Demande : Le nombre des forges existantes dans le Département du Mont Blanc
Réponse : Il y a deux forges à la wallone montées chacune de deux feux. L'une dite forge d'Arbine, située à Arbine en Tarentaise. L'autre est la forge de la Praz située à la Praz en Maurienne près de Saint André. Les 2 forges ont été construites et sont exercées par la Compagnie de Bonvillard. Les autres forges à la mode du pays ne sont à bien dire que des martinets dans lesquels se font cependant des gros fers, tels que bandes de roue, fer maréchal, [...], cercles de cuve et de tonneaux, etc. Et les gros fers que les petites forges réduisent en quincaille. Les dites forges sont situées à Tours en Tarentaise, à Tamié, à Bellevaux et à Aillon, propriétés nationales procédant les cy devant moines. Le martinet d'Arminjon en Bauges. Le martinet de la commune des forges cy devant Ste Hélène ; et celui d'Epierre ; ces deux là ne peuvent être en exercice dans les années de coulée et sont à la Compagnie de Bonvillard ; le martinet de Roget fils situé à la Corbière ; deux martinets à Saint Rémy appartenant aux frères Rivaux , un martinet à Saint André, de Deymonaz ; un martinet à Modane exercé par la Compagnie de Bonvillard ; le martinet de Laurend Miland à la Rochette et 5 à 6 autres martinets dans la commune d'Arvillard et deux à Saint Hugon, cy devant chartreuse, ce qui fait environ 19 à 20 martinets soit forges du pays. Et les deux grandes forges à la wallone et une martinette à Arbine pour la quincaille et la verge que fait faire la Compagnie de Bonvillard.
Demande : Le genre de fabrication, la qualité et la quantité des fers qui s'y fabriquent
Réponse : Le travail des forges à la wallone a pour objet tous les gros fers, tels que les quarrés depuis 7 à 8 lignes au dessus, les bandes assorties en fer maréchal, bandes de roues, bandes de cabriolet, bandes de charrette et telles autres pièces que l'on veut. Quant aux cercles, [...] mayette, fer rond, ils se font ensuite au martinet. Un feu de forge à la wallone fabrique en 24 heures avec 4 ouvriers et 2 valets 10 quintaux de fer forgé tandis qu'un feu de forge à la mode du pays n'en fabrique guère que 4 quintaux avec 3 ouvriers seulement. Le fer provenant des forges à la wallone est beaucoup mieux battu, plus ductiles et plus malléable que ceux qui se fabrique dans les autres forges du pays. La disette d'ouvriers pour les dites forges à la wallonne que l'on tire de la Franche Comté fait que l'on ne peut entretenir qu'un feu de forge dans chaque usine, à la Praz seulment pendant 8 mois et à Arbine environ 11 mois ce qui fait 19 mois de travail à 200 quintaux par mois, peuvent donner 3800 quintaux par an. les autres forges du pays ne travaillent guère que 6 mois de l'année et encore plusieurs travaillent à peine pendant 3 à 4, ainsi l'on ne peut calculer sur une donnée précise de leur travail, ce dont on ne peut s'assurer qu'en leur en demandant une déclaration.
Demande : Si l'on fabrique des socs courbes et autres instruments nécessaires à l'agriculture.
Réponse : Sur le nombre de martinets, il y en a qui ne font que de la quincaille comme socs, pelles, tridents, pioches [...] La compagnie de Bonvillard a fourni cette année plus de 1500 socs si elle n'avait eu le soin d'y procéder, les labourages n'auroient pu se faire.
Demande : Si les ressources en bois sont considérables, de quelle distance ils sont éloignés des forges ainsi que les minerais.
Réponse : Les bois sont dans la plus grande pénurie par le peu de soin que l'on apporte à la conservation des forêts. Les fourneaux, forges et martinets ont été bâtis dans des endroits à proximité des forêts mais le peu de soin que l'on a pris à la reproduction des bois que l'on a coupé fait qu'ils deviennent rares et éloignés, ce qui rend les charbons fort chers.
Demande : Si les maitres de forges donnent à leur établissements toute l'activité possible.
Réponse : Le faible prix que l'on a donné au fer, par le maximum est cause que tous les martinets ont fait très peu de chose cette année dernière, d'autant mieux que tous les charbonniers demandent des prix exorbitants de leur charbon, ne faisant aucun cas du papier, ce qui ralentit toute sorte de fabrication et jette le Département dans une pénurie de toute sorte de fer qui dans les années précédentes étoient assez abondantes dans ce pays ; car il est notoires que les fabricants ne peuvent pas donner le fer au prix fixé par le maximum sans une perte évidente. Cependant la Compagnie de Bonvillard loin de diminuer ses fabrications a fait tous les efforts pour les porter au plus fort produit ; mais malgré toute la bonne volonté, elle a été contrariée par la maladie de ses ouvriers par la difficulté de se procurer les vivres nécessaires à leur aliment et par la disette des voitures nécessaires au transports de ses mines, gueuse et fer et par le manque de charbonniers. Néanmoins elle a redoublé d'efforts et malgré toutes les entraves, elle a fourni la plupart des fers nécessaires à l'armée et en continue diverses fournitures qui lui sont demandées. Elle a même eu la prévoyance de faire faire une quantité de socs sans quoi les labourages n'auroient pu s'effectuer ; malgré les pertes évidente qu'elle éponge, elle ne discontinue pas son travail.
Demande : Si il y a beaucoup de forges et fourneaux en réquisition, soit pour l'artillerie, soit pour la marine, de distinguer celle ci de celles dont le produit peut être affecté aux besoins de l'agriculture.
Réponse : Nul fourneau ni fourneau ne sont en réquisition ; vu qu'à peine leur produit peut suffire aux besoins journaliers et à une partie des demandes de l'armée qui est obligée de recourir dans les Départements voisins pour avoir le surplus des fers que celui cy ne peut lui fournir.
Demande : Si il existe des batteries de tôle.
Réponse : Une seule batterie de tôle finie et palastre fin a été mise en activité par la Compagnie de Bonvillard il y a 3 ans, dans son martinet de Modane ; le travail en a été interrompu à l'approche des armées ; les ouvriers se sont en allés et on n'a pu s'en procurer d'autres que depuis quelques jours : cette fabrication va se remettre en train dans le mois prochain, on fait actuellement le fer qui y est propre et la tôle qui en proviendra équivaudra à celle d'Allemagne.
Demande : S'il se fabrique des clous et de quelle sorte.
Réponse : Il y a quantité de petits martinets dans les Bauges qui ne font absolument que des clous auxquels ils travaillent pendant tout l'hiver. Ils font toute sorte de clous de bâtisses, clous de cheval, clous de souliers, etc.
Demande :Si l'on veut encourager la fabrication des gueuses et fer il faut nécessairement en augmenter les prix, si l'on ne veut ruiner tous les fabricants qui seront forcés de tout abandonner, ce qui jettera cette partie de la République dans la plus grande détresse de cette mâtine de première nécessité.
Il faut en outre [...] à toutes les fabriques les grains et fourrages nécessaires à leur entretien pour toute l'année : car les ouvriers, charbonniers et autres, voyant que leur nourriture [...], ils ne travaillent non seulement de bon courage mais ils abandonnent l'ouvrage, comme cela est arrivé cette année dernière, et tout périclite.