Dossier d’œuvre architecture IA42003624 | Réalisé par
Guibaud Caroline
Guibaud Caroline

Chercheur au service de l'Inventaire Rhône-Alpes puis Auvergne-Rhône-Alpes (1999- )

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  • inventaire topographique
Chapelle Sainte-Eugénie
Œuvre repérée
Copyright
  • © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Montbrison
  • Commune Montbrison
  • Lieu-dit Moingt, le Panorama
  • Adresse avenue Thermale
  • Cadastre 1808 A2 431  ; 1986 AH 113 (partie)
  • Dénominations
    chapelle
  • Vocables
    Sainte-Eugénie

Chronologie de la chapelle Sainte-Eugénie

Suite à deux années de fouilles sur le site du Clos Sainte-Eugénie, réalisées sous la direction du service régional de l´archéologie (Direction régionale des affaires culturelles en Rhône-Alpes) et achevées en 1992, une cartographie des vestiges montre l´extension réduite du site (environ 15 ha), dont les édifices publics semblent constituer la majeure partie ; il s´agirait d´un vaste ensemble cultuel et thermal. Au cours de ces travaux, les traces d´un sanctuaire semblent avoir été identifiées, édifice nécessairement associé à ce type d´ensemble.

Concernant l´édifice thermal primitif, la partie conservée en élévation des vestiges forme un bâtiment allongé de 59m X 12 dont la chapelle constitue l´extrémité ouest. Les recherches archéologiques ont permis de cerner l´emprise générale de la construction antique et l´essentiel de son plan (sa partie connue couvre 1488 m², mais pourrait atteindre 1850 m² compte tenu des vestiges enfouis sous la route. La fonction de plusieurs de ses pièces a pu être déterminée par la découverte d´hypocaustes, de bassins et d´ouvertures diverses conservées dans les parties en élévation...

La deuxième occupation connue des lieux est celle d´un prieuré médiéval. Le couvent du Palais (« Domus de Palatio ») est fondé au 11e : l´abbé de la Chaise-Dieu Ponce de Tournon est appelé en 1096 à Lyon par l´archevêque Hugues (BNF ms Fr 930 - Pouillé mss Descamps, vol. coté Abbayes, 104. A. Vachez, Les familles chevaleresques, p. 8) qui lui donne l´église de Modon près de Montbrison. Ponce établit un prieuré conventuel à Modon pour 12 cloîtriers, qui nomme aux prieurés simples de Chalin, Valfleurie, Boisset et le Comtal. D´autres sources archivistiques précisent que la Domus de Palatio n'est acquise par l´abbaye de la Chaise-Dieu qu´en 1254. La Chaise-Dieu achète à des laïcs la seigneurie du Palais ; c´est essentiellement une dîmerie laïque se montant à 1120 lb...et portant pour moitié sur des vignes utiles aux moines (de 1254 à 1405 l´abbaye achète la dîme sur les terres et vignes exemptes de cette tâche, mais enclavées parmi les fonds relevant du Palais). Elle bâtit une église au Palais et confisque à Savigneux le patronage de Moingt (Guichard G (sous la direction de). Chartes du Forez antérieures à 1301, J.E. Dufour, 1933 - 1943, Mâcon, 9 vol., chartes T XV). L´achat porte sur la seigneurie du Palais, essentiellement une dîmerie laïque. C´est probablement à cet établissement qu´il faut rattacher les vestiges d´une modeste installation qui fut détruite lors de la construction de la chapelle ; le matériel provenant de la couche de démolition est, selon l´étude archéologique, caractéristique de la deuxième moitié du 13e siècle, confortant ainsi la datation proposée pour la construction de la chapelle Sainte-Eugénie (limite 13e siècle, 14e siècle). Cette construction intervient dans le cadre d´autres travaux conduisant à l´établissement d´un prieuré, détruisant, ou transformant de fait certaines parties antiques. Les nouveaux bâtiments sont établis en U autour d´une cour étroite fermée à l´ouest par un grand portail ; les ailes sud et est réutilisent les murs antiques ou prennent appui dessus. (THIRION, Philippe, BLIN, Olivier, HURTIN, Stéphanie, LE BARRIER, Christian. Les thermes antiques d´Aquae Segetae et le prieuré médiéval de Sainte-Eugénie à Montbrison - Moingt (Loire). DRAC, SRA, Lyon, 1993 (rapport de fouilles)).

Ainsi la chapelle à deux travées couvertes de voûtes d´ogive est constituée de deux murs antiques hauts d´une douzaine de mètres et de deux murs médiévaux construits en deçà de murs antiques arasés sur lesquels sont assis des contreforts. On y pénètre depuis l´ouest par un remarquable portail ogival surhaussé qui donnait autrefois accès, par une volée de quatre marches, au sol de la nef, établi en contrebas. Le chevet plat était probablement surélevé de deux degrés et communiquait, par une petite porte ogivale, avec le reste de l´aile sud.

Après 1500 le prieuré bénédictin décline et vend la totalité de ses rentes en 1691. Les bâtiments sont vendus comme bien national à la Révolution : 30 décembre 1790, estimation du palais de Moingt dépendant des Bénédictins de la Chaise-Dieu. Désignation des biens : « ...Un bâtiment situé eu lieu appelé le Palais composé d´une cuisine, d´une cave voûtée, trois petites chambres, un grenier, deux celliers, deux cuvages, une écurie, une fenière, un pigeonnier, un chapit, une cour où il y a un puits, un petit jardin y attenant, une chapelle, une petite place au devant d´icelle, le tout joignant le grand chemin de Montbrison à Saint-Antelme d´occident, estimé à 2 000 lb. Les bâtiments et terrains attenants sont adjugés le 19 septembre 1791 à Mathieu Pugnet notaire à Montbrison (AD 42, Q 180 et Q 160/1-n°577).

Les moniales de Sainte-Claire, les Clarisses, installées depuis 1500 par Pierre d´Urfé, perdirent leur couvent de Montbrison en 1792 qui fut vendu en 1795 comme bien national. Elles découvrirent à Moingt la maison vétuste de Sainte-Eugénie, ancien couvent des Bénédictines. Elles s´y installèrent le 24 septembre 1804, elles furent 15 au départ puis rejointes par onze autres sœurs, et le quittèrent en 1821 pour aller s´installer dans l´ancien monastère des Capucins. Elles entreprirent de grandes réparations : construction d´un étage supplémentaire au logis (relevés Christian Le Barrier, 2001), et restauration de la chapelle et de son chœur. (CHAPERON, Henri. Histoire des Clarisses de Montbrison. In Village de Forez, n° 22, avril 1985).

La section A2 du cadastre ancien de 1809 (AD 42 côte 1682VT12_38), indiquent clairement l´intitulé du lieu : Palais de Moingt, et le statut des bâtiments : Couvent Sainte-Claire. Cependant les matrices cadastrales précisent que le propriétaire des lieux est M. Goutorbe Hilaire Benoît, lequel possède une terre (parcelle n° 428), trois jardins (n° 429, 430, 432bis), deux maisons (n° 430bis, l´aumônerie, et n° 433, maison et cour), une église (n° 431) et une place ou aisance (n° 432).

Après le départ des sœurs, en 1824, un incendie se déclare dans la chapelle, alors propriété de M. Goutorbe qui l´utilise pour entreposer des tonneaux d´eaux-de-vie. Après l´abandon de toute vie conventuelle le site revient à des particuliers. « L´église est brûlée à mon bien grand regret ; c´est une vraie perte pour les amateurs d´antiquités... » écrit-il à M. de la Bâtie, un correspondant. (HURTIN, Stéphanie. Le prieuré de Sainte-Eugénie. Mémoire de maîtrise sous la direction de J.-F. Reynaud, Université Lumière-Lyon 2, 1994.).

Au cours du premier semestre 1851, un atelier de tissage est installé dans le vieux prieuré qui est alors la propriété de M. Goutorbe. M. de Jussieu fait confectionner sur place 12 métiers battants, dans l´espoir d´en quadrupler le nombre. On installe des métiers Jacquard probablement sous les voûtes de la chapelle. M. de Jussieu entend fabriquer des rubans simples d´un placement assuré (BAROU, Joseph. 1851 : quand les métiers battaient à Sainte-Eugénie (Moingt), In Village de Forez n° 87-88 octobre 2001.

Les bâtiments, acquis en 1865 par M. Sirventon, passent par mariage aux époux de Neufbourg-Sirvanton qui entreprennent d´en transformer l´aile sud en demeure bourgeoise. En 1882 la chapelle est transformée en remise, étable et fenil. Les dépendances formant l´aile nord sont démolies.

La propriété est par la suite vendue à la famille Boudot qui l´habite de 1926 à 1989 (Archives SRA Rhône-Alpes, Mémoire des travaux exécutés pour le compte de Monsieur Boudot Propriétaire du château Ste Eugénie à Moingt, de 1926 à 1967).

La ville de Montbrison est propriétaire depuis le 14 novembre 1989. La chapelle Sainte-Eugénie et les anciens bâtiments conventuels situés à Montbrison (section AH 113) inscrits sur l´inventaire supplémentaire des monuments historiques le 19 avril 1988, puis classés monument historique le 14 décembre 1992. Après avoir failli être vendu en 2007 à une société foncière pour y aménager des logements, le site attend...(AC Montbrison, délibération du 06 novembre 2007).

Du vicus antique d'Aquae Segetae subsistent des thermes du 2e siècle, partiellement conservés en élévation grâce à l'installation, dans la place, d'une dîmerie laïque à laquelle succède, en 1254, un petit prieuré chargé de fournir en vin l'abbaye de la Chaise-Dieu. Le domaine de la « Maison du Palais » se développe jusqu'en 1500 au moyen de nombreux dons et acquisitions. Entre temps la construction de la chapelle, à la fin du XIIIe ou au début du XIVe siècle, intervient conjointement avec de nouveaux bâtiments établis en U autour d'une étroite cour. Placée sous le vocable de Sainte-Eugénie à partir de 1553, la chapelle a deux travées couvertes de voûtes d'ogives et un chevet plat. Après 1500, le prieuré décline et vend la totalité de ses rentes en 1691. Vendu comme bien national à la Révolution, il abrite les Clarisses de 1804 à 1821, puis de 1851 à 1865 une fabrique de passementerie, puis les bâtiments, transformés en riche demeure par la famille de Neufbourg, resteront habités jusqu'en 1981 date à laquelle, les derniers propriétaires, la famille Boudot, vendent le domaine à la ville de Montbrison. La chapelle Sainte-Eugénie et les anciens bâtiments conventuels sont classés monuments historiques le 14 décembre 1992. Après avoir failli être vendu en 2007 à une société foncière pour y aménager des logements. Les deux murs sud et est de la chapelle, ainsi que les deux murs arasés sur lesquels sont appuyés les contreforts épaulant les murs nord et ouest de celle-ci, sont d´époque gallo-romaine. Un arc large de 5m, antique, a été mis en évidence sur la partie basse du mur du chevet. Il a été fermé lors de la construction du chevet. Le prolongement du mur du chevet, d´origine antique, a été réaménagé à son extrémité pour servir de piédroit au portail qui donnait accès à la cour du prieuré. Un oculus, occulté, éclairait le chœur. Le portail ogival surhaussé donnait autrefois accès, par une volée de quatre degrés, au sol de la nef, établi en contrebas. Au 18e siècle la chapelle est transformée en remise et étable, la nef est divisée en deux par un mur, et un plancher divise le volume en deux à mi-hauteur.

  • Période(s)
    • Principale : 2e siècle
    • Principale : 14e siècle
    • Principale : 1er quart 19e siècle
    • Principale : 3e quart 20e siècle
    • Principale : 4e quart 20e siècle

La chapelle adopte un plan rectangulaire (59m x 12m), avec deux travées voûtées sur croisée d´ogives dont les nervures, de section polygonale, retombent sur de petits culots en encorbellement. Trois arcs doubleaux brisés sont présents dans le voûtement de la chapelle : deux aux extrémités, engagés, et un autre central ; et deux paires d´arcs formerets figurent sur les murs nord et sud. Trois hautes lancettes, deux au nord et une au sud, éclairent la nef. Le chevet, ajouré d´un oculus, aujourd´hui occulté, se termine par un chevet plat qui était probablement surélevé de deux marches et communiquait, par une petite porte, avec le reste de l´aile sud. Dans le chœur quelques restes d´aménagements liturgiques : un lavabo dans sa niche à arcature trifoliée et un placard à arcature ogivale soutenue par des colonnettes, l´un et l´autre établis dans l´épaisseur du mur gouttereau. L´archivolte extérieure du portail, en cintre brisé et très surhaussé, a une voussure formée de trois rangs superposés de moulures toriques reposant sur autant de colonnettes refouillées dans la maçonnerie, avec des chapiteaux ornés de feuillages. Le tympan à jour se compose de trois trèfles de réseau disposés en pointe et reposant sur un arc surbaissé trilobé ; ce dernier encadre un tympan en bois ajouré d´un trèfle découpé. Une étroite porte, située à 10m du sol à droite de la façade, donnait accès au clocher et à l´espace situé au-dessus des voûtes. Le mur du chevet ainsi que le mur sud sont composés d´un petit appareil régulier de moellons de granit lié par un mortier jaune très dur (opus vitatum). Le mur nord est construit en moellon de granite et de calcaire assisés liés de mortier roux. La mise en œuvre du mur occidental est très diverse : appareil assisé de tailles diverses en moellon équarri à tête dressée, ou en pierre de taille, assemblés à points maigres par un mortier roux. Les moellons sont essentiellement composés de calcaire de Ruffieu, blanc crème à patine orange ; les éléments du décor architectural du portail sont en grès houiller beige verdâtre. Présence de trous de boulins régulièrement implantés sur les façades visibles de la chapelle. La toiture, à longs pans et croupe est couverte de tuiles creuses. L´ancien clocher-mur de la façade est débordant en hauteur et masque la toiture arrière ; il est couvert de pierres de taille.

  • Murs
    • granite
    • enduit
    • moellon
  • Toits
    tuile creuse
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Couvrements
    • voûte d'ogives
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • croupe
  • État de conservation
    mauvais état, désaffecté
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    classé MH, 1992/12/14
  • Référence MH

Documents d'archives

  • THIRION, Philippe (sous la direction de). Les thermes antiques d´Aquae. Montbrison - Moingt (Loire). 1991. DRAC, SRA, Lyon (rapport de fouilles)

  • THIRION, Philippe, BLIN, Olivier, HURTIN, Stéphanie, LE BARRIER, Christian. Les thermes antiques d´Aquae Segetae et le prieuré médiéval de Sainte-Eugénie à Montbrison - Moingt (Loire). DRAC, SRA, Lyon, 1993 (rapport de fouilles)

Bibliographie

  • HURTIN, Stéphanie. Le prieuré de Sainte-Eugénie. Mémoire de maîtrise sous la direction de J.-F. Reynaud, Université Lumière-Lyon 2, 1994.

Périodiques

  • DULAC, Jean-Baptiste. Les ruines de Sainte-Eugénie à Moingt. Annales de la Société d´agriculture de la Loire, 1876, p. 194-216.

Documents figurés

  • AD 42, série 2 Fi Moingt 2.Le château de Neufbourg et le gros Sully. Potard (imprimeur libraire) - Montbrison. 1ère moitié 20e siècle (Coll. Part. Tissier).

Date(s) d'enquête : 2006; Date(s) de rédaction : 2013
© Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
© Conseil général de la Loire
Guibaud Caroline
Guibaud Caroline

Chercheur au service de l'Inventaire Rhône-Alpes puis Auvergne-Rhône-Alpes (1999- )

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