Dossier d’œuvre architecture IA63002626 | Réalisé par
Renaud-Morand Bénédicte (Contributeur)
Renaud-Morand Bénédicte

Conservatrice du patrimoine, chercheure de 1994 à 2023 au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel (Clermont-Ferrand).

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  • enquête thématique régionale, Patrimoine des lycées
  • opération d'urgence
Collège d'enseignement technique de la cité scolaire de La Charme, puis lycée professionnel Camille Claudel
Œuvre recensée
Copyright
  • © Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton aire d'étude de la région Auvergne-Rhône-Alpes - Clermont-Ferrand Nord
  • Commune Clermont-Ferrand
  • Adresse 4 rue de la Charme
  • Cadastre 2017 AN 7 La parcelle ne porte qu'un seul numéro sur le plan cadastral daté de 2017 alors qu'en 2022 la proviseure de la partie lycée nous indique que la partie de la parcelle occupée par le collège appartient au département (sans que sa matérialisation par une clôture n'ait été nécessaire), et une autre à la ville de Clermont-Ferrand (le gymnase), bien clôturée.
  • Dénominations
    lycée, centre de formation

Situation et inscription urbaine : un établissement particulièrement discret.

Lorsque l'avant-projet de cité scolaire est conçu en 1970, préexistent sur le site, d'une part la ZUP de La Plaine-Montferrand, avec ses 32 immeubles, dont des barres s'élevant jusqu'à dix étages-carrés (le tout représentant 2088 appartements1), d'autre part, l'église Notre-Dame du perpétuel secours. La ZUP est l'oeuvre de l'architecte-urbaniste Daniel Michelin, son projet de plan de masse datant de 1962-1963, l'église est celle des architectes Paul Faye et Michel Tournaire, dont la construction a commencé en 19692.

Discrétion de l'établissement dans le paysage urbain. L'entrée du lycée est à l'arrière-plan. Le bâtiment de l'entrée que l'on voit ici a été construit entre 1991 et 1996.Discrétion de l'établissement dans le paysage urbain. L'entrée du lycée est à l'arrière-plan. Le bâtiment de l'entrée que l'on voit ici a été construit entre 1991 et 1996.

L'église et la cité scolaire apparaissent comme de simples accompagnements des immeubles d'habitation, qu'on pourrait qualifier alors de triomphants.

Eglise Notre-Dame du perpétuel secours. Elle préexiste à la cité scolaire de La Charme. Elle accompagne de la même façon la construction de la ZUP de La Plaine-Montferrand.Eglise Notre-Dame du perpétuel secours. Elle préexiste à la cité scolaire de La Charme. Elle accompagne de la même façon la construction de la ZUP de La Plaine-Montferrand.

Cependant, il faut aussi savoir que l'analyse géologique du sous-sol pour laquelle des sondages avaient été réalisés le 30 juin 1970 à l'emplacement de la future cité scolaire avait livré une conclusion peu enthousiasmante quant à la capacité de recevoir des "bâtiments importants". Le sous-sol étant marneux à une profondeur moyenne de 4 à 5 mètres, "la construction de bâtiments importants imposera de se fonder sur des pieux ancrés dans la marne", alors que "pour des bâtiments de faible hauteur, il sera possible d'envisager de se fonder sur les formations superficielles" (sables cinéritiques, limons, argiles)3. C'est pour cette raison probablement aussi que le choix avait été fait d'une structure métallique, plus légère que le béton armé. Et il faut savoir aussi que c'est à cette période que les pédagogues demandent des établissements "à l'échelle des enfants"4. Dans le même esprit, l'entrée de l'établissement scolaire, selon Jean Delannoy, l'auteur, en 1975, de Architecture scolaire et pédagogie nouvelle, doit se présenter "sans aucune solennité, presque modeste"5.

Pour ce qui concerne l'église, ses auteurs Faye et Tournaire ont eu l'occasion d'exprimer leurs idées quant à l'inscription des édifices dans un site. Dans leur ouvrage Site et sitologie, on peut lire par exemple qu'il était nécessaire "que les points d'appel soient hiérarchisés sinon notre regard étant sollicité par des points d'appel de même force ne pourrait effectuer son choix, d'où un va-et-vient continuel entre les deux pôles d'attraction et un écartèlement du regard justifiant une appréciation défavorable sur le paysage"6. Ainsi, les immeubles de la ZUP s'élevant sur de grandes hauteurs, les architectes avaient pris le parti de ne distinguer l'église que par sa forme originale et son nom simplement écrit sur la façade.

La destination de l'édifice, inscrite en capitales ("EGLISE"), bien postérieure, semble-t-il, à la campagne initiale de construction, rappelle quelques analyses que Robert Venturi livrait en 1971 sur "la monumentalité architecturale et le grand espace bas" et sur le rôle qu'y tenaient les enseignes7. Cet ajout témoignerait peut-être d'un défaut d'identification de la forme architecturale adoptée, ou d'un jeu de proportions entre logements et édifice religieux mal perçu voire difficilement interprété. Si ce constat valait pour l'église, pourrait-il valoir aussi pour l'établissement scolaire ?

1AC de Clermont-Ferrand, 535 W 1.2FAYE, Paul, FAYE, Bernard, GODARD, Alain, TOURNAIRE, Michel. Site et sitologie. Comment construire sans casser le paysage. [Paris] : Jean-Jacques Pauvert, 1974, p. 118.3AC de Clermont-Ferrand. 535 W 1. 4Musset, Marie. De l'architecture scolaire aux espaces d'apprentissage : au bonheur d'apprendre ? Lyon : ENS de Lyon (coll. "Dossier d'actualité Veille et Analyses", n°75), mai 2012. [En ligne]5Cité par Christian Picque, dans "Le bâtiment scolaire : bâtiment d'exception dans l'architecture publique", TPFE, 1986, dir. Jérôme Treuttel, p. 69.6Op. cité, p. 95.7VENTURI, Robert, SCOTT BROWN, Denise, IZENOUR, Steven. L'enseignement de las Vegas ou le symbolisme oublié de la forme architecturale. Bruxelles/Liège : Pierre Mardaga, 1978 (1ère version parue en 1971), p. 63-65. Je remercie Christophe Laurent de m'avoir signalé qu'en 2009, l'inscription "EGLISE" n'apparaît pas sur ses clichés.

L'ensemble des plans du dossier d'avant-projet de la cité scolaire, dont seule la partie "CET 540" correspond à l'actuel lycée professionnel, date du 18 novembre 1970, tout comme la note de l'architecte annonçant l'oeuvre du 1% artistique (et désignant son auteur Edgard Pillet).

Les plans du projet définitif datent du 9 avril 1971 : deux bordereaux d'envoi de la direction départementale de l'équipement au sénateur-maire de Clermont-Ferrand les accompagnent (tampons des réceptions des 19 et 24 avril 1971). Un courrier indique par ailleurs que la refonte des plans a été liée à l'agrandissement du terrain et l'implantation d'un gymnase "type C" dans l'enceinte de celui-ci. Le 19 novembre de la même année un courrier du préfet annonce au maire que la deuxième tranche de ce projet n'est inscrit qu'au "programme industrialisé 1972". Cependant, sur le site de l'IGN "Remonter le temps", un cliché datant du premier janvier 1972 montre une cité scolaire entièrement sortie de terre (huit mois auraient donc suffi). On peut alors imaginer que la deuxième tranche de travaux ne concernent que des finitions, puisque l'ouverture de la cité scolaire est donnée comme s'étant tenue le premier septembre 1972 (procès-verbal de la mise à disposition de l'établissement conservé au conseil régional d'Auvergne).

Il semblerait que ce type de construction légère (structure métallique) n'ait pas nécessité de permis de construire (information glanée sur le site Wikipedia, à l'article "collège Pailleron", donnant un article du journal Le Parisien, daté du 6 février 2013, comme source de cette information), ce qui aurait permis d'accélérer encore l'érection d'établissements scolaires.

Pierre-Adolphe Le Breton est désigné comme architecte d'adaptation [de procédés mis au point par la Société méditerranéenne de bâtiments industrialisés, en l'occurrence]. Aucun nom n'est inscrit dans la case du formulaire prévue pour la désignation d'un architecte d'opération (AC Clermont-Ferrand 535 W 1).

Le bloc B1, du plan de 1971, baptisé "loge et administrations", est devenu un bloc "infirmerie", tandis que loge et administration ont été installées dans un bâtiment ajouté entre le 18/7/1991 et le 24/3/1996 (comme en atteste le site de l'IGN "Remonter le tps"). Selon la même source, le gymnase a été construit entre le 1/1/1972 et le 12/7/1974. Il s'agit d'un gymnase municipal partagé, loué à la Région (lycée) et au département (collège).

Au moment de la décentralisation, la cantine est entrée dans le lot du département mais elle est partagée avec le lycée. De même, aucune clôture ne sépare les deux entités (sans que cela n'ait posé le moindre problème d'après un témoignage oral).

Depuis 2002, Le lycée professionnel de La Charme est devenu lycée professionnel Camille Claudel (témoignage oral).

L'actuelle partie collège (CES 900 à l'origine) a été restructurée par le département qui en est propriétaire depuis la décentralisation. La partie lycée (CET 540 à l'origine) appartenant à la Région est vouée, en 2022, date de sa désaffectation, soit à la démolition, soit à la restructuration.

Quant à l'oeuvre du 1% artistique, elle était prévue par l'architecte à l'entrée de la cité, visible depuis l'extérieur puisqu'il devait s'agir d'une "sculpture en acier inoxydable d'expression plastique de 3 mètres de hauteur, sur un socle en béton de 1,40 mètre" (description de la proposition de l'architecte, du 18 novembre 1970, au moment de l'avant-projet architectural). L'oeuvre a été remisée à l'arrière de la parcelle (à l'est) au moment de la construction du nouveau bâtiment d'entrée (on l'aperçoit sur des vues du site en ligne "Google earth"), puis déplacée à nouveau par la direction des lycées du Conseil régional.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1971, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Le Breton Pierre Adolphe
      Le Breton Pierre Adolphe

      Architecte DPLG (en 1945). Domicilié à Paris à partir de 1964 (54, avenue Mathurin-Moreau, 19e arr., en 1971).

      D'après un courrier conservé au Centre des archives de l'architecture contemporaine (133 ifa 164/3), il aurait été installé en Algérie entre 1958 et 1964 (comme architecte des bâtiments civils d'Algérie) et aurait eu de "grandes difficultés à exercer sa profession" à son retour sur le sol français. Il avait notamment construit "des collèges en éléments standardisés" et, pour l'Education nationale encore, le lycée d'Oran.

      Auteur, notamment, des plans de la cité scolaire (CET et CES) La Charme, devenu en partie lycée professionnel Camille Claudel, à Clermont-Ferrand (1971-1972), du CET de Pont-du-Château devenu lycée Pierre Boulanger (1974) et du lycée professionnel Germaine Tillion de Thiers (1976-1977 ; voir tableau AN/MCC sur les oeuvres du 1% artistique).

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    • Auteur :
      Société méditerranéenne de bâtiments industrialisés
      Société méditerranéenne de bâtiments industrialisés

      Domiciliée à Marseille.

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      entrepreneur attribution par source

La cité scolaire est constituée d'un ensemble de bâtiments légers montés sur une structure métallique. Il pourrait s'agir d'un des rares ensembles encore en place du type dit "Pailleron". La trame adoptée est d'1,80 m (aboutissant à des élévations à travées).

Le bâtiment principal s'élève sur deux étages-carrés, avec un décalage correspondant à trois marches entre un bloc situé au sud et un bloc au nord. Au bloc nord sont accolés deux bâtiments en rez-de-chaussée à l'est et à l'ouest. Les autres bâtiments (bâtiment d'entrée avec loge et administration à l'origine, devenu bâtiment d'infirmerie, et bâtiment des ateliers) sont en rez-de-chaussée. Les premiers sont couverts de toiture-terrasse. Le dernier est couvert de sheds "en coques acier" (information donnée dans le procès-verbal de mise à disposition rédigé au moment de la décentralisation).

Entre l'avant-projet et le projet définitif réalisé, des différences ont été repérées au niveau des circulations. En A29 (bâtiment principal), l'accès à la cour de récréation depuis l'intérieur est reporté sur le côté au lieu d'avoir un couloir central traversant depuis l'accès ouest, c'est-à-dire que le couloir suit un angle à 90° vers le sud. C'est ainsi que le bloc en rez-de-chaussée accolé à l'est, au lieu de contenir une petite salle de dessin d'art et une salle de "collections" au nord et une salle de dessin industriel au sud, ne contient plus qu'une plus grande salle de dessin d'art au nord (comme souvent préconisé pour des raisons d'éclairage), et une salle de collections au sud.

De même, en H23 (bâtiment des ateliers), l'étage-carré prévu sur une partie du bâtiment dans l'avant-projet a été supprimé au profit d'une extension en rez-de-chaussée. Un accès direct depuis la cour de récréation a été ajouté sur l'élévation nord et le grand atelier de l'avant-projet a été subdivisé en plusieurs ateliers, salles et deux dégagements.

  • Murs
    • acier pan de fer
  • Toits
    acier en couverture, bitume (incertitude)
  • Étages
    en rez-de-chaussée, 2 étages carrés
  • Couvrements
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • shed
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours sans jour suspendu
  • Statut de la propriété
    propriété de la région

Dossier ponctuel d'urgence : en 2022, la Région se dessaisit du lycée au profit de la municipalité de Clermont-Ferrand, qui va soit le réhabiliter, soit le démolir.

Documents d'archives

  • AC Clermont-Ferrand. 535 W 1. Cité scolaire de La Charme. CES 900 et CET 540. 1970-1972.

    AC Clermont-Ferrand : 535 W 1
Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2022
© Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
Renaud-Morand Bénédicte
Renaud-Morand Bénédicte

Conservatrice du patrimoine, chercheure de 1994 à 2023 au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel (Clermont-Ferrand).

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