Résumé d´un entretien réalisé le 7 novembre 2011 par Catherine Guillot avec GeorMillet.

Jacques Oudot, adjoint à la culture de la ville de Lyon de 1989 à 1995 et peintre, est à l´origine de la commande des verrières du Bon Pasteur au plasticien Georges Millet, dit GeorMillet, par l´intermédiaire de la galerie Vannoni, suite à la commande publique réalisée précédemment à la station de métro Vieux-Lyon cathédrale Saint-Jean par l´artiste. La base financière du chantier (environ 250 000 francs) a été apportée par les assurances en raison de l´incendie qui avait détruit en 1987 les verrières précédentes.

Il s´agit de la première et de la seule expérience à ce jour de GeorMillet dans le domaine du vitrail. Il a travaillé seul, sans l´aide d´un peintre verrier. Lors de la commande du métro, il avait été en contact avec la miroiterie Beretta à Vaux-en-Velin, fournisseur des verres et miroirs du métro, entreprise avec laquelle il a travaillé pour réaliser les verrières du Bon Pasteur. Il a utilisé un verre securit propre au bâtiment.

La préparation des verrières remonte à 1992 et leur pose à avril-mars 1993, avec l´aide de Daniel Beretta. Le choix des couleurs des verres s´est effectué à la verrerie Saint-Just à Saint-Etienne. Les plaques de verre ont été découpées directement par l´artiste ; elles ont subi une insolation aux rayons ultraviolets qui solidifie la colle. Les pièces de verre ainsi collées ont été placées sous vide sous deux verres de miroiterie à trois cm d´écart.

Les morceaux de verre forment des triangles, symbole déjà employé dans le métro, forme qui a une vocation spirituelle, qui évoque ici en particulier le renouveau. Des triangles de trois tailles sont déclinés, de 10 cm de côté, 5 cm et 3 cm. Un équilibre des couleurs (bleu, jaune, doré, blanc...) a été recherché. Des perles célestes sont figurées sous la forme de mèches ensemençant le ciel et le sol, qui a la forme également d´un triangle ou d´une pyramide. Geormillet avait émis le souhait que des projecteurs soient installés sur le mur de soutènement, permettant un meilleur éclairage des verrières et une meilleure sécurité du site.

Dans cette réalisation, il a voulu mettre l´industrie au service de l´art et échapper au plomb et à la fermeture. Il pense avoir gagné ainsi une liberté plus grande et a inclus dans cette oeuvre la troisième dimension à travers la profondeur des vitraux et le caractère oblique de la tranche qui permet de renvoyer la lumière. Il a réalisé une forme de dripping perlé avec de l´émail dans les parties hautes (élément blanc) et a utilisé deux jaunes différents. Les barres placées à l´extérieur n´ont pas de rôle dans l´oeuvre et sont à remplacer par des grilles ou des grillages de sécurité. Depuis 1984, s´est installé dans son travail le motif de l´oiseau, qu´il a réalisé également en bronze.

Parmi ses influences figurent Manessier qu´il a rencontré, Alechinsky et Rouan qui l´inspirent tout particulièrement, Jan Voss, l´American dripping, Support-Surface ou Sigmar Polke. Il a essayé de reproduire dans certaines de ses oeuvres l´effet donné dans le tissu par la thermo-impression, technique inventée à Villeurbanne pour les rideaux. Il utilise également le polystyrène expansé comme matrice d´empreinte, sa fragmentation alvéolaire, ses craquelures évoquant le passage du temps. De mère italienne, apparenté au peintre Millet, il pratique également la technique du ciment-colle, évoquant la fresque. Il se projette dans des oeuvres monumentales à la croisée de plusieurs techniques, peinture murale, textile...