HISTORIQUE
À Andance, le franchissement du Rhône était depuis le 12e siècle assuré par un bac puis une traille.
Le projet d'un ouvrage fixe émerge à la fin des années 1820.
Le 20 juin 1827, une ordonnance royale approuve l´adjudication de la construction d´un pont suspendu sur le Rhône à Andance passée le 16 mars 1827 par le préfet du département de la Drôme aux sieurs de Bernon et Desblains (annexe n° 1).
Ces derniers, ingénieurs et conducteurs des Ponts et Chaussées, sont autorisés à établir, moyennant la concession d´un péage durant trente-neuf ans, le pont suspendu qu'ils ont présenté en projet (AD Ardèche, 1963W 26 : Chemise Pont d´Andance, affaires diverses ; AD Rhône, 3959W 1774 : Chemise Pont d´Andance, PK 68,770 ; voir annexe n° 1).
Bien qu'il n'en soit fait aucune mention dans les archives, la pancarte scellée sur l'arche monumentale formant tête de pont en rive droite indique que le pont a été édifié par Marc Seguin (pancarte sur site, annexe n° 2).
Cette information est relayée sur le site internet Art et histoire : on trouve que le pont a été conçu par l'architecte tournonais et l'ingénieur Armand Thévenet et bénéficia d'une suspension vendue par les Seguin. Parmi les entrepreneurs qui ont participé à la construction de l'ouvrage sont cités : la Compagnie Jules Seguin (frère de Marc Seguin), la société Mignot frères d'Annonay et Bruno Plagniol de Chomérac, ingénieur des Ponts et Chaussées du département (site Art et histoire).
Le pont d'Andance serait alors le deuxième pont en fil de fer des frères Seguin lancé sur le Rhône, après celui de Tournon en 1825 (idem ; notice Structurae).
Dans un courrier du 30 novembre 1827, adressé au préfet de l´Ardèche, on apprend que le projet vient d'être examiné par le Conseil général des Ponts et Chaussées. Ce dernier pense qu´il serait convenable de faire remarquer aux concessionnaires, de Bernon et Desblains, que les culées et la pile n´ont pas assez d´épaisseur pour rendre l´ouvrage parfaitement solide (AD Ardèche, 1963W 26 : Chemise Pont d´Andance, affaires diverses).
Nous ne disposons d'aucune information quant à la construction du pont d´Andance.
Une vingtaine d'années après son édification, le tablier doit être surélevé pour faciliter la navigation et permettre le passage des remorqueurs à vapeur avec leurs cheminées. Pendant la durée des travaux nécessaires à cet exhaussement, le rétablissement de l'ancienne traille est indispensable pour assurer les communications entre les deux rives du Rhône. Ainsi, le 14 juillet 1845, un arrêté autorise l´ingénieur Dumon à placer, dans la propriété d'un certain Christophe Thomas, un tour à traille sur l´ancienne pile du bac d´Andance.
Le pont a été exhaussé de 0,50 m par l´entrepreneur Rainery, en 1846 (AD Rhône, 3959W 1774 et notice Structurae).
Le 2 octobre 1850, il est procédé à la visite du pont ; Fontaine, de Bernon et Desblains sont alors les gérants de la compagnie concessionnaire.
Dans le procès-verbal qui est établi, il est stipulé que les amarres en barre de fer des culées sont oxydées et doivent toutes être remplacées pour des raisons de sécurité.
Il est également indiqué que les concessionnaires devaient se conformer aux prescriptions d´une circulaire du 24 mai 1850 qui enjoint de prendre les dispositions nécessaires pour permettre aux ingénieurs de visiter les barres de retenue ou d´amarre dans toute leur étendue. Ces derniers refusent de le faire, invoquant qu' "il faudrait, pour y satisfaire, changer toute l´économie de la construction des culées qui ont été éprouvées et reçues deux fois, ce qui occasionnerait une dépense considérable et nuirait à la solidité des maçonneries qui ont acquis tout leur degré de solidité" (AD Ardèche, 1963W 26).
Plusieurs pétitions des concessionnaires du pont sont signées en opposition à des arrêtés préfectoraux. Ainsi en 1855, les concessionnaires demandent un délai pour faire des réparations avant l´épreuve du pont (idem).
Le 8 mars 1867, l´ingénieur ordinaire rapporte sur les mesures à prendre au sujet de l´expiration de la concession du pont suspendu accordée aux sieurs de Bernon et Desblains par ordonnance de juin 1827 (idem).
La même année, un gardien est nommé pour la surveillance du pont (idem).
En 1887, le coiffeur d´Andance, un certain Chalayer souhaite placer sur le côté aval de la pile du pont une statue qu´il a faite et qui représente le Philanthrope, avec les inscriptions suivantes : "Tous les peuples sont frères, 'humanité, fraternité universelle'. Les animaux qui nous sont d´un si grand bien dans la vie nous ne devons pas les maltraiter ni leur faire d´agonie. Celui qui veut être humain pour lui, il faut qu´il le soit pour autrui". L´ingénieur ordinaire, pour qui "cette statue est loin d´être une oeuvre d´art" s´oppose à ce projet (idem).
À la charnières des 19e et 20e siècles sont entrepris des travaux de restauration de l'ouvrage.
En 1891, les garde-corps sont remplacés par Arnodin, selon un système qu'il avait élaboré, consistant à substituer le garde-corps en bois par un garde-corps métallique articulé formant poutre raidissante (idem : Chemise Pont d´Andance. Technique).
En 1897, on a la connaissance d'un projet de réfection (consolidation) du pont suspendu comprenant le remplacement des câbles, des poutrelles et du platelage (AD Rhône, 3959W 1774). Il s'agit sans doute d'un projet Arnodin, qu'un autre document d'archives mentionne en 1908.
L'année suivante, comme au pont de Serrières, il est procédé au rechargement des enrochements des piles ; ce rechargement est nécessité consécutivement à la crue d´octobre 1896.
À la même époque, des commandes de bois, en vue du remplacement des bois du pont, sont documentées ; on signale également la réorganisation du gardiennage et l'acquisition par l´administration des vieux bois (AD Ardèche, 1109W 376 et 1963W 26). Une vente des bois provenant des ponts suspendus de Serrières, d´Andance et de Tournon a ainsi lieu en 1900 (AD Ardèche, 1109W 385).
Le platelage devait donc être récemment refait à Andance.
Le 29 octobre 1901, un courrier du directeur des routes, de la navigation et des mines, adressé au ministre et au préfet de l´Ardèche, informe qu´à la suite de visites détaillées du pont suspendu d'Andance "il a été reconnu que la plupart des câbles de l'ouvrage sont en très mauvais état et que, malgré la circulation peu active sur la route en cet endroit, il serait à craindre que le passage de lourds charrois entraînât, à un moment donné, la rupture d´un câble. En vue d´éviter un semblable accident dont les conséquences seraient très graves, [il] estime qu´il y a lieu de présenter un projet de reconstruction du pont" (AD Ardèche, 1963W 26).
Ses recommandations semblent aboutir puisqu'en 1908 est mentionné l'achèvement de la réfection de la suspension, selon le projet Arnodin (idem : Chemise Pont d´Andance. Technique).
Le 30 août 1944, l'ouvrage est miné par l'armée allemande, afin de protéger sa retraite (BREYSSE, p. 103 ; base CNR/Oasis ; notice Structurae ; site Art et histoire).
Au début de l'année suivante, un document fait état de la destruction de la travée de la rive droite par la rupture des huit câbles porteurs ; l´entreprise Baudin de Châteauneuf-sur-Loire travaille à son relèvement, mais rien n'est encore engagé (AD Ardèche, 1109W 258).
L´ouvrage devra être reconstruit sur le même type, toutefois le tablier sera rehaussé de manière à réserver à la navigation le gabarit de 7 sur 60 m, prévu par une instruction du 21 janvier 1942 (AD Rhône, 3959W 1774 : Dossier sur la Reconstruction).
En février 1945, l´ingénieur propose de rétablir le passage d´Andance à l´emplacement du pont détruit en réutilisant les anciennes maçonneries (AD Rhône, 3959W 1774).
Selon un texte de Mme L. Trouillon-Bonneton d'octobre 1944, en attendant la reconstruction, le franchissement de fleuve se faisait par barques (ce qui est confirmé dans BREYSSE, p. 103). Puis une passerelle en bois est ouverte au début du mois de décembre 1945, afin d'assurer la liaison entre les deux rives.
Le relèvement du pont intervient en juillet 1946 (BREYSSE, p. 103 ; base CNR/Oasis ; notice Structurae ; site Art et histoire).
On conserve, pour la période de 1948 à 1952, une correspondance relative à un projet de reconstruction (AD Ardèche, 1262W 13).
Un avant-projet semble établi en 1959 (AD Ardèche, 1963W 26 : Chemise Avant-projet, 1959).
En 1969, un document mentionne que le nouveau pont doit traverser le Rhône aux abords du PK 69,500 (AD Rhône, 3959W 1774).
L'ancien ouvrage est finalement resté ; restauré vers 1985 (BREYSSE, p. 103), le pont suspendu d'Andance est aujourd'hui le plus ancien ouvrage de type suspendu en fils de fer encore en service (pancarte sur site, annexe n° 2).