Au n°24 de l’avenue d’Italie, se dresse l’élévation aveugle d’un immeuble « en fer à repasser » précédé d’un espace séparatif (voir figure IVR84_20236300247NUC4A). Les archives attestent qu’ici se trouve le point de séparation des tracés de l’ancien chemin vicinal n°86 (rectiligne depuis la place des Carmes, que l’avenue d’Italie ne fait par conséquent jusqu’à ce point qu’élargir) et de l’avenue d’Italie. A partir de l'actuel n°24, l’ancien chemin vicinal n°86 s’infléchissait vers l’ouest et devenait plus sinueux pour finir par déboucher sur l'avenue Charras. L’avenue d’Italie délaisse ce tracé pour couper au milieu de la parcelle d'un horticulteur afin de rejoindre en droite ligne le débouché de sa partie sud sur l'avenue Charras, englobant ainsi l'impasse que formait la desserte de la confiserie Parcelier (voir figure IVR84_20246300015NUDA, l'avenue d'Italie, alors dénommée avenue de l'Esplanade, traverse une parcelle, en orange sur le plan, pour rejoindre le point de bifurcation de l'ancien chemin). Les parcelles occidentales s’inscrivent par conséquent dans l’espace triangulaire entre le nouvel axe de l’avenue et l’ancien chemin. Le tracé de ce dernier persiste, s’incarnant dans la parcelle serpentiforme HW 516 (le profil en est très visible sur le plan cadastral) qui correspond à l'heure actuelle à l'allée de desserte privée de la résidence située derrière les immeubles de l’avenue. La contrainte morphologique très perceptible à la jonction de l’ancien chemin et de la nouvelle avenue (pointe du triangle) s'est donc fossilisée dans l'espace urbain.
L'édifice est en discontinuité d'alignement au nord, par la coupure dans le bâti de rive que crée le débouché de l'ancien chemin vicinal n°86 et en alignement avec espacement, par le jardin le séparant de son voisin au sud (jardin amputé au début des années 2000 par un garage, voir figure IVR84_20246300024NUCA avant la construction du garage, voir figure IVR84_20246300001NUCA qui montre la malheureuse perspective sur ce garage depuis la rue Pierre-le-Vénérable). Construit à partir de 1913, l'immeuble du n°24 s'intercale entre deux séries d'édifications linéaires, s'établissant des années 1950 à la fin des années 1980 au nord et du début des années 1900 au milieu des années 1920 au sud (voir figure IVR84_20246300118NUDA, édification à l'ouest du plan, les séries linéraires sont colorées en bleu).
L'immeuble entretient une communauté d'esprit architectural avec le n°28 édifié en 19O6. Les deux parcelles appartenaient alors à un même propriétaire (voir figure IVR84_20246300014NUCA, plan montrant la propriété d'un seul tenant avec les deux immeubles). Malgré la différence de maître d’œuvre, un entrepreneur pour le n°28 (Delmas-Simonelli) et l’architecte V[aléry] Bernard pour le n°24, malgré l’espace plus contraint de la pointe du triangle, qui motiva peut-être l’appel à un architecte, les deux édifices partagent des points communs (encadrement et chaîne d'angle en brique contrastant avec le crépi, sous-bassement de moellons traités en opus incertum, voir figure IVR84_20246300022NUCA, élévation du n°28). Si l'immeuble du n°28 marque moins de soin architectural que celui du n°24, l'aménagement intérieur en est d'un niveau plus relevé : on note la présence d’un salon séparé de la salle à manger, d’un bureau aux appartements d’étages et surtout d’une salle de bain, élément qui, à l’époque, constitue un luxe, quand le n°24 est aménagé de façon modeste (un cabinet d'aisance, une souillarde, une cuisine, une salle à manger et deux chambres ; pour comparaison voir plan d'étage du n°24, figure IVR84_20246300020NUCA et du n°28, figure IVR84_20246300026NUCA).
Conservatrice du patrimoine. Responsable de l'unité Ressources du Service Patrimoines et Inventaire général de la région Auvergne-Rhône-Alpes.