La résidence "Les Paulines" est édifiée par substitution des ateliers Citroën. Malgré une succession de projets d'aménagement s'égrenant au fil du XXe siècle, le site ne semble pas avoir évolué jusqu'au milieu des années 1990 (il n'apparaît d'ailleurs pas évident que le projet d'implantation d'une station-service proposé en 1938 par Marcel Jarrier ait été suivi d'effet). Les photographies aériennes de l'IGN montrent une enfilade de toits en shed d'ateliers le long de la rue de l'Oradou, une façade s'incurvant suivant la ligne du boulevard Fleury et se redressant à l'alignement de l'avenue des Paulines (voir photographie aérienne IVR84_20246300382NUCA, 1953, cette vue est similaire des années 1940 jusqu'à la destruction des bâtiments en 1996). Le premier projet (Paul Limagne architecte, 1959) proposait une façade-rideau scandée par les piliers de béton à base arquée accompagnant la courbe de la rive parcellaire sur l'avenue des Paulines (voir image IVR84_20246300395NUCA). Le mouvement circulaire devait se répéter à l'arrière du bâtiment par la rampe d'accès en vis permettant l'accès des véhicules aux étages d'ateliers. Un bâtiment de même enveloppe au profil strictement rectangulaire devait prendre le relai à l'alignement de la rue de l'Oradou (voir image IVR84_20246300396NUCA). Le second projet (Julien Arnaud, architecte, 1972) s'embarrasse moins d'insertion dans le tissu urbain. L'immeuble à l'alignement de l'avenue des Paulines se poursuit par un rez-de-chaussée commercial à pan coupé en angle de parcelle englobant le premier niveau d'une tour positionnée en retrait (voir image IVR84_20246300400NUCA). Ainsi, le rapport à la délimitation parcellaire et à la voie s'établit en alignement par marge de reculement bâtie sans que la régularité soit parfaite puisque l'on perd la notion d'arc de cercle qui rend le découpage parcellaire attractif. Cette option n'aurait sans doute pu former la connexion visuelle qu'opère de façon parfaite la résidence (cabinet Pierre et Cédric Vigneron, architectes) qui finalement s'installe à la fin des années 1990.
Il est possible qu'en la matière les prescriptions de la Ville aient évolué : dans le permis de construire de la résidence "Les Paulines", il est spécifié que la construction devra suivre la courbe de la limite parcellaire. On peut également y voir un trait d'époque. Au débouché de l'avenue d'Italie sur la place de l'Esplanade, l'immeuble, édifié sur la rive occidentale par Julien Arnaud dans les années 1960, manifeste une brutalité du traitement de l'angle (voir image IVR84_20236300268NUC4A). Le renfoncement entre les deux façades épaisses produit une travée d'angle encadrée par des bandeaux aveugles formant pignons d'alignement. Cette configuration, émanant de l'absence de prise en considération de la forme parcellaire puisque l'immeuble se refuse au pan coupé qu'elle adopte, créé un décalage à l'endroit du carrefour. Le bâti, désolidarisé de l'assiette au sol issue du croisement des rues, forme une rupture de rythme. En vis-à-vis, sur la rive orientale de l'avenue d'Italie, l'immeuble édifié au début des années 2020 s'efforce au contraire d'accompagner la morphologie parcellaire, évitant l'effet trop massif de l'édification en pan coupé par un traitement de la travée d'entrée en renfoncement (procédé que l'on retrouve pour la résidence "Les Paulines"). Ainsi, ces constructions de la fin du XXe et du début du XXIe siècles signent le retour en grâce de la rue comme vecteur d'urbanité.
Conservatrice du patrimoine. Responsable de l'unité Ressources du Service Patrimoines et Inventaire général de la région Auvergne-Rhône-Alpes.