Historique
La lecture des élévations montre divers collages de maçonnerie, reprises et surélévations, ainsi que des remplois d'éléments d'encadrement. La partie la plus ancienne pourrait correspondre à la partie centrale de l'ensemble oriental, dont l'origine pourrait remonter à la fin du 17e siècle, ou au début du 18e siècle. L'ensemble occidental date principalement de la seconde moitié du 18e siècle. Il est possible que les parties sud et nord de l'ensemble oriental datent de la toute fin du 19e siècle ou du début du 20e siècle.
Sur le plan cadastral de 1813, la parcelle apparaît avec un plan de masse très similaire à l'état actuel. L'état des sections cadastrales de 1824 mentionne cette parcelle comme « maison et cour » appartenant à « Borel Louis à Macuaigne de Barret », lequel possède également une quinzaine de parcelles alentours, comprenant une « vigne » (parcelle 622), trois « prés » (parcelles 613, 616, 619), quatre « terres labourables » (parcelles 612, 618, 621, 624), et trois « landes » (parcelles 623, 626, 625).
La surélévation du bâtiment occidental et l'aménagement de la voussure d'avant-toit ne semblent pas antérieurs à la fin du 19e siècle ou au début du 20e siècle. Dans le troisième quart du 20e siècle, l'ensemble occidental a été partiellement repercé. A cette même époque, les planchers ont été refaits en brique autoporteuse, de même que les aménagements intérieurs du logis.
Au 19e siècle et jusqu'au début du 20e siècle, cette ferme servait d'auberge. A la suite du coup d'état du 2 décembre 1851, cette maison aurait servi d'abri aux fuyards provenant des Alpes-de-Haute-Provence. Jean Borel dit Macuègne et son épouse Rosette, née Moulet, furent arrêtés en août 1852, résidant alors à Saint-Vincent-sur-Jabron. Ils furent menés à Digne pour y être inculpés. Lors de la perquisition, on ne trouva qu'un écrit "politique". Une tradition familiale associe l'assassinat de Joseph Borel, en août 1868 à Sisteron, à ces faits.
Description
Implantation, fonctions et communications
Cette ferme est isolée à approximativement 2 kilomètres à l'est du village de Barret-de-Lioure, à une altitude d'environ 960 mètres. Elle est adossée parallèlement au sens de la pente, et elle est composée de deux ensembles de bâtiments accolés en enfilade, un à l'ouest et un à l'est, séparés par une cour fermée. L'ensemble occidental est en partie bâti sur un affleurement rocheux.
L'ensemble occidental est séparé en deux parties.
La partie sud comporte un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé et un étage de comble. L'étage de soubassement est occupé par une étable, séparée en deux par un muret maçonné, et par un petit cellier accueillant des barriques. Le rez-de-chaussée est desservi par un escalier extérieur avec palier filant, il est occupé par le logis. L'étage de comble est occupé par un séchoir et un pigeonnier.
La partie nord comporte un rez-de-chaussée et un étage carré. Le rez-de-chaussée est occupé par une remise-étable ; une cuve à bouillir cylindrique, en bois cerclée de fer, est entreposée dans un angle. L'étage est réservé aux chambres.
L'ensemble oriental est séparé en trois parties.
La partie sud comporte un rez-de-chaussée et un étage carré. Le rez-de-chaussée est occupé par une remise, transformée en atelier. L'étage est réservé à une chambre, il est accessible par un escalier extérieur couvert. Un poulailler sous voûte en berceau segmentaire est aménagé sous cet escalier.
La partie centrale comporte un rez-de-chaussée, un étage carré et un étage de comble. Le rez-de-chaussée est occupé par une écurie et un logis, constitué d'une cuisine et d'une chambre. Dans la cuisine, le sol est en dalles calcaire, des niches sont aménagées dans les murs et ces derniers sont enduits. La partie de l'étage au-dessus de la cuisine est réservée à une chambre, accessible par un escalier intérieur tournant, avec marches et contre-marches en mortier et nez-de-marche en bois ; la partie de l'étage au-dessus de l'écurie est occupé par un fenil-séchoir. L'étage de comble est occupé par un pigeonnier.
La partie nord comporte un étage de soubassement occupé par une étable, et un rez-de-chaussée surélevé réservé au fenil-séchoir.
Matériaux et mise en oeuvre
L'ensemble des bâtiments est construit en maçonnerie de moellons calcaire et de brèche calcaire. Les chaînes d'angles sont en gros moellon équarri sur l'ensemble oriental ; elles sont en pierre de taille de brèche calcaire sur l'ensemble occidental. Les élévations de l'ensemble occidental conservent partiellement un enduit lisse, avec un décor peint de cadre de façade.
Le long de l'élévation est de l'ensemble occidental, l'escalier extérieur se prolonge par un palier filant, bâti sur un massif de maçonnerie dégageant un passage couvert sous voûte en berceau segmentaire donnant accès à l'étable. Le palier filant possède un sol en dalles calcaires, et il est couvert par un toit en appentis reposant sur un poteau en bois et sur un pilier maçonné.
On relève plusieurs ouvertures avec encadrement en pierre de taille. Ainsi, sur l'élévation est de l'ensemble occidental, la porte de remise-étable possède un encadrement en pierre de taille de brèche calcaire, en arc segmentaire, alors qu'une fenêtre avec un arc segmentaire monolithe en pierre de taille de brèche calcaire est visible sur l'élévation ouest. Sur l'élévation ouest de l'ensemble oriental, les portes de la cuisine et de l'écurie possèdent un encadrement en arc plein-cintre, en pierre de taille de tuf, avec un piédroit commun. La porte de l'étable possède une encadrement mixte en pierre de taille calcaire et de brèche calcaire, en arc segmentaire. D'autres ouvertures sont en arc segmentaire de moellons clavés : les portes de la remise-étable et du poulailler sur l'élévation ouest de l'ensemble oriental, la porte fenière sur le pignon nord de ce même ensemble. Une fenêtre sur l'élévation est de l'ensemble occidental et une autre sur le pignon nord. Les encadrements des autres ouvertures sont façonnés au mortier de gypse, avec un linteau droit monoxyle, ou monolithe pour les jours. Sur l'élévation ouest de l'ensemble oriental, la baie du pigeonnier possède une grille d'envol en mortier de gypse.
Les toits sont à longs pans. La couverture est en tuile creuse, posées sur plancher de sous-toiture ou sur quartons, ou en tuile plate mécanique.
Sur l'ensemble occidental, l'avant-toit est constitué d'une voussure montée en encorbellement de moellons, et enduite, sauf sur l'extrémité sud où l'avant-toit est constitué d'un débord de lauze calcaire ; la saillie de rive est constituée d'un rang de génoise peint en blanc. Sur la partie sud de l'ensemble oriental, l'avant-toit est constitué d'un débord du plancher de sous-toiture, sur la partie nord de l'ensemble oriental, il est constitué d'un débord de lauze calcaire.
Espaces libres
La cour qui sépare les deux bâtiments est fermée au nord par un large portail, dont l'encadrement en arc plein-cintre est en pierre de taille calcaire ; ce portail est couvert par un toit en appentis. Une aire à battre domine la ferme, côté nord, soutenue par un haut mur en pierre sèche.
Le chemin qui mène à la ferme est bordé d'une allée d'amandiers et d'un noyer. Un verger de cerisiers est planté au nord-ouest de la ferme.
