Dossier d’œuvre architecture IA01000581 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, Patrimoine industriel
Société Anonyme de filature de schappe dite la SAF
Œuvre recensée
Auteur
Copyright
  • © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
  • © Ville de Lyon

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Rhône-Alpes patrimoine industriel - Oyonnax
  • Hydrographies L'Albarine
  • Commune Saint-Rambert-en-Bugey
  • Adresse rue de la Schappe
  • Cadastre 2010
  • Dénominations
    usine textile
  • Parties constituantes non étudiées
    cheminée d'usine

La Société anonyme de filature de schappe (SAF ou Schappe), une entreprise textile fondée en 1885 par la fusion de deux entreprises familiales : d'une part la société Franc Père & Fils & Martelin, fondée en 1842 à St-Rambert-en-Bugey dans l'Ain ; d'autre part la société Hoppenot Frères, fondée en 1847 à Troyes dans l'Aube.

1860 est une période de forte croissance. Ces temps fastes sont favorisés par la grave crise que connaître entre-temps l'industrie de la soie classique, crise liée au déversement sur les marchés européens de la matière première produite en Extrême-Orient. L'ouverture commerciale du Japon par le traité de Yokohama en 1859 en particulier entraîne l'arrivée d'une soie bon marché et d'une qualité n'ayant rien à envier à la production indigène. Si la Fabrique souffre énormément des importations orientales, les schappistes apprécient de voir l'arrivée en quantité sur le marché de déchets de soie que l'innovation technique réduit de plus en plus dans les usines nationales. La schappe s'affranchit de sa condition d'industrie d'appoint pour devenir une alternative bon marché à la soie naturelle.

La schappe, est un tissu produit à partir des déchets de la soie naturelle, à l'aspect plus mat et plus souple. Son sens étymologique n'a jamais pu être réellement établi, mais son origine provient sans doute d'un dialecte alémanique. La provenance des déchets de la soie naturelle se divise en deux catégories : les résidus de soie grège (soie naturelle à l'état brut) et les cocons de vers à soie (la schappe utilise principalement ceux du bombyx du mûrier (Bombyx mori) et du ver à soie Tussah (Antheraea pernyi)).

À la veille de la première révolution industrielle, la production de schappe en France reste une production artisanale et physiquement épuisante, réservée aux détenus des maisons d'arrêts, principalement à Toulon, Nice et Embrun. Le patronat naissant y voit une ressource au potentiel intéressant. Il s'agit en effet d'une ressource disponible en grande quantité : la production d'un kilogramme de soie génère à peu près la même quantité de déchets. Elle partage de surcroît un processus de fabrication similaire à celui de la laine. Le premier homme d'affaires à mécaniser la production de la schappe est le bâlois Johann Sigismund Alioth (1788-1850) qui ouvre une usine en 1824.

Durant la Seconde Guerre mondiale, la SAF est victime de l'occupation : l'usine est fermée par des troupes au sol de la Luftwaffe. 1943 est une année de calme relatif. 1944 se révèle beaucoup plus chaotique. Le 4 février 1944, l'ancien directeur de la SAF et capitaine de réserve Jean Hoppenot est appréhendé par la Gestapo à la sortie de l'usine "Bazin" où il travaille. Trois semaines plus tôt, la police secrète allemande cernait le quartier-général clandestin du réseau de l'Armée Secrète dont il est le commandant militaire départemental depuis 1941 (CNDP de l'Aube, http://www.cndp.fr/crdp-reims/cddp10/actions/CNRD/fichiers/local/006.htm). Séquestré et interrogé, il est déporté au camp de Flossenburg où il meurt pour la France le 15 novembre 1944. Le débarquement du 6 juin plonge les communications dans la confusion la plus totale. Les usines de Saint- Rambert et d'Amplepuis continuent malgré les événements à tourner pour alimenter le tissage lyonnais.

En 1946, la Schappe trouve dans une industrie nouvelle un sursis salutaire pour se restructurer : le nylon. En 1961, c'est l'association entre SAF et SIS pour donner naissance à la holding Schappe, divisée entre la SA Schappe lyonnaise et la Schappe AG bâloise.

En 1968, le groupe américain Burlington manifeste son intérêt pour la SAS, qui se concrétise par une prise de participation en 1971 et l'adoption de la raison sociale Burlington-Schappe SA, qui devient de ce fait une filiale du géant de Greensboro. Si les membres des anciennes familles fondatrices ont pu maintenir une part conséquente de leur influence sous la holding Schappe, l'arrivée de l'industriel américain met un terme à 92 ans de présence familiale lorsque leur dernier administrateur, Jacques Franc, remet sa démission en 1978. À cette date, la société Burlington-Schappe agonise sous les effets de la crise et de la concurrence bon marché venue d'Asie. Malgré les investissements conséquents réalisés par Burlington, la société est contrainte de fermer brutalement en 1982 : faillite du 2 avril 1982, mettant ainsi fin à une histoire longue de 96 ans.

(cf réf doc : PLIEZ Victorien 2014)

Dossier d'urgence : un permis de démolir a été déposé en 2018 sur cette parcelle. La quasi totalité du site va être démoli. Le bâtiment administratif en alignement sur la rue et la cheminée ? seront conservés.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 19e siècle
  • Dates
    • 1885, daté par source

Le site se compose de différents bâtiments et d'une cheminée circulaire en brique de grande hauteur. Le bâtiment principal et composé de 10 travées à doubles baies rectangulaire à petits carreaux. L'entrée principale se distingue par un pignon-porche imposant surmonté d'une cloche se bâtiment sera conservé. L'ensemble des ateliers sheds sont démolis.

  • Murs
    • pierre enduit
  • Toits
    tuile creuse mécanique
  • Couvrements
  • Couvertures
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Dossier en cours

Documents d'archives

  • AD Rhône (ADR), 54J : le fonds privé de la SAF déposé par en 1982 aux archives départementales du Rhône grâce à l'entremise de l’historien Pierre Cayez.

    Des informations complémentaires, notamment les finances des filiales de la SAF, sont fournies par les livres de comptabilité. Concernant les archives du domaine public, les principales sources utilisées sont les actes de société (série 6Up puis W aux ADR) et le registre du commerce et des sociétés (RCS) (ADR : série 56 B) du greffe du tribunal de commerce de Lyon.

    AD Rhône : 54J

Bibliographie

  • PLIEZ Victorien, dirigeants et administrateurs de la Société Anonyme de filature de schappe, évolution d'une entreprise Tome 1, généalogie Tome 2, mémoire de Master 2, sous la direction d'Hervé Joly, dir. de recherches au CNRS, Université Lumière Lyon 2, 2014.

    AP
  • Frank Dellion, La Schappe : stratégie, réseaux familiaux et condition sociale dans une entreprise de déchets de soie, thèse de doctorat d’histoire contemporaine sous la direction de Youssef Cassis, université Pierre Mendès-France Grenoble 2, 2008.

    AP
  • Philippe Mélinand, Naissance et ascension d'une usine de filatures de déchets de soie : Franc & Martelin (1838-1883), mémoire de maîtrise sous la direction de Serge Chassagne, université Lumière Lyon 2, 1998.

    AP
  • Serge Chassagne, « Antoine-Alexandre Franc » in Pierre Cayez, Serge Chassagne, Le patronat du Second Empire, Lyon et les Lyonnais, Paris/Le Mans, Picard/Cénomane, 2007, p.131-138.

    AP

Annexes

  • Historique de la Schappe
Date(s) d'enquête : 2018; Date(s) de rédaction : 2019
© Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel