HISTORIQUE
L´origine du château est mal connue. Lors des travaux réalisés au XVIe s., on y aurait trouvé un tombeau gallo-romain, aujourd´hui disparu (BOISSIEU, Alphonse de. Inscriptions latines de Lyon, 1846-1854).
On ne sait rien d´un éventuel ouvrage (maison-forte établie sur une motte) qui aurait pu être construit à la fin du XIIe s., époque de la construction de la motte de Béchevelin. La première mention connue du château remonte à la fin du XVe s. : le 6 avril 1476, le Parlement de Grenoble tient ses assises dans la maison de Jean de Villeneuve ; on peut fortement supposer qu´il s´agit bien du château de la Motte que la famille de Villeneuve possède au début du siècle suivant, et que l´édifice était déjà suffisamment important pour accueillir le nouveau Parlement institué par le dauphin Louis, futur Louis XI, en 1453.
Le 22 octobre 1530, Charles de Villeneuve, seigneur de Joux, vend sa maison-forte à Hugues Dupuy, procureur général de l´archevêché de Lyon, qui sera échevin en 1537 et 1538, et prend désormais le titre de seigneur de la Motte. C´est vraisemblablement lui qui entreprend les travaux d´agrandissement et d´embellissement qui donne au château les grandes lignes de sa silhouette actuelle, tel qu´on peut le voir sur une gravure datée de 1556.
A partir de 1602, le hasard des successions va entraîner le morcellement du domaine (AD 8H257), jusqu´à ce qu´il soit peu à peu reconstitué par les religieuses du monastère de Sainte-Elisabeth de Bellecour qui le possèdent en totalité en 1687 (AD 8H253, 255). Celles-ci ne l´occupent pas à demeure, mais le louent.
A la Révolution, le domaine est saisi comme bien national (AD 1Q 66, 1Q 496), et vendu (AD 1Q 322). Le domaine est ainsi désigné dans les matrices cadastrales de 1826 : « Domaine de la Motte, situé dans l´étendue de la Guillotière, contenant la maison pour le maître, maison pour le cultivateur, cour, jardins, terres, prés, vignes et bois. Dans les bâtiments du domaine sont quatre cuves et un pressoir ».
Le 2 décembre 1830, le Ministère de la Guerre décide la construction d´une ceinture de forts assurant la couverture des faubourgs de la Guillotière et des Brotteaux, et le 16 juillet 1831, il confirme le projet d´une construction sur les hauteurs autour du château de la Motte. Le propriétaire du château, l´avoué Ducreux, refusant de céder son bien, il est exproprié en septembre. Le château est alors enclavé dans l´enceinte du fort et plus ou moins utilisé pour le logement des officiers jusqu´en 1960, puis de 1960 à 1966, par la Légion Etrangère.
Dès 1960, le recenseur des Monuments historiques propose la protection du bâtiment au titre des Monuments, mais ce n´est que le 4 novembre 1983 que les façades et toitures sont inscrites au titre des Monuments historiques.
DESCRIPTION
Enfermé dans l´enceinte du fort de Lamotte, entouré de voies de circulation rapide, le château de la Motte ne bénéficie pas encore des conditions les meilleures pour sa mise en valeur. Il s´agit pourtant d´un des derniers châteaux anciens de Lyon, autrefois très nombreux autour du centre ville et qui ont disparu peu à peu dans l´urbanisation des XIXe et XXe siècles.
Sa situation pourtant permettrait de le mettre en valeur. Il est bâti sur une petite butte (un « mollard », une « motte »), au bord de la terrasse alluviale dite de Villeurbanne surmontant de quelques mètres la plaine rhodanienne.
Cette position avait autrefois un caractère stratégique car elle contrôlait les principales voies d´accès vers Lyon venant de l´est et du sud : route vers Vienne au sud-ouest et route vers Grenoble et l´Italie au nord.
Le château se compose de trois corps de bâtiment irréguliers disposés autour d´une cour fermée au sud par une entrée fortifiée.
L´entrée fortifiée comprend une porte en arc brisé avec écu à la clef, surmontée d´une bretèche. Elle ouvre sur une cour intérieure.
A l´est de la cour se trouve un grand corps de logis, distribué par un escalier en vis, demi-hors-oeuvre en façade, qui débouche également sur une galerie couverte, en bois portée par des consoles en pierre, longeant la partie gauche du corps de logis et se poursuivant vers la bretèche de l´entrée. La porte d´entrée moulurée de l´escalier est surmontée d´un médaillon représentant l´empereur Commode, en demi-relief. Ce logis est flanqué à chaque extrémité côté ouest de deux grosses tours rondes hors-oeuvre.
Le corps de bâtiment nord est accessible par un escalier extérieur construit contre la façade du bâtiment ouest. La bâtiment, moins élevé que le bâtiment ouest, lui est cependant lié par le bandeau mouluré qui court sur les façades et souligne les fenêtres du dernier niveau du bâtiment nord. Ce corps de bâtiment est distribué par un escalier en vis construit dans une petite tour hors-oeuvre au nord du bâtiment. Ce bâtiment est également flanqué à son extrémité est d´une tour carré arasée abritant également un escalier tournant.
Enfin dans l´angle nord-est de la cour se trouve un corps de bâtiment quadrangulaire fortement remanié.
Le château qui conserve d´importants éléments anciens (baies moulurés, meurtrières, escaliers, voûtes, ...) a malheureusement subi de profondes transformations intérieures lors de son occupation par l´armée.
Les murs de gros-oeuvre recouverts au mieux d´enduits, au pire de ciment, apparaissent au hasard des manques : pisé, galets, petits moellons. Les enduits intérieurs recouvrent sans doute des peintures anciennes.
Le château actuellement hors-eau grâce à la réfection des toitures, mériterait une campagne des fouilles archéologiques et d´études des élévations avant une restauration indispensable.
Chercheur au service régional de l'Inventaire Rhône-Alpes jusqu'en 2006.