SYNTHESE
Histoire du casino
Les prémices du casino : la constitution de la Société du Cercle
A l´instar d´autres villes d´eaux, Aix-les-Bains manifeste dès le XVIIIe siècle, le désir de disposer d´un lieu de rendez-vous pour les baigneurs étrangers. Soumis aux différentes mesures prohibitives des jeux de hasard, les projets de cercle se succèdent sans aboutir jusqu´en 1820. L´Hôtel Guilland bâti sur la place centrale, se dote d´un cercle en 1823. Malgré des aménagements modestes, l´hôtel Guilland fait naître l´idée chez quelques notables de former une société pour la création d´un véritable cercle.
Le 20 avril 1824, la Société du Cercle du château d´Aix-les-Bains est formée, et inaugurée le 29 juillet de la même année par le roi Charles Félix de Sardaigne. Le château, loué au marquis de Seyssel, est transformé pour accueillir différentes salles dédiées aux loisirs, et le temple de Diane est utilisé comme théâtre. Devenu Cercle Royal des Etrangers en 1826, le lieu est rapidement victime de son succès. L´espace du château devient insuffisant pour accueillir le nombre croissant des abonnés. La Société renonce alors au renouvellement du bail avec le marquis de Seyssel, pour choisir de construire un bâtiment neuf plus vaste. Les bases de la construction du Casino Grand Cercle sont posées.
L´exploitation du Grand Cercle
Malgré les différentes phases répressives des jeux de hasard, ceux-ci sont plus ou moins tolérés par les gouvernements successifs jusqu´au début du XXe siècle. Vers 1902, les jeux risquent de fermer à Aix-les-Bains à cause d´une querelle d´intérêts entre le Grand Cercle et le casino de la Villa des Fleurs. En 1917, la loi réglementant les jeux dans les stations thermales est adoptée. Tournant fondamental dans l´histoire des casinos en France, l´ouverture du Grand Cercle au public subira encore quelques crises, durant les deux guerres mondiales.
En 1848, la Société anonyme du Cercle est formée. La même année, l´autorisation des jeux par le gouvernement sarde, encourage les actionnaires à investir, comme l´établissement thermal, la ville d´Aix-les-Bains ou encore l´architecte Charles Pellegrini. Le mécène Jean-Victor Bias devient également bailleur du casino la même année. Le Grand Cercle hésitera toujours entre affermage et exploitation directe :
-1859 : la Société du Cercle récupère le casino en exploitation directe ; Alphonse Mottet, futur maire d´Aix-les-Bains, sera l´un des concessionnaires les plus importants.
-1907 : fin de l´exploitation directe par la Société du Cercle.
-1908 : création de la Société fermière des Casinos, qui gère à la fois le Grand Cercle et le casino de la Villa des Fleurs
-1933 : résiliation du bail avec la Société des casinos et retour à l´exploitation directe
-des années 1950 aux années 1970 : plusieurs tentatives d´affermage
-1976 : reprise de l´exploitation directe par la Société du Cercle, toujours en vigueur
Après une première phase de construction, le casino reçoit la visite du roi Victor-Emmanuel II de Savoie et de la reine Marie-Adelaïde le 30 mai 1850, dont les portraits orneront le Grand salon. Grâce au Grand Cercle, Aix-les-Bains devient une ville de jeu et de détente incontournable, et d´autres visiteurs illustres tel l´empereur Napoléon III, se rendront au casino dans les années 1850-1860. Jusqu´au milieu du XXe siècle, la renommée du Grand Cercle attirera de nombreux chefs d´états comme la reine Victoria.
Durant la Première Guerre mondiale, le Grand Cercle est transformé en hôpital militaire puis mis gratuitement à la disposition des Young Men´s Christian Association (YMCA). Après leur départ en 1919, de nombreuses réparations sont nécessaires à l´intérieur comme à l´extérieur du bâtiment. Avec la Seconde Guerre mondiale, en 1944 le casino est soumis aux réquisitions. Le conflit ne cause pas de dégradations importantes, et en 1946, le Grand Cercle ouvre toute l´année pour la première fois de son histoire.
Le décor intérieur
Le décor intérieur du casino est principalement composé de mosaïques, de sculptures et de vitrail, alors que la peinture est quasiment absente.
Après la première campagne de construction du Grand Cercle, le décor subit de nombreuses transformations. Quinze ans après sa création en 1849, la salle des fêtes qui occupe le hall central, est entièrement refaite sous la direction de Victor Chenillion. En 1882, les travaux de décoration débutent dans le hall sud. Antonio Salviati, à qui l´on doit l´exécution des mosaïques de l´avant-foyer de l´Opéra de Paris et la restauration de celles de la Basilique Saint-Marc à Venise, réalise les mosaïques de la coupole du hall sur des dessins de Charles Lameire. Inaugurées en 1883 et célébrées par les visiteurs, elles feront du hall sud l´endroit le plus fréquenté du casino. Cette coupole est soutenue par de puissantes colonnes à l´antique et des colonnettes de fonte. Ces éléments de supports associés aux mosaïques néo-byzantines, donnent au hall sud son caractère éclectique. J.-A. Ponsin participe aussi à la décoration du Grand Cercle, en réalisant les verrières des baies thermales du hall sud et du premier théâtre d´Abel Boudier. Le plafond de la salle de restaurant est orné d´une peinture représentant « Le Triomphe de Bacchus », composée par Paul-Henri Breham.
Le décor du casino est également complété en 1896 par la création d´une verrière de 225 mètres de long, aujourd´hui détruite, couvrant les galeries nord et sud. Jacques Galland son auteur, réalise aussi une verrière à l´extrémité de la galerie sud, exposée auparavant à la Société nationale des Beaux-Arts. Intitulée « l'Amour puise ses forces aux Sources Bienfaisantes d'Aix-les-Bains », elle est inaugurée en 1897. Pour le hall nord, devenu foyer du nouveau théâtre créé par Henri Eustache, Anatole Marquet de Vasselot réalise en 1899 quatre statues monumentales. Elles ornent les chapiteaux des colonnes qui supportent la coupole. Les peintures et dorures de la salle de Baccara située dans le pavillon sud sont terminées la même année.
La grande campagne de travaux commencée en 1906 entraîne la réfection de nombreux intérieurs. C´est le cas de la salle de fêtes qui occupe le hall central, dont la rénovation coïncide avec l´ouverture d´une grande baie donnant sur les jardins. Dans le hall sud, partie la plus admirée du casino, les peintures provisoires encadrant les mosaïques de Salviati sont achevées. Toutefois, le hall nord paraît de qualité inférieure en comparaison des nombreux travaux d´embellissements menés sur les deux autres halls. En 1905, on décide de couvrir la coupole d´une mosaïque dessinée par Emmanuel Cavaillé-Col et exécutée par la Maison Faccina. Les statues monumentales de Marquet de Vasselot réalisées en 1899 sont enlevées en 1906. En 1920, l´explosion de l´usine Collombert située à proximité du casino, provoque la destruction des verrières réalisées par J.-A. Ponsin en 1883.
Peu respectueux de ses prédécesseurs, Charles Siclis procède à la destruction des ornements intérieurs : les décors en staff sont pour la plupart supprimés et la verrière des galeries nord et sud est remplacée par un plafond. Dans le hall nord, les colonnes sont gainées et les nervures des voûtes repeintes. Ces transformations ont pour but de donner un aspect neutre au casino.
Des années 1960 à nos jours, la création de nouvelles salles s´ajoute aux travaux importants de décoration. Après l´incendie de la salle de Baccara le 27 juillet 1963, la décoration doit être recomposée. En 1984, une verrière remplace le plafond installé par Siclis sur les galeries nord et sud, et les verrières des baies thermales, détruites en 1920, sont remplacées en 1988. Les travaux débutés dans les années 1980, permettent enfin de redécouvrir des éléments de décor anciens, comme le plafond du hall central ou celui du salon Raphaël.
Architecte de Chambéry (architecte pour l'administration sarde puis architecte diocésain), a travaillé à la réfection de l'église de Saint-Offenge-Dessous (73) en 1861 et à la reconstruction de celle d'Épersy entre 1859 et 1864. Restaure la façade de l'église Notre-dame de Chambéry en 1864.