D’après l'ouvrage d'Eugène Burnier, La chartreuse de Saint Hugon, l'activité métallurgique de Saint Hugon daterait du milieu du XIIIe siècle.
Par une charte de 1339, le prieur Jacques du Bettonet afferme le martinet de Saint Hugon à deux habitants d'Arvillard. Un martinet et un magasin sont visibles sur la mappe sarde de 1732 (parcelles 1534 et 1535). Ils appartiennent aux Chartreux de Saint Hugon. Ceux-ci possèdent également des artifices sur la rive opposée (Département de l'Isère).
Le minerai provenait d'Allevard (Isère) et de Saint-Georges-d'Hurtières (Savoie). Il était transporté à dos de mulet. "La position des usines dans une gorge très profonde, leur voisinage des montagnes, et la grande abondance des neiges empêchent leur roulage pendant deux ou trois mois en hiver. La rivière se glace ordinairement depuis le commencement de frimaire jusqu'à la fin de Nivôse, et quelquefois plus tard suivant l’âpreté des hivers : il est impossible alors de les mettre en activité, il faut nécessairement attendre la débâcle des glaçons dont les hydrauliques en bois sont chargés" (FR.AD073,1Q99). Les coulées avaient lieu tous les trois ans durant lesquels les chartreux rassemblaient le combustible et le minerai nécessaires. Chaque coulée durait 6 mois et produisait cinq mille quintaux de fonte. Une partie était transformée en verges de fer par les martinets situés sur place. Le surplus était revendu aux maîtres de forge du voisinage ou aux aciéries de Rives situées en Isère.
Par acte du 20 octobre 1792 passé devant maître Durieux, les Chartreux afferment aux citoyens Pralet et Puget leurs fourneaux, martinets et autres bâtiments situés sur les deux rives du Bens.
Pendant la Révolution, la chartreuse de Saint-Hugon devient un bien national. A partir du 21 messidor de l'An 4 (9 juillet 1796), le site est géré par Claude François Puget (notaire, domicilié à Chambéry), Jacques Louaraz (négociant à Arvillard) et Claude Rey. Par acte du 3 complémentaire de l'An 7, Puget, Louaraz et Rey forme une société avec Jacques Prallet et Joseph Bertholus. En 1811, Antoine Bertholus (agent de change à Lyon) remplace son père Joseph au sein de la Société. Par la suite, Jean-Baptiste Prallet (procureur au Sénat) remplace son père Jacques et Claude Guillermin remplace son grand-père Claude Rey. Le 5 juillet 1822, Puget, Bertholus et Louaraz qui son en conflit avec leurs associés Prallet et Guillermin demandent la vente du site. A cette époque, le site de fonderie se compose d'un haut-fourneau de fusion, d'un martinet à couler la fonte et d'une maison destinée au maréchal. Le fourneau est susceptible de produire une coulée de six mois tous les deux ans. Le manifeste édité pour la vente de Saint-Hugon donne un inventaire précis du matériel en place (FR.AD073, 1FS712).
Le 21 décembre 1825, les propriétaires du site, Claude François Puget, Jean Baptiste Prallet (Chambéry), Antoine Bertolus (Lyon) et Jacques Louaraz (Arvillard) demande la remise en activité du haut-fourneau (FR.AD073, 1FS713). A priori celui-ci n'a pas fonctionné depuis 1793.
En 1829 ou 1833, le site est acquis par M.Leborgne. Après l'Annexion, le haut-fourneau cesse de fonctionner mais les forges continuent leurs activités. Le 11 octobre 1871, le nouveau propriétaire du site, Alphonse Foussemagne (ancien notaire, propriétaire à Lyon), demande l'autorisation de transformer le haut-fourneau en scierie en utilisant les ouvrages de prise d'eau existants. L'autorisation est accordée par arrêté préfectoral du 3 juin 1872. Actuellement, des vestiges sont toujours visibles à l'emplacement du site.