Dossier d’œuvre architecture IA69007581 | Réalisé par
Paitard Albane (Enquêteur)
Paitard Albane

Stagiaire au Service de l'inventaire en 2016.

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Delavenne Magali (Rédacteur)
Delavenne Magali

Conservatrice du patrimoine, chercheure au Service de l'Inventaire (2014- ).

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  • inventaire topographique, Inventaire de la Ville de Lyon
  • opération d'urgence
Asile d'aliénés, dit Maison de santé Binet, puis clinique de Champvert
Œuvre monographiée
Auteur
Copyright
  • © Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
  • © Ville de Lyon

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Lyon Urgences
  • Commune Lyon 5e
  • Adresse 71 rue Benoist-Mary
  • Cadastre 2016 AW 192, 193, 194  ; 1831 V 209, 220-236

L’ancienne maison de santé ou clinique psychiatrique de Champvert a fonctionné dans ses bâtiments historiques de 1835 à 2013. Elle a fait l’objet des deux campagnes d’inventaire en opération d’urgence en 2012 et en 2016, dans le cadre de sa restructuration complète entraînant la démolition de l’essentiel des bâtiments historiques.

L’ensemble se compose de 5 parties constituantes faisant l’objet d’un sous-dossier. Le logis (puis bâtiment administratif), antérieur à la Révolution française, est peut-être implanté sur le site de l’ancienne maison forte de Champvert [IA69007582]. Les deux ailes des hommes [IA69007583] et des femmes [IA69007587] sont construites dans le deuxième quart du XIXe siècle, peu après l’installation de la clinique, puis dotées d’extensions hétérogènes au cours du XIXe et du XXe siècle. La villa du directeur est construite en 1910 [IA69006930]. Les aménagements du parc ont également été étudiés [IA69007589].

I - La maison forte de Champvert

Selon l’historien Émile Salomon, la clinique de Champvert se serait installée sur le site de l’ancienne maison forte de Champvert, remontant au XVIe siècle. L’étude n’a pas permis de confirmer le lien entre la clinique et la maison forte, dont il ne reste par ailleurs aucun vestige visible. En 1938 déjà, Émile Salomon affirmait : « Il ne reste pas grand-chose de l’ancienne maison-forte, largement remaniée depuis sa transformation en clinique » (SALOMON, Émile. Les châteaux historiques du Lyonnais et du Beaujolais, p. 137-138).

Au XVe et au XVIe siècle, le terrain où s’implantera plus tard la clinique de Champvert appartenait à la famille Bullioud (PELLETIER, André. Lyon 5e arrondissement. Aux origines de la ville, p. 118).

Selon Émile Salomon, il existait une maison forte à Champvert qui semble avoir été construite à la fin du XVIe siècle par Jean-François Agnès, marchand bourgeois de Lyon (1576-1639) et qui sera léguée de générations en générations. Le site de Champvert a appartenu, à la fin du XVIIe siècle, en 1677 à Jacques Messier, recteur de l’Aumône Générale et échevin de Lyon, « qui embellit considérablement Champvert ». En 1712, Champvert appartient à Charles Palerne, recteur de l’Aumône Générale, échevin de Lyon en 1730-1731. Selon Émile Salomon, les Palerne firent à Champvert d’importantes transformations et lui donnèrent son aspect définitif, représenté sur une gravure datant du XIXe siècle. A la suite des Palerne, Jean Mermier, receveur général des fermes du Roi, fut propriétaire de Champvert qu’il légua à sa femme, Élisabeth François. Enfin, en 1782, le château appartenait à Antoine Durand, baron de Châtillon d’Azergues.

Sur le plan terrier de 1736 (AC Lyon, 1 S 124), le domaine de Champvert est partagé en deux propriétés appartenant à Duret et à Ennemond Berne. D’une superficie totale de 12 hectares, il est planté en vignes et en verger. Un seul bâtiment, de plan en L, était construit à cette époque, à l’emplacement du futur logement du directeur de la clinique, qui s’est peut-être implanté à la place du château.

La plus ancienne vue connue est un dessin de 1810, communiqué par le docteur Gabourd et reproduit par Marie Grangier dans le livre d’Émile Salomon. Cet auteur décrit sommairement la maison forte : "avec son bâtiment principal, ses imposantes dépendances, sa tour élevée et sa chapelle, l'antique résidence, embellie par plusieurs de nos échevins, avait fort grand air alors qu'elle trônait au centre d'un paysage idéal". Le bâtiment principal parait être un immeuble à deux corps de bâtiments en L reliés par la tour d'escalier en vis, haut de deux étages. Les dépendances sont implantées perpendiculairement au logis, à l'emplacement de la partie méridionale de l'aile des hommes avec laquelle elles partagent le même gabarit. Elles ont vraisemblablement été construites entre 1724 et 1810. Le logis et les dépendances sont reliés par un mur percé de deux arcades en plein cintre. Champvert en 1810, dessin reproduit dans Salomon, Emile. Les Châteaux historiques du Lyonnais et du Beaujolais. p. 135.Champvert en 1810, dessin reproduit dans Salomon, Emile. Les Châteaux historiques du Lyonnais et du Beaujolais. p. 135.

II- La maison de santé Renevier

La maison de santé Binet, clinique pour maladies nerveuses, s’implante sur le site de Champvert en 1835.

Cet établissement avait été fondé à la fin du XVIIIe siècle (probablement en 1796) par Mademoiselle Catherine Renevier (1761 - 29 avril 1844). Il était installé d’abord sur le coteau de Saint-Just, au lieu dit Bains Romains, lieu « rempli de souvenirs de l’occupation romaine et des premiers temps du christianisme », au 29 rue des Farges. Cette création est caractéristique d’un phénomène bien identifié de l’histoire de la psychiatrie et de la médecine. En effet, l’aliénation est le premier secteur où émerge une demande d’hospitalisation au sein des populations aisées. Jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, les familles aisées pouvaient faire interner à leurs frais leurs aliénés dans des maisons de force. Pendant la Révolution, la suppression des lettres de cachet et la dissolution des ordres religieux laisse ces familles dans le plus grand désarroi. Dans les grandes agglomérations, des médecins (comme Jean-Etienne Esquirol à Paris) ou des particuliers ouvrent des maisons de santé laïques pour accueillir une clientèle particulière, car le secours aux pauvres et aux malades était auparavant assuré uniquement par des ordres religieux avec des sœurs hospitalières (BELMAS, Elisabeth ; NONNIS-VIGILANTE, Serenella. La santé des populations civiles et militaires : nouvelles approches et nouvelles sources hospitalières, 17e-18e siècle, p. 265). C’est l’exemple de la maison de santé de Catherine Renevier. Il s’agit d’une des premières cliniques payantes réservées à une clientèle aisée.

A la fin de sa vie, Catherine Renevier cède sa maison de santé à son petit-fils adoptif, Pierre Binet des Roys (AD Rhône. 3E 11066. Acte de mariage de Pierre Binet, 18 janvier 1832). Catherine Renevier avait adopté Monique Renevier. Après le décès prématuré de Monique et de son époux Antoine Binet, Catherine Renevier accueille et prend en charge ses trois petits-fils Pierre, Jean-Baptiste et Louis Binet. L’aîné, Pierre Binet, est étroitement associé à la gestion de la maison de santé de sa grand-mère : à partir de 1828 environ, il est considéré comme le gérant principal de l’établissement. En 1832, il épouse Julienne des Roys Deschandelis, issue d’une famille noble d’origine auvergnate : née à Lyon le 26 avril 1809, Julienne est la fille de Sophie Truard et de Joseph Guillaume Desroys chevalier de l’ordre royal et militaire Saint Louis et de la légion d’honneur, directeur du télégraphe à Lyon (AC Lyon. 2 E 266, registre des mariages, acte n°37, 18 janvier 1832).

A l’occasion de ce mariage, Catherine Renevier fait donation à son petit-fils de son établissement de santé pour aliénés « pour marquer sa reconnaissance pour le zèle et l’intérêt que Pierre Binet a apporté à la prospérité de l’établissement » et son affection pour lui. Dans le contrat de donation établi par maitre Ducruet à Lyon, Pierre Binet s’engage à loger, nourrir, blanchir en commun ménage avec lui Mlle Renevier jusqu’à son décès et à lui fournir, soit dans ledit établissement, soit dans tout autre de ce genre qu’il formera ailleurs, un appartement suffisant pour contenir tous les objets mobiliers qu’elle s’est réservés. Pierre Binet s’engage aussi à loger, nourrir et blanchir pendant deux ans à partir de ce jour, Jean-Baptiste et Louis Binet, ses deux frères mineurs. La valeur totale de la donation tant pour le mobilier de l’établissement que pour la clientèle, est estimée à 14.000 francs. Catherine Renevier fera aussi donation d’une somme de 43.000 francs. A la suite du contrat de mariage sera fait l’inventaire du mobilier de l’établissement de santé dont Mlle Renevier fait donation à Pierre Binet (inventaire fait le 14 janvier 1832 par maitre Ducruet).

La maison de santé de Catherine Renevier était installée dans une maison avec jardins et dépendances, louée à M. Lachasse depuis 1811 (bail enregistré à Lyon le 24 août 1811). Ce bail expire le 1er janvier 1835. A l’expiration du bail de la maison rue des Farges, Pierre Binet transporte en janvier 1835 la clinique pour aliénés à Champvert, au 69 et 71 chemin des Grandes Terres, dans la propriété du docteur Étienne Chinard.

III- L’installation de la maison de santé à Champvert

Le terrain sur lequel est installée la clinique est, au XVIIIe siècle, essentiellement planté en vignes et vergers, à l’exception du logis qui existe déjà sur les plans datant du 18e siècle : c’est dans cette maison que s’installe Pierre Binet, elle porte le n°35 chemin des Grandes-Terres. Pour accéder à la clinique il faut emprunter un chemin partant de l’actuelle rue de la Favorite, le chemin des Grandes-Terres devenu rue Benoist-Mary en 1946.

Le docteur Étienne Chinard, un associé ou un investisseur ?

Étienne Chinard, docteur en médecine, habitait dans la même rue que Catherine Renevier, au n°50 rue des Farges. Il est possible qu’il ait été le médecin attitré de l’établissement Renevier, et qu’il soit ainsi entré en affaires avec Pierre Binet pour préparer le déménagement de la maison de santé.

A cet effet, il acquiert une vaste propriété de plusieurs hectares à Champvert, par deux transactions successives en 1829 et 1837. Cette chronologie correspond exactement à la période du directorat de Pierre Binet et du transfert de la maison de santé.

Étienne Chinard acquiert d’abord, par adjudication publique le 16 mai 1829 (AD Rhône. 3 E 11100 - à préciser) une terre et un immeuble appartenant à Jean-Pierre Dupré, pour un montant de 49 825 francs. C’est sur cette propriété que s’implante la clinique en 1835.

Puis, les 3 et 4 janvier 1837, il achète un tènement de fonds en terre de 13 hectares aux mariés Blin et Brumy, terre appartenant à Charles Brumy depuis 1801, et destinée vraisemblablement à l’agrandissement de la clinique.

La conduite du projet d’extension de la maison de santé semble donc assurée par un binôme associant le gérant de l’hôpital psychiatrique (Pierre Binet en 1835) et le médecin en chef (Étienne Chinard). Par la suite, Pierre Binet lui rachètera progressivement ces terrains entre 1839 et 1849, alors que le docteur Chinard parait se retirer à Regnié, canton de Beaujeu. Il fera former deux de ses fils à la médecine, de façon à ce que l’un des deux puisse lui succéder à la direction de l’établissement.

La construction du bâtiment des hommes (1830)

Pierre Binet et sa famille installent leur domicile dans l'ancienne maison forte, 35 chemin des Grandes Terres. Sur le plan cadastral de 1831, ce bâtiment correspond à la parcelle V 225. La matrice cadastrale de 1836 le décrit comme « bâtiment sur cour » : au rez-de-chaussée, il comprend des dépendances agricoles « écurie, remise, fenil, caves, puits, cellier » et 9 chambres correspondant au logement du fermier ; au premier étage, il comprend 11 pièces formant 3 logements bourgeois (AD Rhône, 3 P 138/206). Ce logis peut donc facilement accueillir le ménage de Pierre Binet, le domicile de sa grand-mère Catherine Renevier, et celui de ses deux frères cadets Louis et Jean-Baptiste.

Les bâtiments accueillant les aliénés sont spécialement construits à cette occasion, après l’acquisition des terrains en 1829 mais immédiatement avant la levée du plan cadastral napoléonien qui les représente en 1831. Les patients hébergés auparavant rue des Farges sont installés dans l’alignement composé de trois corps de bâtiments à l’est de la maison (parcelles n°222bis, 222ter, 222quater), comprenant chacun deux étages et dont la structure parait avoir peu évolué depuis. Le premier bâtiment, au nord, est composé de « Rez-de-chaussée : salles de réception, 6 salles basses à fenêtres grillées, chambre de sureté. 1er étage : 6 chambres. 2e étage : 8 chambres. » Le second, au centre, présente : « Rez-de-chaussée : cuisine basse, bains et douches et sept cabinets. 1er étage : 8 chambres. 2e étage : 9 chambres. » Enfin, le troisième bâtiment au sud de l’alignement comprend : « Rez-de-chaussée : 2 chambres basses dites de sûretés. 1er étage : 6 chambres. 2e étage : 7 ou 8 chambres ». On peut remarquer notamment que la configuration en forte pente du terrain est utilisée pour ménager des espaces utilitaires demi-enterrés dans les niveaux de soubassement : cuisine et salles d’eaux dans le corps central, chambres d'isolement pour les malades agités dans les deux corps nord et sud. Les bâtiments nouvellement installés offrent alors jusqu’à 45 chambres (six à huit chambres par étage). Vue de la maison Binet avant la construction de l'aile des femmes, dessin reproduit dans Salomon, Emile. Les anciennes demeures seigneuriales du Lyonnais transformées en cliniques ou hôpitaux.Vue de la maison Binet avant la construction de l'aile des femmes, dessin reproduit dans Salomon, Emile. Les anciennes demeures seigneuriales du Lyonnais transformées en cliniques ou hôpitaux.

La construction du bâtiment des femmes (ca 1840-1845)

La construction des bâtiments de l’alignement ouest n’est pas précisément documentée. Néanmoins, une brochure promotionnelle publiée en 1854 sous le titre « Maison de santé de Champ-vert » indique que cet établissement « vient de recevoir des agrandissements considérables et une distribution en rapport avec la science moderne ». Elle précise que c’est « conformément aux prescriptions de l’ordonnance du 18 décembre 1839 » qu’ont été édifiés deux corps de bâtiments « complètement isolés l’un de l’autre [pour recevoir] les malades de l’un et l’autre sexe ».

En effet, la loi du 30 juin 1838 impose l’ouverture d’un asile pour les aliénés de chaque sexe dans tous les départements du Royaume. Elle fait suite à une grande enquête initiée par le ministre Gasparin auprès des établissements d’aliénés, et s’inspire des théories de l’aliéniste Pinel (Traité médico-philosophique sur l’aliénation mentale ou la manie) et de ses disciples Ferrus et Esquirol. Chaque département est tenu d’avoir un établissement public destiné à recevoir et soigner les aliénés ou traiter à cet effet avec un établissement public ou privé soit de ce département, soit d’un autre département. On peut donc dater la construction du bâtiment des femmes après 1839. Par ailleurs, comme le « logement des Dames » est explicitement cité dans l’acte de vente de 1845, on peut également la situer avant cette date.

Le bâtiment des femmes, de dimensions légèrement inférieures au bâtiment des hommes puisqu’il ne compte que deux corps de bâtiments alignés au lieu de trois, est construit dans un esprit de symétrie par rapport à l’alignement existant. Il reprend notamment la même implantation dans la pente, le même gabarit et la même composition. Cependant, la mise en œuvre parait plus soignée et la construction plus qualitative, en particulier dans la maçonnerie des niveaux de soubassement et les détails d’architecture qui pourraient trahir l’intervention d’un architecte plus qualifié. On sait par ailleurs que la clinique de Champvert, sous la direction de Pierre Binet et avant 1870, a été restaurée ou a vu de nouvelles constructions par Louis-Gaspard Dupasquier (1800-1870), architecte lyonnais et disciple de Viollet-le-Duc. En effet, selon Léon Charvet, Dupasquier « fut chargé de la restauration de l’établissement Binet à Champvert » (CHARVET Léon. Lyon artistique. Architectes. Ed. Bernoux et Cumin, Lyon, 1899). Cette intervention pourrait concerner la restauration du bâtiment ancien du logis, mais également la construction à neuf de l’aile des femmes.

Le fonctionnement de l’établissement

Selon la brochure de 1854, la Maison Binet accueille des aliénés des deux sexes isolés l’un de l’autre dans deux vastes corps de bâtiments. Dans ces deux sections, les aliénés sont classés suivant la nature de leur délire (selon les théories de l’aliéniste Pinel). Le bien-être des malades n’est pas négligé : des calorifères sont installés pour chauffer les bâtiments, des salles de bains et de douches sont disponibles dans les différents services, alimentées par de l’eau saine ; les extérieurs sont aussi aménagés pour satisfaire le pensionnaire : des jardins ombragés, des promenades avec vue sur les rives de la Saône sont prévues, des terrasses, des bancs et tables en pierres sont installés un peu partout dans le parc. Enfin, l’établissement est doté d’une chapelle desservie par un aumônier. L’architecture extérieure et les différents aménagements dans le parc de l’établissement sont très importants car ils participent à la guérison du pensionnaire ; ils sont des agents thérapeutiques.

La division des hommes est placée sous la surveillance de Pierre Binet, secondé par son frère ; la division des femmes est surveillée par Julienne Binet avec l’aide d’une sous-directrice. L’ensemble des soins des pensionnaires est exécuté par des domestiques et un docteur est attaché à l’établissement pour le suivi médical.

Différentes formalités sont nécessaires à l’admission d’un patient et le prix dépend des soins particuliers et des exigences de la famille. Un trousseau composé de vêtements, de 3 paires de draps, 12 serviettes, 6 essuie-mains et 2 peignoirs doit être déposé à la lingerie de la maison de santé et les visites aux pensionnaires sont soumises à une autorisation des tuteurs, pourvu que le médecin ne les ait pas contre-indiquées.

Le nombre de pensionnaires varie en fonction des années (guerres, crise financière...) : la clinique comprend 80 lits en 1874, 102 lits en 1923, mais seulement 58 lits en 1936, 35 en 1941, 82 en 1942, puis jusqu’à 174 lits au début des années 1990.

IV- L’agrandissement de la propriété par Pierre Binet

C’est Pierre Binet qui construisit en partie et organisa cet établissement : à partir de 1839, il commence à acquérir en son nom propre les terrains d’abord mis à sa disposition par le docteur Chinard. Puis, il décide d’agrandir la propriété de la maison de santé en achetant de nouveaux terrains.

A) Clos Chinard

Le rachat de la propriété Chinard s’effectue en deux temps. La première vente entre Etienne Chinard et Pierre Binet se déroule le 16 mars 1839 (AD Rhône. 3 E 11082) : elle concerne le nord du domaine de la clinique (du chemin des grandes terres jusqu’à la route de la Demi-Lune et le logis) et correspond à l’ancienne propriété Brumy (voir annexe 1). Cette vente comprend également une maison située à l’extérieur de l’enceinte de la clinique, rue des Pépiniéristes (voir annexe 2), l’ensemble vendu moyennant le prix principal de 14 000 francs.

La deuxième acquisition de Pierre Binet à Étienne Chinard a lieu le 9 mai 1845 (AD Rhône. 3E 11100) devant Maitre Ducruet. Elle comprend l’essentiel du domaine de la clinique, ainsi énuméré : « le chemin des Grandes Terres, en ce qu’il appartient à la famille Binet, le logement des hommes, le logement des femmes, le clos des Dames, la petite maison, la maison de la Derne et tout le terrain existant entre les divers bâtiments depuis le clos Thozet à l’est, le chemin de la Demi-Lune au nord, la propriété Rey à l’ouest et le clos Chevalier au sud ». Cette propriété correspond aux parcelles n°221 (terre) 222 (prés et vergers), 222 bis, 222 ter, 222 quater (bâtiment des hommes), 223 (terre plantée d’arbres), 224 (jardin), 226 (terre), 227 (vignes), 228 (terre), 229 (vignes), 230 (broussailles), 234 et 235 (maison et cour). Pierre Binet achètera également plus tard les parcelles 236 et 244.

Pierre Binet achète aussi à Étienne Chinard une petite terre confinée à l’ouest par la propriété Petaval, au midi et à l’occident par le chemin des Grandes Terres et au nord par la terre de M. Tond, avec un immeuble ; terrain acquis par Chinard le 16 mai 1829.

B) Clos Aguetant

Le 4 juillet 1854 (AD Rhône. 3E 18716) Pierre Binet fait l’acquisition d’un tènement appartenant à la famille Aguetant et consort, d’une contenance d’1 hectare 29 ares 8 centiares, agrandissant le domaine de la clinique au sud.

Cette propriété avait été achetée par M. Benoist Jospeh Aguetant à M. François Gallin le 15 avril 1838. Le tènement est confiné à l’est par la propriété Davail, au sud par la propriété Rey, à l’ouest par un mur séparatif du clos des Dames, au nord par l’ancienne propriété Chinard (parcelles n°208-209). Il représente à la date de la vente deux portions indivises détenues par des propriétaires apparentés : la moitié indivise appartient aux deux enfants et trois petits-enfants de Benoist Joseph Aguetant ; l’autre moitié indivise appartient à Jean-Baptiste Chevron et son épouse, qui l’avaient acquise de Mlle Antoinette Burel, épouse en seconde noce de M. Benoit Joseph Aguetant. Il s’agit d’une propriété viticole, qui comprend un bâtiment, la maison dite du Chalet, et « un pressoir garni de sa corde et autres agrès ».

C) Clos Chevalier

Pierre Binet continue d’agrandir sa propriété en achetant le 27 décembre 1869 (AD Rhône. 3 E 12398) un terrain à Victor Chevalier (parcelles n°245, 246, 247). En 1882 (au moment de la licitation Binet), ce terrain était en nature de prairies, bosquets et comprenait un petit bâtiment dans lequel sont hébergés des aliénés. Il est limité à l’est par la propriété de Demoustier, à l’ouest par la propriété Rey, au sud par MM. Bleton et Courtancieux (Maitre Dugueyt). Cette propriété avait auparavant appartenu aux familles Poncet et Gaillard : Victor Chevalier l’avait achetée à Mlle Marie Rey qui l’avait elle-même reçue de M. Joseph Poncet, reçu de Mlle Claudine Poncet sa tante et veuve de George Gaillard.

V- La succession de Pierre Binet

Depuis l’origine, la clinique de Champvert a été gérée par un binôme de dirigeants, qui s’associent pour la direction, mais dont seul l’un des deux possède la pleine propriété des terrains, des immeubles et du fonds. La constitution d’associations, formalisées ou non, est le mode usuel de fonctionnement de l’établissement et permet, au XXe siècle, la transmission de la propriété. Après le binôme Chinard-Binet, la clinique est ensuite co-gérée par Binet père et Binet fils (1858-1877), puis par Joseph Binet et Fleury Rebatel (1890-1900), puis par Rebatel et Chaumier.

La direction de Joseph Binet

De son mariage avec Julienne Des Roys Deschandelis, Pierre Binet a eu cinq enfants, dont une fille, deux fils prêtres et deux fils médecins, Jean-Elie et Joseph. C’est ce dernier qui va succéder à son père à la direction de la clinique de Champvert en 1877.

En 1882, Joseph Binet, docteur en médecine, demeure à la clinique au 71 chemin des Grandes Terres ; Jean-Elie, également docteur en médecine, demeure à Lyon n°11 rue de Trion ; Camille, prêtre demeure à Lyon, quartier de Montplaisir chez les dames franciscaines ; Guillaume, prêtre demeure à Lyon n°44 Avenue de Noailles. Enfin, sa fille Louise-Victorine a épousé en 1868 Gaspard François Pothin Arthaud, négociant, et demeure à Lyon n°6 montée du Chemin Neuf.

On sait que Pierre Binet avait anticipé sa succession puisque son fils Joseph vint l’assister dans la gestion de l’établissement à partir de 1858 (Lyon médical : Gazette médicale et Journal de médecins réunis. Ed. J.P Mégret ; Plantin-Chatelain, Lyon, 1905). Le 25 novembre 1872 , date probable de la retraite de Pierre Binet, celui-ci loue l’ensemble de la propriété et de l’entreprise (tènement d’immeubles, fonds de l’établissement de santé, objets mobiliers et provisions diverses) à son fils Joseph pour une durée de 10 ans (acte passé devant Maitres Boffard et Ducruet).

Le 23 avril 1877, Pierre Binet décède à son domicile, au n°35 chemin des Grandes Terres. Le 23 août 1877 aura lieu l’inventaire après décès. Joseph Binet prend lui-même officiellement la direction de la maison de santé suite à la licitation Binet les 27 et 28 avril 1882 (AD Rhône 3E 34845 - voir annexe 2). Joseph Binet reste seul directeur de la clinique jusqu’en 1890, date à laquelle il s’associe avec le docteur Fleury Rebatel afin de préparer le transfert de propriété en vue de sa propre succession avec une période transitoire de dix ans.

La transmission à la famille Rebatel

Fleury Rebatel est né à Lyon le 1er octobre 1845, devient médecin à Lyon, récompensé pour sa thèse sur la circulation des artères coronaires, en 1872. Lors de la création de la Faculté de médecine, Rebatel fut désigné pour remplir les fonctions de chef des travaux de physiologie, puis il les quitta pour celles de chef de clinique des malades syphilitiques et cutanées qui le rapprochèrent du professeur Gailleton. Attiré par les maladies et troubles mentaux, l’occasion s’offrit à lui d’utiliser ses aptitudes et ces connaissances spéciales lorsqu’il fut appelé à partager avec le docteur Binet la direction de la maison de Champvert. Il était aussi président du Conseil Général du Rhône de 1883 à 1891. En 1895 il fut appelé à faire partie du Conseil d’administration des hôpitaux. Il avait deux enfants, un fils, jeune externe des hôpitaux à sa mort en 1905, et une fille, Blanche Rebatel, mariée à Édouard Herriot en octobre 1899 (AC Lyon, 2 E 1787, registre des mariages, acte 468, année 1899).

En 1890, Joseph Binet forme avec Fleury Rebatel une société en nom collectif pour l’exploitation de la maison de santé de Champvert (AD Rhône. 4 Q 6/1398, feuillet 84, acte de modification de société Chaumier-Rebatel, 1905). Cette société est formée pour une durée de 10 ans à compter du 1er janvier 1890. Joseph Binet, propriétaire des bâtiments et du fonds, apporte ces actifs à la société constituée entre lui et monsieur Rebatel pour une somme totale de 500 000 francs. A l’expiration du terme fixé pour la durée de la société soit le 31 décembre 1899, monsieur Rebatel doit devenir propriétaire de tout l’actif social, à la charge de rembourser à Monsieur le docteur Binet son compte de fonds, son compte courant libre, ses levées et sa part de réserve et de bénéfices.

Devenu propriétaire de l’établissement, Fleury Rebatel s’associe à son tour avec M. Chaumier en 1901. Le 11 janvier 1901, Messieurs Chaumier et Rebatel père établissent entre eux une société en nom collectif ayant pour objet l’exploitation de la maison de santé dont monsieur Fleury Rebatel était propriétaire à Lyon, n°69 et 71 Chemin des Grandes-Terres. Cette société est formée pour une durée de douze ans qui commence le 1er janvier 1901 pour finir le 31 décembre 1912. Le siège social est fixé à la clinique. Les deux associés ont l’administration de la société et investissent tous deux à hauteur de 25.000 francs dans le capital de l’entreprise. Cette fois, l’association n’a pas pour but d’assurer le transfert de propriété de la clinique, qui doit rester la propriété de M. Rebatel et de ses descendants. Le contrat prévoit qu’en cas de décès de monsieur Rebatel, la société ne sera pas dissoute et qu’elle continuera entre monsieur Chaumier, comme seul associé en nom collectif gérant, et les héritiers ou ayant droits de monsieur Rebatel. A la mort de Fleury Rebatel, le 20 janvier 1905, les héritiers optent pour la continuation de la société. La clinique est ensuite transmise par la fille du docteur Fleury Rebatel à la famille Moreau.

Monsieur Rebatel loue à la société pour toute sa durée : le fonds de maison de santé comprenant la clientèle, le mobilier et le matériel et les immeubles servant à l’exploitation du fonds, ayant leur entrée principale sur le chemin des Grandes-Terres n° 69 et 71. A cette occasion, les bâtiments sont décrits comme suit : un grand corps de bâtiments divisé en trois parties servant d’habitation et de pension pour hommes ; un grand corps de bâtiments divisé en deux parties servant d’habitation et de pension pour femmes ; une maison d’habitation avec premier étage et deuxième étage sur une partie, une chapelle, une loge de concierge, trois pavillons dans le clos, des écuries et remises, une cour, un jardin divisé en plusieurs compartiments, une terre, un parterre et une salle d’ombrage. Le tout est confiné au nord par le chemin de la Demi-Lune et la propriété Thozet, à l’est par cette dernière propriété et celle de monsieur Demoustier, au midi par les propriétés Bleton, Courtancieux et Rey, et au couchant par la propriété Davoul et un chemin divisé en divers propriétaires et auquel monsieur Rebatel a quelque droit.

Les travaux aux 20e et 21e siècles

Les travaux conduits au cours du 20e siècle sont remarquablement peu documentés. Malgré des recherches soutenues, aucun permis de construire n’a pu être retrouvé aux Archives municipales de Lyon. Seuls la comparaison des plans parcellaires successifs et quelques documents figurés isolés de leur contexte permettent de poser les jalons de l’extension de la clinique.

La loge de concierge, trois pavillons et les bâtiments agricoles sont attestés en 1901 (descriptif de l’association Rebatel-Chaumier).

La maison du directeur, dite « La Villa » est construite en 1910 (date portée).

La chapelle indépendante, attestée depuis 1854, a été démolie après 1924 et remplacée par une chapelle adjacente au logis principal.

La galerie-promenoir et les extensions en demi-lune du bâtiment des hommes sont attestées en 1924.

Une annexe est construite en 1927 (AC Lyon, 1612 WP 32) : il s’agit probablement de la salle d’activités construite en retour sur l’arrière du bâtiment des hommes, au niveau de la terrasse supérieure.

Le bâtiment des femmes est agrandi d’un corps de bâtiment supplémentaire dit « Le Pavillon » et d’une extension en forme de rotonde entre 1927 et 1946 (plans parcellaires).

Dans la 2e moitié du 20e siècle, des extensions hétérogènes viennent se greffer sur l’arrière du bâtiment des femmes et des bâtiments anciens sont démolis. Emile Salomon mentionne en 1938 quelques voûtes, pierres sculptées et un vieux puits encore conservés. Durant les années 1960 environ, un moulin a été détruit et un ruisseau supprimé. En 1998, quelques anciens bâtiments agricoles ont été détruits, dont les bâtiments d’habitation du fermier qui comportaient un escalier extérieur, les écuries, l’abreuvoir, la porcherie et les fenils. Seuls un puits, une boutasse et un lavoir sans toiture ont été épargnés.

L’Association de Recherches Historiques de l’Ouest-Lyon (ARHOLY) signale en 2001 une centaine de marques de tâcherons sur les bâtiments les plus anciens (visibles sur les photos prises lors de l’inventaire en 2016) ainsi que des vestiges visibles dans les jardinets de certains pavillons : débris de poterie, embases de colonnes, balustres, sculptures, fontaine et vieux bancs de pierre. L’association cite également un portail à quatre vantaux situé rue Barthélémy Buyer, qui donnait accès à la propriété, mais inutilisé depuis longtemps.

L’article de l’ARHOLY mentionne aussi quelques tableaux peints par Rebatel et des meubles d’époque, de même qu’une modeste chapelle avec un grand tableau du Christ et sept statues. Près de l’entrée, elle signale un massif avec grotte artificielle dont une statue représente un couple enlacé (statue qui se trouve maintenant dans l’actuelle cour de la clinique).

En 2007, la clinique est vendue au groupe Orpéa qui entreprend un programme de restructuration et de modernisation radical. En 2012, la Villa est rénovée et transformée en hôpital de jour. En 2013, le pavillon « Les Glycines » est démoli et les nouveaux bâtiments hospitaliers sont construits dans le parc au nord du domaine (AIA architectes). Enfin, en 2016 un permis de démolir et un permis de construire ont été déposés pour réhabiliter les trois corps de bâtiments de l’aile des hommes et les transformer en logements. Les extensions postérieures de l’aile des hommes, l’ensemble de l’aile des femmes et les aménagements du parc seront détruits et remplacés par des immeubles de logements.

La Maison de santé Binet est installée aux n°69 et 71 chemin des Grandes Terres par Pierre Binet des Roys en 1835. Auparavant, cet établissement privé pour aliénés créé et tenu par Catherine Renevier avant la Révolution se trouvait sur le coteau de Saint-Just, au n°29 rue des Farges. En 1832, Catherine Renevier fait don de sa maison de santé à son petit-fils Pierre Binet qu’elle avait déjà associé à la gestion. Le bail de la maison rue des Farges prenant fin le 1er janvier 1835, l'établissement est transféré cette même année dans la propriété du docteur Étienne Chinard à Champvert. Cette vaste propriété de plusieurs hectares résulte de plusieurs acquisitions faites entre 1829 et 1837 et comprenait déjà le logis principal, antérieur à la Révolution, et trois corps de bâtiments accueillant les aliénés, construits vers 1830. Par la suite, Pierre Binet va racheter successivement les terrains à Étienne Chinard entre 1839 et 1849, puis agrandir la propriété en 1854 et 1869. L’aile des femmes est construite entre 1840 et 1845. Elle est peut-être due à l’architecte Louis-Gaspard Dupasquier, qui est intervenu à Champvert à la période où Pierre Binet dirigeait la maison pour des travaux qualifiés de «restauration» (Charvet). La chapelle indépendante, attestée depuis 1854, a été démolie au cours du 20e siècle et remplacée par une chapelle adjacente au logis principal. La loge de concierge, trois pavillons et les bâtiments agricoles sont attestés en 1901. La maison du directeur, dite «La Villa» est construite en 1910. La galerie-promenoir et les extensions en demi-lune du bâtiment des hommes sont attestées en 1924. Une annexe est construite en 1927. Le bâtiment des femmes est agrandi d’un corps de bâtiment supplémentaire dit «Le Pavillon» et d’une extension en forme de rotonde entre 1927 et 1946. Dans la 2e moitié du 20e siècle, des extensions hétérogènes viennent se greffer sur l’arrière du bâtiment des femmes et des bâtiments anciens sont démolis. En 2007, la clinique est vendue au groupe Orpéa qui entreprend un programme de restructuration et de modernisation radical. En 2012, la Villa est rénovée et transformée en hôpital de jour. En 2013, le pavillon « Les Glycines » est démoli et les nouveaux bâtiments hospitaliers sont construits dans le parc au nord du domaine (AIA architectes). Enfin, en 2016 un permis de démolir et un permis de construire ont été déposés pour réhabiliter les trois corps de bâtiments de l’aile des hommes et les transformer en logements. Les extensions postérieures de l’aile des hommes, l’ensemble de l’aile des femmes et les aménagements du parc seront détruits et remplacés par des immeubles de logements.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 19e siècle , daté par travaux historiques
    • Secondaire : 1er quart 20e siècle, 2e quart 20e siècle , daté par travaux historiques
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Dupasquier Louis-Gaspard
      Dupasquier Louis-Gaspard

      Architecte, né à Lyon en 1800, mort à Blacé (Rhône) en 1870. Professeur de dessin à l'école de la Martinière à Lyon. Il est connu pour ses travaux de restauration de l'église de Brou et de la cathédrale d'Autun, mais également pour de nombreuses constructions d'églises, châteaux, établissements médicaux.

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      architecte (incertitude), attribution par travaux historiques

La maison de santé se trouve sur les hauteurs à l’ouest de Lyon, sur le territoire de Champvert, paroisse Saint-Irénée, dans un quartier périphérique peu urbanisé. Les bâtiments sont implantés au sein d’un vaste parc délimité par des murs de clôture en pisé. La partie nord du parc a été lotie pour la construction des bâtiments modernes de la clinique, les bâtiments anciens sont implantés sur la partie sud du parc. Le terrain en forte pente a un impact important sur l’architecture des bâtiments, en grande partie construits dans la pente. Sur l’arrière des bâtiments, les jardins sont aménagés en terrasses. La clinique comprend un ensemble de bâtiments disposés selon un plan général irrégulier en U. Les deux bâtiments principaux, presque parallèles, sont orientés grossièrement nord-sud et implantés dans la pente, perpendiculairement aux courbes de niveau. A l’Est, l’ancien bâtiment des hommes est composé de trois corps de bâtiments alignés, construits en pisé et couverts de toitures à longs pans et croupes. Chaque bâtiment comprend un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé un étage carré. Des extensions servant de corps de liaison se sont intercalées entre chaque bâtiment. Des bâtiments secondaires (salles polyvalentes, promenoirs) sont implantés en retour sur l’arrière, sur chacune des terrasses. Au sud, le dernier corps de bâtiment remanié au 20e siècle (ouvertures, perron) est prolongé par un bâtiment en retour d’équerre (ateliers des services techniques, serres), puis un hangar et un bâtiment technique en béton occupent l’extrême sud de la propriété, anciennement consacré au jardin potager. A l’Ouest, l’ancien bâtiment des femmes est composé de deux corps de bâtiments mitoyens construits en pisé sur un important soubassement en maçonnerie voûté, couverts d’une toiture à longs pans et marqués par deux extensions en saillie sur l’avant. Cet alignement est prolongé au sud par un bâtiment de plan quasi carré construit en béton, dit le Pavillon. Des extensions récentes et hétérogènes se développent vers l’arrière. Au sud, un bâtiment administratif perpendiculaire aux ailes des hommes et des femmes vient fermer le U. Il s’agit d’un bâtiment de plan allongé comptant sept travées, couvert d’un toit à longs pans, et prolongé à chaque extrémité par un corps de bâtiment implanté perpendiculairement au bâtiment principal (espaces de réception à l’est ; chapelle à l’ouest). Dans le parc séparant les ailes des hommes et des femmes se trouvent une maison (anciennement maison de gardien, puis maison des psychologues) et une remise abritant une pompe à eau. Enfin, à l’ouest, une villa isolée à la marge de l’enceinte de la clinique correspond à l’ancienne maison du directeur, aujourd’hui hôpital de jour.

  • Plans
    plan régulier en U
  • Couvrements
  • État de conservation
    désaffecté, menacé
  • Statut de la propriété
    propriété d'une société privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Documents d'archives

  • AD Rhône. 3 E 11066. Minutes notariales de Me Jean Jacques Guillaume Ducruet, janvier-juin 1832.

    AD Rhône : 3 E 11066
    18 janvier 1832 : acte de mariage de Pierre Binet et Julienne des Roys des Chandelis.
  • AD Rhône. 3 P 138/198. Lyon 5e, Métropole et Vaise. État de sections des propriétés bâties et non bâties, sections S, T, U, V, X. 1836.

    AD Rhône : 3 P 138/198
  • AD Rhône, 3 P 138/206. Lyon 5e Métropole et Vaise. Matrices des propriétés foncières. 1837-1914.

    AD Rhône : 3 P 138/206
  • AD Rhône. 3 E 34845. Minutes notariales de Me Joseph Marie Adrien Berloty, avril 1882.

    AD Rhône : 3 E 34845
    27-28 avril 1882, acte de licitation Binet
  • AD Rhône. 4 Q 6/1398. Hypothèses, Conservation de Lyon bureau unique. Registre de transcription des actes notariés, vol. 136. 1905.

    AD Rhône : 4 Q 6/1398
    Feuillet 84. Volume 136 n° 20 du 17 juillet 1905. Acte de modification de société Chaumier-Rebatel.

Bibliographie

  • BINET Pierre. Maison de santé de Champ-vert, établissement d’aliénés dirigé par M. Binet Aîné… Lyon : Imprimerie d’Aimé Vingtrinier. 1854.

  • CHARVET, Léon. Lyon artistique. Architectes : notices biographiques et bibliographiques avec une table des édifices et la liste chronologique des noms par E.L.G. Charvet ; illustré de 20 portraits d'architectes. Lyon : 1899, 453p. : ill ; 28 cm

  • SALOMON, Emile. Les châteaux historiques du Lyonnais et du Beaujolais. Lyon : Ed. de la « République Lyonnaise », tome II, 1938

    p. 135-138
  • SALOMON, Emile. Les anciennes demeures seigneuriales du Lyonnais transformées en cliniques ou hôpitaux. Lyon : Le Crocodile, 1938

  • VACHET Adolphe (abbé). A travers les rues de Lyon. Lyon : Ed. Bernoux, Cumin et Masson, 1902. p.239.

    p.239
  • Association de Recherches Historiques de l’Ouest-Lyon. Champvert : exposition de Vaise, 15-24 novembre 2001. Lyon : ARHOLY, 2001

  • Association de Recherches Historiques de l’Ouest-Lyon 5. Vaise, Champvert et le 5e arrondissement. Lyon : éditions ARHOLY. 2006.

  • BONNET, Henri. Histoire de la psychiatrie à Lyon : de l'Antiquité à nos jours. Meyzieu : Ed. Césura Lyon, 1988

    p. 89, p. 188, p. 212
  • BELMAS Elisabeth, NONNIS-VIGILANTE Serenella. La santé des populations civiles et militaires : nouvelles approches et nouvelles sources hospitalières, XVIIe-XVIIIe siècles. Paris : Ed. Presses Universitaires Septentrion. 2010.

    p.265
  • FAURE, Olivier. DESSERTINE, Dominique. Les cliniques privées. Deux siècles de succès. Rennes : Presses universitaires de Rennes. 2012. 282p.

    p. 22-23
  • PELLETIER André (dir.). Lyon, 5e arrondissement, Aux origines de la ville. Lyon : Editions lyonnaises d’Art et d’Histoire. 2015.

  • BONNET SAINT-GEORGES, Dominique, ETEVENAUX, Joëlle. 112 médecins dans les rues de Lyon. Lyon : Ed. Fondation Marcel Mérieux, 1990

    p. 121

Documents figurés

  • Plan cadastral de Lyon, section V dite des Granges, feuille 2 / Lyon : 1831. 1 plan : papier, encre, aquarelle. (AD Rhône, 3 P 1001)

    AD Rhône : 3 P 1001
  • Vue prise au nord de la belle maison de santé de Champ-Vert, commune de Lyon. / Extr. de "Salomon, Émile. Les anciennes demeures seigneuriales", 1938.

Annexes

  • ANNEXE 1 - Acte de licitation de la propritété Binet contenant l'origine de propriété, 27-28 avril 1882 (AD Rhône, 3 E 34845)
  • ANNEXE 2 - Acte de modification de la société Chaumier-Rebatel, 17 juillet 1905 (AD Rhône, 4 Q 6/1398)
  • ANNEXE 3 - Actes notariés concernant une maison appartenant à la propriété Binet, rue des Pépiniéristes
Date(s) d'enquête : 2016; Date(s) de rédaction : 2016
© Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
© Ville de Lyon
Paitard Albane
Paitard Albane

Stagiaire au Service de l'inventaire en 2016.

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Delavenne Magali
Delavenne Magali

Conservatrice du patrimoine, chercheure au Service de l'Inventaire (2014- ).

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