là.

Au début du 11e siècle, en 1011, le monastère est cédé à l'abbaye bénédictine de Cluny. L'église est peut-être reconstruite à cette époque. Au cours du 13e siècle, l'abbaye commence à décliner.

Au 15e siècle, une campagne de reconstruction aurait été menée : des vestiges de cette époque sont encore visibles dans le logis abbatial (escalier en vis, salles voûtées). En 1568, l'ensemble des bâtiments de l'abbaye aurait été endommagé (incendié ou partiellement détruit par les Huguenots). Des travaux de restauration sont vraisemblablement menés dans les années qui suivent.

En 1707, une grave inondation ravage toute l'abbaye (à l'exception de l'église et du logis abbatial). Des travaux vont finalement être réalisés, y compris sur le logis de l'abbé, réaménagé au cours du 18e siècle. La partie médiévale de ce dernier est redécorée et une extension (aile en retour) est construite côté nord.

En 1782, une bulle papale de Pie VI supprime l'abbaye et à la Révolution, tous les biens de l'abbaye sont vendus comme biens nationaux. Dans les années 1870-1880, la construction de la route de la Vallée coupe les anciennes propriétés de l'abbaye en deux et sépare l'église et le logis abbatial ; les autres vestiges de l'abbaye disparaissent définitivement.

Au milieu du 19e siècle et en 1904, deux galeries sont ajoutées sur le logis abbatial, entre les deux tours ; à cette date, les parties hautes sont également refaites.

  • Période(s)
    • Principale : 8e siècle , daté par travaux historiques , (incertitude)
    • Principale : 11e siècle , daté par travaux historiques , (incertitude)
    • Secondaire : 15e siècle , daté par travaux historiques
    • Secondaire : 2e moitié 16e siècle , daté par travaux historiques , (incertitude)
    • Secondaire : 2e moitié 17e siècle , daté par travaux historiques
    • Secondaire : 18e siècle , daté par travaux historiques
    • Secondaire : milieu 19e siècle , daté par travaux historiques
    • Secondaire : 1er quart 20e siècle , daté par travaux historiques

Le procès-verbal des dégâts des inondations de 1707 et l'acte de prise de possession de l'abbé Germain Châteigner de la Châteigneraye en 1742 permettent de déterminer en partie la configuration générale de l'abbaye (voir l'essai historique d'Alexandre Bigay - référence documentaire dans ce dossier).

La plupart des constructions de l'abbaye se trouvaient au nord de l'église. Un grand jardin était contigu et en vis à vis du logis abbatial (appelé "château") à l'est ; un petit pré était situé au bas du jardin. Les autres bâtiments (cloître, réfectoire, dortoir, chambrerie, cuisine et arrière-cuisine) devaient s'aligner parallèlement à l'église, en partie entre celle-ci et le jardin, à peu près à l'emplacement de la route actuelle, et en partie entre le jardin et la rivière (cas de la chambrerie probablement). Le verger devait s'étendre à la place de la cure et du jardin du 20e siècle.

Le "château" lui-même, constitué d'un corps de bâtiment encadré de deux tours rondes côté ouest (reliées tardivement par deux niveaux de galeries ouvertes), présentait à l'intérieur (du moins selon la description de Louis Bréhier pour le Congrès archéologique de France de 1925) "une grande cour entourée de constructions d'aspect assez pauvre avec au rez-de-chaussée plusieurs portes surmontées d'arcs en accolade." Son entrée était fortifiée.

Dans les années 1870-1880, la construction de la route de la Vallée, sur la rive gauche de la rivière, a coupé les anciennes propriétés de l'abbaye en deux et séparé l'église et le logis abbatial, devenu propriété privée.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
    propriété d'une personne privée
  • Protections
    inscrit MH, 2006/09/27
  • Précisions sur la protection

    Abbaye comprenant l'église (cad. AT 213), le châtelet et le logis abbatial du 18e siècle (cad. AT 214) : inscription par arrêté du 27 septembre 2006.

Documents d'archives

  • Compte-rendu de CRPS, 20 juin 2006.

    p.7-8

Bibliographie

  • JACQUETON, Hubert. Etudes sur la ville de Thiers. Marseille : Laffitte Reprints, 1977. Réimpression de l'édition de Paris, 1894.

    Collection particulière
    p.7-8
  • Au pays de la coutellerie. Huit jours à Thiers. Thiers : éditions A. Favyé, 1921, 5e édition.

    Région Auvergne-Rhône-Alpes, SRI, site de Clermont : 63.069
    p. 72-73
  • BIGAY, Alexandre. L'abbaye du Moutier. Essai historique. Thiers : Société d'Etudes locales de Thiers éditeur, s.d. [entre 1926 et 1944].

    Région Auvergne-Rhône-Alpes, SRI, site de Clermont : 63.345
    p. 98, 124-127, 234-235
  • BIGAY, Alexandre. Thiers, capitale de la coutellerie. Thiers : éditions Paris, Mont-Louis imprimeur à Clermont-Ferrand, 1953.

    Collection particulière
    p. 126-127
  • MANRY, André, dir. Histoire des communes du Puy-de-Dôme. Arrondissement d'Ambert. Arrondissement de Thiers. Le Coteau : Horvath, 1987.

    Région Auvergne-Rhône-Alpes, SRI, site de Clermont : CDP M052 (3)
    p. 239
  • BOOS, Emmanuel de. L'armorial d'Auvergne Bourbonois et Forestz de Guillaume Revel. Nonette : édition Créer,1998.

    Région Auvergne-Rhône-Alpes, SRI, site de Clermont : AUV.151 (1)
    p. 130
  • PERRY, Patrick. L'ancienne abbatiale du Moûtier de Thiers en Auvergne : nouvelles considérations sur le monument du XIe siècle. Zagreb : Hortus artium medievalium, 2000.

    B Patrimoine, Clermont-Ferrand : A14039
    p. 105-122

Périodiques

  • BREHIER, Louis. Eglise du Moûtier. Congrès archéologique de France, LXXXVIIe session de 1924 à Clermont-Ferrand, 1925.

    Région Auvergne-Rhône-Alpes, SRI, site de Clermont : AUV. 23 (2)
    p. 287-288, 322-323
  • FOURNIER, Gabriel. Châteaux, villages et villes d'Auvergne au XVe siècle, d'après l'Armorial de Guillaume Revel. Bibliothèque de la Société française d'archéologie, 1973, n° 4.

    Région Auvergne-Rhône-Alpes, SRI, site de Clermont : AUV.025
    p. 86
  • VALAUDE, Paul. Les Huguenots à Thiers. Le Pays thiernois, septembre 1995, n° 21.

    Région Auvergne-Rhône-Alpes, SRI, site de Clermont : CDP
    p. 2-3
  • VALAUDE, Paul. L'abbaye du Moûtier à Thiers - Documents inédits. Le Pays thiernois et son histoire, automne 1998, n° 23.

    Région Auvergne-Rhône-Alpes, SRI, site de Clermont : CDP
    p. 14-16, 19-20

Documents figurés

  • Thiers [quartier du Moutier], dessin au crayon, par Jules-Louis Coignet, 1er octobre 1838.

    Musée d'art Roger-Quilliot à Clermont-Ferrand : 2972
  • THIERS - Vieux château autrefois porte fortifiée de l'Abbaye du Moutier (VIIIIe siècle), carte postale noir & blanc, collection "L'AUVERGNE", n° catalogue 227, par G. d'O [Gouttefangeas à Olliergues], s.d.

    Collection particulière
  • MOUTIER. - L'ancienne abbaye et l'Eglise, carte postale noir & blanc, n° catalogue 98, par ND photographe, s.d. [début du 20e siècle ?].

    Collection particulière
Date(s) d'enquête : 2008; Date(s) de rédaction : 2013
© Région Auvergne - Inventaire général du Patrimoine culturel
Articulation des dossiers