Un moulin (parcelle 887) et un battoir (parcelle 885) appartenant à Pierre Louis de Lescheraines (Noble) apparaissent sur la mappe sarde de 1732 au lieu-dit Le vivié. Ils étaient alimenté par une résurgence la source de la Rave formant un petit étang dans un pré (fontaine : parcelle 889). A l'origine une prise d'eau sur le Chéran permettait d'amener l'eau jusqu'au réservoir de la source augmentant ainsi le potentiel des artifices.
En 1829, une scierie a été construite à coté du moulin (FR.AD073, 1FS2445). Le propriétaire, Claude Petit, s'oppose à la construction d'une autre scierie au village de la Compôte (IA73002800).
En 1859, une crue modifie la configuration du cours d'eau et rend la prise d'eau sur le Chéran inutilisable.
Le 11 novembre 1861, les propriétaires du site Jean et Roch Petit (cultivateurs, fils de Claude) demandent son maintien en activité. A cette date, il comporte un moulin, un battoir (piloir à fruit) et une scierie. Le bâtiment est équipé de trois roues animant les trois paires de meules du moulin à farine et d'une roue destinée à la scierie. La visite des lieux par les ingénieurs des Ponts et chaussées se déroule le 24 mai 1864 en même temps que celle du moulin de Tartelet situé en aval (IA73002802). Le maintien en activité est autorisé par un règlement d'eau daté du 30 juin 1865.
En 1867, les frères Petit déposent une demande pour créer une nouvelle prise d'eau sur le Chéran. Le site apparait sur le premier cadastre français de 1877 sous le nom de Moulin de Saint-Claude (section B, feuille 2). La scierie (parcelle 460) et le moulin (parcelle 458) appartiennent Ferdinand Petit. Le piloir à fruit (parcelle 456) appartient à Émile Dumoulin.
Le moulin a probablement cessé son activité dans les premières années du XXe siècle. Toutefois, il est mentionné dans le recensement de 1917 qui précise que son outillage est usé (FR.AD073, 284 R 1). Ce document indique également que le site bénéficie d'une puissance de 3 chevaux et que son exploitant, Lucien Petit (fils de Ferdinand), a été mobilisé. Le moulin de Saint-Claude est toujours mentionné dans les recensements de 1923 et de 1924 qui précisent qu'il n'est plus en activité. Il appartient alors à Pierre François Petit. Dans les années 1930, les roues motrices sont remplacées par deux turbines.
Dans les années 1950, la scierie est reconstruite dans l'alignement du moulin et modernisée. Actuellement, elle est toujours en fonctionnement. Le moulin et le battoir sont devenus des logements.
LÉON AYMONIER (1863-1934) PHARMACIEN AU CHÂTELARD
Léon Aymonier naît au Châtelard en1863. Il appartient à la lignée bourgeoise de cette famille, présente dans les Bauges depuis 1430. Sa mère tient un café dans le bourg, en complément d’un emploi à la poste ; son père est cultivateur. Son oncle, le commandant Étienne Aymonier, est administrateur en Asie du Sud-Est et spécialiste de la langue et de la culture cambodgiennes. C’est sans doute avec son soutien que Léon Aymonier entreprend des études de pharmacie à Grenoble, après son service militaire. Il obtient son diplôme en 1890. De retour au Châtelard après un stage à Paris, il achète en 1892 l’officine de Charles Gavard et épouse sa cousine germaine, Jeanne [...]. Quatre enfants naîtront, Paul (décédé en bas âge), Marthe, Paul et Marie-Louise.
UN PHOTOGRAPHE EN DEVENIR
La pratique amateur, si elle concerne un nombre croissant d’individus à la fin du 19e siècle, reste un hobby réservé à une élite sociale et culturelle. Léon Aymonier se livre à ses premières expériences photographiques dans les années1890. C’est peut-être auprès de Joseph Flandrin, son camarade d’internat à Grenoble et futur médecin accoucheur, que Léon Aymonier s’initie à la photographie. Les innovations techniques, en particulier la mise au point du gélatino-bromure d’argent au cours des années 1870, accélèrent la diffusion de cette pratique. La photographie n’est plus réservée aux seuls photographes professionnels, grâce à des temps de pose réduits et des appareils plus maniables. Faciles d’emploi et fabriqués industriellement, les négatifs sur plaques de verre sèches, prêts à l’emploi, ont la préférence de Léon Aymonier.
UN PHOTOGRAPHE EN MOYENNE MONTAGNE
Tantôt pharmacien, tantôt photographe, Léon Aymonier perfectionne sa pratique en consacrant à sa passion une partie importante de son temps. Il l’introduit dans les Bauges, espace rural de moyenne montagne. Si les photographes ambulants sillonnent les campagnes dès la fin du19e siècle, la majorité des studios professionnels est installée en ville, drainant une clientèle essentiellement urbaine. En l’absence de concurrent dans les Bauges, il improvise un studio photographique en plein air à proximité de son officine. Des années durant, se succèdent devant son objectif la population des Bauges dans sa diversité sociale et dans tous les âges de la vie.
Extrait de "Les Bauges de Léon Aymonier", Carnet de découverte des exposition, Exposition du Musée Savoisien, Chambéry, 2013.