Deux martinets sont visibles sur la mappe sarde de 1732 au lieu-dit du Pont de Bens (parcelles 1161 et1164). Le martinet amont appartient à Étienne Janolin et aux héritiers de Joseph Janolin. Le martinet aval appartient à François Janolin (fils de Renaud) en indivision avec Étienne Janolin et ses frères.
En 1772, l'un des martinets appartient aux associés Jean Grasset (feu Joseph), Jean et Étienne Janolin (feu Étienne) et Claude Champion-Bayard (feu Amédée). L'un des trois y vole une pierre de gueuse, après que vingt charges de fer aient mystérieusement disparu.
Un document de 1812 (FR.AD073, L584) évoque la présence de forges et d'une clouterie au pont de Bens appartenant à Louis Souquet, directeur des hauts-fourneaux et forges d'Allevard. Ce document précise que "l'époque de l'établissement de ces usines remonte à la plus haute antiquité". Un autre document de 1812, évoque l'existence de quatre petites forges "à affiner le fer et à le convertir en outils aratoires" installées dans un même bâtiment au Pont de Bens (FR.AD073, 1FS712). Elles appartiennent à Pierre Bérard et Jean Queizel. "L'époque de la construction de cette usine se perd dans la nuit des temps. Elle pourrait se rapprocher de celle de l'établissement de l'usine possédée par le Sieur Souquet ; ces deux usines ayant simultanément, et pendant un long espace de temps, fait partie du patrimoine de la famille des Janolin jusqu'au moment du partage intervenu entre deux branches de la famille devant le notaire Vallien le 15 décembre 1657" (FR.AD073, 1FS712).
En 1840, Joseph Grasset est autorisé à installer dans la forge comtoise qu'il possède au pont de Bens, deux fours de seconde fusion de type Wilkinson (FR.AD073, 1FS712).
Les forges apparaissent sur le premier cadastre français de 1893 sous le nom de "Forges du pont de Bens". A cette date elles appartiennent à Édouard et Prosper Leborgne. Au cours de la Première Guerre mondiale, les Forges du Pont de Bens travaillent pour la défense nationale. Le 15 septembre 1940, les installations subissent des dégâts liés à une crue. En 1962, une centrale hydroélectrique utilisant les droits de dérivation de la forge est construite à la Chapelle-du-Bard (Isère). D'après le cadastre rénové mis à jour en 1988, un nouveau bâtiment a été édifié à proximité des forges. Racheté par la société finlandaise Fiskars, le site est toujours en activité. Il produit de l'outillage. L'activité est concentrée dans le nouveau bâtiment. L'ancien bâtiment est sans affectation mais une partie du matériel est toujours en place.
En 1993, la centrale hydroélectrique de la Chapelle-du-Bard qui alimentait les forges est achetée par la Société des Forces hydromotrices du Bens (filiale de la Société des Forces motrices du Joudron qui exploite la centrale de Calvin à Arvillard et la centrale du Gelon à la Rochette). La prise d'eau se fait en aval de la centrale du Bens au moyen d'un barrage en enrochement restauré en 1997. Une conduite forcée d'un kilomètre de long et d'un mètre de diamètre franchit le cours d'eau du Bens pour conduire l'eau jusqu'à la centrale.