Il a existé sur l´actuel territoire de notre région deux chapelleries d´importance nationale, l´usine Fléchet à Chazelles-sur-Lyon dans la Loire, protégée en 1999, et la chapellerie Mossant implantée à Bourg-de-Péage dans la Drôme. Créée en 1833, la société de Casimir Mossant qui sera reprise par son fils Charles (1835-1908) connaît un essor considérable pour atteindre une renommée internationale jusque dans l´Entre-deux-guerres avec la fabrication du chapeau de feutre Mossant. Cette entreprise, en nom-collectif propriété de Marie Antoine Vallon (gendre de Mossant), Ferdinand-André et Antoine-Marie Argot (neveu de Vallon) et Casimir Mossant descendant du fondateur (portant le même prénom), s´arrête quasiment de fonctionner durant la Première Guerre mondiale. Puis elle atteint son apogée en 1929. "Mossant coiffe le monde" : 2000 chapeaux par jours sortent de l´usine nécessitant le travail de 1200 ouvriers ; 55% du chiffre d´affaire proviennent de l´exportation dont 45% pour les Etats-Unis (chapeau de cow-boy en poils de castor et le Borsalino). La célèbre marque remporte de nombreux prix dans les expositions universelles (Paris en 1889 et Saint-Louis (Etats-Unis) en 1900). Le site industriel occupe plusieurs hectares et emploie plusieurs générations d´habitants avant de péricliter après la Seconde Guerre mondiale. Après avoir tenté de produire le chapeau de toile exécuté en nylon qui remplaça presque le casque colonial, l´entreprise réoriente complètement la production et la griffe Mossant dans le milieu des années 1950. En effet, cette marque est désormais associée à des vêtements de sport de qualité, en nylon et tergal coton, comme les imperméables ou anoraks de ski.
L´entreprise Mossant ferme définitivement ses portes en 1978. Après un moment d´abandon, et la disparition de la totalité des ateliers en rez-de-chaussée, il ne reste que le bâtiment principal appelé la citadelle réalisée par l'architecte valentinois Henri Joulie en 1929 après un important incendie. Ce bâtiment, dont il ne reste aucune structure de production industrielle, accueillait en rez-de-chaussée les ateliers de tissage et garniture du chapeau et aux étages toute la partie administrative et directoriale. Monsieur Jacky Perrenot, entrepreneur en devient propriétaire début des années 1980. Le propriétaire privé, conscient du potentiel économique et de la qualité architecturale de cet édifice, élabore, avec l´aide d´un architecte spécialisé dans la réhabilitation de sites industriels, un ambitieux programme de réutilisation économique en concertation avec la commune et l´architecte des Bâtiments de France qui s´est montré favorable à l´idée d´une protection patrimoniale. La demeure patronale a été transformée en clinique ( la Parisière) et a conservée son grand parc. Connexe à cette ancienne maison patronale une petite cité ouvrière est encore présente construite par l'architecte PROST 1er quart XXe siècle. Après l´étude effectuée par Luigi Puricelli, architecte urbaniste (pour le projet de réutilisation du site), et l´avis favorable de architecte des bâtiments de France (Sdap 26), nous sommes bien en présence d´un bâtiment innovant et moderne, tout en béton armé, qui dégage une élégance et un soin du détail propre à l´architecture des années 1930. Sa reconnaissance stylistique lui est attribuée en 2003 par le Label XXe : après la valeur d´art, la valeur de mémoire pour l´architecte Henri Joulie. Pour ces raisons, il est proposé l´inscription au titre des monuments historiques de la chapellerie Mossant dans sa totalité. Le propriétaire privé, conscient du potentiel économique et de la qualité architecturale de cet édifice, élabore, avec l´aide d´un architecte spécialisé dans la réhabilitation de sites industriels, un ambitieux programme de réutilisation économique.