Le tracé du boulevard Jean-Jaurès se superpose en partie à l'ancien chemin rural n°103 reliant la patte d'oie formée par la rue Marmontel et l'avenue Marx-Dormoy (anciennement avenue de Boisséjour) à l'avenue de la Libération (anciennement avenue de Beaumont). À hauteur de l'actuel n°33, le tracé du boulevard s'infléchit vers le nord, laissant un délaissé1 devant le bâtiment édifié sur l'actuelle parcelle HO 0193. Cette configuration se lit sur le plan parcellaire du boulevard à droite de l'ancienne avenue de Beaumont (le plan est orientée au sud, il convient donc de le retourner mentalement). En 1932, le plan d'implantation des plans coupés au carrefour de l'ancienne de Beaumont souligne l'irrégularité en rouge : l'angle de l'édifice se place en recul oblique du boulevard, le pan coupé repose par conséquent sur un espace encore libre. Cette irrégularité est corrigée par l'achat du délaissé à la Ville, démarche par laquelle le propriétaire de la parcelle entend "édifier une façade améliorant l'angle de deux voies importante" et fournir un débouché exploitable commercialement à son immeuble aligné sur le boulevard (voir en annexe la délibération du conseil municipal, dans laquelle le propriétaire accepte la négociation avec la Ville). A l'origine, l'édifice à rez-de-chaussée commerciaux donnant sur l'avenue de Beaumont (actuelle avenue de la Libération) présentait une élévation latérale en biais par rapport au boulevard, alignement oblique qui se poursuivait par la façade de l'immeuble situé à l'arrière de l'actuel garage automobile pour rejoindre le boulevard à l'extrémité ouest de la cour occupant alors la parcelle du n°33 boulevard Jean-Jaurès (voir le schéma de raccordement à l'égout figurant l'ancienne ligne de façades par rapport au boulevard). L'ancien alignement en recul oblique est perceptible sur les photographies aériennes de 1953 et de 1956. On y voit le long immeuble sur l'avenue de Beaumont et les trois constructions qui s'y adossent, ces dernières ouvrant sur la cour. L'immeuble du n°31 ainsi que le garage automobile occupent l'ancien délaissé. Ainsi ils ressortent du phénomène d'alignement par marge de reculement bâtie2. L'immeuble édifié dans la continuité du bâti existant s'en distingue par son toit terrasse et le décalage des niveaux. Le garage en rez-de-chaussée créé une rupture de rythme d'autant plus frappante qu'un immeuble de quatre étages a été construit sur la parcelle mitoyenne à la fin des années 1960 (à la place de l'ancienne cour, cabinet Bertrand architecte, 1967). Il s'y forme un différentiel de niveau similaire à celui que nous observons au n°15 boulevard Jean-Jaurès, le bâtiment le plus bas étant flanqué de deux importants mur d'héberge.
1"Partie d'un fonds non utilisée à l'occasion d'un réaménagement et souvent laissée en terrain vague" GAUTHIEZ, Bernard. Espace urbain, vocabulaire et morphologie. Paris : Monum, éd. du patrimoine, 2003, p. 3442"Marge de reculement sur laquelle un bâtiment est autorisé, d'une hauteur d'un ou deux niveaux au-dessus du sol" GAUTHIEZ, Bernard. Espace urbain, vocabulaire et morphologie. Paris : Monum, éd. du patrimoine, 2003, p. 292
Conservatrice du patrimoine. Responsable de l'unité Ressources du Service Patrimoines et Inventaire général de la région Auvergne-Rhône-Alpes.