Maître d´ouvrage : Ville de Lyon
Description :
Le Centre Nautique, ou Piscine du Rhône, se situe entre les ponts de la Guillotière et de l´Université ; accueillant jusqu´à 70 000 personnes l´été (car non couvert), il comporte :
o Un bassin olympique de 50 x 21 m ;
o Un bassin baignade de 68 x 24 m ;
o Une pataugeoire.
Le bâtiment d´exploitation est construit sur 2 étages :
o Niveau quai : un grand hall d´entrée avec escaliers, un snack-bar, une conciergerie et une grande terrasse couverte.
o Niveau intermédiaire : un escalier avec guichets pour les manifestations sportives.
o Niveau plage : un grand hall d´entrée avec guichets, cabines, douches...
o Sous-quai : galerie technique, chaufferie...
L´architecte :
Alexandre Audouze-Tabourin est né à Lyon, le 31 janvier 1908. Il fit de brillantes études au lycée Ampère puis à l´école des Beaux-Arts, fut ensuite admis à l´École supérieure des Beaux-Arts de Paris, et enfin à l´Institut d´Urbanisme en 1926.
Architecte D.P.L.G., il étudia également le droit civil à la faculté de Lyon ; il conçut plus de 300 immeubles à Bourgoin-Jallieu, Givors, Grigny, Romans, Valence, Paris... Par ailleurs, il fut chargé de la réalisation du monument du Tour de France, élevé au sommet du Galibier ; à Lyon, il conçut également le stade Vuillermet, dit « de la Plaine », dans le 8e arrondissement.
L´architecte fut aussi un sportif éclectique et un rugbyman de talent ; c´est ainsi qu´il rencontra le futur maire de Lyon, Louis Pradel.
Enfin l´ex-rugbyman et bâtisseur appartenait à l´Ordre de la Pénitence de Saint Dominique, et fut nommé diacre de la ville de Lyon en 1970.
Historique de la construction :
Le premier projet de construction d´un centre nautique (situé sur les bas-ports quai Victor-Augagneur) date de 1932, programmé alors par l´Union générale de la Mutualité du Rhône (cf « Le Progrès », 21/08/1952). En 1950, un autre projet est établi par le conseil municipal, mais c´est à l´initiative de Louis Pradel qu´en 1959 sont réalisées, suivant les indications du maire, les premières maquettes confiées à Audouze-Tabourin. Pradel souhaitait donner à Lyon un équipement balnéaire sans précédent (cf « Le Progrès », 23/03/1959) ; à l´époque il fut même proposé de nommer le futur centre « Stade Nautique Louis Pradel » (cf « Le Progrès », 23/02/1960).
Le chantier de construction débuta le 21/11/1961 ; le projet, très populaire, était voulu comme une réalisation de classe internationale par son ampleur et les problèmes techniques qu´il posait (cf « La Dernière Heure », 22/11/1961) ; en effet étant construit sur le bas-port, d´importantes études préliminaires ont été nécessaires afin de s´assurer de la stabilité du sous-sol, et de résoudre les difficultés liées aux crues du Rhône ; en outre, toutes les installations de filtrage et de chauffage étaient prévues au sous-sol pour des raisons esthétiques.
Ayant pris quelques retards de chantier en raison du gel, le centre nautique fut inauguré le 26 mai 1965 (cf « La Dernière Heure » et « Le Progrès », 26/05/1965) : les meilleurs nageurs du Lyonnais testèrent le bassin de compétition ; à l´époque ce complexe gigantesque tant sur le plan spatial qu´architectural et technique, suscita l´admiration (« une belle réalisation qui fait honneur à la ville de Lyon ») ; son importance, première piscine olympique de France, en faisait le complexe n°1 connu en Europe, mais aussi un des outils les plus perfectionnés pour le sport ainsi que pour la détente et les loisirs.
La piscine aujourd´hui. Projets d´aménagements :
Monument caractéristique de l´architecture-béton, le centre nautique fut, dès son achèvement, sujet d´une large controverse architecturale : l´architecte avait eu l´idée d´éclairer la piscine afin de l´ouvrir au public jusqu´à minuit (chose qui ne fut jamais faite, l´heure de fermeture étant dès 1965 fixée à 20h) ; pour cela, quatre « lampadaires » ont été posés (cf « La Dernière Heure », 29/02/1964) : ces pylônes monolithes de béton mesurent 30m et pèsent chacun 20 à 25 T ; ils supportent un anneau métallique de 12m de diamètre, contenant 73 projecteurs qui éclairent les bassins ; reflets du « pradélisme », ils supportent l´oriflamme de la cité 50m au-dessus du Rhône. Ce parti reste très controversé car il crée une rupture énergique dans l´alignement des quais (chose qui n´était pas perçue de la sorte dans le projet, cf « Le Progrès » 26/03/1959).
Dans les années 80, la Piscine du Rhône suscita des projets de réaménagement (cf « Le Tout Lyon », 02/06/1983), parmi lesquels celui de couvrir les bassins, qui ne sont ouverts que l´été, afin de rentabiliser l´équipement. Depuis 1990, l´architecture est jugée « douteuse » et « poussiéreuse » ; trois cabinets d´architectes ont étudié des solutions possibles notamment le paysagiste de Renzo Piano : pour ce dernier, « il faut végétaliser le site » car « tout est stérile, nu, trop minéral... ».
D´autres idées ont germé : le premier magistrat du 7e suggéra la surélévation des jardins situés au centre de la Fosse-aux-Ours, l´idée étant de créer une continuité urbaine du parc de la Tête d´Or jusqu´au futur parc du Confluent en végétalisant les bas-ports.
La destruction du centre a également été envisagée, pour des raisons d'ordre esthétique, les quatre pylônes étant considérés comme dénaturant la perspective des quais, et financier, l´entretien étant très onéreux : même en été l´eau des bassins doit être chauffée.
Cependant, la fréquentation de la piscine en été motive largement son maintien.
Par ailleurs, la mode du « non béton » et le rejet inconditionnel de l´architecture des années 60 ne doivent pas pousser les urbanistes dans la voie d´un vandalisme inconsidéré. Les quatre lampadaires de la piscine marquent comme un signal la rive gauche du Rhône, et forment un témoignage de l´architecture du sport de cette période.
Claire Gréaume
Maryannick Chalabi